CentOS : la version 8 disponible, Stream en rolling release

CentOS : la version 8 disponible, Stream en rolling release

Entre tradition et tapis roulant

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Vincent Hermann

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Logiciel

26/09/2019 7 minutes
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CentOS : la version 8 disponible, Stream en rolling release

CentOS 8 est disponible au téléchargement. Pour la première fois, les développeurs introduisent une « rolling release », CentOS Stream. L’occasion de revenir sur l’offre désormais remaniée des distributions Linux gravitant autour de Red Hat.

L’éditeur propose officiellement sa propre distribution à destination des entreprises : Red Hat Enterprise Linux (RHEL). Il dispose cependant de deux autres systèmes qui, s’ils ne lui appartiennent pas, bénéficient de son implication : Fedora, qui lui sert de « laboratoire », et CentOS, une version gratuite de RHEL (donc fournie sans support pour les entreprises).

CentOS n’est pas nécessairement très connue du grand public, mais joue un rôle majeur dans les entreprises, puisqu’il représente à lui seul environ un serveur Linux sur cinq. L’arrivée d’une nouvelle mouture est donc un évènement, d’autant que la publication des versions majeures est espacée de plusieurs années.

Cette fois cependant, CentOS est accompagnée d’une nouvelle variante : Stream. Il s'agit de la toute première déclinaison en rolling release du système.

Lorsque c'est possible, nous vous conseillons de recourir aux fichiers Torrent, de nombreux miroirs étant actuellement saturés.

CentOS 8 : une copie conforme de RHEL 8

Après une version 7.7 venant entretenir les serveurs sur l’ancienne version majeure, place à la nouvelle. Ce ne sera pas une surprise, CentOS reprend toutes les nouveautés de RHEL 8 (lui-même étant basé sur Fedora puisque la distribution est compilée à partir des mêmes sources. Résultats, les binaires sont totalement compatibles avec ceux du système payant.

Contrairement à Fedora, également sous parapluie Red Hat, CentOS est plus lent dans son adoption des nouvelles versions et se montre plus prudente. On retrouve ainsi GNOME 3.28 (alors que la version 3.34 est disponible depuis environ deux semaines) et des outils comme Git 2.18, Mercurial 4.8, Subversion 1.10, OpenSSL 1.1.1 ou encore TLS 1.3, PHP 7.2, Ruby 2.5, Perl 5.26, Python 3.69, SWIG 3.0, MariaDB 10.3, MySQL 8.0, PostgreSQL 10, PostgreSQL 9.6, Redis 5, Apache 2.4, nginx 1.14, Squid 4.4 et Varnish Cache 6.0.

CentOS 8CentOS 8
Un bureau GNOME classique

Le système est basé sur un noyau Linux 4.18, intègre la version 2 de Control Group (gestion et distribution des ressources), peut gérer jusqu’à 4 Po de mémoire (contre 256 To précédemment), ajoute le support des données copy-on-write partagées pour XFS et diverses améliorations pour la gestion des paquets. Par exemple, Yum est maintenant basé sur DNF (Dandified Yum), apportant de meilleures performances et le support des contenus modulaires.

Plusieurs nouveaux gestionnaires font également leur apparition. Le plus consistant est Cockpit, une interface web pensée pour simplifier les tâches les plus courantes d’une administration serveur. RHEL est en effet largement utilisé sur les serveurs, et CentOS a la même orientation.

Côté serveur, quelques lignes de commande sont nécessaires :

dnf install cockpit
systemctl enable --now cockpit.socket
firewall-cmd --add-service=cockpit --permanent
firewall-cmd --reload

Cela va, dans l’ordre : installer le paquet Cockpit, activer le socket correspondant puis ouvrir les ports nécessaires dans le pare-feu. L’administrateur pourra alors ouvrir l’interface web correspondante et la piloter depuis n’importe quelle machine cliente du réseau. Cette interface est même compatible avec les navigateurs mobiles et permet la gestion du parc, des machines virtuelles et autres opérations classiques. Le service préviendra par exemple de mises à jour manquantes et permettra de déclencher des règles Decryption précises sur certaines machines.

  • CentOS 8 Cockpit
  • CentOS 8 Cockpit
  • CentOS 8 Cockpit
  • CentOS 8 Cockpit
  • CentOS 8 Cockpit

Entre autres nouveautés, signalons également le remplacement d’iptables par nftables pour tout ce qui touche au filtrage des paquets. Utilisé par défaut désormais par firewalld, il offre notamment une gestion unifiée des protocoles IPv4/v6.

Signalons aussi qu’en dépit de son orientation très nette vers les serveurs et les composants éprouvés, CentOS 8 voit sa session par défaut basculer sur… Wayland. Encore une distribution reléguant X.org au placard, même si le vieux gestionnaire d’affichage reste bien sûr présent comme solution de secours si Wayland n’était pas supporté. Rappelons que Fedora était la première distribution à franchir le pas avec sa version 25, en novembre 2016.

