Droit à l’oubli : Google a effacé 900 000 URL en Europe, dont 200 000 en France

Droit à l’oubli : Google a effacé 900 000 URL en Europe, dont 200 000 en France

Quid après le RGPD ?

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Marc Rees

Publié dans

Droit

27/02/2018 4 minutes
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Droit à l’oubli : Google a effacé 900 000 URL en Europe, dont 200 000 en France

Selon son dernier rapport de transparence, Google a reçu 654 808 demandes de déréférencement visant plus de 2,4 millions d’URL. Un peu plus de 900 000 ont été effacées. Des chiffres en augmentation constante depuis la consécration d’un droit à l’effacement (ou à l’oubli) dans les résultats des moteurs par la CJUE.

Dans son arrêt Costeja rendu le 13 mai 2014, la Cour de justice de l’Union européenne a estimé que Google était responsable des traitements effectués par son service d’indexation. Par la même occasion, la justice a précisé les critères permettant à un citoyen d’obtenir l’effacement de « ses » données.

Les informations doivent ainsi être « adéquates, pertinentes et non excessives au regard des finalités pour lesquelles elles sont collectées et pour lesquelles elles sont traitées ultérieurement », et être en outre « exactes et, si nécessaire, mises à jour », etc.

Il suffit que l’une de ces qualités manque à l’appel, et voilà une personne physique en capacité d’obtenir « l’oubli » des informations correspondantes.

Dans son dernier rapport sur la transparence, Google a produit les chiffres des demandes en Europe. 654 808 demandes de suppression ont été reçues depuis juillet 2014 (dont plus de 140 000 en France), visant désormais 2 436 778 URL (près de 500 000 en France).

900 000 URL effacées, dont 200 000 en France

Seuls 43,3 % de ces URL ont été effectivement effacées (soit 900 479 dont plus de 200 000 rien qu’en France). Les rejets peuvent s’expliquer de diverses façons dont l’« existence d'autres solutions », des « raisons techniques » ou des « URL en double » outre parce que les informations sont liées à l’activité de journaliste.

Google prévient en effet que son processus d'évaluation « est complexe et implique de retenir divers facteurs » dont les contenus en rapport avec l'activité professionnelle, l’existence d’un délit passé, une fonction politique ou un poste public, des contenus créés par l'auteur de la demande, ou reprenant des documents officiels, etc.

Une mise en balance

Cet exercice de mise en balance a été sollicité de la CJUE puisque le « droit à l’oubli » n’est pas absolu, mais s’incruste dans un paysage où la liberté d’information doit aussi être protégée.

Le service en ligne cite cet exemple français lorsqu’« un prêtre condamné pour possession d'images d'abus sexuels sur des mineurs/enfants nous a demandé de retirer des articles portant sur sa peine et son bannissement de l'Église ». Il n’a pas donné suite.

Dans le lot, c’est l’annuaire annuaire.118712.fr qui fait l’objet du plus grand nombre de suppressions (7 698) en Europe suivi par Facebook.com (6845) ou le CDN d’Instagram (6 278) suivi de près par Twitter (5 473).

Pour mémoire, les pages sont supprimées des résultats, mais seulement lorsque la requête porte sur le nom d’une personne physique. Ceci fait, « nous supprimons les URL dans tous les résultats de recherches Google effectuées en Europe (résultats fournis pour les utilisateurs basés en Allemagne, Espagne, France, etc) » ajoute la société qui utilise « des signaux de géolocalisation pour restreindre l'accès à l'URL dans le pays du demandeur ».


Crédits : Google France

De nouvelles questions préjudicielles avant le RGPD

La question de la portée géographique du « droit à l’oubli » est justement l’occasion d’un bras de fer avec la CNIL. Contrairement à Google, l’autorité de contrôle plaide pour un déréférencement mondial. Le dossier, âprement débattu devant le Conseil d’État, a finalement été renvoyé devant la CJUE qui se prononcera dans plusieurs mois.

La même juridiction a d’ailleurs été invitée, toujours par la France, à examiner la question de l’effacement des données sensibles comme les diffamations ou les condamnations pénales.

