Le ministère de la Culture veut autoriser les publicités basées sur la géolocalisation

Le ministère de la Culture veut autoriser les publicités basées sur la géolocalisation

T'habites p'us le Cantal ?

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Xavier Berne

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Droit

09/12/2019 6 minutes
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Le ministère de la Culture veut autoriser les publicités basées sur la géolocalisation

Afin d’aider les acteurs historiques de l’audiovisuel à faire face à la concurrence des géants du Net, le ministère de la Culture s’apprête à autoriser les chaînes de télévision à diffuser des publicités « segmentées », c’est-à-dire ciblées en fonction des téléspectateurs.

Franck Riester, le ministre de la Culture, l’avait annoncé en septembre dernier, lors de la présentation des grandes lignes du projet de loi Audiovisuel : le gouvernement souhaite « renforcer le dynamisme économique » des acteurs français de l’audiovisuel, qui lorgnent depuis des années sur les publicités ciblées qui font notamment les affaires de Facebook et Google.

Pressée également par l’Autorité de la concurrence ou même certains parlementaires, la Rue de Valois a donc planché sur différents « assouplissements » des règles encadrant la diffusion des publicités. Un projet de décret, soumis la semaine dernière à consultation publique, permet d’en savoir plus sur les projets de l’exécutif.

Des publicités ciblées, sous un « triple encadrement »

Sans grande surprise, le ministère de la Culture propose de revenir sur l’emblématique article 13 du décret du 27 mars 1992, qui impose aujourd'hui aux chaînes nationales de diffuser leurs spots publicitaires « simultanément dans l’ensemble de la zone de service ». Ce qui empêche de fait toute adaptation, par exemple en fonction de la localisation du téléspectateur.

Concrètement, cette interdiction serait donc levée – néanmoins sous conditions.

Premièrement, la Rue de Valois souhaite que le volume de publicités ainsi diffusées soit limité. Si le texte est maintenu en l’état, il ne devra pas y avoir plus de deux minutes de publicité segmentée par heure, en moyenne quotidienne. Le tout avec un plafond de six minutes « pour une heure d’horloge donnée ».

Deuxièmement, aucune publicité segmentée ne sera autorisée avant, pendant ou après les émissions pour enfants.

Troisièmement, les spots « qui comportent l’indication par l’annonceur d’une adresse ou d’une identification locale explicite » seront prohibés (sauf pour les émissions régionales, telles celles proposées aujourd’hui par France 3). Une façon de protéger les médias locaux, à commencer par les radios et la presse écrite.

Jusqu'à 135 millions d'euros de recettes supplémentaires pour les chaînes

Si le ministère de la Culture ne revient pas sur les implications d’une telle réforme pour les téléspectateurs, l’Autorité de la concurrence avait présenté deux pistes d’évolution, en février dernier, en marge de sa saisine sur le projet de loi Audiovisuel.

D’une part, en matière de diffusion hertzienne, les chaînes aimeraient « développer un ciblage publicitaire régionalisé, permettant de compléter un message publicitaire national par un complément d’information local ou régional ou de proposer une offre publicitaire spécifique à la population d’une zone géographique ». En grossissant le trait, il s’agirait de diffuser des publicités pour les parapluies en Bretagne, contre des réclames pour la crème solaire en région PACA.

D’autre part, les chaînes se sont dites « très intéressées par les perspectives de développement de publicité ciblée via la diffusion IPTV, en utilisant les données personnelles collectées auprès des téléspectateurs par les FAI ». Sous couvert d’avoir obtenu l’accord des abonnés concernés, les annonces pourraient alors être davantage encore personnalisées.

D’après le ministère de la Culture, une autorisation de la publicité segmentée permettrait aux chaînes de télévision de générer des recettes supplémentaires oscillant entre 85 et 135 millions d’euros « à horizon 2022 ». Le projet de décret prévoit malgré tout qu’une évaluation de cette réforme soit effectuée par le gouvernement dix-huit mois après son entrée en vigueur, notamment pour ausculter ses conséquences sur les professionnels de la radio et de la presse écrite.

Du télé-achat dans les spots publicitaires

Le projet de décret présenté par la Rue de Valois ne se cantonne cependant pas qu’à la question de la publicité segmentée. Le texte autorise en effet la diffusion de spots de télé-achat au sein des écrans publicitaires (sauf émissions pour enfants). Une mesure qui pourrait donc se combiner potentiellement avec l’introduction des publicités ciblées...

