Afin d’encourager le développement du télétravail, des députés de l’opposition souhaitent instaurer un crédit d’impôt dédié aux frais d’équipement des entreprises (en matériel, logiciels...). Autre piste : des exonérations de charges pour les sociétés qui, situées en zone rurale, embauchent des télétravailleurs en CDI.
Le télétravail s’invite à nouveau au Parlement, cette fois dans le cadre de l’examen du projet de loi de finances pour 2019. Une dizaine d’élus Les Républicains, menés par le député Vincent Descoeurs, estime que les pouvoirs publics devraient « accompagner » davantage ce mode d’organisation du travail reposant notamment sur l’utilisation d’Internet.
Et pour cause, le travail à distance permet selon eux « aux entreprises de réaliser des gains de productivités significatifs », tout en répondant « aux attentes des salariés », ainsi qu’à des « enjeux liés à la mobilité et à l’aménagement du territoire ».
Jusqu’à 20 % de crédit d’impôt sur les dépenses de matériel, logiciels, etc.
Ces députés mettent ainsi en avant la « meilleure productivité des salariés », la « réduction de l’absentéisme », les « économies sur les locaux et dépenses courantes », les « économies de carburant, de temps et de frais de transport, voire de garde d’enfant » pour les employés. Enfin, soulignent-ils, « le télétravail contribue à améliorer l’empreinte carbone », ou même « à réduire les difficultés de circulation aux heures de pointe dans les grandes métropoles ».
Pour toutes ces raisons, ces parlementaires demandent l'instauration d'un crédit d’impôt « pour un investissement dans les technologies de l’information ». D’après leur amendement, qui devrait être très prochainement discuté en commission des finances, les entreprises bénéficiaires pourraient récupérer 20 % de leurs dépenses liées au télétravail (et consacrées à « l’acquisition des matériels informatiques, bureautiques ou logiciels spécialisés »).
Vincent Descoeur et ses collègues affirment que cette proposition s’inspire « du crédit d’impôt « Nouvelles technologies » qui avait fonctionné de 2005 à 2007 ». À l’époque, ce dispositif avait toutefois été limité aux petites et moyennes entreprises. Il permettait alors de prendre en charge jusqu’à 20 % des acquisitions « relatives à la mise en place d'un réseau intranet ou extranet », ou bien encore à l’installation d’un « accès à internet à haut débit » au sein de l’entreprise.
Plus d’obligation de prise en charge des frais directement liés au télétravail depuis 2017
En commission, certains élus pourraient néanmoins rappeler que les « ordonnances Pénicaud » ont fait disparaître les dispositions du Code du travail en vertu desquelles l’employeur se devait de « prendre en charge tous les coûts découlant directement de l'exercice du télétravail, notamment le coût des matériels, logiciels, abonnements, communications et outils ainsi que de la maintenance de ceux-ci ».
La ministre du Travail s’en était défendue devant le Parlement, affirmant que l’employeur restait malgré tout « soumis à une obligation générale de prise en charge des frais professionnels « nécessaires à l’exécution du travail », qui s’applique également aux situations de télétravail ».
Le signal envoyé par la majorité inquiétait toutefois certains syndicats. « Peut-être que demain, on aura des entreprises où l'on vous dira que si vous voulez bénéficier du télétravail, il y a un certain nombre de frais qui seront à votre charge », nous avait ainsi expliqué Mohammed Oussedik, de la CGT (voir notre article).
Exonérations de charges pour relocaliser des emplois en zone rurale
Autre proposition faite par Vincent Descoeur et ses collègues : exonérer certaines entreprises de cotisations en cas d’embauche d’un télétravailleur en CDI. Seules les sociétés situées en « zone de revitalisation rurale » (ou « ZRR ») seraient éligibles, dans l’objectif de « relocaliser des emplois » dans les campagnes.
Dans le détail, il est ainsi prévu :
- Une exonération de « cotisations sociales patronales et salariales d’origine légale et conventionnelle »
- Une réduction d’impôt sur les sociétés, correspondant à 50 % des dépenses « liées au développement du télétravail »
Ce coup de pouce financier serait accordé pendant deux ans uniquement (à compter de la date de conclusion du contrat de travail).
Hier, en commission, le rapporteur du projet de loi de finances a toutefois émis un avis défavorable sur cet amendement. Selon Joël Giraud, celui-ci « ne tourne pas très bien » – en ce qu’il ne répondrait pas forcément très bien à son objectif.
« Il y a déjà pas mal d'exonérations en faveur des ZRR qui me semblent répondre aux objectifs [de l'amendement] », a notamment objecté l’élu LREM. Avant de souligner que ces exonérations pourraient paradoxalement profiter à des entreprises rurales mais pour lesquelles les salariés, en télétravail, résideraient ailleurs (potentiellement en ville).
L'amendement a de ce fait été retiré. Il pourrait être retravaillé en vue des discussions en séance publique, qui débuteront lundi 15 octobre.
Commentaires (44)
#1
Ha bas voila, il me faut justement un I9 avec une 2080 pour faire du télétravail, c’est que le remote desktop ça bouffe de la ressource mine de rien.
#2
Oh non, encore une subvention obscure votée avec les meilleures intentions du monde qui va s’empiler avec des milliers d’autres, donner des sueurs froides au « service compta », pour au final avoir un impact dérisoire .
Comme d’habitude, quoi…
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Si seulement ça pouvait aider à réduire la fracture numérique… ( = avoir un vrai débit en campagne).
Je n’en suis même pas à demander la fibre, juste une montée en débit…
#4
Tu ne voudrais pas plutôt un SLI de 2080 Ti ? Sinon tu vas être un peu limite.
