Les pistes du CNNum pour favoriser l'inclusion numérique en France

Les pistes du CNNum pour favoriser l’inclusion numérique en France

Davantage d'Open Data, refonte des sites du service public, etc.

Avatar de l'auteur
Xavier Berne

Publié dans

Droit

27/11/2013 10 minutes
9

Les pistes du CNNum pour favoriser l'inclusion numérique en France

Davantage d’Open Data, des sites Internet du service public refondus et harmonisés, un « trousseau numérique » de documents administratifs numérisés pour tous les Français, des changements dans le domaine de la formation et des recrutements... Les pistes mises en avant par le Conseil national du numérique pour favoriser « l’inclusion numérique » et casser la fracture numérique en France sont nombreuses. Petit passage en revue.

cnnum rapport

 

« Citoyens d’une société numérique - Accès, Littératie, Médiations, Pouvoir d’agir : pour une nouvelle politique d’inclusion ». Voilà le titre du rapport (PDF) remis hier par le Conseil national du numérique à la ministre déléguée à l’économie numérique, Fleur Pellerin. Derrière ce titre quelque peu abstrait, se cachent en réalité les conclusions relativement concrètes de travaux menés sur le long terme par l’institution, notamment au travers de rencontres dites « contributives », organisées depuis le printemps avec des chercheurs, des élus, des administrations, des représentants d’entreprises, d’associations, etc.

 

Partant du principe que la France « ne pourra pas trouver de modèle de développement économique et social durable si tous ses citoyens ne participent pas de cette société numérique », le CNNum ne parle pas de moyens de résoudre la fracture numérique, mais estime plutôt qu’il faut repenser « l’inclusion numérique ». L’institution définit d’ailleurs cette expression « comme l’inclusion sociale dans une société et une économie où le numérique joue un rôle essentiel ». En l’occurrence, elle en appelle le gouvernement à s’orienter vers une nouvelle politique, poursuivant d’une part un objectif de réduction des inégalités et exclusions sociales en mobilisant le numérique, et d’autre part en utilisant le numérique comme levier de transformation individuelle et collective. Plus concrètement, le CNNum présente différentes mesures regroupées autour de sept grands axes de recommandations.

Faire de l’accès à Internet et à ses ressources essentielles un droit effectif

Poursuivre une politique ciblée de soutien à l’accès à Internet et d’accompagnement des usages.

 

Créer un « trousseau numérique » à disposition de tous les Français. Ce trousseau contiendrait, gratuitement si nécessaire, des éléments tels qu’une domiciliation numérique, un espace de stockage en ligne des principaux documents administratifs numérisés, un numéro de téléphone, une messagerie, etc.

 

Développer des « tarifs sociaux » ciblés pour l'Internet et le mobile en direction des publics en difficulté.

 

Harmoniser les sites d’accès aux services publics par des interfaces cohérentes. L’idée est ici de refondre tous les sites d’accès aux services publics, de telle sorte que le citoyen retrouve les mêmes façons de fonctionner, la même architecture d’information, la même façon de naviguer, le même langage, etc. « L’État doit être garant que l’expérience usager soit simple, efficace et pertinente par rapport au contexte et aux moments où il les utilise » écrit le CNNum.

  

Faire de l'accessibilité des sites et des "apps" une obligation. Il est ici question d’améliorer les choses pour les personnes handicapées (problèmes de vue, individus malentendants, etc.). 

Faire de la littératie pour tous le socle d’une société inclusive

La littératie numérique est définie par l’institution comme « l’aptitude à comprendre et à utiliser le numérique dans la vie courante, à la maison, au travail, et dans la collectivité en vue d’atteindre les buts personnels et d’étendre ses compétences et capacités ».

 

Former massivement à la littératie numérique de l’enfance à l’âge avancé. Le CNNum préconise un enseignement incluant notamment la discipline informatique, mais également  « toutes  les  autres  composantes  d’une  véritable  culture  critique  du  monde numérique », et ce de la primaire au lycée.

 

Former les enseignants, les formateurs professionnels, les travailleurs sociaux, afin d’intégrer la littératie numérique dans leurs pratiques professionnelles.

 

Former au numérique les publics exclus (précaires, migrants, sans-papiers, détenus, etc.) qui le demandent.

 

Constituer des référentiels communs de littératie numérique. Le CNNum prône une mise en réseau des acteurs concernés, afin de définir les méthodologies, les standards, et faire constamment évoluer les programmes de formation en fonction de la réalité mouvante des savoirs numériques.

S’appuyer sur le numérique pour renforcer le « pouvoir d’agir » de tous les citoyens.

Il s’agit ici de faciliter la participation des citoyens aux initiatives locales, aux débats publics, etc. Le CNNum pousse en ce sens pour que le numérique devienne davantage le vecteur d’une montée en puissance de l’innovation sociale et collective.

 

Lancer un grand programme de « codesign » des politiques publiques. L’idée est ici de mettre à contribution, via les outils collaboratifs numériques, les destinataires des services publics ainsi que ceux qui sont censés les faire fonctionner au quotidien.

