Le Canada projette de réduire ses aides à l'industrie du jeu vidéo

Le Canada projette de réduire ses aides à l’industrie du jeu vidéo

Le modèle canadien révèle ses limites

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Kevin Hottot

Publié dans

Société numérique

09/04/2013 4 minutes
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Le Canada projette de réduire ses aides à l'industrie du jeu vidéo

Alors qu'en France, une consultation est en cours afin de déterminer quelles aides l'État peut apporter à l'industrie vidéoludique, au Canada l'administration suit le chemin inverse. En effet, les réductions fiscales jusqu'alors en vigueur en Colombie-Britannique n'ont pas été renouvelées, tandis qu'elles sont menacées en Nouvelle-Écosse. Des dizaines de studios menacent donc de se délocaliser dans les régions voisines plus favorables.

  

 

En février 2010, le gouvernement de la province de la Colombie-Britannique au Canada annonçait la mise en place de nouveaux barèmes pour les crédits d'impôt accordés à l'industrie vidéoludique. Les réductions consenties pouvaient alors atteindre jusqu'à 33 % pour la main d'oeuvre qualifiée. De quoi se permettre d'attirer les développeurs du monde entier en leur proposant des salaires mirobolants, ou tout simplement de pouvoir embaucher à tour de bras sans se poser trop de questions. Or les accords signés en 2010 ont pris fin et quelques studios menacent de s'exiler dans des provinces plus accueillantes si les aides ne devaient pas être prolongées.

Certains studios ont basé leur modèle économique sur ces aides.

En effet, selon John Lenning, producteur exécutif dans un studio d'Halifax, interrogé par nos confrères de Develop, depuis que la Colombie-Britannique a cessé de soutenir le secteur, quelques studios sont en proie à d'importantes difficultés financières. « Avec le déclin des aides en Colombie-Britannique, les développeurs ne peuvent plus supporter leurs charges salariales de manière permanente. Par conséquent, nous verrons sûrement les studios se déplacer vers l'est », affirme-t-il.

 

Des délocalisations au sein d'un même pays, voilà ce qui attend l'industrie vidéoludique canadienne. Selon Jeremy Wellard, fondateur du studio HB en Nouvelle-Écosse, il n'est pas rare que des entreprises de développement basent leur modèle économique sur ces aides. Sauf que ce procédé ne peut pas être rentable à long terme, ainsi des firmes employant parfois plusieurs centaines de personnes seraient maintenues en vie grâce à ces aides. 

 

« HB a été créée huit ans avant l'arrivée du Nova Scotian Digital Media Tax Credit (DMTC) en 2008, et nous avions alors environ 130 employés. Le succès de notre firme s'est établi bien avant que le DTMC entre en jeu, et nous avons choisi de ne pas nous baser dessus pour nos opérations, parce que ce n'est pas vraiment quelque chose de sûr. Le DTMC devait être reconduit en décembre 2012, et n'a été prolongé d'un an qu'à la dernière minute afin que le gouvernement de la province étudie ses effets. Personne ne sait s'il existera encore fin 2013 », s'inquiète le dirigeant.

Et la France dans tout ça ?

Le gouvernement français a récemment ouvert un groupe de travail sur le jeu vidéo, lequel ayant pour but de favoriser la création dans l'Hexagone. Parmi les pistes envisagées, il est question d'un volet fiscal dont nous connaitrons les détails d'ici cet été. Il s'agira vraisemblablement d'une hausse du taux du crédit d'impôt jeu vidéo. Mis en place en 2008, celui-ci consiste actuellement en un crédit d'impôt de 20 % des dépenses salariales et de fonctionnement dans la limite de 3 millions d'euros par exercice fiscal.


Il sera important de voir quelles aides seront apportées aux acteurs de l'industrie. En effet, un geste trop petit ne serait pas suffisant pour donner un déclic à la création, mais d'un autre côté, une attention trop généreuse, et la situation pourrait devenir la même qu'au Canada. Certes, le secteur serait florissant, mais seulement tant que les aides seront maintenues. La moindre réduction de celles-ci, et les délocalisations ainsi que les fermetures reviendront sur le devant de la scène. 

Écrit par Kevin Hottot

Tiens, en parlant de ça :

Sommaire de l'article

Introduction

Certains studios ont basé leur modèle économique sur ces aides.

Le brief de ce matin n'est pas encore là

Partez acheter vos croissants
Et faites chauffer votre bouilloire,
Le brief arrive dans un instant,
Tout frais du matin, gardez espoir.

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Commentaires (11)


L’herbe sera toujours plus verte ailleurs. Que l’on arrête de distribuer des subventions à tout va et que les entreprises se prennent par la main en ayant un minimum de stratégie et un management qui tiennent la route, ça pourrait éviter un grand nombre de reports de sortie, de développement remis à zéro, etc. Et qu’ils revoient leurs ambitions à la baisse et ne s’impliquent pas dans des projets avec des budgets faramineux.








Exosta a écrit :



L’herbe sera toujours plus verte ailleurs. Que l’on arrête de distribuer des subventions à tout va et que les entreprises se prennent par la main en ayant un minimum de stratégie et un management qui tiennent la route, ça pourrait éviter un grand nombre de reports de sortie, de développement remis à zéro, etc. Et qu’ils revoient leurs ambitions à la baisse et ne s’impliquent pas dans des projets avec des budgets faramineux.





