Les bugs de la copie privée auscultés par les députés

Les bugs de la copie privée auscultés par les députés

Putain, 30 ans !

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Marc Rees

Publié dans

Droit

23/01/2015 5 minutes
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Les bugs de la copie privée auscultés par les députés

En novembre dernier, une mission d’information sur le bilan et les perspectives de trente ans d’exception pour copie privée a été créée à l’Assemblée nationale, au sein de la commission des affaires culturelles. Les premières pistes de travail sont désormais connues.

Dans la première lettre de cadrage (PDF) révélée par Contexte, on connait désormais les premières pistes d’exploration qui y seront menées. On remarque rapidement que cette mission ne dispose pas des chiffres à jour sur les montants effectivement prélevés par les ayants droit. Les données s’arrêtent en effet à 2012, oubliant 2 années de perception.

Gouvernance, préjudice, harmonisation

Cependant on s’arrêtera plus longtemps sur les pistes de réflexion de cette mission : la commission des affaires culturelles constate sans trop de mal les multiples blocages au sein de cette commission déséquilibrée, puisque composée de 12 ayants droit, 6 consommateurs et 6 industriels, tous ayant des intérêts divergeant. D’ores et déjà, la lettre de cadrage considère que le dispositif aujourd'hui bloqué, doit « manifestement évoluer », en programmant de futures propositions.

De même, la mesure du préjudice « ne fait pas consensus ». Et pour cause, « des études d’usage sont réalisées par familles de supports matériels soumis à la RCP : elles ont pour objet de déterminer, pour une capacité moyenne d’enregistrement, le volume moyen de fichiers copiés correspondant à l’exercice de l’exception pour copie privée. Les données économiques du marché permettent d’estimer les revenus qui auraient été générés en l’absence de copie privée. Un pourcentage de 15 % est appliqué à ces estimations brutes. Ce taux, censé refléter le manque à gagner réel lié aux possibilités de copie, est inchangé depuis 2001, date de l’assujettissement des supports numériques. Il ne repose sur aucune étude scientifique. »

Autre grain de sable, l’harmonisation. Voulue par les instances européennes, elle est repoussée en bloc par les ayants droit qui veulent conserver une grande latitude d’actions et craignent dans le même temps « une remise en cause du système français, qui figure parmi les plus généreux » résume la lettre. Celle-ci charge les membres de cette mission parlementaire de mesurer les conséquences de ces différences de niveau entre les pays européens concernés afin de jauger l’effet du « marché gris ».

Elle veut également se pencher sur les déséquilibres de l’assiette du prélèvement, puisque comme l’a noté Pierre Lescure, « le téléphone mobile multimédia représentait à lui seul plus de 25 % des sommes perçues en 2012, devant les disques durs externes et les clés USB non dédiées ». Ce chantier parlementaire devra également ausculter la pertinence d’une taxation du cloud. Il confronte « les ayants droit, favorables pour la plupart à un tel assujettissement, et les industriels, qui y sont unanimement opposés ».

Les clefs de répartition, le manque de transparence

L’assujettissement ne sera pas le seul univers étudié. La commission des affaires culturelles veut encore « s’interroger sur la pertinence de la clé de répartition du produit de la RCP » puisque tous les ayants droit (auteurs, producteurs, éditeurs, artistes interprètes) ne touchent pas le même niveau. Identiquement, le montant des frais de gestion prélevés par Copie France figurera au menu de l’audit.

Rappelons également que 25 % des sommes collectées par les ayants droit doivent être réutilisés pour des actions d’aides à la création, à la diffusion du spectacle vivant et à des actions de formation d’artistes. Chaque année 50 millions d’euros permettent ainsi de financer des festivals, etc. Seulement, comme le remarque également la lettre de cadrage, les sociétés de gestion collective « sont libres d’affecter le budget d’action artistique et culturelle selon les critères de leurs choix, à condition de respecter les finalités prévues par la loi ». Or, le numéro un de la SACEM l’a dit clairement : ce levier permet d’entretenir un lien très étroit entre ce milieu et les élus locaux, lesquels sont parfois aussi parlementaires.

Du coup, on applaudira la commission des affaires culturelles lorsqu’elle constate que les rapports annuels des ayants droit, décrivant les actions financées par ces 25 %, ne sont pas rendus publics. Nous avions poussé jusqu’à l’absurdité cette opacité en lançant une procédure CADA contre le ministère de la Culture afin d’avoir accès à ces données.

L'avenir de la copie privée

La mission va également s’interroger sur l’avenir de la copie privée et spécialement sur la possibilité de refaire naitre la proposition Lescure relative à la taxe sur les appareils connectés voire en se penchant sur la « légalisation des échanges non marchands » (on remarquera que les travaux de la Hadopi, proches de ce sujet, ne sont pas évoqués).

Ce rapport est prévu pour l'été 2015 à l’occasion des 30 ans de la loi du 3 juillet 1985. Enfin, notons que parmi les nombreuses auditions programmées, sera entendue l'UFC, qui a publié un rapport complet sur le sujet, mais également l’ASSECO-CFDT, présentée comme l’un des membres actuels du collège des consommateurs. Manque de chance, celle-ci ne siège plus au sein de la Commission copie privée, puisqu’elle a perdu son agrément national. Il est vrai cependant qu’averti de ce problème depuis décembre 2013, le ministère de la Culture n’a pas procédé à son remplacement.

Écrit par Marc Rees

Tiens, en parlant de ça :

Sommaire de l'article

Introduction

Gouvernance, préjudice, harmonisation

Les clefs de répartition, le manque de transparence

L'avenir de la copie privée

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Commentaires (20)


Peut-on en attendre vraiment quelque chose de positif? Chat échaudé craint l’eau froide…

Est-ce encore de la poudre aux yeux ou ils vont vraiment traiter le problème?

