Fraîchement adoptée, la loi « anti-Amazon » pourrait entrer prochainement en vigueur, dès lors que le chef de l’État aura promulgué le texte. Mais qu’en pensent les deux principaux cybermarchands offrant aujourd’hui les frais de port à leurs clients qui commandent des livres : Amazon et la Fnac ?
Hier, le Sénat a définitivement adopté la loi dite « anti-Amazon ». Le texte, qui n’attend désormais plus que d’être promulgué pour entrer en vigueur, va se traduire très concrètement par la fin de la gratuité des frais de port pour les livres commandés sur Internet. Aussi, les cybermarchands ne pourront plus cumuler les deux remises qu’ils sont aujourd’hui autorisés à pratiquer - une ristourne pouvant aller jusqu’à 5 % du prix du livre et des frais de port offerts. Seule exception : si le client se fait livrer son bien « dans un commerce de vente au détail de livres », autrement dit chez un libraire.
Deux sociétés sont principalement connues pour pratiquer ce double avantage, qui est perçu par le législateur comme un acte de concurrence déloyale vis-à-vis des librairies traditionnelles : Amazon et la Fnac. Next INpact s’est donc rapproché des deux géants de la vente en ligne, afin de savoir de quelle manière ils appréhendaient les changements imminents qui s’annoncent.
Amazon respectera la loi dès lors qu'elle sera promulguée
Mais sans grande surprise, les deux entreprises sont restées plus que prudentes. Amazon a ainsi refusé de nous expliquer de quelle manière allaient être répercutés ces changements. Le cybermarchand dit s’en tenir à sa ligne, qui est de ne jamais commenter la réglementation qui le concerne directement. « Il n'y a pas de commentaire particulier à faire, si ce n'est qu'Amazon respecte chacune des lois et des règlementations qui lui sont applicables. La marque le fera également à l'issue de la promulgation de cette loi » nous a-t-on ainsi indiqué.
En janvier dernier, le président d’Amazon France Romain Voog avait déclaré que cette loi impacterait « surtout le lecteur ». Un peu plus tôt, l’association de consommateur UFC-Que Choisir s’inquiétait d’ailleurs elle aussi que ce texte ne finisse en fait par profiter aux cybermarchands, qui factureront forcément davantage de frais de port par rapport à aujourd’hui...
Le cybermarchand continue aujourd’hui de laisser entendre que c’est le consommateur qui pourrait être lésé, puisqu’il insiste sur le fait que son offre se veut complémentaire à celle des libraires traditionnels. « Du point de vue d'Amazon, Internet est un média qui facilite l'accès aux livres, y compris l'accès aux livres rares, ceux qu'on ne trouve plus forcément en librairie. C'est à ce titre un moyen de distribution complémentaire aux librairies traditionnelles ». Le géant souligne par ailleurs que certains professionnels du livre pourraient être impactés, puisque « plus d'un millier de libraires » français profitent aujourd’hui de son site Internet pour vendre des livres en ligne.
La Fnac pourrait contourner l'obligation grâce à ses boutiques
Du côté de la Fnac, on refuse également d’expliquer comment seront répercutées les dispositions de la loi « anti-Amazon ». « On a étudié de très près les différentes mesures de la loi et on va regarder de quelle manière les mettre en application, mais il est un peu tôt pour pouvoir vous les donner » nous a-t-on indiqué. La société confirme quoi qu’il en soit que tout cela « a déjà été très réfléchi en interne », et qu'elle attend désormais de connaître les délais d'application de la loi.
L’entreprise se veut néanmoins plutôt sereine à l’approche des futurs changements, en particulier dans la mesure où elle dispose d’un avantage non négligeable vis-à-vis d’Amazon : sa centaine de boutiques. « Je ne pense pas que nous sommes les premiers concernés par cette situation, même si malgré tout, ça va quand même modifier le principe de la livraison gratuite à domicile pour toute commande sur Fnac.com. Nous, on a la particularité d'avoir un réseau de magasins avec lequel on pourra en pratique lever cette pénalité, c'est-à-dire que vous pouvez commander sur Fnac.com et faire un retrait en magasin ». Autrement dit, la Fnac pourrait continuer d’appliquer le double avantage de la ristourne et de la gratuité des frais de port pour ses clients venant retirer leur livre dans ses magasins. L’interdiction ne vaut effectivement pas pour les livraisons effectuées « dans un commerce de vente au détail de livres ».
Vers un recours sur le terrain du droit européen ?
Reste enfin une question : une plainte auprès des autorités européennes est-il envisagée ? On a en effet appris en début de semaine que Bruxelles avait émis un avis très défavorable à l’égard du texte élaboré par la France, et ce pour plusieurs raisons. « La Commission estime tout d'abord que le dispositif prévu pourrait restreindre la liberté de fournir des services pour les détaillants de livres en ligne établis dans d'autres États membres. Elle émet également des doutes quant à la pertinence des mesures envisagées au regard de l'objectif visé. Elle s'interroge, en outre, sur les risques que pourraient faire porter les contraintes appliquées aux détaillants en ligne sur les libraires qui souhaiteraient se positionner sur le marché du livre en ligne sans disposer de l'assise économique des plateformes existantes » a ainsi expliqué la sénatrice Khiari lors des débats en commission.