Ces questions vont dès le 25 mai 2018 subir un beau ménage de printemps avec l’entrée en application du règlement général sur la protection des données personnelles. Comme exposé dans notre long dossier, l’article 17 du RGPD consacre le droit à l’oubli dans une série d’hypothèses notamment lorsque « les données à caractère personnel ne sont plus nécessaires au regard des finalités pour lesquelles elles ont été collectées », parce que la personne a retiré son consentement ou en cas de « traitement illicite ».

Écrit par Marc Rees

Tiens, en parlant de ça :

Sommaire de l'article

Introduction

900 000 URL effacées, dont 200 000 en France

Une mise en balance

De nouvelles questions préjudicielles avant le RGPD

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Et faites chauffer votre bouilloire,
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Commentaires (29)


On remarque que  :

-118712  et autres services d’annuaire: il suffit de demander à son opérateur de cacher son numéro (5 minutes chrono et peut-être une dizaine de clics chez free)/ sur des sites similaires une simple demande de retrait fonctionne.

 

-facebook, instagram, twitter : en dehors du fait de ne pas poster de contenus sur ce genre de réseaux, une fois que ça a été posté (déjà une belle erreur en soi) il suffit de le supprimer, ou de demander à la personne qui a posté de supprimer, ou juger honnêtement et condamner lourdement la personne qui a posté le message si celle-ci refuse d’obtempérer.



Demander à Google d’appliquer le droit à l’oubli est d’un amateurisme pour ce genre de cas…<img data-src=" />


« les données à caractère personnel ne sont plus nécessaires au regard des finalités pour lesquelles

elles ont été collectées », parce que la personne a retiré son consentement



on aimerait des précisions techniques DU COMMENT ?

p.c.q. : SI c’est, encore, par courrier Postale ?




  • t”oublies !!!

    (franchement……en 2018) !








tpeg5stan a écrit :



On remarque que&nbsp; :

-118712&nbsp; et autres services d’annuaire: il suffit de demander à son opérateur de cacher son numéro (5 minutes chrono et peut-être une dizaine de clics chez free)/ sur des sites similaires une simple demande de retrait fonctionne.

&nbsp;

-facebook, instagram, twitter : en dehors du fait de ne pas poster de contenus sur ce genre de réseaux, une fois que ça a été posté (déjà une belle erreur en soi) il suffit de le supprimer, ou de demander à la personne qui a posté de supprimer, ou juger honnêtement et condamner lourdement la personne qui a posté le message si celle-ci refuse d’obtempérer.



Demander à Google d’appliquer le droit à l’oubli est d’un amateurisme pour ce genre de cas…<img data-src=" />







Pour le 118712, je pense qu’il s’agit de personnes qui n’ont plus de lignes mais qui sont toujours déclarés sur l’annuaire (Une connaissance à eu ce cas avec Free, plus abonnée et son numéro à apparu sur les pages blanches sans pouvoir l’enlever ni se logguer au compte client. Ça a mis presque 3 ans pour que son nom soit enlevé)



“Les&nbsp;informations doivent ainsi être «&nbsp;adéquates, pertinentes et non excessives au regard des finalités pour lesquelles elles sont collectées et pour lesquelles elles sont traitées ultérieurement&nbsp;», et être en outre «&nbsp;exactes et, si nécessaire, mises à jour&nbsp;», etc.

Il suffit que l’une de ces qualités manque à l’appel, et voilà une personne physique en capacité d’obtenir «&nbsp;l’oubli&nbsp;» des informations correspondantes”.



Ce “droit” est tout même très curieux:

. il n’est pas principalement garanti par les magistrats mais statistiquement par Google… Ceci et d’autant plus préoccupant que ce droit et systématiquement mis en balance avec le droit d’accéder à l’information qui découle de la liberté d’expression. En gros, Google se fait juge de ce qu’est une information légitimement référence à un temps donné, puis du moment où elle ne le sera plus,

. C’est l’un des rares droits où il n’est pas nécessaire de démontrer que l’information référencée cause un préjudice. Le premier me venant à l’esprit où c’est également le cas est le droit à l’image. Pourtant on veut toujours pas reconnaître une valeur patrimoniale aux données persos.



C’est vraiment un droit bancal.








crocodudule a écrit :



. il n’est pas principalement garanti par les magistrats mais statistiquement par Google… Ceci et d’autant plus préoccupant que ce droit et systématiquement mis en balance avec le droit d’accéder à l’information qui découle de la liberté d’expression. En gros, Google se fait juge de ce qu’est une information légitimement référence à un temps donné, puis du moment où elle ne le sera plus





Google ne la référence plus, cela ne signifie pas qu’elle n’est plus en ligne. Tu peux donc toujours y accéder.



