Les députés prolongent le crédit d’impôt à destination des producteurs de disques

Les députés prolongent le crédit d’impôt à destination des producteurs de disques

Money, money, money

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Xavier Berne

Publié dans

Droit

04/12/2014 5 minutes
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Les députés prolongent le crédit d’impôt à destination des producteurs de disques

L’Assemblée nationale a prolongé hier de trois ans le crédit d’impôt dont profitent depuis presque dix ans les producteurs de musique, telle que l’avait proposée le gouvernement afin de venir en aide à la filière. Certains députés ont pourtant tenté de faire disparaître ce dispositif, arguant que celui-ci s’apparente à une niche fiscale inefficace.

Depuis 2006, les producteurs de disques qui investissent dans la production, le développement ou la numérisation d'albums studio ou live peuvent prétendre au « crédit d’impôt en faveur de la production phonographique ». Si elles respectent certaines conditions, telles que produire des « nouveaux talents » (avec moins de 100 000 ventes pour deux albums précédents), les majors peuvent se faire rembourser 20 % du montant total de leurs dépenses éligibles – voire 30 % pour les petites et moyennes entreprises – et ce dans la limite de 800 000 euros par an et par bénéficiaire.

Un dispositif prolongé jusqu’en 2018, outre un assouplissement

Censé expirer au 31 décembre 2015, ce crédit d’impôt vient toutefois d’être prolongé de trois ans par les députés, qui ont voté hier soir l’article 23 du projet de loi de finances rectificative pour 2014. Compte tenu du « contexte de crise » frappant actuellement la filière musicale et plus particulièrement de cette « période de transition numérique », le gouvernement avait effectivement souhaité une application du dispositif jusqu’au 31 décembre 2018, outre divers assouplissements.

 

Il était ainsi proposé d’augmenter considérablement l’enveloppe maximale allouée à chaque maison de disque. De 800 000 euros par an, l’exécutif envisage un relèvement à 1,1 million d’euros. Par contre, chaque bénéficiaire ne devrait pouvoir obtenir davantage que 15 % du montant total des dépenses engagées (contre 20 % jusqu’ici), sauf s’il s’agit d’une petite ou moyenne entreprise, auquel cas ce taux reste à 30 %.

 

Autre évolution : alors qu’il faut aujourd’hui que l’entreprise bénéficiaire existe depuis au moins trois ans pour être éligible, un an pourrait désormais suffire. C'est très exactement ce qu'avait souhaité le député Franck Riester (UMP) dans un précédent amendement, rejeté en 2010.

Une efficacité grandement remise en question

Cet article a cependant fait l’objet de vives critiques de la part de certains députés. L’UMP Gilles Carrez, rejoint par le centriste Charles de Courson, a ainsi soutenu un amendement visant à la suppression pure et simple de ce crédit d’impôt. Le motif ? Celui-ci serait tout simplement inefficace, pour un coût loin d’être négligeable : 11 millions par an jusqu’ici, puis 13 millions à partir de 2016 (du fait des assouplissements prévus).

 

S’appuyant sur un rapport remis à Bercy l’année dernière (PDF), Gilles Carrez a ainsi repris les résultats d’une évaluation menée par l’administration. « Le dispositif ne produit pas les effets escomptés » était-il ainsi expliqué, dans la mesure où « depuis 2003, le nombre de nouveaux talents « engagés » par les maisons de disques françaises a baissé de 47 % ». On peut encore y lire : « Le dispositif n’atteint pas ses objectifs et ne paraît donc pas nécessaire ».

 

crédit impôt producteurs

Extrait du rapport de la députée Valérie Rabault.

 

L’élu de l’opposition, par ailleurs président de la commission des finances, s’en est donc donné à cœur joie dans l’hémicycle, réclamant la fin de cette « niche fiscale » auprès de la majorité socialiste. « On nous propose en particulier d'augmenter le plafond de dépenses de 800 000 à 1,1 million d'euros. Mais qui est-ce qui va en profiter ? Ce sont les trois majors ! Elles sont actuellement à 800 000, elles vont passer évidemment à 1,1 million. À trois, ça fait 900 000 euros. C'est automatique ! Et on nous dit dans la présentation du gouvernement que l'augmentation du plafond serait de 2 millions d'euros. Donc la moitié va être empochée par les trois majors... » s'est-il écrié.

13 millions d'euros par an pour cette « niche fiscale »

Quelques minutes plus tôt, le député socialiste Pierre-Alain Muet avait pourtant pris la parole pour défendre ce crédit d’impôt, dont le coût représente selon lui « une goutte d'eau dans l'océan de nos déficits ». « Cet article est important puisqu'il soutient la production phonographique pour un coût très modeste, a-t-il déclaré. Le crédit d'impôt représente 11 millions, il passera à 13 après cette mesure. Il soutient les petits labels francophones, puisqu'il soutient essentiellement les PME. »

 

Sans grande surprise, l'amendement de suppression de Gilles Carrez a été rejeté, après avoir fait l’objet d’un avis défavorable de la part du gouvernement, de la même manière que celui de Charles de Courson. La seule concession de la majorité fut d’exclure des dépenses éligibles au titre du crédit d’impôt la « rémunération, incluant les charges sociales, du ou des dirigeants correspondant à leur participation directe aux répétitions » pour les majors. Seules les PME et TPE pourront donc s’en faire rembourser une partie. Cet amendement, déposé par la rapporteure socialiste Valérie Rabault, visait à « éviter les effets d’aubaine ».