D’une manière plus générale, le ministère de la Culture propose en outre de « supprimer les contraintes de diffusion des émissions de télé-achat (plafond quotidien de trois heures, créneaux horaires interdits, limitation du nombre d’émissions diffusées quotidiennement) », qui découlent là aussi du décret de 1992.

Autre mesure sur la rampe : les chaînes pourraient bientôt ne plus avoir à attendre vingt minutes minimum entre deux coupures publicitaires, lors de la diffusion d’un même programme. Une réforme censée « assouplir les modalités de programmation des messages publicitaires notamment dans les programmes de flux (divertissement notamment) sans parties autonomes », explique la Rue de Valois.

Ces coupures plus rapprochées ne seraient possibles qu’à condition notamment de « tenir compte des interruptions naturelles du programme », précise le projet de décret. Ce qui signifie, insiste l’exécutif, que cet assouplissement ne pourrait pas bénéficier aux retransmissions sportives, par exemple.

Notons enfin que le ministère de la Culture prévoit d'autoriser les publicités pour le cinéma. Une expérimentation de dix-huit mois est ainsi prévue, avec un système quotas pour éviter que la réforme ne se fasse au seul profit des blockbusters et autres productions à gros budgets. « À titre d’illustration, la promotion d’un film américain devrait entrainer mécaniquement la promotion d’un film européen et d’un film d’art et d’essai (qui peuvent être le même film) », commente ainsi la Rue de Valois.

Un décret qui pourrait sortir « début 2020 »

Toutes les personnes qui souhaitent faire remonter leurs observations à l’exécutif ont jusqu’au 31 décembre pour se manifester. D’après les services de Franck Riester, la parution du décret est « envisagée début 2020 », après saisine du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) et du Conseil d’État.

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Écrit par Xavier Berne

Tiens, en parlant de ça :

Sommaire de l'article

Introduction

Des publicités ciblées, sous un « triple encadrement »

Jusqu'à 135 millions d'euros de recettes supplémentaires pour les chaînes

Du télé-achat dans les spots publicitaires

Un décret qui pourrait sortir « début 2020 »

Le brief de ce matin n'est pas encore là

Partez acheter vos croissants
Et faites chauffer votre bouilloire,
Le brief arrive dans un instant,
Tout frais du matin, gardez espoir.

Commentaires (25)


Un automute quand la pub se déclanche, c’est possible ?

Jarvis répond quand je lui demande de couper le son (quand j’ai la flemme d’attraper la télécommande) mais ça serait cool que ce soit automatique…


Ca aura à minima le mérite de les rendre davantage pertinentes.


Vu qu’il veut pas interdire les pubs dans les chiottes non plus, l’ajout de la géolocalisation va permettre de mieux cibler les pubs : en fonction dragée fuca ou imodium !








Orphee a écrit :



Un automute quand la pub se déclanche, c’est possible ?

Jarvis répond quand je lui demande de couper le son (quand j’ai la flemme d’attraper la télécommande) mais ça serait cool que ce soit automatique…





Selon la légende un add-on kodi existe pour repérer le bref instant d’images bleues séparant le programme de la pub. Je n’ai cependant jamais réussi à mettre la main sur cet add-on (bon j’ai pas non plus insisté 20 ans car mon usage de la télé se limite à lancer mes films).



L’idée est pertinente, ça partait bien … et puis PAF : « les chaînes se sont dites très intéressées par les perspectives de développement de publicité ciblée […] en utilisant les données personnelles collectées auprès des téléspectateurs par les FAI ». Ça n’a pas pris longtemps … reste à savoir si ça sera l’opt-in ou l’opt-out.



Autre élément qui m'a tout chamboulé : « les chaînes pourraient bientôt ne plus avoir à attendre vingt minutes minimum entre deux coupures publicitaires ». Alors je ne regarde pas la télé, et ça me parait aberrant :  c'est vraiment comme ça, une coupure pub toutes les 20 min ? 5 coupures pour un film de 2h ?

Et si on laissait mourir ses chaines ?




quotas pour éviter que la réforme ne se fasse au seul profit des blockbusters et autres productions à gros budgets. « À titre d’illustration, la promotion d’un film américain devrait entrainer mécaniquement la promotion d’un film européen et d’un film d’art et d’essai (qui peuvent être le même film) »



Dont le spot sera financé par qui ?



