Public Interest Registry racheté par Ethos Capital, craintes autour du .org

Public Interest Registry racheté par Ethos Capital, craintes autour du .org

Pour le meilleur et pour le PIR

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Vincent Hermann

Publié dans

Internet

15/11/2019 5 minutes
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Public Interest Registry racheté par Ethos Capital, craintes autour du .org

La structure gérant le domaine de premier niveau .org vient d’être rachetée par un fonds d’investissement. L’opération, annoncée par surprise et sans détails financiers, fait craindre désormais que les tarifs du .org s’envolent.

Le .org est depuis le début (1985) un nom de domaine de premier niveau utilisé par les organismes sans but lucratif, dont le tarif était encore plafonné jusqu’à l’année dernière. Il est géré par Public Interest Registry (PIR), organisme sans but lucratif, lui-même géré par l’Internet Society (ISOC), également sans but lucratif. Depuis bien sûr, le .org est devenu plus universel, puisqu’il peut concrètement être utilisé pour n’importe quel type de site.

Et voilà que PIR vient d’être racheté par Ethos Capital, un fonds d’investissement, une structure dont le but est donc on ne peut plus lucratif. Tout à coup, les structures utilisant le .org – parmi lesquelles Wikipedia, Internet Archive ou, en France, Framasoft – voient émerger une crainte : le spectre d’une hausse sensible de la facture.

« le .org continuera d’être accessible et à un tarif abordable »

L’annonce a été faite le 13 novembre par Andrew Sullivan en personne, directeur de l’Internet Society (qui avait pour rappel été fondée en 1992 par Vint Cerf et Robert Kahn).

Sullivan paraît évidemment très enthousiaste dans le communiqué. Il y parle d’un « développement important et excitant pour Internet Society et Public Interest Registry » et d’un apport substantiel d’argent pour alimenter sa mission d’un « Internet plus ouvert, accessible et sécurisé pour tout le monde ».

Et d’ajouter que le but restera le même : « le .org continuera d’être accessible et à un tarif abordable ».

Selon lui également, Ethos Capital est un « partenaire stratégique fort qui comprend les subtilités de l’industrie du domaine et a l’expertise, l’expérience et les mêmes valeurs ». Jon Nevett, PDG de PIR, abonde : « Nous avons profité d’une longue et prospère relation avec l’Internet Society, et sommes heureux de pouvoir poursuivre – et étendre – notre important travail avec Ethos Capital, tout en soutenant notre engagement envers la communauté .org».

Il n’y aurait donc rien à craindre, Ethos se voulant le parfait continuateur de la philosophie actuelle. Même Vint Cerf parait conquis : « J’ai hâte de soutenir Ethos Capital de toutes les manières que je pourrai pendant qu’ils étendront l’utilité du .ORG de manière créative et responsable ».

Un très petit monde

Mais en dépit de cet enthousiasme, des craintes ont rapidement vu le jour. D’abord parce que l’opération a créé la surprise : rien ne laissait présager le rachat. Ensuite, parce que le montant n’a pas été révélé. L’idée même d’un organisme sans but lucratif, gérant d’un domaine de premier niveau aussi important, racheté par un fonds d’investissement par surprise et sans détail, inquiète.

Les peurs sont cristallisées par un mouvement ayant eu lieu plus tôt dans l’année : la suppression le 30 juin, par l’ICANN, de plafond imposé jusqu’ici aux tarifs du .org, vendu à des prix très bas. La décision faisait suite à une proposition lancée en mars, qui avait fortement déplu : sur les milliers de commentaires laissés, seuls quelques-uns affichaient un certain enthousiasme, selon Review Signal. Ce qui n’avait pas empêché l’ICANN de continuer.

Le 1er mai, peu de temps après la fermeture de la période laissée aux commentaires, Public Interest Registry avait publié une lettre ouverte dans laquelle il était affirmé qu’aucun plan n’était prévu pour une montée des prix du .org. Or, Ethos Capital est en partie piloté par des anciens de l’ICANN.

C’est ce calendrier particulier qui est maintenant pointé du doigt, car le rachat était nécessairement en pourparlers depuis plusieurs mois : une telle opération ne se décide pas en quelques jours. Certains voient donc dans la décision de l’ICANN une préparation du terrain pour Ethos Capital, qui a donc désormais les mains libres pour faire grimper les prix.

Domain Name Wire suit particulièrement l’affaire depuis son annonce. Son auteur, Andrew Allemann, note par exemple que la société Ethos Capital ne semble exister réellement que depuis quelques mois, le nom de domaine EthosCapital.com n’ayant été acheté que fin octobre.

