La copie privée, le cloud dans le mur ?

La copie privée, le cloud dans le mur ?

In the cloud with diamonds

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Marc Rees

Publié dans

Droit

19/02/2013 4 minutes
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La copie privée, le cloud dans le mur ?

Le rapport de l’Afdel sur la fiscalité du numérique ne se contente pas de pilonner l’inventivité fiscale (taxe sur les régies, la bande passante, les données personnelles, etc.) ciblant le numérique. Il s’attaque également au chantier de la copie privée et à la volonté d'ayants droit d’assujettir le stockage dans le nuage.

nuage

 

Dans son rapport publié aujourd’hui, l’association française des éditeurs de logiciels et de solutions internet critique aussi les travaux du Conseil Supérieur de la Propriété littéraire et artistique (CSPLA). Dans son avis du 23 octobre 2012, le conseil juridique du ministère de la Culture, composé d’une grande majorité d’ayants droit, bénéficiaires des mesures qui en sont sécrétées, envisage en effet l’extension de la RCP au cloud. « L’informatique dans les nuages offre notamment de nouvelles fonctionnalités de synchronisation sans fil des contenus entre un nombre croissant de terminaux personnels, fonctionnalités qui semblent, en l’état de la technique, de nature à favoriser une multiplication des reproductions de ces contenus » écrit le Conseil.

 

L’AFDEL a accueilli le projet avec un seau de glaçon. Elle estime qu’une telle extension serait « un frein critique aux nouveaux usages et à l’innovation ». Pour l’association, le cloud ne peut s’associer qu’au droit exclusif (négociation entre ayants droit et plateforme) non à l’exception pour copie privée (exception légale) car il apporte selon elle « des possibilités inédites de valorisation - nouveaux modes d’exploitation, usages et sources de revenus -, de maîtrise des contenus diffusés - limitation du nombre de lecture / copie / appareil - et de contractualisation ». Pour l’AFDEL, ainsi, « la contractualisation permettrait d’encadrer de manière flexible et attractive le nombre de copies autorisées, et d’attribuer une compensation financière adéquate, juste et proportionnée. »

Producteurs de cinéma, Vitorino, Bercy...

Il est remarquable de noter que les ayants droit eux-mêmes sont divisés sur ces questions. Les producteurs cinématographiques et audiovisuels par exemple n’en veulent pas : « le fait de reconnaître applicable dans certains cas l'exception de copie privée les empêcherait de négocier pleinement les conditions d'exploitation des oeuvres cinématographiques et audiovisuelles par les prestataires concernés et remettrait en cause la capacité des titulaires de droits à lutter efficacement contre certains actes de contrefaçon » explique le rapport du CSPLA.

 

Antonio Vitorino, dans sa médiation sur les redevances pour copie et reproduction privées prône-lui aussi la solution du droit exclusif, au grand désespoir de certaines sociétés de gestion collective.

 

Même le ministère de l’Économie et des Finances a froncé les sourcils. Lors de la gestation du rapport du CSPLA, il avait adressé un courrier au ministère de la Culture. Dans ce document dévoilé dans nos colonnes, il dénonce lui aussi les dangers d’une telle extension. Le Direction générale de la compétitivité, de l'industrie et des services qui a pour mission de développer la compétitivité et la croissance des entreprises de l’industrie et des services a imploré les acteurs de ne pas commettre l’irréparable. « Il est crucial soutenait Bercy, de ne pas concevoir de dispositif qui reviendrait in fine à pénaliser, à différents niveaux de la chaîne de valeur, des acteurs opérant depuis le territoire français tout en étant impuissant à interpeller les acteurs situés hors du territoire national. » 

 

Face à l’imagination débordante des bénéficiaires de la RCP, le ministère ne s’était pas gêné pour donner quelques pistes. « Les réflexions gagneraient à approfondir aussi les questions de mode de gouvernance du dispositif, les méthodologies de définition de l’assiette ainsi que les règles de loyale concurrence en ce qui concerne la collecte du prélèvement. »

Écrit par Marc Rees

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Producteurs de cinéma, Vitorino, Bercy...