+1 dans l’ensemble. (d’une certaine manière, on en revient aux Chinois qui délocalisent au Bangladesh…)



Cela dit, ce sera difficile car il y a un effet cliquet sur les coûts des jeux : à moins que tous les éditeurs et tous les pays ne le fassent en même temps, ceux qui redeviennent sérieux sur leur budgets risquent de perdre leurs créatifs star au profit de ceux qui peuvent bénéficier d’un dumping fiscal (lequel bénéficie à son tour à l’administration qui le met en place, etc.)



edit :



Certains studios ont basé leur modèle économique sur ces aides.



baser son business plan sur un truc aussi versatile est très con…




Certains studios ont basé leur modèle économique sur ces aides.



Cette phrase bien qu’un résumé montre un peu la mentalité de certains , allez on fait une boite on a les aides on bases notre buisness model sur ça ça risque pas de changer on va tout dégommer … Baser son buisness model sur des aides c’est très con comme le dit WereWindle, en fait je n’ai pas de mot plus évocateur dans ma pensée ça ne doit pas exister.



Dans un autre temps en France, dans d’autres domaines je suis sûr qu’il y en a qui se base uniquement sur les aide .

Cependant il me semble que dans l’IT en général en France c’est plutot très frileux et versatile .. les aides ont peu les prendre en compte c’est pas si mal , mais il y a beaucoup de changement en cours/ en changement/en mutation , loi, réglementation aides etc etc . On m’a déjà expliqué dans un entretien que tout ça aide pas vraiment à “ se stabiliser” et qu’on reste méfiant sur l’avenir ..


On va voir pas mal d’amis dev français revenir au pays en somme :)








malluin a écrit :



On va voir pas mal d’amis dev français revenir au pays en somme :)







Il faut nuancer. L’article dit que c’est “le Canada” (soit le gouvernement fédéral) qui va réduire son aide à l’industrie vidéoludique. Le fédéral ne la subventionne pourtant pas (ou très peu). Ce sont les provinces, de manière autonome, qui définissent leur aide à cette industrie. Le Québec a été un pionnier dans la matière au pays et les autres provinces n’ont fait qu’emboîter le pas. Et étant donné que la majorité des dev français se trouvent dans la seule province francophone de l’Amérique et que celle-ci va continuer à appuyer les compagnies de JV, ils vont rester ici vos amis <img data-src=" />









UnBruitSourd a écrit :



Il faut nuancer. L’article dit que c’est “le Canada” (soit le gouvernement fédéral) qui va réduire son aide à l’industrie vidéoludique. Le fédéral ne la subventionne pourtant pas (ou très peu). Ce sont les provinces, de manière autonome, qui définissent leur aide à cette industrie. Le Québec a été un pionnier dans la matière au pays et les autres provinces n’ont fait qu’emboîter le pas. Et étant donné que la majorité des dev français se trouvent dans la seule province francophone de l’Amérique et que celle-ci va continuer à appuyer les compagnies de JV, ils vont rester ici vos amis <img data-src=" />







Et je rajouterais que je voit très mal ubigros se séparer de son enorme immeuble (dégeu) aussi facilement. Les dev vont pas tous suivre le déménagement de leur employeur, surtout pour se retrouver dans d’autres grosses villes avec des loyers pas aussi abordables que certains coins de Montreal





Colombie-Britannique au Canada



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« Avec le déclin des aides en Colombie-Britannique, les développeurs ne peuvent plus supporter leurs charges salariales de manière permanente.



Leurs patrons et actionnaires, faux cul, ça m’étonnerait que ça insupporte tant les développeurs de financer la retraite, le chômage et la sécu avec de l’argent qu’ils ne toucheraient de toute façon pas, et ce ne sont pas non plus les développeurs qui profiteraient d’une délocalisation <img data-src=" />



Je m’excuse de ne pas vous être assez profitable <img data-src=" />








Toorist a écrit :



Et je rajouterais que je voit très mal ubigros se séparer de son enorme immeuble (dégeu) aussi facilement. Les dev vont pas tous suivre le déménagement de leur employeur, surtout pour se retrouver dans d’autres grosses villes avec des loyers pas aussi abordables que certains coins de Montreal







Il est plutôt bien leur immeuble moi je trouve. Avec la terrasse sur le toit et tout ^^









WereWindle a écrit :



baser son business plan sur un truc aussi versatile est très con…







Je te rassure (ou pas) des milliers le font … certaines sont mêmes spécialisées pour vampiriser ces crédits, avec des projets et des couts déclarés complètement bidons, sachant que peu se font finalement auditer …









malluin a écrit :



On va voir pas mal d’amis dev français revenir au pays en somme :)









Hey hey



Au Québec on ouvre toujours plus de studios.



Bref, bien belle nouvelle pour le Québec.









Exosta a écrit :



L’herbe sera toujours plus verte ailleurs. Que l’on arrête de distribuer des subventions à tout va et que les entreprises se prennent par la main en ayant un minimum de stratégie et un management qui tiennent la route, ça pourrait éviter un grand nombre de reports de sortie, de développement remis à zéro, etc. Et qu’ils revoient leurs ambitions à la baisse et ne s’impliquent pas dans des projets avec des budgets faramineux.







Tu as raisons, mais les règles peuvent être faite pour diminuer le risque financier. Un développement de 5 ans doit être rentabilisé en 6 mois quasiment. Il faut des gros fond. Peut-être qu’il faut un système comme le CNC (taxe de 2€ sur les entrées de cinéma): une taxe de 5% sur les boites de jeu vidéo qui servent à faire des avances/prêt au studio de création ?