Blocage de site Internet : la Turquie sanctionnée par la CEDH

Blocage de site Internet : la Turquie sanctionnée par la CEDH

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Xavier Berne

Publié dans

Droit

19/12/2012 7 minutes
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Blocage de site Internet : la Turquie sanctionnée par la CEDH

La Turquie vient d'être condamnée par la Cour européenne des droits de l'Homme en raison du blocage complet du portail Google Sites. Les juges ont tenu à sanctionner la mesure prise par les autorités locales, qui, voulant restreindre l'accès à un seul site hébergé par le service de Google, ont finalement bloqué le domaine tout entier.

cedh cc

CEDH - Crédits : ifreelancer, CC BY-NC-SA 2.0, Flickr.

 

En juin 2009, le tribunal d’instance pénal de Denizli décide du blocage d’un site Internet, en ce que son propriétaire était accusé d’outrage à la mémoire de Kemal Atatürk, fondateur et premier président de la République turque. Le site en question avait été créé via le service « Google Sites », proposé par la firme de Mountain View pour faciliter la création et le partage d'un site Web au sein d'un groupe. Ce site se trouvait par conséquent hébergé à l’adresse http://sites.google.com/site/kemalizminkarinagrisi/benimhikayem/atauerk-koessi/at.

 

Sauf que la mise en place de cette décision s’est traduite par un blocage complet du nom de domaine sites.google.com. Autrement dit, toutes les pages hébergées se trouvaient par conséquent inaccessibles, y compris celles qui n’étaient pas concernées par la décision des magistrats turcs. La Présidence des télécommunications et de l’informatique (PTI), en charge de la mesure, s’était justifiée de cette extension en affirmant que c’était le seul moyen technique permettant de bloquer le site litigieux, car son propriétaire résidait à l’étranger.

Atteinte à la liberté d’expression

google sitesAhmet Yildirim fait justement partie de ces personnes qui avaient des pages hébergées sur Google Sites, et qui se sont trouvées pénalisées par le blocage général du site. Après des recours infructueux devant la justice turque, il décide de saisir la Cour européenne des droits de l’homme en janvier 2010, estimant que la mesure portait atteinte à son droit à la liberté de recevoir et communiquer des informations et des idées. Ce turc d’une vingtaine d’années a ainsi fait valoir que la décision de la justice de son pays, qui n’avait aucun rapport ni avec lui, ni avec son site, était contraire à l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme, relatif à la liberté d’expression.

 

La CEDH vient d’ailleurs de lui donner raison. « La mesure en cause est constitutive d’une « ingérence d’autorités publiques » dans le droit de l’intéressé à la liberté d’expression, dont fait partie intégrante la liberté de recevoir et de communiquer des informations ou des idées », ont ainsi tranché les magistrats dans une décision rendue hier. Autrement dit, l’État turc a bien violé l’article 10 de la Convention, relatif à la liberté d’expression, notamment au regard « des effets arbitraires » des décisions prises par les autorités turques.

 

Au passage, les juges ont pointé du doigt le contrôle juridictionnel turc du blocage de l’accès aux sites Internet, qui ne réunit pas selon eux « les conditions suffisantes pour éviter les abus ». Le droit national se trouve ainsi remis en cause, dans la mesure où il « ne prévoit aucune garantie pour éviter qu’une mesure de blocage visant un site précis ne soit utilisée comme moyen de blocage général ». Les juges ont en effet remarqué qu’aucune demande de retrait du contenu litigieux n’avait été effectuée auprès de l’hébergeur, contrairement à ce qui prévaut habituellement.

 

La Turquie a ainsi été condamnée à verser 7 500 euros à Ahmet Yildirim au titre de son dommage moral, plus 1 000 euros pour frais et dépens. Les juges n’ont cependant pas sommé les autorités locales de faire évoluer leur législation interne.

