Téléchargement illicite : la CJUE évalue la responsabilité du fournisseur d’un réseau Wi-Fi public

Téléchargement illicite : la CJUE évalue la responsabilité du fournisseur d’un réseau Wi-Fi public

Et WLAN, passe-moi l'éponge

Avatar de l'auteur
Marc Rees

Publié dans

Droit

07/12/2015 3 minutes
31

Téléchargement illicite : la CJUE évalue la responsabilité du fournisseur d’un réseau Wi-Fi public

Une affaire plaidée cette semaine à la Cour de justice de l’Union européenne touche à la responsabilité de ceux qui mettent à disposition du public un accès sans fil. Elle pourrait avoir de lourdes conséquences auprès des Etats membres, du moins selon le sens de l’arrêt attendu en 2016.

L’enjeu, résumé par les services de la CJUE, est lourd : il revient à savoir si « les sociétés qui mettent leur réseau WLAN à la libre disposition du public sont (…) responsables des violations des droits d’auteur commises par des personnes utilisant ce réseau ».

L’affaire est née en 2010, où une entreprise allemande d’illumination et de sonorisation proposait un Wi-Fi public aux abords de son siège. En septembre 2010, le titre « Bring mich nach Hause » du groupe allemand « Wir sind Helden » est illégalement mis à disposition par un anonyme, via cet accès WLAN. Faute de mieux, Sony Music Entertainment Germany GmbH a attaqué l’entreprise en la mettant en demeure de respecter les droits d’auteur tout en lui demandant des dommages-intérêts.

Neuf questions préjudicielles

L’affaire est remontée des tribunaux allemands jusqu’à la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) qui doit maintenant ausculter plusieurs questions préjudicielles. Il s’agira notamment de savoir si le droit européen interdit à un juge national d’enjoindre à celui qui fournit un tel accès de s’abstenir de mettre à disposition une œuvre déterminée protégée par le droit d’auteur. De même, s’il ne l’interdit pas, le fournisseur dispose-t-il d’une liberté dans le choix des mesures techniques mises en œuvre pour se conformer à l’injonction ?

Selon les réponses de la CJUE, de nouvelles responsabilités pourraient peser sur les épaules de ceux qui mettent à disposition un réseau sans fil au public, poussant à une épidémie de réseaux fermés, comme le craint l'Electronic Frontier Foundation. Il est peut-être encore trop tôt pour le dire, mais cette décision pourrait aussi impacter dans un sens ou un autre le futur chantier législatif concernant Hadopi en France. Rappelons que pour contourner les difficultés de preuve, la France a préféré astreindre le titulaire d’une connexion Internet à une responsabilité parallèle : l’obligation de sécuriser son accès pour éviter les mises à disposition d’œuvres sur les réseaux P2P par des tiers contrefacteurs, sous peine de 1 500 euros d’amende maximum.

Écrit par Marc Rees

Tiens, en parlant de ça :

Sommaire de l'article

Introduction

Neuf questions préjudicielles

Fermer

Commentaires (31)


C’est plus ou moins équivalent à une personne mettant à disposition une partie de sa bande passante pour faire un hotspot pour les clients du même opérateur (freeWifi, SFR Wifi etc)


Pas vraiment, dans la mesure où les clients s’authentifient (sur un site en https pour freewifi au moins). Ça n’est pas comparable au wifi gratuit dans un bar ou un macdo où c’est open fête du slip pour tout le monde.

 

Mais comme c’est du wifi en clair, quelqu’un peut s’accrocher à la connexion de quelqu’un déjà authentifié sans trop de difficultés.


sous titre <img data-src=" />


Terrible le sous titre !!!!!!


Est ce que les sociétés d’autoroute seront responsable des trafics divers commis par leur biais ?


A la différence que sur une autoroute, tous les usagers sont identifiés par leur plaque :)


Je fais le parallèle car on pouvait facilement retrouver des code d’acces Free et SFR sur le net.








IMPulsion a écrit :



Est ce que les sociétés d’autoroute seront responsable des trafics divers commis par leur biais ?







