Le CSA plaide pour un rapprochement avec l’ARCEP, non avec l'Hadopi

Le CSA plaide pour un rapprochement avec l’ARCEP, non avec l’Hadopi

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Xavier Berne

Publié dans

Droit

30/10/2012 6 minutes
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Le CSA plaide pour un rapprochement avec l’ARCEP, non avec l'Hadopi

Alors que les propositions gouvernementales s’agissant d’un rapprochement entre le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) et l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP) sont attendues pour fin novembre, le CSA vient de publier une contribution, dans laquelle l’institution explique pourquoi et comment le gouvernement devrait rapprocher les deux autorités. 

 

À la mi-août, le Premier ministre mettait sur les rails la fusion entre le CSA et l’ARCEP. Jean-Marc Ayrault demandait ainsi à trois de ses ministres (Aurélie Filippetti pour la Culture, Fleur Pellerin pour l’Économie numérique et Arnaud Montebourg pour le Redressement productif) de lui soumettre d’ici fin novembre des propositions d’évolutions législatives et réglementaires de rapprochement entre ces deux autorités, chargées de réguler respectivement l’audiovisuel et les télécoms. Un objectif selon le chef du gouvernement : « assurer la cohérence et l’efficacité de la régulation ».

 

Mais alors qu’aucun des ministres concernés n’a encore dévoilé officiellement ses propositions, le CSA vient de publier une « contribution à la réflexion sur l’évolution de la régulation de l’audiovisuel et des communications électroniques » (PDF). Ce document, qui fait suite à une quarantaine d’auditions, a été transmis hier aux ministres concernés ainsi qu’au chef du gouvernement. L’institution explique également qu’elle s’est intéressée à d’autres exemples étrangers avant de rendre ces conclusions.  

Convergence entre audiovisuel et communications électroniques 

Que décrit le CSA dans cette contribution ? Ce qu’il a déjà eu l’occasion d’expliquer à maintes reprises : que les contenus restent les mêmes (émissions TV, films, séries, etc), mais que les contenants, eux, évoluent (télévision, ordinateurs reliés à Internet, smartphones, TV connectée,...). Or, cela pose de nombreuses difficultés aux régulateurs, et plus particulièrement au CSA. « Ces évolutions posent (...) des problèmes techniques, juridiques et économiques fondamentaux, explique l’institution, qu’il s’agisse de la dispersion des audiences, de la coexistence de contenus régulés et non régulés sur un même écran, de la possibilité pour les studios américains de proposer leurs films ou leurs fictions directement sur internet sans passer par les chaînes nationales, ou encore l’irruption de nouveaux concurrents puissants ».

 

À partir de là, l’autorité envisage deux hypothèses :

  • Rapprocher progressivement le CSA et l’ARCEP, en deux étapes

Dans un premier temps, CSA et ARCEP seraient maintenus, mais une instance paritaire de régulation rassemblant un certain nombre de membres appartenant à chacune des institutions serait créée. Celle-ci serait dotée d’un pouvoir décisionnel, et pourrait être « appelée à statuer sur des sujets d’intérêt commun, comme la gestion du spectre, la régulation économique et la régulation des services en ligne, qui pourraient être définis par la loi ».

 

À cette phase transitoire succèderait un second temps, qui se traduirait par l’instauration d’une autorité unique. «Celle-ci serait composée de deux collèges, présidés par une même personne, l’un pour les contenus et le pluralisme, l’autre pour les infrastructures et les réseaux. Chaque collège pourrait associer, à titre consultatif, un ou plusieurs membres appartenant à l’autre. Les deux collèges pourraient siéger en formation commune sur les sujets qu’ils détermineraient. Les services seraient fusionnés et regroupés sur un même site », explique le CSA. L’institution ne se prononce pas sur un éventuel calendrier de mise en place de ces deux étapes, et en laisse même le choix au législateur.

  • Créer directement une institution unique

Autre solution, bien plus radicale, rapprocher en une seule fois le CSA et l’ARCEP, et doter la nouvelle institution unique d’un collège, lui aussi unique. Le régulateur de l’audiovisuel note cependant que cette option « suscite des oppositions et peut paraître prématurée. Le risque de voir les logiques économiques et concurrentielles l’emporter sur les aspects culturels et sociétaux est souvent évoqué ».

 

Quelle que soit l’option retenue, les avantages sont les mêmes pour l’institution. Un rapprochement progressif ou radical améliorerait notamment selon le CSA « l’optimisation de la gestion opérationnelle des fréquences » ainsi que « la diffusion des contenus sur les réseaux de données, fixes et mobiles ». Il permettrait également d’éviter « les risques d’interférence entre des principes de régulation différents » et de garantir « la prise en compte du financement de la création audiovisuelle et cinématographique dans la mise en œuvre du principe de neutralité des réseaux ».

Les mises en garde de La Quadrature du Net 

Tout le monde ne voit néanmoins pas ce rapprochement d’un bon œil. La Quadrature du Net a par exemple pointé les risques d’une fusion entre le CSA et l’ARCEP. « Le principal danger est que l’on applique les modèles de régulation qui sont ceux du CSA à Internet », s’alarmait Jérémie Zimmermann, porte-parole de l’association, cet été. « Tenter d’imposer le même type de règles à la multitude d’acteurs, commerciaux et non-commerciaux, qui constituent le réseau décentralisé qu’est Internet (...) est une aberration. Internet c’est aussi la diffusion de vidéos, mais c’est avant tout la mise en œuvre de nos libertés fondamentales, le partage de la connaissance et de la culture, la participation démocratique, etc ».