Amazon s’est néanmoins refusé à tout commentaire suite à cette question. Rappelons que de son côté, la ministre de la Culture a affirmé hier dans Les Échos qu’elle jugeait « possible » une action contentieuse de la part d’Amazon.
Commentaires (96)
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Je ne comprends pas l’intérêt de cette loi, car ce n’est pas le fait de devoir payer des frais de port qui va encourager les gens à aller acheter en librairie plutôt que sur internet.
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Incroyable… et idiot.
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Mais quelle bêtise… " />
Nos législateurs sont les plus bêtes du monde… En voulant taper un géant étranger (amazon), la fnac, déjà mal en point, s’en prend une aussi… Sans compter une eventuelle startup francaise qui voudrait se lancer sur le marché !!!
Et pour sauvegarder des petits libraires qui mourront de toute facon meme avec cette loi si ils ne sont pas capables de se renouveler ou trouver une niche dans laquelle s’épanouir, ils freinent le marché de la vente en ligne et lèsent les consommateurs.
Bref, c’est du perdant-perdant.
Et quelle image de retrogrades ils nous donnent vis a vis du reste du monde…
D’ailleurs, si Amazon et la Fnac veulent attaquer cette loi, j’ai du mal a imaginer qu’elle tienne bien longtemps face a la liberté de commerce et face aux lois europeenes…
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Je mise sur le frai de port a 1c qui dit mieux?
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Mieux !
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Dites, j’ai pas trop suivi alors désolé si la question est un peu bête mais :
Aujourd’hui avec Amazon (et d’autres cyber marchands, LDLC par exemple) on peut avoir un abonnement qui permet d’avoir une livraison “gratuite” ensuite sur tous nos achats. Est-ce que baisser le prix de cette abonnement, voir en faire un à un prix dérisoire spécifique pour les livres permettrait de contourner cette législation ?
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Pourquoi c’est 5% de réduc max ? " />
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Ils parlent vraiment de “loi anti-amazon” à l’Assemblée, ou c’est juste vous qui lui donnez ce nom ?? " />
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Bah suffira de pousser a acheter une cochonnerie a bas pris, genre un marque page a 5 centimes, et zoup, livraison gratuite pour le marque page et livre inclus dans la boite" />
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Si on inventait l’automobile aujourd’hui, ils feraient une loi pour protéger les maréchaux-ferrants.
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C est normal. Il y a une loi en France qui instaure le prix unique du livre. Les prix sont fixés par les éditeurs et les libraires peuvent appliquer une remise plafonnée à 5%. Le but est de garantir une équité entre libraires indépendants et les grandes surfaces culturelles. .. Cela empêche par exemple que les Auchan et Leclerc fracassent les prix en utilisant le livre comme un simple produit d appel. Amazon en appliquant la remise de 5% tout en offrant les frais de port allaient donc au delà des 5% de remise et s arrogeait donc un avantage concurrentiel illégal.
Le livre n est pas un produit comme un autre. Le livre n est pas un boîte de petits pois.
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C’est beau… cette loi est passée, et sera ptêt promulguée.
Le fameux pacte de compétitivité, on l’attend toujours. Le choc de simplication… ben lui aussi on l’attend toujours.
On voit le sens des priorités.
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Le secteur de la ventes de livres est en pleine mutation si la “crise de l’énergie” qui devrait pas trop tardé ne met pas fin au e-commerce, je pense que malheureusement pour la plupart des libraires il faudra se reconvertir .
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Et avec l’abonnement Premium (qui donne accès à la livraison gratuite) théoriquement ça va pas changer grand chose pour Amazon, non ?
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N’oublions pas que la Fnac fait mieux qu’Amazon question contournement des 5% : si tu es membre Fnac, que tu achètes un livre sur le site Web avec livraison en boutique, en plus de la réduction de 5% et des frais de port gratuits, tu as 1€ crédité sur ta carte de fidélité ! " />
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une mesure débile.. les rares fois ou je me susi déplacé en librairie, ils n’avaient pas ce que je voulais .. j’habite à la campagne, pas question de commander en librairie et de devoir me taper de la route pour aller chercehr ma commande.. De toute manière, j’achèterai chez amazon, c’est juste qu’ils vont se mettre les frais de port dans la poche en plus…
D’une loi qui veut rétablir une égalité entre libraire “historique” et cybermarchands, on en vient à favoriser le cybermarchand et pénaliser le lecteur…
Mais c’est pas grave, c’est un peu plus de notre argent qui part dans les paradis fiscaux via l’Irlande…
J’espère que Bruxelles va dégager cette loi idiote…
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NEXTinpact fait trop d’ombre à mon blog.
Gare à vous si je trouve le numéro de téléphone de l’assemblée nationale
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t’fason la lectur c ri1 ke pour lé tapette " />
…
Si vous me cherchez je suis sur un autre sujet.
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Seule exception : si le client se fait livrer son bien « dans un commerce de vente au détail de livres », autrement dit chez un libraire.