Il suffit d’envoyer un courriel au support, normalement, non ?



Sinon tu signales à la CNIL, ça devrait aussi fonctionner.








tpeg5stan a écrit :



On remarque que&nbsp; :

-118712&nbsp; et autres services d’annuaire: il suffit de demander à son opérateur de cacher son numéro (5 minutes chrono et peut-être une dizaine de clics chez free)/ sur des sites similaires une simple demande de retrait fonctionne.



Demander à Google d’appliquer le droit à l’oubli est d’un amateurisme pour ce genre de cas…<img data-src=" />





C’est surtout la démonstration de la non application du droit d’opposition (78), puis du principe de consentement (2004).



Mais la CNIL préfère mettre en avant ce “droit” à l’oubli pour cacher la misère de la non application de la réglementation: “Vous avez vu!? Vos données sont collectées sans droit par le site annuaire X/Y/Z, mais on a trouvé un droit de rattrapage, on va demander à Google de déréférencer ce qui n’aurait jamais du l’être” ^^



Les émeus ont vaincu les Australiens, l’autruche défoncera Google <img data-src=" />








Jarodd a écrit :



Google ne la référence plus, cela ne signifie pas qu’elle n’est plus en ligne. Tu peux donc toujours y accéder.





A la condition de savoir où l’article est disponible. La comparaison est un peu limite mais bon, c’est comme si on disait que les journaux n’ont plus le droit d’être imprimés, mais qu’il n’y a aucune atteinte à la liberté d’expression parce que tu peux toujours aller au siège des journaux pour interroger les journalistes.









crocodudule a écrit :



A la condition de savoir où l’article est disponible. La comparaison est un peu limite mais bon, c’est comme si on disait que les journaux n’ont plus le droit d’être imprimés, mais qu’il n’y a aucune atteinte à la liberté d’expression parce que tu peux toujours aller au siège des journaux pour interroger les journalistes.





Tu dis qu’imprimer un article est pareil que référencer un article ?









Winderly a écrit :



Tu dis qu’imprimer un article est pareil que référencer un article ?





Non (et j’ai précisé que la comparaison était limite), je dis que google et & co (les moteurs de recherche) est un élément essentiel de l’accès à l’information, et que déréférencer une information porte nécessairement atteinte au droit à l’information.









crocodudule a écrit :



Non (et j’ai précisé que la comparaison était limite), je dis que google et & co (les moteurs de recherche) est un élément essentiel de l’accès à l’information, et que déréférencer une information porte nécessairement atteinte au droit à l’information.





Je ne vois pas le rapport entre cette explication et la comparaison.









Winderly a écrit :



Je ne vois pas le rapport entre cette explication et la comparaison.






papier = support d'accès à l'information     



moteur de recherche = support de référencement de l’information



Dans les deux cas se sont des vecteurs d’accès à l’info.









crocodudule a écrit :



papier = support d’accès à l’information



moteur de recherche = support de référencement de l'information     





Dans les deux cas se sont des vecteurs d’accès à l’info.





Le papier offre un accès un peu plus direct, puisque l’info est là, sur le papier.



vois sa comparaison ainsi alors (si je dis pas de connerie, c’était sa vision initiale) : empêcher google de référencer des articles, ça reviendrait à autoriser les organes de presse à écrire et imprimer leur journaux mais leur interdire de les distribuer en kiosque et ne leur laisser les fournir que si celui qui veut lire connait l’adresse exacte de l’éditeur du journal (adresse qui n’est plus présente dans aucun annuaire.



tu vois mieux ?








WereWindle a écrit :



vois sa comparaison ainsi alors (si je dis pas de connerie, c’était sa vision initiale) : empêcher google de référencer des articles, ça reviendrait à autoriser les organes de presse à écrire et imprimer leur journaux mais leur interdire de les distribuer en kiosque et ne leur laisser les fournir que si celui qui veut lire connait l’adresse exacte de l’éditeur du journal (adresse qui n’est plus présente dans aucun annuaire.



tu vois mieux ?





Je préfère oui. <img data-src=" />



De quelle affaire Weinstein / Cahuzac / Poutine me parlez vous ? <img data-src=" />

Google n’a rien à ce sujet, vous devez faire erreur. Source ??


