Offre légale et CNC : premiers retours des plateformes (S)VoD

Offre légale et CNC : premiers retours des plateformes (S)VoD

Avant une future redistribution des cartes ?

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Marc Rees

Publié dans

Société numérique

18/02/2015 6 minutes
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Offre légale et CNC : premiers retours des plateformes (S)VoD

Fin janvier, le Centre National du Cinéma (CNC) dévoilait son « service de référencement de l’offre de films en ligne », épaulé par quatre sites où l’offre S(VoD) est mise en avant : Allociné, Première, Télérama et SensCritique . Premiers bilan de l’opération avec trois des partenaires, VidéoFutur, FilmoTV et MyTF1.

Le 28 janvier dernier, Fleur Pellerin annonçait en grandes pompes le lancement d’un service édité par le CNC afin de promouvoir l’offre légale en ligne (notre actualité). Au menu de ce site, 10 000 œuvres audiovisuelles issues des catalogues d’Arte VOD, CanalPlay, FilmoTV, FranceTV pluzz VàD, Imineo, MontparnasseVOD, MyTF1VOD, Orange à la demande, OCS, UniversCiné, Videofutur et Wuaki.Tv. Un moteur permettait alors de consulter chez ces partenaires la disponibilité et le tarif de l'oeuvre, à l'achat ou la location.

Surtout, ces mêmes informations ont été également intégrées sur Allociné, Première, Télérama et SensCritique, spécialement sur les fiches des films. « Internet ouvre de formidables possibilités pour toucher un public varié et nombreux, l’offre en ligne est tellement confuse qu’il est parfois plus facile de trouver un film sur un site illicite que sur un site d’offre légale, avait expliqué Fleur Pellerin lors de la présentation de l'initiative. C’est souvent faute de trouver le film qu’ils cherchent que les internautes succombent aux sirènes du streaming ou du téléchargement illégal. »

Un premier retour qualité

Près de trois semaines après le début de l’opération, quels sont les retours ? MyTF1 opte pour la communication minimale : « Il est encore beaucoup trop tôt de notre côté pour tirer des leçons de ce partenariat. Mais nous avons de nombreux retours positifs sur la qualité de l’outil ». Pas de données quantitatives, mais un bon retour qualitatif, en somme... Pourtant tous les éditeurs de sites savent qu'on peut tracer l'origine d'un visiteur et mesurer son taux de transformation en client.

Bruno Delecour, président de FilmoTV, a en tout cas la même satisfaction, avec une analyse un peu plus mitigée cependant : « l’outil fonctionne, mais nous avons besoin encore d'une meilleure intégration dans les différents portails qui récupèrent les données, notamment afin que les clients se retrouvent dans le vocabulaire, la présentation, etc. Il reste donc des petits réglages à faire. »

Les premières données chiffrées

Parmi les autres acteurs, Videofutur a pu nous fournir des éléments cette fois plus précis. D'après Laurent Molin, son responsable marketing, « lors de la première semaine qui a suivi le lancement, nous avons enregistré 10 % de hausse des pages vues, et entre 5 et 10 % de visiteurs uniques en plus ». Et depuis ? « Cela se maintient. C’est un trafic intéressant pour nous qui vient pour 70 % d’Allociné, 15 % du CNC et de manière plus anecdotique de Premiere, Télérama et SensCritque. »

Quid du versant commercial ? « Sur la partie abonnement, c’est plus marginal. C’est un trafic qui vient aussi par curiosité. Cependant, nous avons enregistré une hausse significative de la consommation à l’unité et surtout de la carte VoD dont les chiffres ont doublé. »

Entre la visite et le passage en caisse, FilmoTV constate, sans donner de chiffres, « des taux de transformation supérieurs à ceux observés en moyenne chez les visiteurs ». La plateforme témoigne tout autant du pic des premiers jours, et la prédominance d'Allociné qui draine cette fois un visiteur sur deux environ. « Ce n’est pas la première initiative de ce genre, ajoute son président, Bruno Delecour, mais ici l’intelligence est d’avoir fédéré des acteurs autour d’un même widget sur des sites à forts trafics ». En attendant, FilmoTV croit davantage en cette opération que celle lancée par la Hadopi avec son catalogue en ligne OffreLegale.fr : « Je ne pense pas que les gens vont se précipiter sur un site pour obtenir la liste de l’offre légale... »

Pour le moment, c'est le CNC qui amorce la pompe

Fait notable, Vidéofutur nous confirme s'être impliqué dans ce partenariat public-privé, sans n'avoir rien dépensé d'autre que du temps-interne afin de mettre les données en forme. « Notre service technique a dû fournir un flux pour qu'elles puissent s’harmoniser avec la plateforme du CNC ».

Même situation pour FilmoTV, qui anticipe cependant un changement de modèle selon le succès de l'opération : « Pour le moment, c’est le CNC qui amorce la pompe. L’objectif est d’être pérenne. Après, en fonction des résultats, il est possible que les éditeurs participent ». (Nous reviendrons prochainement sur ces questions financières).

