Bientôt des pétitions en ligne à l'Assemblée nationale

Bientôt des pétitions en ligne à l’Assemblée nationale

RIC rac

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Xavier Berne

Publié dans

Droit

02/05/2019 6 minutes
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Bientôt des pétitions en ligne à l'Assemblée nationale

Richard Ferrand, le président de l’Assemblée nationale, souhaite que les citoyens puissent adresser des « e-pétitions » aux députés. Mais quel que soit le nombre de signatures recueillies, rien ne garantirait qu’un débat soit organisé en hémicycle.

L’éphémère ministre de la Cohésion des territoires d’Emmanuel Macron a présenté, mardi 30 avril, son projet de réforme du Règlement de l’Assemblée nationale. Au programme, notamment : durcissement des conditions de recevabilité des amendements, introduction d’une procédure dite de « législation en commission », séance hebdomadaire unique de questions au gouvernement (incluant un droit de réplique).

Afin de « mieux associer les citoyens aux travaux parlementaires », le texte porté par Richard Ferrand prévoit en outre de « rénover  » le droit de pétition en vigueur à l’Assemblée nationale. L’ancien chef de file des députés LREM ambitionne même de faire de cet outil « une véritable fenêtre ouverte sur la société civile ».

Réformer une procédure « tombée en désuétude »

À ce jour, le règlement de l’Assemblée prévoit d’ores et déjà que des pétitions peuvent être adressées au Palais Bourbon. C’est la commission des lois qui est chargée des les examiner. Avec comme possibilité :

  • Soit de classer purement et simplement la pétition
  • Soit de renvoyer la pétition à une autre commission permanente (culture, affaires économiques...)
  • Soit de renvoyer la pétition à un ministre
  • Soit de soumettre la pétition à l’Assemblée (pour un débat en hémicycle)

Cependant, de l’aveu même de Richard Ferrand, cette procédure est « tombée en désuétude ». Sous la législature actuelle, explique-t-il, seules 36 pétitions ont été déposées à l’Assemblée, « dont 30 ont fait l’objet d’un examen par la commission des lois ». Cette dernière « s’est réunie à trois reprises, décidant du classement pour 18 pétitions et rendant une décision de renvoi à une autre commission pour 12 autres (cet examen par une autre commission conduisant lui-même en général au classement) ».

Autrement dit, aucune pétition n’a véritablement connu de suite depuis 2017, tel qu’un débat en hémicycle.

pétitions assemblée réforme

Des pétitions créées et signées en ligne

Jugeant cette situation « particulièrement préoccupant[e] à l’heure où les citoyens sont légitimement demandeurs d’une association plus étroite à la vie de nos institutions », Richard Ferrand propose donc de dépoussiérer le droit de pétition. Celui-ci s’exercerait uniquement via Internet, puisque son projet de règlement prévoit que les pétitions ne pourraient être adressées à l’Assemblée que « par voie électronique ».

Elles devront en outre être « signées par leurs auteurs et comporter les adresses électroniques et postales de ceux-ci ». Contrairement à la procédure du référendum d’initiative partagée, où seuls les électeurs peuvent soutenir un texte, il n’y a ici aucune restriction particulière (de type âge ou inscription sur les listes électorales, etc.).

Le projet porté par Richard Ferrand précise également que dorénavant, les pétitions seront « mises en ligne » dès qu’elles auront été signées par plus de 100 000 personnes. Le président de l’Assemblée nationale saisira directement la commission compétente, qui pourra alors décider, sur proposition d’un rapporteur :

  • Soit de classer la pétition
  • Soit de l’examiner

« Dans ce dernier cas, la commission publie un rapport reproduisant le texte de la pétition ainsi que le compte rendu de ses débats », prévoit le projet de réforme. Les « premiers signataires de la pétition » pourront être associés aux discussions, de même que des ministres.

Si la pétition compte plus de 500 000 signataires (« domiciliés dans 30 départements au moins »), Richard Ferrand souhaite que « sur le modèle de ce qui est pratiqué par la Chambre des communes du Royaume-Uni », un débat ait lieu en séance publique « sur la base du rapport de la commission ».

En lisant attentivement le texte porté par le président de l’Assemblée nationale, on découvre néanmoins que l’organisation de ce débat n'aurait rien de systématique : l’inscription à l’ordre du jour dépendrait en effet de la conférence des présidents, et serait soumise à la demande préalable d’un président de groupe (LREM, PS, LR...) ou du président de la commission compétente.

 pétitions réforme assemblée

« Démocratie numérique », nombreux débats en perspective

Le projet de réforme du règlement de l’Assemblée nationale sera examiné dès le 15 mai en commission des lois, et les 27 et 28 mai en séance publique, en vue d'une entrée en vigueur dès le mois de septembre. Certains parlementaires pourraient en profiter pour défendre des projets alternatifs ou complémentaires.