#5
Puisqu’ils reconnaissent eux-mêmes que le télétravail permet « aux entreprises de réaliser des gains de productivités significatifs », il n’y a pas besoin d’ajouter encore des subventions et exonérations.
#6
C’est clairement un cadeau aux entreprises. D’un côté en tant que télétravailleur tu perds potentiellement des sous car l’entreprise ne doit plus subvenir à tes frais (abonnement Internet à l’époque, etc…) et maintenant ça… tout bénef
#7
C’est quoi s’bordel là Carpentier !!!
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Cette exonération devrait surtout être accompagnée d’une obligation de résultat, surtout pour les personnes qui ont un temps de trajet assez long.
Parce que du coté des ssii, bien souvent c’est le client qui traine des pieds pour ouvrir l’accès à distance pour les prestas, soit disant pour des raisons techniques.
#10
Tu préfères réellement passer du temps dans les transports?
Chancun son truc mais faut pas compter les frais professionnels dans les revenus
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Lointain francilien, je suis prêt à perdre un peu de sous pour gagner environ 3 heures de vie par jour (Transport en Commun ). Et je ne parle ni du confort ni de la dignité humaine (l’odeur…).
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ouais, enfin il y a aussi des situations ou c’est la grosse sodo à sec. Passage en télétravail -> salaire qui monte moins vite que pour les autres employés (c’est gagnant / gagnant vous voyez) puis un beau jour, fin du télétravail, retour 5j par semaines au bureau, sans évidement aucune compensation ni rattrapage du salaire des petits camarades.
Conclusion, restez au bureau, votre carrière et votre retraite vous diront merci!
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J’ai envie de pointer que le gain de productivité, les économies, le bien-être des salariés, ce sont des choses difficiles à quantifier avant de s’être lancé. Et du coup, il peut y avoir la crainte que ça ne tienne pas ses promesses. Alors que la proposition de ces députés, elle est mesurable pour l’employeur : “j’économise X€ en crédit d’impôt, OK, je saute le pas”.
Je me dis que faut amorcer la pompe. ça peut être comme la climatisation sur les voitures à l’époque : les constructeurs ont fini par la faire gratos, personne ne revenant en arrière, c’était un investissement.
Peut-être que ça va aider certains à oser, et lorsque suffisamment de salariés seront passé en mode télé-travail, ben, ça sera rentré dans les moeurs.
Paul, patron d’une PME de 18 personnes, 100% de contrats télé-travail " />
#17
Je suis pas non plus un grand fan, car je me laisse facilement distraire chez moi, mais il y a plusieurs solutions à ça :
Bien sur le télétravail n’est pas adapté à tous mais à mon avis c’est quand même quelque chose qui doit se développer.
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A savoir que les outils de télécommunications évoluent beaucoup de manière à casser cette barrière de la distance, il y a encore du boulot je suis d’accord mais ça va dans le bon sens, et la démocratisation des outils collaboratifs vas dans ce sens également.
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Tout ça je le sais bien (j’y vis, à la campagne : 70km de Paris). Malheureusement je suis la victime de la politique ultra centralisatrice qui veut que toute l’activité soit phagocytée par la capitale… D’où le côté très séducteur du télé-travail.
Le plus ubuesque, dans mon cas, c’est que je me déplace jusqu’au bureau pour gérer une majorité de prestataires/plateformes/outil… à distance (en SSH, via des outils SaaS, en visio-conf’…).
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beurk ton empreinte écologique. vive la transition énergétique du télé-travail !
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Quelle horreur !
Et quelles pertes de temps, faire le plein, tout ça.
Et quelle organisation dès qu’il faut faire un entretien.
Je ne sais pas comment tu fais.
Quant à dépenser des centaines d’euros chaque mois juste pour aller bosser…
Déménage et achète un vélo.
Je plaisante à peine.
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Dans ma société 50% des employés sont en télétravail, tout un étage de bureau à été mis en location à une autre entreprise.
La direction n’y trouve que des avantages et s’ils pouvaient ils passeraient 100% des employés dans ce format.
Personnellement je n’aime pas, surtout quand je vois comment certains collègues qui sont sollicité même à 22-23h du soir.
Vous allez dire oui code du travail etc, mais la plupart on peur de perdre leur emploi etc du coup il se laisse marcher dessus.
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les députés le reconnaissent mais c’est pas eux qui gèrent l’organisation du travail dans les entreprises (encore heureux d’ailleurs… ça serait folklo " />)
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Sinon outre une aide fiscale qui sera potentiellement peu utile, le lobbying du télétravail peut (et j’ai envie de dire : DOIT) venir de l’employé.
Actuellement, l’employeur ne peut refuser le télétravail que si la raison est motivée. (mais bon, c’est vague)
L’employé peut argument de son côté et motiver sa volonté de manière chiffrée très simplement.
Et d’autres facteurs que j’oublie certainement qui influencent forcément l’état de santé de l’employé. Et à cause de conneries comme ça, la personne peut facilement perdre une heure par jour en connerie.
Le calcul est rapidement simple : 5h/semaine perdues, soit quasi une journée de travail par semaine, soit quasi 5 jours de perdus dans le mois, sachant qu’un mois c’est en moyenne 19 jours ouvrés.
Après, il ne faut pas oublier aussi que tout le monde n’est pas fait pour le télétravail qui demande une assez forte auto discipline, surtout si c’est de chez soit. Raison pour laquelle les espaces de co-working sont à privilégier, en outre pour aussi garder l’aspect social du travail qui n’est pas négligeable.
Et si la volonté de télétravailler pour l’employé est forte et que l’employeur refuse pour toutes les bonnes ou mauvaises raisons du monde, suffit de changer de crèmerie.