Fallait oser ce genre de comparaison bien bien foireuse….



Et ca choque personne qu’une entreprise laisse un accès à son WLAN ?! Bonjour la sécurité !








fwak a écrit :



Et ca choque personne qu’une entreprise laisse un accès à son WLAN ?! Bonjour la sécurité !





Jamais entendu parler du WiFi public ? FON ?

Tu n’a jamais bénéficié du WiFi à l’hôtel ?



Qui te dit que les plaques sont correctes ?




Faute de mieux, Sony Music Entertainment Germany GmbH a attaqué

l’entreprise en la mettant en demeure de respecter les droits d’auteur

tout en lui demandant des dommages-intérêts.



La conception de la “justice” des ayants-droit (et de la HADOPI avec leur “défaut de sécurisation” ridicule !) : on trouve un coupable par défaut, “faute de mieux”.



Quand on a du mal à identifier l’auteur d’un délit, on se démerde, on essaye de rassembler des preuves, on ne se défoule pas sur un intermédiaire qui n’a aucun rôle actif dans ledit délit. Et si vraiment, l’auteur du délit est impossible à identifier, eh bien tant pis pour Sony, c’est la vie…


la ville de Paris va se prendre combien d’amende ?


Le sous titre&nbsp; …&nbsp;<img data-src=" />



On parie combien que les lobby vont y aller a donf ? <img data-src=" />








Obidoub a écrit :



Jamais entendu parler du WiFi public ? FON ?

Tu n’a jamais bénéficié du WiFi à l’hôtel ?









fwak a écrit :



Et ca choque personne qu’une entreprise laisse un accès à son WLAN ?! Bonjour la sécurité !







Tu débarques ??

Y a 50.000 réseaux WiFi gratuits : les offices de tourisme, de nombreux commerces….



Le wifi d’un Hotel n’est pas un Wifi Public. Il est fournis dans le service de prestation d’une chambre ou de la clientèle.


En soit, ça ne me semble pas spécialement choquant ni anormal qu’on soit considéré comme complice d’un délit quand on a fourni les moyens techniques à son auteur de le réaliser en toute impunité.

Si on a mis en place des mécanismes visant à identifier précisément qui est responsable de quoi, afin que le vrai coupable puisse être poursuivi, c’est une autre affaire.








Zerdligham a écrit :



En soit, ça ne me semble pas spécialement choquant ni anormal qu’on soit considéré comme complice d’un délit quand on a fourni les moyens techniques à son auteur de le réaliser en toute impunité.

Si on a mis en place des mécanismes visant à identifier précisément qui est responsable de quoi, afin que le vrai coupable puisse être poursuivi, c’est une autre affaire.





La Poste a mis en place des tonnes de boîtes aux lettres en libre accès qui permettent d’envoyer des DVD pirates partout en France sans traçabilité !!



&nbsp;Pendons haut et court le directeur de La Poste !



<img data-src=" />

Je n’ai jamais dit qu’il fallait pendre haut et court le gérant du Mcdo du coin qui propose un wifi libre, mais qu’il ne me semblerait pas choquant qu’on lui impose de se préoccuper un minimum de ce qui se passe chez lui (filtrer un peu les sites, les ports utilisés, associer une connexion à une personne physique…).

De la même façon, je suis certain que la Poste a tout un tas de contraintes réglementaire à satisfaire pour éviter de trop souvent livrer des bombes, et pour pouvoir tracer un minimum ce qui est passé chez elle en cas de gros problème.



Mais dans le fond, tu as raison, il y a une toujours une large place à l’interprétation sur là où doit se situer la limite entre ce qui doit peut être interdit au nom de l’ordre public et ce qui prive le citoyen de liberté. Les exemples ne manquent pas.


et installer une boite noire, vu qu’il devient fournisseur d’accès à internet (idem pour les freewifi, sfr, etc. <img data-src=" />



/me tient ZE solution à la crise industrielle : des boites noires partout partout \o/


Donc si demain quelqu’un se sert de mon robinet dans le jardin pour remplir un sceau d’eau et noyer quelqu’un en lui plongeant la tête dedans si on ne retrouve pas le coupable je serai désigné à sa place? Bordel heureusement que c’est pas les zayandroi qui bosse à la Crim. lol








Zerdligham a écrit :



En soit, ça ne me semble pas spécialement choquant ni anormal qu’on soit considéré comme complice d’un délit quand on a fourni les moyens techniques à son auteur de le réaliser en toute impunité.