Des restrictions d’accès qui doivent respecter certaines conditions

En marge de cet arrêt, le juge Paulo Pinto de Albuquerque a tenu à compléter la décision à laquelle il a pris part, insistant sur le fait que les mesures de blocage ne sont pas interdites par la CEDH. Cependant, les législations des 47 pays membres doivent selon ses explications respecter 11 critères minimaux :

  1. une définition des catégories de personnes et d’institutions susceptibles de voir leurs publications bloquées, telles que les propriétaires nationaux ou étrangers de contenus, sites ou plates-formes illicites, les utilisateurs de ces sites ou plates-formes ou ceux qui mettent en place des hyperliens vers des sites ou plates-formes illicites et qui en souscrivent au contenu  
  2. une définition des catégories d’ordonnances de blocage, par exemple celles qui visent le blocage de sites, d’adresses IP, de ports, de protocoles réseaux, ou le blocage de types d’utilisation, comme les réseaux sociaux
  3. une disposition sur le champ d’application territoriale de l’ordonnance de blocage, qui peut avoir une portée régionale, nationale, voire mondiale
  4. une limite à la durée d’une telle ordonnance de blocage
  5. l’indication des « intérêts », au sens de ceux qui sont exposés à l’article 10 § 2 de la Convention, qui peuvent justifier une ordonnance de blocage
  6. l’observation d’un critère de proportionnalité, qui prévoit un juste équilibre entre la liberté d’expression et les intérêts concurrents poursuivis, tout en assurant le respect de l’essence (ou du noyau dur) de la liberté d’expression
  7. le respect du principe de nécessité, qui permet d’apprécier si l’ingérence dans la liberté d’expression promeut de façon adéquate les intérêts poursuivis et ne va pas au-delà que ce qui est nécessaire pour réaliser ledit « besoin social »
  8. la détermination des autorités compétentes pour émettre une ordonnance de blocage motivée
  9. une procédure à suivre pour l’émission de cette ordonnance, comprenant l’examen par l’autorité compétente du dossier à l’appui de la demande d’ordonnance et l’audition de la personne ou institution lésée, sauf si cette audition est impossible ou se heurte aux « intérêts » poursuivis
  10. la notification de l’ordonnance de blocage et de sa motivation à la personne ou à l’institution lésée
  11. une procédure de recours de nature judiciaire contre l’ordonnance de blocage

Le juge Pinto de Albuquerque conclut en donnant le fond de sa pensée. Selon lui, « le blocage de l’accès à l’Internet ou à des parties de l’Internet pour des populations entières ou des segments de population entiers n’est en aucun cas justifiable, même au nom de la justice, de l’ordre public ou de la sécurité nationale. Ainsi, toute mesure de blocage "aveugle" affectant de manière collatérale des contenus, sites ou plates-formes licites en conséquence d’une mesure visant un contenu, un site ou une plate-forme illicite ne répond pas en soi au principe de nécessité en ce qu’il manque un "lien rationnel", c’est-à-dire une relation instrumentale plausible entre l’ingérence et le besoin social poursuivi. De même, les ordonnances de blocage imposées à des sites et plates-formes qui restent valables indéfiniment ou pour de longues périodes sont équivalentes à des formes inacceptables de restriction préalable, en d’autres termes à de la pure censure ». Même si cette opinion n’est donnée qu’à titre indicatif, elle permet d’entrevoir la teneur des débats passés et à venir au sein de la CEDH.

 

Rappelons enfin que la Turquie fait régulièrement parler d’elle en raison de ses mesures de blocage en lien avec l’internet. Des sites comme Blogger ou YouTube ont ainsi pu en faire les frais, ce qui permet à l’Electronic Frontier Foundation de souligner « la sordide histoire [turque] de la censure de l’internet ». L’organisation de défense des libertés numériques s’est d’ailleurs félicitée du message « très clair » envoyé par la CEDH, et espère surtout qu’il sera suivi d’effets. 

Écrit par Xavier Berne

Tiens, en parlant de ça :

Sommaire de l'article

Introduction

Atteinte à la liberté d’expression

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Commentaires (38)


La Turquie condamnée par la CEDH ?



Depuis quand la Turquie dépends t elle de l’europe ?


J’allais le dire.

OSEF des ottomans, ils ne sont pas dans l’Europe. On a autre chose à faire de dépenser notre pognon pour gérer leurs conneries.