Enfin, CentOS 8 opte pour le nouveau découpage de RHEL en trois dépôts principaux :

  • BaseOS pour tous les composants assurant le fonctionnement du système et ses rôles principaux
  • Application Stream, pour les applications nécessitant des mises à jour plus régulières (dont les outils développeurs)
  • Supplemental, dédié aux logiciels accompagnés de licences spécifiques (notamment propriétaires)

La plupart des systèmes n’auront que les deux premiers dépôts activés. Notez que Red Hat avait « prévu le coup » et publié dès novembre 2018 un billet de blog consacré à la gestion des dépôts, particulièrement pour les utilisateurs souhaitant des sources alternatives de logiciels.

CentOS Stream, première rolling release de la distribution

Mais les amateurs de CentOS se tourneront peut-être cette fois sur une nouvelle variante du système, en rolling release.

Si le terme ne vous est pas familier, il désigne un système dans lequel tous les composants sont mis à jour continuellement. Plusieurs distributions Linux connues fonctionnent ainsi, comme Arch et Manjaro. D’autres ont une version spécifique sur ce modèle, comme openSUSE avec Tumbleweed. De temps à autre, un certain état de la distribution est figé pour régénérer les images ISO proposées.

C’est donc une première pour CentOS, dont les développeurs étaient conscients qu’il manquait en quelque sorte une brique dans l’offre de Red Hat. Les développeurs, notamment, pouvaient avoir envie d’un système souvent mis à jour sans pour autant avoir les toutes dernières moutures d’une Fedora, ni au contraire des paquets trop anciens comme CentOS peut en présenter pour des raisons de fiabilité.

Stream vient donc s’intercaler entre les deux, en proposant au passage aux administrateurs intéressés un système pour serveurs plus enclins aux changements rapides. Interrogé notamment par ZDNet, Chris Wright, directeur technique de Red Hat, évoque un milieu où les besoins d’adaptation s’accélèrent, le monde des serveurs évoluant très vite, tout particulièrement autour du cloud hybride (mélangeant serveurs distants et installations sur site) et des conteneurs (dont l’inévitable Kubernetes).

CentOS Stream ne se destine pas vraiment aux serveurs de production, mais davantage à des environnements de développement pour celles et ceux qui voudraient tester de nouvelles solutions, déployer un nouveau code, mesurer la compatibilité d’un produit avec les dernières versions de composants importants, etc. En clair, tout ce qui ressemble de près ou de loin à des tests d’écosystème.

Rien ne change dans l’absolu pour les utilisateurs classiques de CentOS, qu’il s’agisse d’entreprises ou du grand public. Les installations CentOS 7 ont depuis la mise à jour 7.7 avec des améliorations de sécurité, CentOS 8 est officiellement la nouvelle version majeure, et Stream est désormais présente pour répondre à certains besoins. Les deux variantes n’ont pas vocation à s’affronter : l’une se destine à la production, pas l’autre.

Notez enfin que la prochaine Fedora ne devrait plus tarder. Elle est actuellement en phase bêta, et ses développeurs prévoient une disponibilité générale pour le 22 octobre, avec un possible report au 29 en fonction des retours et des bugs à corriger. Il est déjà arrivé plusieurs fois à la distribution d’être en retard, il ne faudra donc pas s’en formaliser.

Écrit par Vincent Hermann

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CentOS 8 : une copie conforme de RHEL 8

CentOS Stream, première rolling release de la distribution

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Commentaires (19)


Dans le monde RHEL, le concept des applications stream est un avantage mais aussi un énorme inconvénient dans le monde ‘stable’ qu’est l’entreprise.

Précédemment, on avait ainsi une certaine garantie dans la durée, modulo des concessions sur les versions des Middleware.

Désormais, les Middleware sortent du support long terme et peuvent tomber a un support limité a 3 ans (voire 2 dans certains cas).

Les efforts pour requalifier une chaîne complète applicative est donc démesuré, car on va se retrouver très rapidement a tomber hors support.

En gros, tous les 18 mois il faudra relancer une phase de qualification des composants pour les applications (le temps de qualifier et après de migrer, on dépasse déjà les 2 ans des supports ‘courts’)

En l’état, alors que RHEL 7 arrive en fin de support en 2024, on a donc des composants RHEL 8 qui ne seront plus supportés des novembre 2020 !?!!

Alors certes, on peut avoir la toute dernière version du Middleware. Mais pour en avoir une qui ‘resiste’ au temps…


c’est drôle d’avoir choisi CentOS pour stream alors que Fedora est moins conservative sur les versions proposées que CentOS. La logique se serait attendue à donc voir un Fedora Stream non ?


Il me semble que Fedora est une rolling release.


Du tout, mais les deux systèmes n’ont pas la même orientation. Fedora est davantage axée grand public et développeurs, alors que Stream vise le travail sur les écosystèmes, particulièrement tout ce qui se fait côté serveurs (cloud hybride, conteneurs…).


A ma connaissance, il n’y a pas de rolling release chez Fedora. Il y a une version régulièrement mise à jour de dev nommée rawhide mais elle n’a pas vocation a être utilisée de façon durable, c’est une version intermédiaire entre 2 versions majeures.