 

Reconnaître et soutenir l'innovation sociale, en ce que celle-ci permet selon le CNNum « de répondre à des besoins peu ou mal couverts par le marché et l’action publique ».

 

Inventer « l'État-plateforme » pour outiller numériquement le pouvoir d'agir. Il est ici question d’ouverture des données publiques (Open Data), puisque le rapport préconise d’accélerer le mouvement en accordant par exemple le libre accès à la recherche scientifique publique, ainsi qu’en élargissement du périmètre des œuvres de l’esprit produites sur fonds publics réutilisables. Le CNNum prône également pour la publication dématérialisée des rapports d'expertise sous-tendant la décision publique, des rapports d'évaluation des politiques publiques ou encore, des comptes des organisations bénéficiant de financements publics.

 

Augmenter le débat public. L’institution estime qu’il convient de l’alimenter en amont, contrairement à ce qui se fait aujourd’hui, notamment grâce à la mise en ligne de documents ouverts permettant au citoyen de documenter son choix.

Réinventer les médiations à l’ère numérique.

Définir une stratégie moderne de présence des services publics. Le CNNum recommande de mutualiser les espaces, les moyens techniques et humains dédiés aux lieux d’accueil (physiques ou non, comme les plateformes téléphoniques) entre administrations, « afin de mieux accompagner les usagers dans leurs démarches administratives ».

 

Prendre appui sur la richesse des initiatives de terrain. L’idée est de s’inspirer de ce qui marche au niveau local, par exemple s’agissant d’initiatives impulsées par les  collectivités  territoriales,  les  associations, etc.

 

Organiser à l'échelle des territoires le réseau des lieux partagés. Pour ce faire, une signalétique commune pourrait être mise ne place, afin de faciliter l’identification des différents espaces (espaces publics numériques, coworking, etc.) et les fonctions que chacun d’entre eux propose.

 

Reconnaître les métiers de la médiation, que ce soit au niveau des agents d’accueil, des conseillers, des accompagnateurs, des animateurs,...

 

Organiser et animer l’échange d’expériences, la capitalisation entre les acteurs de la médiation.

L’emploi numérique : ouvrir la porte aux 900 000 jeunes à la dérive

Selon le CNNum, « les métiers exigeant des compétences numériques se multiplient au même rythme que le pourcentage des jeunes sans formation, sans emploi et sans projet de vie, augmente ». L’institution estime ainsi qu’un dispositif d’accès à l’emploi numérique, ciblant les jeunes et les populations désavantagées, pourrait justement résoudre ce paradoxe.

 

Changer le regard sur les emplois numériques et les profils « jeunes ». Les acteurs de l’emploi et de l’insertion (Pôle emploi, missions locales, agence d’interim...) sont invités à améliorer leur compréhension des métiers du numérique et des compétences nécessaires, par exemple via une refonte du ROME relatif aux compétences numériques.

 

Changer les recrutements. L’idée est ici d’impliquer les entreprises qui se positionnent déjà en faveur de l’inclusion numérique à créer des emplois et développer des réseaux de formation.

 

Préparer l’emploi par des immersions et des incubations de projets. Le CNNum souhaite que les établissements gérant les formations (CFA, GRETA,...) développent une culture de l’innovation et de l’entreprenariat en mode start-up, l’objectif étant d’impliquer les jeunes et les enseignants dans l’accompagnement à l’innovation et l’entrepreneuriat.

Aider les décideurs à embrasser les enjeux sociaux et politiques du numérique

Le Conseil considère que les décideurs, qu’ils appartiennent au secteur public ou privé, « doivent changer leur vision du numérique afin d’accompagner plutôt que de subir le rôle du numérique dans la transformation de leur métier, de leur secteur d’activité, de leur stratégie d’entreprise, des rapports sociaux, etc. »

 

Donner une formation spécifique aux enjeux politiques, économiques, sociaux liés au numérique aux cadres administratifs et aux élus.

 

Mettre en place des référentiels en contenu ouvert comme support de ces formations.

 

Renforcer dans la formation des futurs cadres d’entreprises les réflexions sur la relation science, technologie et société, par exemple en généralisant l’apprentissage de la cartographie des controverses dans les grandes écoles.

 

Travailler avec les structures de mise en réseau des dirigeants pour développer les outils d’une culture numérique et de l’inclusion.

Disposer d’indicateurs adaptés à l’état actuel des sociétés numériques et aux nouveaux objectifs d’e-inclusion

Définir rapidement une série de 5 à 10 indicateurs « open source », invitant les acteurs de l’inclusion à les enrichir. Il serait notamment question de mesurer les inégalités dans les pratiques numériques et leurs liens avec les inégalités économiques et sociales, les compétences numériques et le sentiment de maîtrise ou de non-maîtrise, etc.

 

Prévoir une évaluation régulière des projets numériques au travers de ces indicateurs.

 

Définir des programmes de recherches en sciences humaines et sociales centrés sur la mesure des usages et de la dimension sociale du développement du numérique.

 

Favoriser le développement de labels valorisant les initiatives collectives en matière numérique, ou l'évolution des labels existants (« Ville Internet », « NetPublic »), de manière à stimuler l'innovation décentralisée en la matière.