C’est valable également pour toutes les plaintes de crime contre l’humanité dans les pays en guerre, etc…

Qu’ils se debrouillent.


La CEDH, c’est pas l’UE, c’est le Conseil de l’Europe…








vince120 a écrit :



La Turquie condamnée par la CEDH ?



Depuis quand la Turquie dépends t elle de l’europe ?







Depuis 1949.



Pour rappel, l’Europe n’est pas l’Union Européenne.

La CEDH n’est pas un organisme de l’UE.









Drepanocytose a écrit :



J’allais le dire.

OSEF des ottomans, ils ne sont pas dans l’Europe. On a autre chose à faire de dépenser notre pognon pour gérer leurs conneries.

C’est valable également pour toutes les plaintes de crime contre l’humanité dans les pays en guerre, etc…

Qu’ils se debrouillent.







Ils sont dans l’Europe (Conseil de l’Europe) depuis plus longtemps que l’Allemagne et la Finlande hein, juste pour dire.









yam213 a écrit :



La CEDH, c’est pas l’UE, c’est le Conseil de l’Europe…





Ah oui, après verif c’est le conseil de l’Europe qui finance la CEDH, et la turquie en fait partie. Financement au prorata du PIB par habitant pour les 47 etats membres.

Au temps pour nous <img data-src=" />



Mais bon quand même : apparemment tout le monde peut porter plainte à la CEDH, membre du CDE ou pas. Ca reste notre pognon.



Edit : Ca me surprend quand même qu’un sujet aussi sérieux soit ouvert à plus de membres que ceux de l’UE proprement dite, et qu’il y ait des “observateurs” étrangers (Canada, US). Il y a un équivalent strictement européen (au sens de l’UE) ou pas ?









Drepanocytose a écrit :



Mais bon quand même : apparemment tout le monde peut porter plainte à la CEDH, membre du CDE ou pas. Ca reste notre pognon.



Edit : Ca me surprend quand même qu’un sujet aussi sérieux soit ouvert à plus de membres que ceux de l’UE proprement dite, et qu’il y ait des “observateurs” étrangers (Canada, US). Il y a un équivalent strictement européen (au sens de l’UE) ou pas ?







Tout le monde à condition d’être victime d’une violation de la CESDH par un des États signataires. Si ton pognon a servi à ce que l’État viole la CESDH, et que la CEDH se charge de le juger, c’est malheureux, mais c’est contre ton État qu’il faut te retourner, pas contre le fait que la CEDH s’occupe de la question.



Un équivalent UE à quoi ? À la CEDH ? Pas que je sache.









Liam a écrit :



Tout le monde à condition d’être victime d’une violation de la CESDH par un des États signataires. Si ton pognon a servi à ce que l’État viole la CESDH, et que la CEDH se charge de le juger, c’est malheureux, mais c’est contre ton État qu’il faut te retourner, pas contre le fait que la CEDH s’occupe de la question.



Un équivalent UE à quoi ? À la CEDH ? Pas que je sache.





Je ne me retourne contre rien. J’accepte les règles evidemment.

Ca n’empêche pas que je les trouve étranges.





La Turquie a ainsi été condamnée à verser 7 500 euros à Ahmet Yildirim au titre de son dommage moral, plus 1 000 euros pour frais et dépens. Les juges n’ont cependant pas sommé les autorités locales de faire évoluer leur législation interne.



À moins que le Turquie soit particulièrement pauvre, je trouve ça assez symbolique.








Winderly a écrit :



À moins que le Turquie soit particulièrement pauvre, je trouve ça assez symbolique.







Le gouvernement ou les conglomérat des sociétés qui appartienne aux militaires sont assez riche.





Ce turc d’une vingtaine d’années.



29 ans. On dit encore une vingtaine?








Drepanocytose a écrit :



Ah oui, après verif c’est le conseil de l’Europe qui finance la CEDH, et la turquie en fait partie. Financement au prorata du PIB par habitant pour les 47 etats membres.

Au temps pour nous <img data-src=" />



Mais bon quand même : apparemment tout le monde peut porter plainte à la CEDH, membre du CDE ou pas. Ca reste notre pognon.