Une visibilité en plus, aux dépens d'iTunes et NetFlix

Il reste que ces acteurs ne voient pas d’un mauvais œil cette mise en concurrence directe avec les autres plateformes, dans cette sorte de comparateur de prix de la (S)VoD. « Cela nous donne au contraire une ouverture, une visibilité, témoigne Laurent Molin (Videofutur). Nous sommes l’une des plateformes qui fournit le plus gros flux de films à l’achat comme en VoD ». Elle n’est ainsi pas peu fière de se retrouver bien exposée sur des sites comme Allociné, bien référencé sur Google et les autres moteurs. « C’est une bonne façon pour nous de se rappeler aux gens ».

Et pour cause, ces acteurs se retrouvent sous de gros projecteurs alors que l'ombre gagne les pieds des géants iTunes ou Netflix, exclus de l’opération. Maitres des deniers publics, le ministère de la Culture et le CNC n’ont pas en effet pas souhaité leur donner une quelconque visibilité, préférant mettre au-devant, selon Fleur Pellerin, « les sites de vidéo à la demande qui répondent aux obligations françaises en termes de régulation en contribuant au financement de la création et à l’exposition des œuvres françaises et européennes. »

Écrit par Marc Rees

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Sommaire de l'article

Introduction

Un premier retour qualité

Les premières données chiffrées

Pour le moment, c'est le CNC qui amorce la pompe

Une visibilité en plus, aux dépens d'iTunes et NetFlix

Le brief de ce matin n'est pas encore là

Partez acheter vos croissants
Et faites chauffer votre bouilloire,
Le brief arrive dans un instant,
Tout frais du matin, gardez espoir.

Commentaires (17)


Si ça peut arriver à une vraie démocratisation des offres de VOD à prix réduit, j’applaudis des 4 mains. Sinon …


Autant j’ai du mal avec tous ces organismes qui ponctionnent de l’argent public ou auprès du public, autant pour le coup j’aime bien ce projet, j’espère juste qu’ils ont négocié un minimum de retours d’€ pour que la solution soit pérenne et continue d’être mise à jour.



Mais si ça pouvait permettre une vraie concurrence aux gros, ça serait bien je trouve :)


Un comparateur vraiment indépendant c’est toujours bon a prendre


Tant mieux si les premiers retours sont positifs.


De là à faire de l’ombre à Netflix et consort j’en doute. Le client lambda ne passe pas sa vie sur internet à suivre des liens d’Allociné mais par contre il est souvent impacté par les pubs TV et CanalPlay, Netflix…. sont plutôt bien présent dans les coupures pub.



En tout cas pour ma part je ne connaissais quasiment aucun des protagonistes cités. Il faut dire qu’Allociné est un site dont je ne suis pas très fan non plus donc déjà j’ai pas vu comment se déroulait l’intégration (première, télérama et senscritique je n’y vais jamais non plus).



Zut serai je devenu monsieur Michu qui ne connait que ce qu’il voit dans les pubs TV. au secours….


Voilà pourquoi avec des pincettes, j’ai fait référence à leurs “pieds” ombragés, dans l’actu ;)


  « les sites de vidéo à la demande qui répondent aux obligations françaises en termes de régulation en contribuant au financement de la création et à l’exposition des œuvres françaises et européennes. »



Je croyais que Netflix respectait les obligations française ? Chronologie des medias, production d’une série française etc. ?


Sur le coup moi aussi.


Je pense qu’elle fait plutôt référence à la dime due au CNC lors des diffusions de films, un peu comme la SACEM avec la musique. Quelqu’un a surement plus d’infos.


Une dime de 15% du chiffre d’affaire, tout de même. Sans parler du catalogue qui doit comporter au moins 40% de contenu “made in france”. <img data-src=" />



Merci le décret SMAD. Décret qui semble spécialement taillé pour lutter contre les sociétés de VOD étrangères.


Super de la VOD non illimité.

Perso il n’y a pas moyen vu les tarifs appliqués.

La bonne idée ça serait de changer la chronologie des média ! C’est ce que les consommateurs attendent.

Bref mon combo netflix + tipiakage a de beaux jours devant lui.


Plus de chronologie des média et aucunes restrictions térritoriales. Aucunes n’ont de sens quand le concurent en 1ère place a une offre completement libre (comprendre l’offre pirate).

Même Netflix souffre de ces limitations et autres négociations de droits, etc…

Tant que nos amis les ayant droits ne comprendront pas qu’il leur faut faire du dumping sur les tarifs (pour fournir du coup un plus gros catalogue aux SVODs) et arréter de déffendre toutes ces conneries de restrictions, ils se feront bouffer le cul.

Fin moi je dis ça mais c’est pas comme si ils allaient m’écouter hein <img data-src=" />


Je ne vois toujours pas Castle(introuvable en VOD après recherche ??)&nbsp; ni Les enquêtes de Murdochdans ce moteur.

Azax avait pourtant dit que c’était déjà développé concernant les séries, c’est toujours pas en production ? <img data-src=" />

Azax, si tu me lis…


Je te lis !

Et oui les séries ne sont toujours pas en production !&nbsp;

ça va venir )


Qu’est ce qui coince ?


Rien de spécial, quelques petits détails à finir. &nbsp;Les séries font partie d’un lot d’ensemble qui n’est pas terminé.&nbsp;

Un peu patience et tu auras tes enquêtes de Murdoch <img data-src=" />&nbsp;


S’ils pouvaient intégrer les liens dans kickass aussi, svp.