 

Restera maintenant à voir les suites qui seront données à ce volumineux rapport, sachant qu'il s'adresse aussi bien à l'État au sens large qu'aux acteurs de la sphère civile. Par voix de communiqué, Fleur Pellerin a fait savoir qu’elle souhaitait « faire en sorte que la révolution numérique ne laisse personne sur le bord du chemin ». Selon elle, le gouvernement veut mettre le numérique au service de la « réduction des inégalités sociales et territoriales ». Il y a encore du chemin à parcourir au regard des pistes dressées par le CNNum.

 

Écrit par Xavier Berne

Tiens, en parlant de ça :

Sommaire de l'article

Introduction

Faire de l’accès à Internet et à ses ressources essentielles un droit effectif

Faire de la littératie pour tous le socle d’une société inclusive

S’appuyer sur le numérique pour renforcer le « pouvoir d’agir » de tous les citoyens.

Réinventer les médiations à l’ère numérique.

L’emploi numérique : ouvrir la porte aux 900 000 jeunes à la dérive

Aider les décideurs à embrasser les enjeux sociaux et politiques du numérique

Disposer d’indicateurs adaptés à l’état actuel des sociétés numériques et aux nouveaux objectifs d’e-inclusion

Le brief de ce matin n'est pas encore là

Partez acheter vos croissants
Et faites chauffer votre bouilloire,
Le brief arrive dans un instant,
Tout frais du matin, gardez espoir.

Fermer

Commentaires (9)


Juste une remarque pour les rédacteurs de PCI : pourquoi ne pas mettre vos sources (en l’occurence le doc de Scribd) sur un lien en bas de l’article ? Je doute qu’on lise ce pdf avant l’article (ou qu’on le lise tout court). Un lien suffirait à étayer vos sources, pour ceux qui veulent approfondir, et cela allègerait la présentation (sur mobile, c’est une horreur, j’ai sans arrêt de grands espaces vides parce que le fichier ne se charge pas, et il faut scroller très bas pour avoir le début de la news).








Jarodd a écrit :



Juste une remarque pour les rédacteurs de PCI : pourquoi ne pas mettre vos sources (en l’occurence le doc de Scribd) sur un lien en bas de l’article ? Je doute qu’on lise ce pdf avant l’article (ou qu’on le lise tout court). Un lien suffirait à étayer vos sources, pour ceux qui veulent approfondir, et cela allègerait la présentation (sur mobile, c’est une horreur, j’ai sans arrêt de grands espaces vides parce que le fichier ne se charge pas, et il faut scroller très bas pour avoir le début de la news).







Merci de la remarque, je n’avais jamais vraiment eu ce genre de souci, mais je comprends que ça puisse poser problème. Peut-être que cette nouvelle mise en page est mieux ?



Ils bossent bien au CNNum, très bon rapport (en me basant sur l’article) !



En espérant que nos dirigeants y prêtent attention et s’en servent.








Xavier.B a écrit :



Merci de la remarque, je n’avais jamais vraiment eu ce genre de souci, mais je comprends que ça puisse poser problème. Peut-être que cette nouvelle mise en page est mieux ?





Quel intérêt de laisser Scribd qui est une horreur à l’utilisation alors qu’il y a un lien vers le PDF dans l’article ?



Précision : je ne suis pas sur mobile.









Xavier.B a écrit :



Merci de la remarque, je n’avais jamais vraiment eu ce genre de souci, mais je comprends que ça puisse poser problème. Peut-être que cette nouvelle mise en page est mieux ?







Oui perso c’est mieux, merci. Désolé du HS <img data-src=" />





Développer des « tarifs sociaux » ciblés pour l’Internet et le mobile en direction des publics en difficulté.



J’ai une idée : ne taxons pas les FAI pour financer la musique et ainsi nous n’aurons pas besoin de filer des tarifs sociaux pour compenser ! Surtout que les tarifs sociaux sont en général très symboliques et doivent coûter plus cher en paperasses qu’en service rendu.



Après ça, idée révolutionnaire, on arrêtera de financer la pompe immobilière avec le livret A qui finance le logement social tout en renchérissant l’immobilier en général.


Ca en fait des choses à réaliser avec les 37,32€ de budget qui seront alloués au plan national.



<img data-src=" />








HarmattanBlow a écrit :



J’ai une idée : ne taxons pas les FAI pour financer la musique et ainsi nous n’aurons pas besoin de filer des tarifs sociaux pour compenser ! Surtout que les tarifs sociaux sont en général très symboliques et doivent coûter plus cher en paperasses qu’en service rendu.



Après ça, idée révolutionnaire, on arrêtera de financer la pompe immobilière avec le livret A qui finance le logement social tout en renchérissant l’immobilier en général.





bitchslap avoir un tableau emplois-ressources cohérent ? mais enfin tu déraisonnes ! <img data-src=" />



bla

bla

bla



créons des commissions, des observatoires, etc.



vive les sophistes, les parasites et vive le collectivisme !



pour commencer : combien a coûté cette liste à la Prévert ?



le père Noël l’a-t-il bien reçue ? et a-t-il ri au moins ?