Instant articles de Facebook déçoit aussi Le Parisien

Instant articles de Facebook déçoit aussi Le Parisien

Bientôt sur Facebook, il y aura un smiley pour ça

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David Legrand

Publié dans

Internet

08/12/2015 5 minutes
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Instant articles de Facebook déçoit aussi Le Parisien

Le Parisien est le premier à participer à l'arrivée des Instant articles de Facebook en France. Son avis était donc attendu sur la question. Et lors d'une conférence tenue à l'école de journalisme de Sciences Po, son Directeur marketing « Digital » n'a manifestement pas cherché à cacher sa déception.

Hier, l'école de journalisme de Sciences Po organisait sa conférence annuelle sur les « nouvelles pratiques du journalisme » en partenariat avec l'école de journalisme de Columbia et Google. L'occasion de discuter de sujets divers sur un métier en pleine mutation, des innovations d'un groupe comme Vox Media à la question de l'audience en passant par l'avenir des chaînes d'info en continu ou la question des « usines à clics ».

Mais c'est à la fin de la journée qu'une conférence sur les algorithmes de l'information aura marqué les esprits. Non pas pour son sujet initial mais plutôt en raison des propos tenus par l'un de ses participants : Guillaume Bournizien, Directeur marketing « Digital » pour le journal Le Parisien.

Instant articles est efficace, mais...

Car plutôt que des algorithmes, de l'effet de leur usage sur l'information et sa hiérarchisation, il aura rapidement été question de celui de Facebook. Une manière détournée d'évoquer un sujet qui concerne directement le quotidien récemment racheté par LVMH puisqu'il est partenaire privilégié du réseau social dans le cadre de l'arrivée en France des Instant articles.

Après une déception des éditeurs américains, notamment en raison de la monétisation et des règles imposées (voir notre analyse), tout le monde voulait ainsi savoir quelle était la position d'un acteur français ayant sauté le pas il y a près de deux semaines. Et là aussi, c'est surtout la déception qui semble au rendez-vous.

Tout n'est pas noir pour Guillaume Bournizien qui reconnait que « les articles se consultent bien plus vite, mécaniquement on fait plus de vues [...] vu que l'interface est assez épurée, la plupart lisent l'intégralité de l'article, alors que sur le site mobile du Parisien, ce n'est pas toujours le cas ». Une meilleure efficacité, donc, mais qui n'est pas sans contreparties.

Facebook garde trop de données et met trop peu en avant ses Instant articles

Comme toujours, il est question du lien brisé entre le média et ses lecteurs, qui restent dans le giron de Facebook, alors que ce dernier garde pour lui la majorité des données, laissant seulement filtrer quelques mesures : « Aujourd'hui une des problématiques que l'on a, c'est que l'on ne récupère pas l'audience qui reste sur Facebook. Pour nous en tant que site média, ça reste un frein. Après on a quelques datas que l'on peut exploiter. Facebook nous donne trois infos : le nombre de vues, le temps passé et le nombre de personnes qui vont scroller dans l'article. »

L'autre point négatif semble résider dans la mise en avant des contenus estampillés Instant articles, et leur visibilité en tant que telle. Pour le moment, Facebook ne semble pas opérer une remontée suffisante de ces articles dans le flux des utilisateurs au goût du Parisien, qui se dit donc assez déçu : « On espérait que Facebook pousse un peu cette fonctionnalité-là. [...] Ce n'est pas non plus très visible, on voit un petit éclair sur les images mais ça n'incite pas les gens à cliquer et Facebook, en tous cas aujourd'hui, ne pousse pas cette fonctionnalité-là. »

Le Parisien pourrait stopper l'expérience « rapidement »

Pour le moment, Le Parisien a décidé de monétiser ces contenus à travers sa propre régie plutôt que via celle de Facebook, et indique qu'il va regarder les revenus générés ainsi que les évolutions proposées par le réseau social, notamment suite à ses remontées. Mais une décision ferme pourrait être prise : « On ne s'est pas forcément donné de date parce qu'on peut se retirer quand on veut. Je pense qu'il faudra compter au moins deux mois. On va voir ce qu'ils en pensent et s'ils vont modifier des choses ou pas. Tout dépend comment ça évolue. Si ça n'évolue pas j'ai peur qu'on s'arrête rapidement. »

Reste donc à voir si Facebook sera à l'écoute, et surtout comment vont réagir les autres acteurs qui ont d'ores et déjà décidé de rentrer dans la danse. C'est ici l'image du réseau social vis-à-vis du traitement de l'actualité dont il est question, un sujet important pour ses équipes, notamment avec l'arrivée d'acteurs sur le marché de la distribution numérique, d'Apple News à Blendle en passant par la pléthore de solutions qui commencent à émerger.