Les députés socialistes sont par exemple attachés aux « amendements citoyens », qui permettraient selon eux aux internautes de faire directement « irruption » aux seins des débats (voir notre article).

Le retour de la réforme constitutionnelle devrait lui aussi conduire les élus du Palais Bourbon à se pencher à nouveau sur le dossier de la « démocratie numérique ». Lors de sa conférence de presse du 25 avril, Emmanuel Macron a notamment annoncé qu’il souhaitait plusieurs aménagements au référendum d’initiative partagée :

« Je souhaite (...) que dans le cadre de notre réforme constitutionnelle, nous puissions aller plus loin sur le référendum d'initiative partagée qui a été créé il y a maintenant onze ans dans notre Constitution en en simplifiant les règles, en permettant que l'initiative puisse venir de citoyens, un million de citoyens qui signeraient une pétition et qu'elle puisse prospérer en projet de loi et si elle n'était pas examinée par les assemblées, aller au référendum. »

Édouard Philippe a depuis confirmé qu’un nouveau texte de révision constitutionnelle serait présenté en Conseil des ministres « au début du mois de juillet ».

Écrit par Xavier Berne

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Sommaire de l'article

Introduction

Réformer une procédure « tombée en désuétude »

Des pétitions créées et signées en ligne

« Démocratie numérique », nombreux débats en perspective

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Commentaires (28)


En gros c’est comme pisser dans un violon…








skankhunt42 a écrit :



En gros c’est comme pisser dans un violon…





Oui mais le violon est imprimé en 3D et c’est du vent 2.0 mon bon Monsieur !









crocodudule a écrit :



Oui mais le violon est imprimé en 3D et c’est du vent 2.0 mon bon Monsieur !





Et le pipi c’est de l’acétone ?





…à l’heure où les citoyens sont légitimement demandeurs d’une association plus étroite à la vie de nos institutions





Dit-il pendant que la constitution de la 6ème république s’écrit au quatre coins de la France… sans lui <img data-src=" />








skankhunt42 a écrit :



Et le pipi c’est de l’acétone ?





Sauf erreur l’acétone va faire fondre le violon, du coup ça sera des invendus de mister freeze gout citron !



mh… 30 départements, 500 000 signatures… on est sûr que ces députés représentent le peuple ? Une question comme ça. Car là, pour une fois qu’ils auraient la chance d’obtenir des idées pour leurs ordres du jour et avoir l’avis des citoyens, ils mettent tout un tas de conditions pour éviter ça.








frju365 a écrit :



…on est sûr que ces députés représentent le peuple ?







Plus de 50% d’employés et d’ouvriers en France, et moins de 1% chez les députés, on est sûr que non <img data-src=" />









ProFesseur Onizuka a écrit :



Plus de 50% d’employés et d’ouvriers en France







Moins de 50 % tu veux dire



http://www.observationsociete.fr/categories-sociales/donneesgenerales/comment-ev…



https://www.insee.fr/fr/statistiques/2489546



Et pendant ce temps, outre-manche, une député a été destituée par une pétition…


Moué… Comme dit plus haut, comme pisser dans un violon.



Surtout que rien ne dit dans le texte proposé que l’AN a un devoir de traitement et de retour sur les propositions soumises par les pétitions. A l’heure où l ‘AN est ni plus ni moins q’une façade pour tenter se sauver les apparences d’une démocratie où Jupiter fait un peu ce qu’il veut (et prend le peuple pour un con encore et toujours, mais ce n’est pas le premier hein…), je vois mal en quoi cela pourrait représenter un contre-pouvoir quelconque, et un vrai outil pour le peuple.



On n’a qu’à voir ce qu’a donné le Grand Débat. On peut traduire le retour de Macron comme “oué, c’est sympa ce que vous proposez mais je trouve que ce que j’ai fait, c’est bien.. et donc je vais continuer..”


“Anéfé, rejeté”








crocodudule a écrit :



Sauf erreur l’acétone va faire fondre le violon, du coup ça sera des invendus de mister freeze gout citron !





L’acétone correctement dosé permet de lisser et de rendre brillante une impression 3d ( en abs ). <img data-src=" />



Pétition, pour que les pétitions et force d’applications.<img data-src=" />


Et ils sont comptés où les chômeurs dans tes tableaux ?