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Commentaires (16)


Le beurre, l’argent du beurre, etc..


Si Teddy s’occupe des ayants droits, ils vont le regretter !




L’AFDEL a accueilli le projet avec un seau de glaçon.



petit seau ou gros glaçon ?








Winderly a écrit :



petit seau ou gros glaçon ?







Iceberg droit devant mon commandant….



Pas grave nous sommes insubmersible…



Après Titanic… Tatouniké <img data-src=" /><img data-src=" /> le résultat sera le même… <img data-src=" />



Il fait pas bon d’entreprendre la création d’un tel genre d’entreprise à long terme en France , on dirait.


C’est bien avec toutes ces taxes sur la copie privée on va de moins en moins se sentir coupable de tipiaker leurs “œuvres”. La licence globale à la sauce fiscale?








Elwyns a écrit :



Il fait pas bon d’entreprendre la création d’un tel genre d’entreprise à long terme en France , on dirait.





exception culturelle française <img data-src=" /> <img data-src=" />

prochaine autocomplétion suggéré dans google [insérer ici le nom d’un membre de l’Etat] est Amish…



Et quand ces messieurs de la culture ne sauront plus quoi taxer, ils taxeront au nom de “LA copie privée” la mémoire du cerveau humain peut être?









folinwood a écrit :



Et quand ces messieurs de la culture ne sauront plus quoi taxer, ils taxeront au nom de “LA copie privée” la mémoire du cerveau humain peut être?





Et ils seront exemptés faute d’organe approprié.



De toute façon le Cloud est pour les PC-console. Quand on rentre dedans, on ne sait plus quand en comment sortir, on est piégé (il risque à long terme de ne plus fonctionner sans. Modernisme ou incarcération pour pigeon ?



J’ai un PC (Personal Computer), pas un manche à balai sofistiqué <img data-src=" />



Mon cloud est ma clef et ça me suffit (<img data-src=" /> quant j’aurai assez de Steam & Co, à la poubelle et même plus si Windows, suit le même chemin, quitte à utiliser une ancienne version-live de Linux (vive la liberté, ça n’a pas de pris) <img data-src=" />



Il semble heureusement y en avoir qui ont compris que cette taxe était impossible et nuisible.



En effet, comme elle ne pourra être prélevée que sur les fournisseurs proposant un service sur le sol Français, avec des employés français, cela va rendre nos offres tricolores totalement non compétitives par rapport aux offres venant de l’étranger.



L’internet n’ayant pas de frontière, les clients français utiliseront simplement des hébergements à l’étranger, non taxés, donc moins chers, et idem pour les étrangers, aucune raison qu’ils viennent s’héberger en France pour y payer le racket des “ayant-droits”.



La conséquence de cette taxe est donc qu’on tue immédiatement toute possibilité d’offrir un tel service en France avec des travailleurs Français. Donc on augmente encore davantage le chômage au lieu de favoriser le travail en France.



Du reste c’est déjà un peu pareil sur les supports physiques puisque ceux qui ont besoin de DVD, pour beaucoup, les achètent sur des sites étrangers, au grand dam des marchand français qui n’ont que la portion congrue. Là pourtant c’est un peu plus “délicat” car c’est un bien matériel, et on a toujours le risque de se faire taxer à la douane… mais taxer des octets qui vont et viennent entre la France et l’Allemagne (ou autres)… je me demande bien comment ils vont faire !..


Aurélie Filippetti, ministre de l’effondrement productif.

Heureusement Bercy devrait avoir le dernier mot.








HarmattanBlow a écrit :



Aurélie Filippetti, ministre de l’effondrement productif.

Heureusement Bercy devrait avoir le dernier mot.







Tu te Bercy d’illusions <img data-src=" />



J’ai beau être un ardent défenseur du droit à la propriété intellectuel, et croie fermement en la rémunération à sa juste valeur de l’oeuvre de l’esprit….



… Mais quand je vois que les mecs qui gèrent ça proposer des conneries aussi absurdes… Olalala…








jun a écrit :



J’ai beau être un ardent défenseur du droit à la propriété intellectuel, et croie fermement en la rémunération à sa juste valeur de l’oeuvre de l’esprit….