Si on a mis en place des mécanismes visant à identifier précisément qui est responsable de quoi, afin que le vrai coupable puisse être poursuivi, c’est une autre affaire.





On parle de WiFi libre là, pas de revente de Kalachnikovs utilisées pour commettre des casses ! <img data-src=" />



&nbsp;Avec ton raisonnement, un WiFi ou tout autre réseau sans authentification préalable est forcément destiné à commettre un délit ! Un réseau ouvert n’est pas une arme.



Pour moi, le respect de la vie privée des utilisateurs passe avant le droit d’auteur, le téléchargement illégal n’étant qu’une utilisation détournée et marginale des WiFi libres…

&nbsp;





Zerdligham a écrit :



<img data-src=" />

Je n’ai jamais dit qu’il fallait pendre haut et court le gérant du Mcdo du coin qui propose un wifi libre, mais qu’il ne me semblerait pas choquant qu’on lui impose de se préoccuper un minimum de ce qui se passe chez lui (filtrer un peu les sites, les ports utilisés, associer une connexion à une personne physique…).

De la même façon, je suis certain que la Poste a tout un tas de contraintes réglementaire à satisfaire pour éviter de trop souvent livrer des bombes, et pour pouvoir tracer un minimum ce qui est passé chez elle en cas de gros problème.





Le propriétaire d’un WiFi libre n’a pas à s’octroyer le rôle de censeur. Et il n’a surtout pas les moyens de mettre en place ce genre de filtrage, lourd, complexe à mettre en œuvre et arbitraire.



Quant à l’association à une personne physique, c’est déjà le cas chez Starbucks et MacDo, mais, et moi le premier, tout le monde renseigne des infos bidons, alors à quoi bon…









CounterFragger a écrit :



Avec ton raisonnement, un WiFi ou tout autre réseau sans authentification préalable est forcément destiné à commettre un délit ! Un réseau ouvert n’est pas une arme.





Non, j’ai jamais dit ça.







CounterFragger a écrit :



Pour moi, le respect de la vie privée des utilisateurs passe avant le droit d’auteur, le téléchargement illégal n’étant qu’une utilisation détournée et marginale des WiFi libres…





Et tu en as évidemment le droit.

Pour moi c’est plutôt l’aspect pratique qui prime (s’il fallait faire une déclaration sur l’honneur avec présentation de 3 pièces d’identité pour se connecter au Wifi du Mcdo, autant le fermer!). Un système de suivi respectueux comme il y en a un peu partout ne me pose pas de problème.







CounterFragger a écrit :



Le propriétaire d’un WiFi libre n’a pas à s’octroyer le rôle de censeur.





Aujourd’hui, à ma connaissance, non, mais ça pourrait être le cas demain.

Les FAI le font déjà, ainsi que toutes les entreprises sur leur réseau (wifi ou pas).







CounterFragger a écrit :



Et il n’a surtout pas les moyens de mettre en place ce genre de filtrage, lourd, complexe à mettre en œuvre et arbitraire.





Ça dépend à quel niveau de détail on veut aller.

Un petit pare-feu ça coûte quelques centaines d’euros, et nul doute que si ça devient une contrainte règlementaire, des fournisseurs proposeront des paramétrages tous prêts pour quelques centaines d’euros de plus.







CounterFragger a écrit :



Quant à l’association à une personne physique, c’est déjà le cas chez Starbucks et MacDo, mais, et moi le premier, tout le monde renseigne des infos bidons, alors à quoi bon…





Si tu peux renseigner des infos bidon, c’est pas de l’association à une personne physique!









jeje07bis a écrit :



Fallait oser ce genre de comparaison bien bien foireuse….