J’ai perdu foi dans toutes ces commissions…les copains auront vite fait de faire pression pour que rien ne bouge…(ou si ça bouge, que ça aille dans leur sens).


Donc, en résumé, tous ces couacs et bugs, (étonnamment tous au bénéfice des ayants-droits) sont, une fois de plus, résumés dans un rapport qui ira bientôt rejoindre les autres sur le même sujet, dans la cheminée ?


Ne t’inquiètes pas. Il vont chercher et corriger tous les revenus qui ne vont pas encore aux ayants-droits.




Autre grain de sable, l’harmonisation. Voulue par les instances

européennes, elle est repoussée en bloc par les ayants droit qui veulent

conserver une grande latitude d’actions et craignent dans le même temps

« une remise en cause du système français, qui figure parmi les plus généreux » résume la lettre.

Tout est dit … Les “ayants droits” (qui se servent aussi au dépend des vrais créateurs/artistes) se fichent de la gu de tout le monde …








gokudomatic a écrit :



Ne t’inquiètes pas. Il vont chercher et corriger tous les revenus qui ne vont pas encore aux ayants      tout les       droits.





Petite correction … <img data-src=" />



<img data-src=" /><img data-src=" />il ne va pas y avoir un GROS lobbying des ayants-droits <img data-src=" /><img data-src=" />



dredi donc on peu y croire 0.00000000000000000000001 seconde <img data-src=" />


Copie privée sacralisée, interrogations sur les barèmes et la répartition mais rien ne dit qu’ils seront remis en cause (voire augmentés, notamment concernant l’assiette), etc…



Bref, il y a de bonnes interrogations, mais au vu du passif entre le législateur et les ayants-droit, il va falloir attendre le résultat pour juger si les réponses vont vraiment dans le bon sens.


La copie privée est un bug :)


Ces Panoux, ce sont eux <img data-src=" />


moué, pas étonnant hier qu’ils voulaient que l’exécutif prennent en charge “immédiatement” ce dossier.

Maintenant, comme NonMais, je suis peu confiant dans l’évolution de cette “commission” <img data-src=" />


Or, le numéro un de la SACEM l’a dit clairement : ce levier permet d’entretenir un lien très étroit entre ce milieu et les élus locaux, lesquels sont parfois aussi parlementaires.<img data-src=" />Donc le but du jeu c’est la transparence? Ils demandent quoi en échange?

Baisse minime de la RCP, asservir&nbsp;assujettir encore plus de supports&nbsp;humain&nbsp;physique, logique^^

Au final une belle assiette qui donne de l’appétit!



La mission va également s’interroger sur l’avenir de la copie privée et spécialement sur la possibilité de refaire naitre la proposition Lescure relative à&nbsp;la taxe sur les appareils connectés voire en se penchant sur la&nbsp;«&nbsp;légalisation des échanges non marchands&nbsp;»&nbsp;<img data-src=" />&nbsp;



&nbsp;Vais chercher le pop-corn^^

&nbsp;








NonMais a écrit :



Peut-on en attendre vraiment quelque chose de positif? Chat échaudé craint l’eau froide…





Même sans mettre en doute leur bonne volonté (!!). Ces types là sont tellement éloignés des réalités de terrains de par leur position sociale (et tellement plus proche des patrons de la SACEM) que même s’ils ont l’impression de travailler dans l’intérêt de la population, il ne peut en ressortir que des bénéfices tout à fait mineurs pour des inconvénients majeurs.



Mouais, la mafia des ayants-droits va faire son office, comme d’hab’. Ils continueront de nous racketter tranquillement quand ils auront fait leur lobbying. C’est quand même fantastique de payer le fait de copier sur un DD les trucs qu’on achète…


mêmes pour des trucs que tu n’as pas besoin de payer


Cet article m’aura au moins fait prendre connaissance du dossier de NXI de 2013 que je n’avais pas vu passer.



Absurde…








athlon64 a écrit :



mêmes pour des trucs que tu n’as pas besoin de payer





Des magiciens les mecs…



yep c’est basé sur un préjudice présumé… qui a été calculé de façon à tomber sur le montant final voulu : ils ont fait un peu de rétro engineering : je pars du résultat et je retrouve le point d’entrée.

En fait ce n’est qu’une grande farce pour assurer une rentrée d’argent dont ils estiment le montant direct, après ce n’est qu’un montage qui ne dupe que ceux qui veulent bien y croire pour donner un semblant de justification. D’ailleurs ils le disent plus ou moins ouvertement : si vous touchez à quoi que ce soit ça va baisser nos revenus : ce n’est pas la juste compensation d’un préjudice qu’ils cherchent (sinon ils mettraient leur énergie à trouver la bonne formule) mais bien à assurer une rente (et ils mettent toute leur énergie à la maximiser).


Peut-être pas la cheminée, mais en tout cas il y a une place très confortable au fin fond d’un placard dans une cave de la rue de Valois…


<img data-src=" /> une petite cle USB qui ne sert qu’a stocker des factures par exemple et tu raques quand même pour eux <img data-src=" />


Et eux (les Créateurs) sont absolument indispensables pour rendre le monde intéressant.

Et les sommes récoltées ne sont pas si abusives que ça, dans le cadre d’un soutient actif à la Création.

Ce qu’il manque, c’est la transparence, et



et la « légalisation des échanges non marchands »

est prévu pour l’été 2015



Ma seedbox est prête pour balancer du 200Mb/s, en désactivant le VPN le jour J.

Bon, j’ai un peu déformé la citation de l’article, mais on est peut-être dans le pays qui doit rendre ça possible, en remplacement d’une loi Hadopi qui a surtout déjà permis de mettre en sommeil les actions pour contre-façon.