Le fondateur d’Ethos est également Erik Brooks, après avoir passé 20 ans dans un autre fonds, Abry Partners, société ayant racheté un autre acteur majeur des noms de domaines, Donuts. Akram Atallah, un ancien responsable de l’ICANN, a été installé à sa tête dans la foulée. L’opération impliquait également Fadi Chehadé, conseiller chez Abry et ancien PDG de l’ICANN. Jon Nevett, cofondateur de Donuts, était alors devenu PDG de Public Interest Registry. Est aussi listée au capital d’Ethos Nora Abusitta- Ouri

Nos confrères décrivant les relations de ce qui ressemble à s’y méprendre à un panier de crabes, relevant des connexions étranges entre un petit lot de personnes impliquées dans le rachat. Mais pour l’instant, même si l’opération inquiète des personnalités telles que Stéphane Bortzmeyer, les informations manquent.

Le sujet sera donc surveillé de près, mais il faudra attendre qu’Ethos Capital s’exprime davantage clairement sur le sujet. L’entreprise a d’ailleurs été interrogée par Domain Name Wire sur différents points, sans réponse pour l’instant.

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Écrit par Vincent Hermann

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« le .org continuera d’être accessible et à un tarif abordable »

Un très petit monde

Commentaires (15)


En 2002, un des fondateurs de Gandi parlait déjà du commerce des noms de domaines qui passait d’un organisme publique à des entreprises privés.



http://www.confessions-voleur.net/confessions/node7.html



À l’époque il considérait que c’était un métier de voleur. Ça n’a pas trop changé depuis.


Ça fait plus de vingt ans qu’on nous serine que c’est important que les ressources d’Internet soient gérées par des structures privées car la communauté internationale ne sait pas faire. On va avoir l’occasion de constater que c’était vrai.








Wawet76 a écrit :



En 2002, un des fondateurs de Gandi parlait déjà du commerce des noms de domaines qui passait d’un organisme publique à des entreprises privés.



http://www.confessions-voleur.net/confessions/node7.html



À l’époque il considérait que c’était un métier de voleur. Ça n’a pas trop changé depuis.





Notre maître à tous ès Carbonara / lardons / crème fraîche ! <img data-src=" />









Wawet76 a écrit :



À l’époque il considérait que c’était un métier de voleur. Ça n’a pas trop changé depuis.





Oui, c’est même de pire en pire avec l’augmentation des extensions…



Il y a d’autres voleurs : les vendeurs de certificats SSL, qui souvent sont les même étrangement…



Mbof. Si les prix augmentent, il suffira de changer d’extension, y’en a des tas.


ooooh… des carbonara avec de la crème et des lardons. Je ne soupçonnais pas que tu étais ce genre de personne….


Changer de nom de domaine, ce n’est pas neutre en terme de SEO et d’image. Si tu arrêtes de payer pour le domaine, tu ne peux pas programmer de redirection vers le nouveau.








WereWindle a écrit :



ooooh… des carbonara avec de la crème et des lardons. Je ne soupçonnais pas que tu étais ce genre de personne….





Tout ça c’est parce que t’es jaloux et que tu connais pas les meilleurs recettes pour la carbonara. <img data-src=" />

Tiens juste pour toi, voilà la dernière en date

https://mamot.fr/@LaurentChemla/103120475631807564



edit : en fait tout le thread que tu as linké meriterait un exterminatus pour chaque post ^^








Obidoub a écrit :



Mbof. Si les prix augmentent, il suffira de changer d’extension, y’en a des tas.





Ouais mais bon, faudra savoir que c’est dorénavant “wikipedia.gzombul”, le .org appartenant maintenant à, au choix, un labo pharmaceutique/une banque/un gouvernement/etc.



« le .org continuera d’être accessible et à un tarif abordable »



Et ceci, je vous le promet, jusque 2020, quand ça se sera tassé.


Suffira de chercher dans google <img data-src=" />


Laurent Chemla, fondateur de gandi, explique que revendre un nom de domaine s’apparente à du vol. Ce qui est assez vrai.



source :http://www.confessions-voleur.net/confessions/node7.html


C’est le modèle du mécénat privé à l’américaine derrière cette idée de rachat non ?

Le point de friction possible c’est surtout un espèce d’internet du service pour tout n’importe quoi.

Proton mail et d’autres me laisse ce même sentiment avec des idées similaires au PIR mais pas de financement clair.