Ils sont sérieux ? Pourquoi ce privilège, parce que cela va inciter à acheter autre chose au libraire ? Et quand on se fait livrer au pressing d’à-côté, ça nous incite à y apporter notre linge peut-être ?
« Du point de vue d’Amazon, Internet est un média qui facilite l’accès aux livres, y compris l’accès aux livres rares, ceux qu’on ne trouve plus forcément en librairie. C’est à ce titre un moyen de distribution complémentaire aux librairies traditionnelles »
Un peu d" />mauvaise foi Amazon. C’est vrai que leurs meilleures ventes (donc le gros de leurs activité sur ce secteur) sont faites sur des livres rares et introuvables en librairie. Il y a vaiment des librairies qui ne vendent pas Game of Thrones d’après eux ? " />
M’enfin s’il faut payer les frais de port pour se faire livrer, ce ne sera pas une grande révolution. On le fait pour tous les autres produits, cela ne changera pas grand-chose au final.
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De toute manière internet modifie le commerce en général, point barre. Et c’est pas ce genre de mesurettes qui y changeront quelque chose. C’est une transformation normale de la société à l’aube de ce que permettent les technologies.
Que le pouvoir politique régule les abus, empêche les monopoles, se batte contre contre l’évasion fiscale… oui. Mais pas qu’il mette des bâtons dans les roues d’une évolution strictement logique du commerce. Les libraires s’adapteront à l’époque et puis c’est tout. Bien sûr une partie mourront dans le processus, mais encore une fois c’est logique dans toute transformation.
À côté de chez moi il y a une librairie très old school, à l’ambiance chaleureuse et détendue. Elle fédère tout un groupe de gens qui se connaissent, qui organisent des trucs, qui viennent lire façon bibliothèque, etc. Ils font même des soirées jusqu’à 3 heures du mat’ parfois !
Amazon ne pourra jamais concurrencer ce pourquoi les gens vont là-bas et y retournent. Ce sont deux choses tellement opposées qu’elles ne font même pas partie du même monde en quelque sorte. Et attention, c’est dans une toute petite ville de 8000 bouseux, pas à Paris ou Lyon.
C’est comme ça que doit se transformer le petit commerce, revenir à ce qui est vraiment sa raison d’être profonde. Ils ne rivaliseront plus jamais sur les aspects purement commerciaux avec internet, ils doivent renforcer les autres aspects et notamment celui de la chaleur humaine bien sûr.
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« Du point de vue d’Amazon, Internet est un média qui facilite l’accès aux livres, y compris l’accès aux livres rares, ceux qu’on ne trouve plus forcément en librairie. C’est à ce titre un moyen de distribution complémentaire aux librairies traditionnelles ».
Hé, les gars d’Amazon, c’est pas le genre de truc à dire ! Nos (très) chers hommes politique sont capables de nous pondre une chronologie des médias pour le livre ! " /> " />
NB : En parlant de livre rare, je recherche l’Évangile du Monstre en Spaghetti Volant, sous tout format " />
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Je me mets à la place de mon beau père handicapé qui ne peut pas aller faire ses courses comme une personne “valide”. Ce type de loi sera une dépense supplémentaire pour lui alors que de toute façon il n’aurait pas pu se rendre au libraire du coin qui n’a pas de rampe d’accès aux PMR …
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Comme d’habitude, le gouvernement pourrait s’attaquer à la fraude fiscale mais joue petit et à côté de la cible. " />
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Il faudrait payer des frais de port pour “Un homme dans la poche” " />
http://www.midilibre.fr/2012/07/13/un-passage-tres-hot-retrouve-dans-un-roman-d-…
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Pourquoi vous prétendez tous que cette mesure a été prise pour satisfaire un lobby de croulants ?
La situation, c’est simplement, on a une entreprise A qui subit les contraires X et une entreprise B qui devrait logiquement subir les contraintes X mais qui utilise un mécanisme pour y échapper.
Du coup, l’état fait juste que corriger le loophole.
Par ailleurs, vous dites vous-même que les frais de port offert, c’est rien du tout et ça changera rien. Ben voilà, c’est donc la preuve que cette mesure n’est pas une mesure pour favoriser les libraires, juste une mesure pour avoir des entreprises qui n’utilisent pas une astuce pour échapper à une règle.
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Les librairies chapitre ont déposées le bilan http://www.egaliteetreconciliation.fr/Depot-de-bilan-annonce-pour-le-reseau-des-… cette loi arrive beaucoup trop tard comme d’habitude
Les librairies indépendantes ne peuvent pas vraiment lutter contre l’e-commerce
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Je viens de lire les commentaire et j’ai une question sérieuse.
A quoi cela sert t’ il d’interdire la gratuité des frais de port si on ne fait rien pour contrôler que les frais de port appliqué soi bien réels?
Car faire perdre son temps au différente assemblé pour passer de 0 a 0.01 centimes …
Pas sure que ça sauve grand libraire. " />
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Et es ce que les offres type premium permettent de continuer a offrir les frais de port ?
Si oui, qu’es ce qu’il les empeche de faire une offre premium light a 1€/an qui permet d’avoir les fdp gratuitement sur les bouquins ?
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