 

Dès ce matin, l’UPFI (Union des producteurs phonographiques français indépendants) a publié un communiqué pour faire part de sa « très grande satisfaction » suite à l'adoption de cet article du projet de loi de finances rectificative. « C'est avec confiance que l'UPFI attend maintenant le vote de ces mesures au Sénat et leur adoption définitive par le Parlement » poursuit l’organisation. Mais rappelons que si elle était définitivement approuvée, cette mesure devra également être validée par la Commission européenne, qui se penchera en particulier sur sa conformité avec la législation européenne en matière d’aides d'État.

Écrit par Xavier Berne

Tiens, en parlant de ça :

Sommaire de l'article

Introduction

Un dispositif prolongé jusqu’en 2018, outre un assouplissement

Une efficacité grandement remise en question

13 millions d'euros par an pour cette « niche fiscale »

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Commentaires (21)


« crédit d’impôt en faveur de la production phonographique ». Si elles respectent certaines conditions, telles que produire des « nouveaux talents »



C’est marrant, j’ai lu pornographique au lieu de phonographique, et la phrase gardait tout son sens …


Contexte de crise ? L’industrie du divertissement ne s’est jamais aussi bien portée, même malgré le piratage qui,  soi-disant, les tue !

 

Ça sent encore la magouille tout ça <img data-src=" />


Vous avez prévu un article sur le fait que le CNC veut limiter les salaires de acteurs ? sinon plus d’aide

pour une fois que ça va dans le bon sens


Ils étaient obligés de voter pour le renouvellement, sinon ils n’auront rien à noël…


Bizarre, il me semble qu’il y avait un article traitant justement de ce sujet tout à l’heure, mais impossible de le retrouver <img data-src=" />


Je venais exactement dire pareil.&nbsp;

Cet industrie n’est pas en crise, faut arrêter les conneries.&nbsp;


Scandaleux. La suite en 2015, après veto européen


Je me demande ce que les producteurs peuvent dépenser en lobbying.








HenryBasmati a écrit :



Vous avez prévu un article sur le fait que le CNC veut limiter les salaires de acteurs ? sinon plus d’aide

pour une fois que ça va dans le bon sens





Le CNC n’a fait encore aucune déclaration publique, même s’il a admit que le sujet était à l’ordre du jour du conseil d’administration, je pense que c’est pour cela qu’il n’y a pas encore d’article.



Je n’ai même pas lu jusqu’au bout l’article tellement ça me navre.

En France on n’incite pas à l’innovation, à la transformation en phase avec les changements d’époque/technologies, non, on subventionne des modèles caducs en piochant sur le moindre truc novateur.

Et après on s’étonne du déclin de notre pays. On a loupé des trains (Google, c’est français n’est-ce pas?) et on s’enfonce dans ce genre de décision stratégique (avec une super vue sur l’avenir, c’est beau).

C’est incroyable ce niveau de bêtise (ou d’intérêt personnel…) à la tête de notre pays.


Pourquoi j’entends encore cet écho venant de l’A.N. : slurp, slurp, slurp <img data-src=" />


Aider les banques &gt; FAIT !

Aider les industries mafieuses qui sont blindées de thune &gt; FAIT !

Faire raquer les Français en leur faisant promettre un avenir meilleur &gt; FAIT !


«&nbsp;une goutte d’eau dans l’océan de nos déficits&nbsp;».

Bon alors je peux arrêter de payer mes impôts alors car là aussi ça représentera “«&nbsp;une goutte d’eau dans l’océan de nos déficits&nbsp;».

Par contre pour moi ça représentera beaucoup.



Ce député, c’est typiquement le copro à qui ça ne dérange pas de payer 4% du montant d travaux (13000€ HT) au syndics car reparti par lot ça représente que 17,3€, alors qu’en plus il se fait payé (le syndic) des heures de déplacement pour le suivi (EN PLUS)…

&nbsp;


Cool je vais pouvoir continuer a ne pas payer vu qu’ils ont des crédits de dédommagement.

J’ai eu peur&nbsp;<img data-src=" />


Vous aussi découvrez la politique en vous amusant !

Vous voulez faire passer une loi, une taxe, n’importe quoi ?

Pas besoin de stratégie compliquée, de vrai projet ou de vision à long terme.

Lancez simplement un dé et justifiez-vous avec le résultat :



1)&nbsp; Contexte de crise (restez vague, l’incantation suffit)

2)&nbsp; Ils le font en … … . (complétez par le pays de votre choix, l’Allemagne compte double)

3)&nbsp; C’est pas moi, c’est l’Europe (ne rappelez pas que votre parti y siège depuis toujours à ce moment-là)

4)&nbsp; Contrer la poussée des populismes (évoquer les années 30 avec un air grave si ça ne suffit pas)

5)&nbsp; Pédonazislamistes (placez l’expression “nos enfants” quelque part avec une voix tremblotante)

6)&nbsp; Les français veulent … … . (parlez de vous)

7)&nbsp; Soyez plus discret la prochaine fois que vous trichez



Et hop ! Une belle et longue carrière en perspective ! <img data-src=" />


c’est quoi ce foutage de gueule , comme si la bande de rapace avait besoin de l’argent du contribuable en plus du racket qu’ils exerces sur ce même contribuable .


“Servez vous gentilshommes, c’est mon brave peuple qui régale”&nbsp;<img data-src=" />








Neliger a écrit :



Je me demande ce que les producteurs peuvent dépenser en lobbying.





Une Carla Bruni par ci, une Julie Gayet par là <img data-src=" />



Sans deconner, ils ont un crédit d’impots ? Depuis 10 ans ???

On marche sur la tête !!!



Plus le temps passe, et moins je n’ai de scrupules à tipiak à tout va. Scandaleux.


<img data-src=" /> MASSIVE DOWNLOAD…….


Sarkozy avait fait un cadeau à ses sponsors avec le bouclier Fiscal, Holande fait pareil avec les producteurs…

Et nous on paye plus d’impots… pour ces gens là.