Dans la tournure, ça semble dire “Film US bourrin” Contre “Oeuvre Européenne à portée réellement artistique” alors que, fondamentalement dans la catégorie “assez riche pour faire un spot de pub télé” Contre “fauché”.



Ensuite, si quota il doit y avoir, faudra bien préciser “par heure” sous peine de se retrouver dans la même des quotas sur la chansons françaises pour les radio (tout le contenu francophone, c’était après 22h30, bien souvent)



Enfin, pour les gains espérés, il est heureux de voir que la pub télé rapporte toujours autant après avoir lu (ici, je crois bien) qu’une augmentation des sommes allouées à la pub sur le web n’avait qu’un effet très marginal sur les ventes <img data-src=" />








Arkeen a écrit :



&nbsp;… reste à savoir si ça sera l’opt-in ou l’opt-out.





Par défaut ça sera activé, la CNIL dira c’est pas bien après 1 ans 12 de procédure et les mettra en demeure. La fonctionnalité ne sera alors désactivée par défaut que dans les firmware futurs avant qu’on découvre qu’une autre astuce permet toujours d’avoir la localisation …



C’est pas comme si la réglementation en matière de données à caractère personnel avait démontré son efficacité depuis le temps… ^^



Je regarde pas de films (sauf C+ de temps en temps mais pas de coupure puisque chaine payante). Par contre, je regarde Quotidien sur TMC régulièrement quand je rentre du taf&nbsp; à temps, et effectivement on est sur un nombre de coupures pub assez hallucinant (4 de mémoire, sur 1h30 de “Quotidien première partie” + “Quotidien” ensuite). Et à vu de pif doit y avoir entre 20 et 30 spots par coupure.

En tout cas ça me frappe déjà aujourd’hui de voir autant de pubs.


La façon simple de faire pour les chaines va être de coder leurs programmes comme youtube et cie.

Donc la pub viendra certainement en sur-impression avec une durée de pub/heure de programme (avec marge de 5%). Autrement dit un plugin boxtv sera techniquement plus simple pour eux… donc un bloqueur de plugin aussi.








Idiogène a écrit :



La façon simple de faire pour les chaines va être de coder leurs programmes comme youtube et cie.

Donc la pub viendra certainement en sur-impression avec une durée de pub/heure de programme (avec marge de 5%). Autrement dit un plugin boxtv sera techniquement plus simple pour eux… donc un bloqueur de plugin aussi.





Pas bête, le tout inclus dans leurs applies de VOD



C’est implicite dans les déclarations citées mais c’est l’idée… avec youtube qui concurrence le hertzien depuis assez longtemps elles n’ont ni le choix ni le temps de faire comme la télé publique avec France 3 et ses stations locales.


Et le sous titre, personne ne rebondit sur le sous titre ?

Parce que discuter le fond c’est bien mais quand la forme est de ce niveau il faut le signaler !


Merci de l’avoir relevé, je pensais à un vague lien avec la pub fromagère <img data-src=" />


Je l’ai lu deux fois pour être sur j’avoue, mais elle est top 5 celle-là


J’écoute une radio locale qui ne passe que de la pub locale. Ca fait un drôle d’effet de repasser sur les chaînes de radio nationale: on ne se sent absolument pas concerné


En gros, le ministre de la culture trouve que la TV n’est pas assez verrolée par la pub, et veut rajouter une couche de merde au dessus du purin…








Arkeen a écrit :



L’idée est pertinente, ça partait bien … et puis PAF : « les chaînes se sont dites très intéressées par les perspectives de développement de publicité ciblée […] en utilisant les données personnelles collectées auprès des téléspectateurs par les FAI ». Ça n’a pas pris longtemps … reste à savoir si ça sera l’opt-in ou l’opt-out.



Ou du no-opt…





Arkeen a écrit :



Autre élément qui m’a tout chamboulé : « les chaînes pourraient bientôt ne plus avoir à attendre vingt minutes minimum entre deux coupures publicitaires ». Alors je ne regarde pas la télé, et ça me parait aberrant :  c’est vraiment comme ça, une coupure pub toutes les 20 min ? 5 coupures pour un film de 2h ?