Edit : Ca me surprend quand même qu’un sujet aussi sérieux soit ouvert à plus de membres que ceux de l’UE proprement dite, et qu’il y ait des “observateurs” étrangers (Canada, US). Il y a un équivalent strictement européen (au sens de l’UE) ou pas ?





Rien que la distinction appuyée entre “nous” et “eux” montre bien ou tu te situe dans ton raisonnement.



Heureusement que même un étranger peut porter plainte en France (pour un délit commit sur le territoire), comme n’importe quel être humain. Il en est de même pour la CEDH.



Mais peut-être que pour toi les “ottomans” sont trop différents de “nous” pour avoir le droit à la même justice ?









Drepanocytose a écrit :



Je ne me retourne contre rien. J’accepte les règles evidemment.

Ca n’empêche pas que je les trouve étranges.





Que trouves-tu étrange?



Que l’organisme chargé de veiller à ce que les états signataires du traité respecte celui-ci soit à même de juger ces mêmes états?



Ou c’est autre chose?









Winderly a écrit :



À moins que le Turquie soit particulièrement pauvre, je trouve ça assez symbolique.



la bas le smic est de 350€ donc c’est une belle somme









azertyaltin a écrit :



la bas le smic est de 350€ donc c’est une belle somme





Ouai mais pour un état 21 smic d’amende je pense pas que ça changera grand chose.



Et ça a quelle valeur un jugement de la CEDH? Si la Turquie continue de filtrer les Google Site il se passe quoi?



Pour info, l’arrêt de la CEDH est fondamental car il va irriguer toutes les juridictions qui ont à se pencher sur le blocage d’accès.


Comme quoi l’Europe se défend mieux que les USA, où quand le FBI saisit tout un tas de noms de domaine, s’il y a des dommages collatéraux, tant pis pour leur gu….








MarcRees a écrit :



Pour info, l’arrêt de la CEDH est fondamental car il va irriguer toutes les juridictions qui ont à se pencher sur le blocage d’accès.







Effectivement vu comme ça. Merci pour la précision.



P.S: joli swordage.









Khalev a écrit :



Ouai mais pour un état 21 smic d’amende je pense pas que ça changera grand chose.



Et ça a quelle valeur un jugement de la CEDH? Si la Turquie continue de filtrer les Google Site il se passe quoi?







Le but n’est pas vraiment de faire payer cher à un État pour le punir. Le but est de dédommager l’homme en fonction du préjudice réellement subi. En l’occurrence, son préjudice est de ne pas avoir pu accéder à un certain nombre de sites web, bon, c’est pas un préjudice à 1 million d’euros.



Si la Turquie continue de filtrer les Google Site elle sera à nouveau condamnée de la même façon. La CEDH n’a pas le pouvoir de mettre en prison les dirigeants Turcs ou quoi que ce soit. Mais en général, lorsqu’un pays est condamné par la CEDH il corrige son erreur. Il est rarissime qu’un État condamné dise “fuck” à la CEDH (à part peut-être la Russie lorsqu’elle est condamnée pour torture et autres violations, en tchétchénie ou ailleurs), en général, même la Turquie joue le jeu. Mais c’est clair que la CEDH n’a pas beaucoup plus de pouvoir que ce que permet la bonne volonté de chaque État.



Après, certains États rajoutent une spécificité en droit interne. Beaucoup d’États dont la France par exemple ont placé dans leur droit interne que si la CEDH nous condamne pour non-respect de la CEDH dans le cadre d’une procédure judiciaire (droits de la défense pas respectés, procès pas équitable etc.), le plaignant a droit à un nouveau procès respectant la décision de la CEDH.









MarcRees a écrit :



Pour info, l’arrêt de la CEDH est fondamental car il va irriguer toutes les juridictions qui ont à se pencher sur le blocage d’accès.