Mais une chose est sûre, même lorsqu'elle est conciliante et prête à participer à des expérimentations, la presse française ne compte pas se laisser convaincre si facilement.

Écrit par David Legrand

Tiens, en parlant de ça :

Sommaire de l'article

Introduction

Instant articles est efficace, mais...

Facebook garde trop de données et met trop peu en avant ses Instant articles

Le Parisien pourrait stopper l'expérience « rapidement »

Le brief de ce matin n'est pas encore là

Partez acheter vos croissants
Et faites chauffer votre bouilloire,
Le brief arrive dans un instant,
Tout frais du matin, gardez espoir.

Commentaires (23)


“Guillaume Bournizien, Directeur marketing « Digital » pour le journal Le Parisien.”



spécialiste des empreintes de doigts? si c’est lui à s’est mis le mot “digital” qu’il change de métier ^^








Jungledede a écrit :



“Guillaume Bournizien, Directeur marketing « Digital » pour le journal Le Parisien.”



spécialiste des empreintes de doigts? si c’est lui à s’est mis le mot “digital” qu’il change de métier ^^





À titre personnel, je n’ai pas compris ton message.



digital en français = doigt (comme les empreintes)

digital en anglais = numérique en français


@David Ils n’ont pas parlé de La Presse Libre ? Il faut vous proposer pour faire une présentation la prochaine fois <img data-src=" />








Jungledede a écrit :



“Guillaume Bournizien, Directeur marketing « Digital » pour le journal Le Parisien.”



spécialiste des empreintes de doigts? si c’est lui à s’est mis le mot “digital” qu’il change de métier ^^





Les guillemets&nbsp;montrent bien que le terme n’est pas français… Mieux vaut être sûr de son coup avant d’étaler sa science…



c’est juste que de nos jours beaucoup trop de personne font l’amalgame… et surtout trop à la TV


Ils s’attendaient à quoi au fait ?&nbsp;



Je n’ai jamais compris à quoi aurait servi “Instant articles” à un éditeur, je ne vois franchement pas l’intérêt…&nbsp;



-Il était prévisible qu’ils allaient être otage de l’audience facebook, et même d’avoir très peu de stats ou encore de devoir payer pour avoir plus de stats (j’aurais bien vu le système comme ça)



C’est quoi le problème du parisien au point d’aller vers cet outil ?&nbsp;


Pour un éditeur qui ne veut pas s’occuper de la monétisation il y a ptet un intérêt. Mais pour un journal qui a déjà en place toute la mécanique avec une régie de pub, je ne vois pas ce que le mécanisme de Facebook apporte.



Si le site mobile du Parisien n’est pas capable d’afficher un article quasiment-instantanément et qu’il n’est pas pratique, ils n’ont qu’à l’améliorer. C’est quand même pas bien sorcier, et ça permet de rester indépendant.


Il a mis lui-même le mot digital, mais sur sa page twitter, sa fonction est intégralement écrite en anglais, soit “Digital Marketing Manager”, donc ce n’est pas incorrect.


car ils pensaient vraiment que FB ne garderait pas la grande partie des données récolté ?


Bon en même temps c’est le parisien quoi….

Le seul canard qui censure les commentaires même si tu le caresse dans le sens du poil…


Je pensais que le travail de journaliste c’était d’être indépendant? On m’aurait mentit?

Pourquoi vouloir passer par Facebook?

&nbsp;De une les utilisateurs ont pas envie de se prendre en plus de la pub, des recommandations et des pages suggérés des articles de journaux qu’ils ont pas sollicités et qui rendront le fil d’actu encore plus difficile à lire qu’il ne l’est devenu actuellement.

&nbsp;De deux les journaux ils gagnent quoi à ce que Facebook ramasse l’argent de la pub et les stats et infos sur les lecteurs?

Et de trois ce serait contribué à la Facebookisation du Web. Pourquoi utiliser sa barre d’adresse et aller voir tout ce que propose le web si j’ai tout sur Facebook (enfin ce que Facebook décide de me montrer)?