En quoi est-ce que que l’analogie est foireuse ?



On parle bien de tenir pour responsable celui qui est propriétaire du réseau (internet/routier) si des délits sont commis grâce à celui ci. Je trouve justement que l’analogie est parfaite, puisqu’on est exactement dans le même cas.



Et vu ta réponse, on comprends tout de suite qu’il ne faut surtout pas appliquer au reste des entreprises les petites magouilles qu’on applique aux ‘ayants droits’.









versgui a écrit :



A la différence que sur une autoroute, tous les usagers sont identifiés par leur plaque :)





Non, sur une autoroute, ce sont les propriétaires du véhicules qui sont identifiés par une plaque, pas les usagers car ceux si ne sont pas forcément les propriétaires. Tout comme sur internet, l’adresse IP n’identifie pas l’usager, mais le propriétaire de l’abonnement.

&nbsp;









IMPulsion a écrit :



En quoi est-ce que que l’analogie est foireuse ?



On parle bien de tenir pour responsable celui qui est propriétaire du réseau (internet/routier) si des délits sont commis grâce à celui ci. Je trouve justement que l’analogie est parfaite, puisqu’on est exactement dans le même cas.







Déjà il y a une différence entre réseau privé et espace public.

Et ensuite il est question de punir le propriétaire que s’il n’est pas capable d’identifier les auteurs.



Il y a aussi un juste milieu entre wifi ou pas wifi. Un wifi filtré par exemple. N’autoriser que l’HTTP(S) réduirait pas mal les problèmes.


Non mais si quelqu’un se noie dans ta piscine, même rentré par effraction tu en es responsable….


Tu ignores donc le concept légal du délit.

L’ intention, l’ action et le souhait d’ en tirer profit.

Résumons : Si je mets gratuitement à disposition un couteau, suis je l’ auteur du délit d’ homicide si ce couteau venait à contribuer dans la réalisation d’ un homicide.

Pour impliquer le prestataire d’ un service dans un délit, il doit être en mesure de prouver que le prestataire avait une intention délictueuse au moment de le faire ou qu’ il a lui même commis ce délit ou même qu’ il en tiré un bénéfice.

Je ne vois pas comment l’ accusation serait en mesure d’ étayer aucun de ces prérequis pour qualifier de délit ce prestataire wifi.








jadawin_2 a écrit :



Non mais si quelqu’un se noie dans ta piscine, même rentré par effraction tu en es responsable….





Ouf, je suis rassuré j’ai pas de piscine en même temps j’ai pas de jardin pour la mettre. lol



Je suis curieux de savoir quelle est la base légale de la majorité des contraventions ou délits routiers, qui sont bien souvent involontaires, et dont l’auteur ne tire pas profit. Ou des homicides involontaires, qui par définition ne rentrent pas dans ta définition.

Pour revenir au sujet, j’ai fait exprès d’être rentre-dedans au niveau de la formulation, mais ce que je disais n’était pas que les personnes concernées sont coupables au regard de la loi actuelle, juste que c’est la façon habituelle dans notre système de traiter les problèmes : on impose des règles qui limitent certains dommages (limitations de vitesse, du taux d’alcool, régulation des armes à feu…), quand quelqu’un ignore ces règles, ça peut être un délit même s’il n’a pas l’intention de réaliser les dommages que la règle vise à éviter.



Pour prolonger ton exemple de l’homicide, si tu prêtes un pistolet à quelqu’un, et qu’il s’en sert pour un meurtre, je suis à peu près certain que tu vas aux devant de gros soucis. Sans que tu ne soit directement responsable de l’homicide, et sans même qu’il y ait intention de nuire de ta part, mais parce que par ton non-respect de la législation sur la gestion des armes et par ta négligence, tu as facilité celui-ci.

Le piratage et le wifi ouvert c’est pareil, en moins grave évidemment. Il me semblerait logique qu’il existe des règles imposant quelques précautions techniques visant à limiter le risque d’actes illégaux sur ton wifi. Et si en ne les suivant pas, tu facilites la commission de délits, ça ne me choquerait pas que tu sois inquiété.