Exact, les décisions de la CEDH sont censés s’appliquer à tous les États (ce que la France essaye régulièrement de nier quand un autre pays se fait condamner pour un truc que la France fait aussi, mais bon). Les jugements de la CEDH forment une jurisprudence censée s’appliquer à tous et être respectés en droit interne. Par exemple, c’est la CEDH qui, en condamnant la Turquie sur ce point justement, a poussé la France à permettre aux gardés à vue d’être assistés d’un avocat.









Liam a écrit :



Blabla intéressant





D’accord. Merci pour l’explication.<img data-src=" /> Donc effectivement la CEDH dédommage le monsieur, mais n’a pas le pouvoir de forcer la Turquie à lever le filtrage sauf qui si elle ne le fait pas elle risque une multitude de procès allant dans le même sens.

Par contre il me semble qu’il a porté plainte parce que son site n’était plus accessible.









Liam a écrit :



Exact, les décisions de la CEDH sont censés s’appliquer à tous les États (ce que la France essaye régulièrement de nier quand un autre pays se fait condamner pour un truc que la France fait aussi, mais bon). Les jugements de la CEDH forment une jurisprudence censée s’appliquer à tous et être respectés en droit interne. Par exemple, c’est la CEDH qui, en condamnant la Turquie sur ce point justement, a poussé la France à permettre aux gardés à vue d’être assistés d’un avocat.





Pour compléter en citant wikipedia:





le préambule de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne, déclaration pourvue de valeur contraignante depuis l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne, « réaffirme […] les droits qui résultent notamment […] de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales […] de la jurisprudence […] de la Cour européenne des droits de l’homme ».



http://fr.wikipedia.org/wiki/Convention_europ%C3%A9enne_des_droits_de_l%27Homme#…









Khalev a écrit :



Pour compléter en citant wikipedia:





http://fr.wikipedia.org/wiki/Convention_europ%C3%A9enne_des_droits_de_l%27Homme#…







Effectivement, mais la portée juridique de la chose me parait floue (dans la mesure où concrètement je ne sais pas trop comment ça peut être appliqué - faut-il faire valoir sa cause dans ce cas auprès de la Cour de Justice de l’Union Européenne ? Mais en théorie ce n’est pas elle qui est compétente pour vérifier le respect de la CESDH). Et surtout, la Turquie n’est pas concernée par cette Charte, n’étant pas membre de l’UE.



la question plus générale : est-ce qu’il y a eu un précédent de condamnation contre la Turquie ? Si oui, comment la Turquie a-t-elle réagi ?



Que la CEDH fasse une condamnation pour une histoire de blocage internet, je veux bien, mais il se passe bien pire que ça dans ce pays.








Liam a écrit :



Effectivement, mais la portée juridique de la chose me parait floue (dans la mesure où concrètement je ne sais pas trop comment ça peut être appliqué - faut-il faire valoir sa cause dans ce cas auprès de la Cour de Justice de l’Union Européenne ? Mais en théorie ce n’est pas elle qui est compétente pour vérifier le respect de la CESDH). Et surtout, la Turquie n’est pas concernée par cette Charte, n’étant pas membre de l’UE.





Je le citais surtout vis-a-vis du fait que la France doit prendre en compte la jurisprudence de la CEDH.



Comme tu le dis la CJUE n’est pas compétente pour vérifier le respect de la CESDH, mais est-elle compétente pour le respect de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne? Si oui vu que celle-ci pointe vers la CESDH et les décisions/jurisprudence de la CEDH, c’est peut-être elle qui peut s’occuper de ça au niveau de l’UE.









Groumfy a écrit :



la question plus générale : est-ce qu’il y a eu un précédent de condamnation contre la Turquie ? Si oui, comment la Turquie a-t-elle réagi ?



Que la CEDH fasse une condamnation pour une histoire de blocage internet, je veux bien, mais il se passe bien pire que ça dans ce pays.







Oui et pas qu’une fois. En général, la Turquie a modifié sa législation pour rentrer dans les clous de la CEDH quand c’était un problème de législation. Quand le problème c’est une pratique qui est de toute façon en théorie illégale en Turquie par contre, ben là…







Khalev a écrit :



Je le citais surtout vis-a-vis du fait que la France doit prendre en compte la jurisprudence de la CEDH.