Ils ont le droit, mais ils ont une limite horaire à respecter aussi (il me semble que c’est 8 min de pub par heure pour la TNT et moins pour les autres, mais je peux me tromper). Du coup la plupart des chaînes ne font “que” 2 coupures, mais plus longues.



C’est vrai que diminuer le temps entre le coupure pub est l’idée la plus intelligente pour attirer les téléspectateurs !&nbsp;



L’avantage c’est que ça risque encore de faire augmenter les ventes de RaspberryPi et le nombre de téléchargement de Kodi.



Et sinon uBlock, Privacy Badger, etc.. sont déjà compatibles TV?


Oui mais Xavier est sensible. Tout chez lui l’habite. <img data-src=" />


Elargir la plage de diffusion du téléachat, je vois bien une ventre de couteaux lors de la diffusion de Rambo ou de Nerfs avec Predator…





« les chaînes pourraient bientôt ne plus avoir à attendre vingt minutes minimum entre deux coupures publicitaires »



Da fuck ? c’est pas déjà le cas ? il me semblait bien que c’était toutes les 10 minutes surtout en deuxième partie de soirée.





« À titre d’illustration, la promotion d’un film américain devrait entraîner mécaniquement la promotion d’un film européen et d’un film d’art et d’essai (qui peuvent être le même film) »



Vite forçons la promotion artificiel d’un cinéma “made in eu” perçu comme ringard pour lutter contre les films “pan pan pew pew” américains. Il y a certes des pépites européennes mais la plupart du temps c’est d’un chiant et répétitif (les comédies en France)…



On va au cinéma pour se détendre, que ce soit le rire, le contemplatif,etc. ou encore avec un EEC proche de 0 pas pour disserter sur les points noirs de Robespierre. Si le cinéma EU a pas encore compris ça, faudrait se réveiller.



Après il y a ptet des beaux projets qui réclament des moyens financiers et techniques que nous n’avons pas, et surtout les autorisations administratives chronophages et incertaines


Hé bien, je suis content de plus avoir la TV depuis plus de 10 ans <img data-src=" />


“En grossissant le trait, il s’agirait de diffuser des publicités pour

les parapluies en Bretagne, contre des réclames pour la crème solaire en

région PACA.”

Ou des éthylotests en région Aquitaine…<img data-src=" />








tifounon a écrit :



Da fuck ? c’est pas déjà le cas ?





D’après un vieux commentaire, l’émission sponsorisé par les couche toto c’est pas de la pub. Ça permet aussi d’augmenter virtuellement le temps des coupures pub. L’émission est coupé par trois animations des sponsors, puis coupure pub et ensuite encore les trois animations des sponsors.









tifounon a écrit :



&nbsp;perçu comme ringard pour lutter contre les films “pan pan pew pew” américains. Il y a certes des pépites européennes mais la plupart du temps c’est d’un chiant et répétitif (les comédies en France)… On va au cinéma pour se détendre, que ce soit le rire, le contemplatif,etc. ou encore avec un EEC proche de 0 pas pour disserter sur les points noirs de Robespierre. Si le cinéma EU a pas encore compris ça, faudrait se réveiller.





Au risque de faire mon râleur, le cinéma c’est forcément de la daube à cause du format… T’a des millions de salles qui doivent fournir du contenu chaque semaine à un prix assez élevé sur une durée déterminée. La production prend parfois des années ce qui n’arrange pas les choses. Tout ça ne peut que générer du contenu merdique même pour des tarantino, bessons et compagnie.



Le seul film qui à tenté un bon move c’était matrix en coupant la suite en deux avec une projection à quelques semaines d’intervalle, comme une série. Ça permet d’entrer bien plus dans les détails et quand c’est bon c’est génial. Malheureusement le prix du ticket reste très cher.



&nbsp;En ce moment je regarde la série watchmen, l’histoire est complètement folle mais totalement réaliste, chaque épisode dure 50 minutes avec énormément de détail et les effet spéciaux n’ont rien à envier d’un grand film.



Si le cinéma veut s’en sortir il va falloir lâcher du lest et diffuser des séries et des film en plusieurs parties, sans ce ruiner. Un abonnement ! La licence globale.



&nbsp;









barthous a écrit :



Ou des éthylotests en région Aquitaine Haut-de-France …<img data-src=" />





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