&nbsp;


Vu à quoi ressemble les fils de commentaires là-bas, j’ose pas imaginer la gueule de ce qui est censuré…



Sinon tous les (grands) journaux ont de la modération de commentaires, rien de spécifique au Parisien.








Guyom_P a écrit :



Je pensais que le travail de journaliste c’était d’être indépendant? On m’aurait mentit?

Pourquoi vouloir passer par Facebook?





Si pour toi, l’indépendance éditoriale c’est la maîtrise totale et absolue du canal de diffusion, alors aucun journaliste n’est indépendant.









Nathan1138 a écrit :



Si pour toi, l’indépendance éditoriale c’est la maîtrise totale et absolue du canal de diffusion, alors aucun journaliste n’est indépendant.





D’où mon ironique “on m’aurait mentit?” je sais très bien que l’indépendance de la presse n’existe plus réellement. A t’elle déjà existé d’ailleurs?



Oui oui à une époque les journalistes enquêtaient sur place, écrivaient les articles, faisaient la mise en page, imprimaient les journaux, les distribuaient et s’occupaient même du recyclage.



A cette époque les mecs rentraient complétement dans ta définition de l’indépendance.








aureus a écrit :



Oui oui à une époque les journalistes enquêtaient sur place, écrivaient les articles, faisaient la mise en page, imprimaient les journaux, les distribuaient et s’occupaient même du recyclage.



A cette époque les mecs rentraient complétement dans ta définition de l’indépendance.





Et là j’ai soudain eu la vision des petites poupées de BFM ou iTélé en train de courir sur le terrain, écrire des articles et s’occupait de tout. Bref en train de faire du journalisme.&nbsp;









Guyom_P a écrit :



D’où mon ironique “on m’aurait mentit?” je sais très bien que l’indépendance de la presse n’existe plus réellement. A t’elle déjà existé d’ailleurs?





Comme dit par Aureus, aucun journaliste n’a jamais été indépendant au sens où tu l’entend. À moins d’imprimer soi-même ses articles et de les vendre dans la rue. Et encore. Finalement, qu’est-ce que l’indépendance lorsqu’il existe une relation économique entre un journal et ses clients ? ;)



En fait le boulot du journaliste, c’est de faire du journalisme. Gérer sa diffusion, sur papier ou en numérique, c’est le boulot de ses boss, d’une autre équipe et du marketing.



Après on peut discuter de la question de l’indépendance de Facebook d’un média. Mais ça revient plus à se demander si un média doit aller chercher les lecteurs là où il sont ou attendre qu’ils soient convaincus de venir à lui par magie. Si on entend par l’indépendance total un noindex dans toutes les pages d’un site, on se fout le doigt dans l’oeil un peu, en fait.


Mĕme dans les boites d’info les marketeux imposent leur digital…


Dans l’absolu vous êtes un média aussi, donc la cible du service.



Vous avez nécessairement une position plus tranchée que l’analyse globale sur la question non ?


J’ai déjà répondu mais, ces dispositifs sont réservés à des partenaires pour le moment. Nous n’avons pas accès à ces formats, on n’a donc pas à se poser la question ;) Pour le reste, on a déjà largement traité de la question donc je ne vois pas ce que je pourrais dire de plus ici.


bordel votre débat sur “digital” ou “numérique” ça me fait penser qu’en ce moment y a un spot tv tout pourri sur je sais plus quelle chaîne qui présente chaque fois un nouvel acteur de l’économie digitale ou du monde du digital … et moi qui depuis le début cherchait le rapport avec les doigts ! enfin maintenant je comprends ! … <img data-src=" />



Plus sérieusement, le nombre d’utilisations maintenant du mot “digital” ou même “digitale” (sachant que si on utilise le mot anglais je vois pas pourquoi on l’accorderait en genre… bref, passons) en lieu et place de “numérique” est tellement élevé que je me demande même si il y aurait pas une réforme de la langue française qui serait passée sans que je la voie et qui introduit une tolérance à ce barbarisme…&nbsp;



Sans parler de l’utilisation du terme anglais dans un contexte l’excusant (marketing digital par exemple), je ne compte plus les références à “publicité digitale” (publicité ou l’on met les doigts ?) ; “transformation digitale” ; “maturité digitale” … je vais en faire des cauchemars …