Comme tu le dis la CJUE n’est pas compétente pour vérifier le respect de la CESDH, mais est-elle compétente pour le respect de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne? Si oui vu que celle-ci pointe vers la CESDH et les décisions/jurisprudence de la CEDH, c’est peut-être elle qui peut s’occuper de ça au niveau de l’UE.







Possible. Mais je ne suis même pas sûr qu’un individu lambda puisse saisir la CJUE lorsqu’un Etat viole les règles de l’UE. Sur le site de l’UE, il n’est fait mention de la possibilité pour le particulier de saisir la CJUE que si c’est une institution de l’UE qui a bafoué les droits dudit particulier. A mon avis pour un français il est plus sûr de saisir directement la CEDH. Lorsque la France est condamnée par la CEDH, elle modifie sa législation et, si c’est une histoire de procédure dans un procès, elle offre un nouveau procès au requérant qui a obtenu gain de cause devant la CEDH.



Le 19/12/2012 à 15h 42

Les internautes, mais aussi les journalistes voient leurs droits violés dans ce pays contre lequel les gauchistes et les musulmans français manifestent mille fois moins que contre Israël.

La Turquie, première prison au monde pour les journalistes :

http://blogs.mediapart.fr/blog/maxime-azadi/191212/la-turquie-premiere-prison-au…

http://fr.rsf.org/turquie.html

http://www.ajp.be/baris/



Exemple :



« Tolérance zéro » pour Taraf qui dénonce la torture



Le quotidien Taraf (Camps), critique à l’égard du gouvernement et de l’armée, a été contraint par la justice à publier, dans son numéro du 13 octobre, un démenti de Sedat Selim Ay, chef adjoint de la section antiterroriste d’Istanbul, accusé d’actes de torture dans les années 1990 (voir ci-dessous). Au nom de la présomption d’innocence, la 2e chambre du tribunal correctionnel d’Istanbul a cassé une précédente décision de justice qui concluait que Taraf avait publié des informations « d’intérêt général ». Huit collaborateurs du journal restent poursuivis pénalement dans cette affaire.



Du 22 juillet au 2 août 2012, le quotidien avait publié douze articles citant des témoignages de victimes, qui identifiaient Sedat Selim Ay comme leur tortionnaire. Le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, s’en était vivement pris aux médias critiquant la protection accordée à ce haut fonctionnaire par le gouvernement, en contradiction avec son objectif de « tolérance zéro » à l’égard de la torture.



La promotion de Sedat Selim Ay avait suscité de vives polémiques cet été : quelques années auparavant, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) avait condamné la Turquie pour avoir failli à son obligation de « mener une enquête et un procès effectifs » dans cette affaire.





Autre exemple : Un journaliste accusé de blasphème



Le journaliste et écrivain d’origine arménienne Sevan Nisanyan fait l’objet d’une plainte en justice déposée le 5 octobre par des responsables du parti politique islamiste Saadet (Félicité), pour ses commentaires sur Twitter du film controversé « L’innocence des Musulmans ». Les plaignants accusent Sevan Nisanyan de blasphème et d’insulte au prophète Mahomet, et demandent qu’il soit condamné pour « insulte » ou « incitation à la haine sur la base de distinctions religieuses ».



Plus inquiétant, le quotidien islamiste Milli Gazete (Journal national) a appelé les procureurs à réagir en prétendant que « l’inertie de la justice met à bout les patiences », une menace à peine voilée contre le journaliste.


de toute façon, Turquie peut on compter de nos jours ?








Nicolas Vidia a écrit :



de toute façon, Turquie peut on compter de nos jours ?







<img data-src=" />



Je ne veux pas défendre la Turquie, qui effectivement est tout sauf un exemple de respect des droits de l’homme, mais pour te répondre Schopenahouaih :





  • Dans le premier exemple, figure-toi qu’il existe des règles similaires en droit français. Lorsqu’un journal met en cause quelqu’un ou quelque chose, il n’a pas le droit de lui refuser un droit de réponse (même si ce qu’il dit est vrai).