… Mais quand je vois que les mecs qui gèrent ça proposer des conneries aussi absurdes… Olalala…





De même, je reconnais l’existence d’une paternité pour une œuvre. Je suis d’accord que le “père” puisse demander une contrepartie en échange de sa diffusion.



Cependant, je ne reconnais pas la “copie privé” comme un droit découlant de la paternité d’une œuvre. Je ne comprend pas, j’ai l’autorisation d’écouter une œuvre musicale, la copier sur un support n’est qu’une histoire de praticité, je ne vais user 2 fois plus l’œuvre? je ne l’ai pas dénaturé (à part perte de compression) ? détourné ? je ne vais pas au delà de mon droit d’écoute ? j’utilise justement ce droit d’écoute dans les conditions qui me convienne pour chaque situation.



De toute façon, de nombreux points sur le droit d’auteur sont opposés à ma vision du droit à la paternité d’une œuvre.










tazvld a écrit :



Cependant, je ne reconnais pas la “copie privé” comme un droit découlant de la paternité d’une œuvre.







La loi non plus.



Le droit morale (entre autre la paternité) et le droit patrimonial sont deux chose bien distinct.







tazvld a écrit :



Je ne comprend pas, j’ai l’autorisation d’écouter une œuvre musicale, la copier sur un support n’est qu’une histoire de praticité, je ne vais user 2 fois plus l’œuvre? je ne l’ai pas dénaturé (à part perte de compression) ? détourné ? je ne vais pas au delà de mon droit d’écoute ? j’utilise justement ce droit d’écoute dans les conditions qui me convienne pour chaque situation.







Attention à ne pas confondre le droit à la copie privée et le droit de sauvegarde.



Le premier, malgré son nom, ne concerne que la diffusion d’une oeuvre dans un cadre privée, le second encadre la copie d’une oeuvre sur un support différent de l’original.



Globalement le droit d’auteurs français est bien pensé (enfin, jusqu’au année 2000…). Il comprend bien qu’une oeuvre ne s’usera pas, ne s’altérera, une fois copié. Là n’est pas le problème. Le problème c’est que la rémunération d’une oeuvre est basé sur sa diffusion. Une diffusion non rémunéré c’est un manque à gagner.



En 1985 quand la copie privée a été voté c’était bien pour encadrer cela, la diffusion d’une oeuvre dans un cadre privée. Dans le fond c’est pas si saugrenue que ça. Imagine toi en 1986, t’entends “when the rain begins to fall” de Pia Zadora à la radio, tu kiffes ta race. Dès le prochain passage tu l’enregistre sur une K7 vierge.



Fondamentalement t’as plus besoin d’acheté la K7 audio de Pia Zadora. Il y a un manque à gagner, clairement. Mais comme sur ta k7 vierge t’as payé une taxe pour le droit à la copie privée, tu es légalement tu es dans ton droit et ne doit rien à personne.



Tu kiffes tellement que tu veux partager ça autours de toi. La technologie de l’époque ne permet que de partager dans ton cercle d’ami proche. Là encore un manque à gagner pour l’ayant droit. Mais encore une fois t’es dans ton droit.



La taxe sur la copie privée, malgré un formulation aujourd’hui obsolète, garde le même fond, cela a toujours été une indemnité visant à compenser un manque à gagner.



Cette taxe s’applique à tout les supports, même non destiné à la copie d’oeuvre, car on ne peut mettre un huissier derrière le cul de chacun. Et c’est pas plus mal ainsi…



Dans le fond c’est pas une mauvaise chose. Dans le concret, on est d’accord, ça part en vrille, ça a servit de fourre-tout pour recevoir une indemnité sur le piratage sur internet.







tazvld a écrit :



De toute façon, de nombreux points sur le droit d’auteur sont opposés à ma vision du droit à la paternité d’une œuvre.







Le droit d’auteur ne couvre pas uniquement le droit morale lié à la propriété intellectuel.



Et fort heureusement, la loi n’est pas définie par la vision d’une seul personne.