Pareil, je ne connais pas d’ex-chômeurs de longue durée à l’AN.








frju365 a écrit :



mh… 30 départements, 500 000 signatures… on est sûr que ces députés représentent le peuple ? Une question comme ça. Car là, pour une fois qu’ils auraient la chance d’obtenir des idées pour leurs ordres du jour et avoir l’avis des citoyens, ils mettent tout un tas de conditions pour éviter ça.







Les gueux ont forcément des idées à la cons, vu qu’ils sont ignorants. Donc il faut des garde-fous pour filtrer les idées à la con.



Attends… On est en 2019, là ? Pas en 1802 ? …



Moi ce qui me choque c’est ce que personne ne soit choqué du durcissement des amendements.

Parce que c’est là le nœuds du probleme. Tout l’enjeu anti-démocratique est là !



C’est devenu un chambre d’enregistrement l’AN aujourd’hui. Les députés ne sont plus respectés et c’est un problème !




Attends… On est en 2019, là ? Pas en 1800 ?



oui…mais ça : ils l’ont pas, encore, INTÉGRÉ en Haut-lieu !

(les gens sont mieux informés qu’en l’an 1800) <img data-src=" />


Non ils sont encore là-bas, dans le passé. Ce serait bien qu’ils partagent leur secret pour voyager dans le temps… moi j’ai envie de voir des dinosaures.








vizir67 a écrit :





&nbsp; les gens sont mieux informés qu’en l’an 1800) <img data-src=" />






 Non les gens sont bien TROP informés maintenant. Pour ça, une petite tripotée de lois pour museler l'information sur le réseau européen et imposer&nbsp; et mettre en avant les fact-news des gouvernants. le reste ne sont que mensonges dangereux pour Notre démocratie, et Notre paix.


Quand ils seront respectable on en reparlera…


On n’a qu’à créer une commission pour étudier le sujet.


en prenant les stats de l’INSEE :





  • ouvriers non qualifiés : 7%

  • ouvriers qualifiés : 13,3%

  • employés non qualifiés : 13,2%

  • employés qualifiés : 13,9%



    Ça nous fait un total de 47,4%. Je ne sais pas comment se définit “professions intermédiaires”, mais rien que dans les “cadres et professions intellectuelles supérieures” il doit y en avoir un bon paquet qui sont salariés, que ce soit dans le privé ou dans le public d’ailleurs.

    Donc on est largement au-dessus des 50%.


Tu confonds “employés” qui est une catégorie de travailleurs salariés et “salariés”.

Tu as pourtant fait la bonne addition et tu es bien à moins de 50 %.



Il a donc raison.


Euh, un cadre supérieur est souvent un salarié, mais il n’est pas un employé pour autant. Un ouvrier, un employé, un cadre sont tous salariés, normalement, mais il est possible qu’un chef d’entreprise auto-entrepreneur ou un agriculteur-exploitant ne le soient pas.



Ce sont des classifications INSEE, qui sont soumise à l’arbitraire du doigt mouillé. « Profession intermédiaire » c’est par exemple, professeur, infirmier, commercial, personnel administratif.



Au-delà du chiffre, c’est surtout intéressant de constater que le nombre de cadres et de professions intermédiaires augmente au contraire des ouvriers et des employés qui subissent un fort déclin.


my bad, effectivement je confonds “employé” et “salarié”. Et pour être honnête… je ne vois pas bien la différence profonde, à part pour les coupeurs de cheveux en 4. Dont le commentaire à l’origine de ce débat fait peut-être partie, d’ailleurs <img data-src=" />


Ici le mot « employé » est au sens de la catégorie socioprofessionnelle de l’INSEE. Un cadre supérieur dira « je suis un employé de Microsoft », mais ne sera jamais rangé dans la catégorie « employé » de l’INSEE.



Une définition qui a un peu vieilli (le déséquilibre hommes/femmes est toujours là mais s’est réduit ) :https://www.insee.fr/fr/metadonnees/pcs2003/categorieSocioprofessionnelleAgregee…



Un employé de l’INSEE est une femme de ménage, un caissier, un vendeur ou secrétaire de base.



C’est vrai qu’il peut y avoir ambigüité, mais dans le cas où on parle des « ouvriers ou employés », c’est clairement de la catégorie socio-professionnelle que l’on parle. Ils sont mis ensemble car c’est des métiers généralement pénibles ou mal payés, et avec une relativement faible représentativité politique, syndicale, associative, etc.


merci beaucoup pour ces précisions, je me coucherai (un peu) moins bête ce soir <img data-src=" />


De rien <img data-src=" />