  • Pour le deuxième point, nous n’avons effectivement pas de délit de blasphème en France (ça a été proposé cela dit, il y a encore pas si longtemps, par des parlementaires UMP), mais nous en avons bien d’autres tout aussi idiots et qui limitent également la liberté de la presse et la liberté d’expression. Et puis à la place de blasphème on peut porter plainte pour “provocation à la haine raciale” et sur un malentendu ça peut marcher.



    La Turquie est pire que la France point de vue liberté d’expression, mais c’est une différence de degré plutôt qu’une différence de nature.








wagaf a écrit :



Rien que la distinction appuyée entre “nous” et “eux” montre bien ou tu te situe dans ton raisonnement.



Heureusement que même un étranger peut porter plainte en France (pour un délit commit sur le territoire), comme n’importe quel être humain. Il en est de même pour la CEDH.



Mais peut-être que pour toi les “ottomans” sont trop différents de “nous” pour avoir le droit à la même justice ?





Pas de chance pour toi, le “nous” en question faisait référence à moi qui me suis trompé sur la CDEH dans le message N°2, et à celui qui a fait la même boulette dans le message N°1, ceci en réponse au gars qui nous a ouvert les yeux dans le message N°3.

Et “au temps pour nous” avec un <img data-src=" /> juste derrière ca veut dire “ah oui on s’est gouré. Désolé”



Arrêtez de voir de la discrimination partout, c’est en fait votre état d’esprit profond qui ressort.

Sinon pour la référence aux ottomans : regarde ici. C’est pour faire contrepoint avec le kémalisme.



Autrement en jettant un oeil sur le wiki de la CEDH, au milieu il y a un paragraphe intéressant : les leaders des condamnations par la CEDH ces dernières années.

Jettez un oeil au top 3.

Ce qui est intéressant aussi, c’est l’évolution du nombre d’accords à l’amiable.









Schopenahouaih a écrit :



Les internautes, mais aussi les journalistes voient leurs droits violés dans ce pays contre lequel les gauchistes et les musulmans français manifestent mille fois moins que contre Israël.

La Turquie, première prison au monde pour les journalistes :

http://blogs.mediapart.fr/blog/maxime-azadi/191212/la-turquie-premiere-prison-au…

http://fr.rsf.org/turquie.html

http://www.ajp.be/baris/







On peut facilement faire la même chose avec Israël que tu as cité en allant sur le site de rsf



Un journaliste palestinien arrêté par l’armée israélienne près d’Hébron :



Le 3 juin 2012, Sharif Al-Rajoub, reporter pour la radio palestinienne Sawt Al-Aqsa, a été arrêté par les forces armées israéliennes, directement à son domicile, dans la ville de Doura, près d’Hébron (sud de la Cisjordanie). Les militaires israéliens ont fouillé les lieux avant de transférer le journaliste dans un centre de détention de l’armée. La radio pour laquelle il travaillait est affiliée au Hamas, ce qui pourrait expliquer une telle opération.



Cette arrestation ne semble motivée par aucun motif d’enquête, mais pourrait se baser sur des soupçons d’atteinte à la sécurité de l’Etat hébreu. Reporters sans frontières réitère son appel à la libération de tous les journalistes palestiniens emprisonnés dans les geôles israéliennes, souvent en détention administrative, c’est-à-dire sans qu’aucune accusation ne soit retenue contre eux. La dernière arrestation en date était celle de Bahaa Khairi Attalah Moussa, directeur d’Al-Asir, une chaîne satellitaire dédiée aux prisonniers palestiniens. Le journaliste avait été arrêté le 17 mai 2012, dans la région de Jénine, au nord de la Cisjordanie.





Je n’en copie qu’un parce que cela est trop facile comme exercice.



Le 19/12/2012 à 18h 48







fred42 a écrit :



On peut facilement faire la même chose avec Israël que tu as cité en allant sur le site de rsf



Un journaliste palestinien arrêté par l’armée israélienne près d’Hébron :





Je n’en copie qu’un parce que cela est trop facile comme exercice.







Journaliste pour le Hamas ! Quelle est la différence avec journaliste pour les nazis en 1939 ?