 

L’intéressé redoutait aussi que la fusion du CSA et de l’ARCEP n’amène les intérêts du CSA (dont les membres « sont notoirement proches des chaines de télé, donc des grands groupes du divertissement qui prônent la mise en œuvre d’un droit d’auteur toujours plus répressif et, à ce titre, souhaiteraient qu’Internet soit mis sous contrôle (Hadopi, SOPA, ACTA, etc.) ») au cœur de la régulation des communications.

Petit clin d’œil à Hadopi

Dans la contribution du CSA, il est également question d’Hadopi, probablement en ce qu’une fusion entre CSA, ARCEP et Hadopi fut parfois évoquée, par exemple dans un rapport parlementaire de 2010. Même s’il se refuse de considérer cette piste en attendant la fin des travaux de la mission Lescure (prévue pour mars 2013), le CSA note que « mis à part un souci partagé de développer l’offre légale, les sujets d’intérêt commun entre l’HADOPI et le CSA sont quasiment inexistants ». Cette absence de lien démontré laisse ainsi penser que le CSA ne recommandera pas de rapprochement avec la Rue du Texel.

Écrit par Xavier Berne

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Convergence entre audiovisuel et communications électroniques 

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Commentaires (16)


On se doute que ce ne soit pas l’Arcep qui veuille un rapprochement avec le Csa…


Leave l’arcep alone !!!


“Le CSA met en garde les internautes de veiller à respecter la part d’exception culturelle française dans les vidéos de chats postées sur Youtube. Chaque vidéo doit par ailleurs respecter la chronologie des médias.”


Remarque, fusionner le CSA et l’Hadopi c’est pas si bête

Quitte à avoir de la merde, autant la regrouper dans la même litière


Il me semblait que les fouilles se faisaient par ordre de justice et pas par un service administratif, La Poste changerait-il ses principes en acceptant l’inspection généralisé des courriers clients <img data-src=" />


Si cette fusion est établie, intégrer la Hadopi dans le lot ne pourrait devenir qu’une simple formalité, malgré le “non” initial côté CSA.



Un retournement de veste est toujours possible tôt ou tard <img data-src=" />.


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Le CSA plaide pour un rapprochement avec l’ARCEP, non avec l’Hadopi





Perso, je plaide pour un rapprochement du CSA avec Pôle Emploi, non avec l’ARCEP et l’Hadopi <img data-src=" />


Perso, preferer que le csa et hadopi soit dissoute.


Ils sont proche du fond du trou.

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caoua a écrit :



Ils sont proche du fond du trou.

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Dommage qu’il y ait un fond <img data-src=" />

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2show7 a écrit :



Dommage qu’il y ait un fond <img data-src=" />

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ils pourront encore creuser, ça les occupera… <img data-src=" />





mis à part un souci partagé de développer l’offre légale, les sujets d’intérêt commun entre l’HADOPI et le CSA sont quasiment inexistants



En même temps, entre le CSA et l’ARCEP, le lien est pas spécialement pertinent non plus hein.

Il me semble que l’arcep se moque du contenu mais s’intéresse plutôt à la qualité, au déploiement des solutions (// aménagement du territoire, en quelque sorte) et au respect de la concurrence. (me corriger si je fais erreur)

Le CSA, quant à lui, s’occupe plutôt du contenu, a plus une approche normative (= comment on tourne ce qu’on diffuse et à qui)



Effectivement avec les télévisions connectées et la TV par ADSL, on pourrait supposer que ça fait un pont mais je ne peux m’empêcher de trouver que ça fait un peu “unholy alliance”…









WereWindle a écrit :



ils pourront encore creuser, ça les occupera… <img data-src=" />









L’affaire, n’est pas encore finie. les fouilles en Egypte dure un mois tous les ans. je vais maintenant réserver le :popcorn: pour l’année prochaine s’il n’est pas OGMisé <img data-src=" /><img data-src=" />



“Cette absence de lien démontré laisse ainsi penser que le CSA ne recommandera pas de rapprochement avec la Rue du Texel.”



Ben c’est clair.

Ils tapent beaucoup plus haut, directement à la source eux. <img data-src=" />



Et puis pour se faire passer pour une brebis, c’est dans leur intérêt de ne pas s’associer à la Hadopi, vu l’image que se coltine cette dernière! S’agirait pas de dévoiler son jeu trop vite <img data-src=" />


moi je verrais plus le csa et l’hadopi fusionnaient ensemble car ils ont les même intérêts à savoir la surveillance d’internet, son contrôle et si besoin censuré les sites ou vidéo qui déplairont à leurs amis du monde de la soit disant culture que ce soit française ou étrangères car ils ont le même idéal la censure à tout prix.



le csa pour mettre les logo moins de 10ans ou autre sur les sites ou interdire aux site de partage de diffuser des vidéo interdit au moins de 12ans avant 22h(j’ai lu que le csa veut imposer les même règles de la télé à internet)



et l’hadopi pour sa répression et les ayants droits qui censureront tout sites qui leur donneront pas de dot.



le csa et l’arcep n’ont rien en commun car si c’est le csa qui prends les commandes d’internet, on va avoir le même désastre ce qu’on voit sur les chaine de télé et comme les ayants droits leurs rêves c’est la mort d’internet, le seul moyens de faire mourir internet, c’est transposer les même règles de la télé avec sa règle de stupidité à internet.


Le CSA devrait surtout se rapprocher de la poubelle :o

C’est typiquement le genre d’institution rétrograde qui vise à brider à la fois la liberté des utilisateurs et des entrepreneurs, dans le but de préserver une pseudo ligne morale passéiste et les intérêt d’un petit groupe d’industriels qui ne parviennent pas à trouver leur place dans l’ère numérique.