J”ai l’impression que c’est plus la cible de cette distribution, les développeurs pour serveurs entreprises qui fait que c’est l’équipe CentOS qui s’en occupe. À la fois parce que CentOS est sûrement mieux perçue/connue que Fedora en entreprise et aussi parce que les développeurs CentOS connaissent mieux les besoins de l’entreprise.



De toute façon, la majorité des développeurs CentOS sont payés par Red Hat, ça ne change pas grand chose que ça soit Fedora ou CentOS.









Tr4ks a écrit :



Il me semble que Fedora est une rolling release.





Non, c’est une distribution qui sort par versions successives.



pas faux oui


“CentOS Stream ne se destine pas vraiment aux serveurs de production, mais davantage à des environnements de développement”



 Ca risque d’intéresser également un pan de l’industrie concerné par la LPM (voir la NIS) et qui doit garder certaines parties de ses infrastructures à jour pour des question de sécurité. Dans les dépôts officiels CentOS 7, certains paquets proposés ont déjà plusieurs années et une liste de vulnérabilités connues longue comme le bras…


Ah cool, je vais tester du coup :)



Mais j’ai toujours du mal à passer sur CentOS, j’ai vraiment trop l’habitude d’être sur Debian



 


Pour ceux qui veulent du desktop sachez que cette version ne propose plus en bureau que GNOME. Pour le reste les backports RHEL sont assez pénibles à utiliser. C’est du type :



scl enable XXX <command>


Il y a un article sur fedoramagazine.org qui explique un peu le lien entre Fedora|RedHat|CentOS et cette histoire de Stream chez CentOS. C’est ici


Vous parlez des torrent dans la news, mais il se trouve que le lien vers la page dew téléchargement ne les liste pas directement. Étrange choix de la part de CentOS je trouve.



Il faut donc sélectionner un des liens proposé, enlever le nom de l’iso pour accéder au répertoire, et là on peut y trouver le torrent.

Par exemple, depuis le UK:http://mirror.ox.ac.uk/sites/mirror.centos.org/8.0.1905/isos/x86_64/


“Il représente à lui seul un serveur Linux sur 5”

Où je travaille, le ratio est d’environ 3 serveurs sur 5, avec les versions Centos 5.11, 6.5 et 7.3



 D’ailleurs je n’ai jamais compris pourquoi redhat bloque les pages de ses forums et aides (il faut un abonnement pour y acceder), alors que la resolution d’un problème est applicable aux deux OS, et que les solutions Centos sont facilement accessible sur le net…


Où je travaille le ratio est de 1 sur 5.








Tydher a écrit :



“Il représente à lui seul un serveur Linux sur 5”

Où je travaille, le ratio est d’environ 3 serveurs sur 5, avec les versions Centos 5.11, 6.5 et 7.3



 D’ailleurs je n’ai jamais compris pourquoi redhat bloque les pages de ses forums et aides (il faut un abonnement pour y acceder), alors que la resolution d’un problème est applicable aux deux OS, et que les solutions Centos sont facilement accessible sur le net…





Je pense que les forums / aides font partie de leur support RHEL qui est payant tout simplement.









Tydher a écrit :



“Il représente à lui seul un serveur Linux sur 5”

Où je travaille, le ratio est d’environ 3 serveurs sur 5, avec les versions Centos 5.11, 6.5 et 7.3



 D’ailleurs je n’ai jamais compris pourquoi redhat bloque les pages de ses forums et aides (il faut un abonnement pour y acceder), alors que la resolution d’un problème est applicable aux deux OS, et que les solutions Centos sont facilement accessible sur le net…







Car des distrib comme Oracle Unbreakable Linux basé à 99% sur la rhel renvoyait sur les pages de support de redhat. RedHat ne voyait d’un bon oeil de faire du support pour Oracle gratos.



Merci pour le récap intéressant, j’ai déjà commencé à jouer avec en VM pour voir.



Le passage en rolling release est aussi intéressant pour avoir une version moins figée ou peut être par la suite éviter de passer par les Software collections pour avoir des versions plus récentes de middlewares.


Chez nous, c’est plutôt Debian qui domine, on a moins de serveur CentOS, la plupart pour les serveurs mongodb en fait :)

 


Pour ma part, je dirais 90% de CentOS (6 et 7) avec des REHL (des 6 non abonnées qu’on arrête progressivement, et des 7 avec souscription pour des besoins spécifiques), des AIX et des AS400 <img data-src=" />



A titre perso j’ai quasi jamais vu de Debian sur des machines de production en dehors de serveurs administratifs ou supervision, probablement par manque d’habitude dans le coin. Beaucoup de RedHat par contre qui est venue en remplacement d’AIX ou HP-UX.



Après, je vois de plus en plus de monde en poste utilisateur sous Ubuntu, voire Debian pour quelques warriors.

Pour ma part mon PC pro est sous Fedora car plus habitué par cette famille malgré des années chez moi sous Ubuntu.