Internet n’oublie jamais <img data-src=" />


Si ta source d’informations est uniquement Google, c’est ton problème&nbsp; <img data-src=" />


Il y a la théorie… et il y a la pratique / l’état de fait.

La news en est la preuve : elle ne parle que de Google. Des concurrents ? lesquels ? <img data-src=" />


L’actu parle de référencement, toi d’accès à l’information. Tu ne connais donc aucun site d’information sur lequel tu pourrais te rendre directement pour y voir l’actualité ?

De plus, Google te permet de trouver d’autres moteurs de recherche, si c’est ce que tu souhaites.








Jarodd a écrit :



Si ta source d’informations est uniquement Google, c’est ton problème&nbsp; <img data-src=" />



&nbsp;

<img data-src=" />









WereWindle a écrit :



vois sa comparaison ainsi alors (si je dis pas de connerie, c’était sa vision initiale) : empêcher google de référencer des articles, ça reviendrait à autoriser les organes de presse à écrire et imprimer leur journaux mais leur interdire de les distribuer en kiosque et ne leur laisser les fournir que si celui qui veut lire connait l’adresse exacte de l’éditeur du journal (adresse qui n’est plus présente dans aucun annuaire.



tu vois mieux ?





<img data-src=" />



Pour un lecteur de NXI suffisament INpliqué, c’est valable.

Pour un possesseur de smart… ce qu’on veut et/ou un utilisateur de Chrome, soit la plus grosse partie des gens connectés d’aujourd’hui, Google est partout.








psn00ps a écrit :



Pour un lecteur de NXI suffisament INpliqué, c’est valable.

Pour un possesseur de smart… ce qu’on veut et/ou un utilisateur de Chrome, soit la plus grosse partie des gens connectés d’aujourd’hui, Google est partout.





Naturellement.



L’essentiel des personnes s’informe en passant par un moteur de recherche en particulier Google. Et même si je visite régulièrement mes sites d’infos favoris directement, je fais aussi des recherche sur des moteurs afin de voir si un article nouveau est sorti sur un sujet qui m’intéresse sur un des sites/journaux que je ne visite pas régulièrement etc…



En outre l’info c’est pas uniquement la presse journalistique. Lorsque je veux trouver une personne sur le net, ou encore apprendre le mysqli comme ce WE, ben je lance une recherche pour trouver l’information.



Prétendre que de déréférencer un lien sur les moteurs de recherche n’entrave pas l’accès à l’information recherchée me semble pour le moins curieux…



Ce que l’on appelle “droit à l’oubli” est l’application directe de la directive 95/46/CE sur la protection des données personnelles qui est (à peu près) au niveau européen ce qu’était la loi du 6 janvier 1978.



Le moteur de recherche est considéré comme un traitement de données à caractère personnel. Il s’agit clairement du droit d’opposition au traitement de la loi française de 1978 qui a été repris dans la directive.



Voir l’arrêt de la CJUE pour plus de détails. Et tu liras cela mieux que moi.








fred42 a écrit :



Ce que l’on appelle “droit à l’oubli” est l’application directe de la directive 95/46/CE sur la protection des données personnelles qui est (à peu près) au niveau européen ce qu’était la loi du 6 janvier 1978.



Le moteur de recherche est considéré comme un traitement de données à caractère personnel. Il s’agit clairement du droit d’opposition au traitement de la loi française de 1978 qui a été repris dans la directive.



Voir l’arrêt de la CJUE pour plus de détails. Et tu liras cela mieux que moi.





Oui on est bien d’accord, le droit à l’oubli recouvre en fait la notion de droit à l’effacement de l’article 36 de la Loi de 1978. Avec l’évolution du droit d’opposition vers le principe du consentement de la directive de 95-CE et sa transposition en 2004, le droit à l’effacement était créé tel qu’on le connait.



C’est pour ça que je trouve ridicule que la CNIL notamment nous fasse tout un discours sur la consécration d’un droit nouveau, le droit à l’oubli. Il existe pas ce droit, y a un droit à l’effacement et c’est d’ailleurs sous ces termes qu’il est visé dans la RGPD.



OK, je n’avais pas bien compris ton message.








fred42 a écrit :



OK, je n’avais pas bien compris ton message.





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