Les Régions de France demandent de vrais engagements sur la couverture mobile

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Guénaël Pépin

Publié dans

Société numérique

08/02/2018 4 minutes
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Les Régions de France demandent de vrais engagements sur la couverture mobile

L'association des Régions de France réclame à l'État et aux opérateurs de détailler localement les grandes promesses lancées à la mi-janvier sur la couverture mobile. La répartition des rôles leur semble aussi trop floue. Les détails sont peu nombreux sur ce contrat, sur lequel nous réclamons en vain la transparence depuis des semaines.

L'association des Régions de France veut de la transparence sur le déploiement du mobile. Elle vient de demander « des engagements plus clairs » à l'Etat et aux opérateurs en matière de couverture. À la mi-janvier, après plusieurs mois de négociations, le gouvernement et les groupes télécom ont signé un accord « historique », promettant une accélération des déploiements mobiles en échange de contreparties réglementaires et fiscales pour les opérateurs (voir notre analyse).

Malgré cette grande annonce, aucun engagement local n'a été pris, les groupes télécom se prononçant sur des avancées nationales, comme la 4G (presque) partout en 2020 ou trois milliards d'euros d'investissements supplémentaires sur plusieurs années.

Dans ce cadre, « Régions de France regrette l’abandon des objectifs précis en matière de taux couverture (de population ou de territoire) et  de  calendrier. La « généralisation de la couverture mobile de qualité d'ici 2020 »  annoncée  par  le  gouvernement  ne  sera  donc  pas  respectée  et  ne  constitue  plus  un  objectif cible ». Autrement dit, les promesses sont trop vagues pour être crédibles.

Des demandes de détails précises

Les régions membres de l'association demandent donc une visibilité des déploiements par commune, avec des dates d'activation précises. Elles réclament aussi des éclaircissements sur la « gouvernance » du dispositif de sélection et de priorisation des sites à couvrir, entre autres sur la place des collectivités.

Elles veulent également définir le niveau auquel les répartitions de sites seront menées, pour éventuellement s'organiser avec les départements concernés. Dans le cadre des dispositifs précédents, dont France Mobile, la responsabilité était en partie portée par les départements, dont certains ont pris en main la maîtrise d'ouvrage dans la construction de sites mobiles en zones blanches, pour éviter de laisser de petites communes démunies (voir notre analyse).

Régions de France tient, en outre, à s'assurer que les élus sont bien décisionnaires des zones à couvrir, alors que le choix était partagé avec les opérateurs dans le cadre de la plateforme France Mobile, abandonnée depuis la signature de l'accord mi-janvier.

Les collectivités espèrent enfin ajouter une corde à leur arc, que l'accord État-opérateurs n'a pas prévu. Il s'agit d'expérimenter des solutions supplémentaires pour accélérer l'extension de la couverture mobile, via des solutions non précisées ici.

Les contreparties de l'État toujours dans le flou

Au-delà des engagements des opérateurs, l'accord garde beaucoup de secrets. Comme nous le signalions à sa signature, le contenu n'a pas encore été publié. Nous l'avons réclamé à l'époque, tout comme le sénateur Hervé Maurey.

Contacté le mois dernier, il nous disait ne pas avoir eu de nouvelles concrètes des ministères concernés. Une rencontre devait être organisée avec l'Arcep sur le sujet. Interrogé pour cet article, il n'a pas encore répondu à notre sollicitation.

Interrogée à la publication des engagements des opérateurs, l'Arcep reste volontairement vague sur le reste de l'accord, y compris les contreparties que l'État aurait déjà formalisé. Relancé à plusieurs reprises, le ministère de la Cohésion des territoires n'a fourni aucune réponse concrète à notre demande. Le service presse se contente de transmettre nos demandes à chaque renouvellement, sans avancée.

Il semblerait, tout simplement, que les contreparties n'ont pas été écrites. Elles sont censées être inscrites dans le marbre via le renouvellement des licences de fréquences des opérateurs mobiles, qui doivent aussi cimenter leurs engagements de couverture, enfin sanctionnables.

Plus généralement, la transparence reste un tabou dans les télécoms. Fin octobre, nous réclamions nombre de données essentielles pour comprendre l'avancée des déploiements de la fibre, sans réponse concrète de l'Agence du numérique. Interrogé sur le sujet, son directeur Antoine Darodes s'est contenté de féliciter notre initiative, sans y apporter plus de matière.

Fin novembre, nous saisissions la Commission d'accès aux documents administratifs (CADA) pour obtenir son avis sur la capacité de l'Agence du numérique (et ses homologues) à publier ces informations. Nous venons à peine de recevoir un accusé de réception de la commission, qui ne peut que nous promettre une réponse dans les meilleurs délais...

Écrit par Guénaël Pépin

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Des demandes de détails précises

Les contreparties de l'État toujours dans le flou

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Commentaires (6)


Fin novembre, nous saisissions la Commission d’accès aux documents administratifs (CADA) pour obtenir son avis sur la capacité de l’Agence du numérique (et ses homologues) à publier ces informations. Nous venons à peine de recevoir un accusé de réception de la commission, qui ne peut que nous promettre une réponse dans les meilleurs délais…

Plus de 2 mois pour un simple accusé de réception ! C’est pire que ce décrivait Xavier dans son tuto sur la saisie de la Cada où il annonçait un avis au bout de 7 semaines (et l’accusé de réception semblait bien plus rapide).



Moi qui m’inquiétais de ne pas avoir reçu d’accusé de réception à ma demande d’avis envoyée par mail mardi soir, je vois qu’il ne faut pas être trop pressé…


Après avoir lu cet article, ça sent l’embrouille, alors que l’article précédent m’aurait plutôt rassuré sur les intentions de l’État qui semblait avoir laché du lest sur les contraintes financières pesant sur les 4 opérateurs propriétaires de licences mobiles.



Quid du contrôle plus précis sur la 2G ? N’est-ce finalement que du bluff, de la poudre de Perlinpinpin ?


Les promesses du gouvernement de l’article précédent tiennent, les régions réclament surtout des engagements précis, au-delà des grandes annonces. Il y aura bien des contrôles de l’Arcep, il faudra juste attendre que les engagements précis soient inscrits dans les licences mobiles, avant d’avoir éventuellement des garanties locales, comme le demandent les régions.


A chaque fois qu’un opérateur mobile souhaite installer une antenne relais, les personnes habitant prêt de l’endroit où sera cette antenne traîne en justice l’opérateur mobile. Il n’est pas question ici pour moi de dire si ces personnes ont tord ou raison. Ce n’est pas le sujet. Parfois, les riverains gagnent, parfois c’est l’opérateur mobile qui gagne. Dans le dernier cas, ce qui est certain, c’est que cela peut parfois retarder de plusieurs années l’installation de cette antenne relais au point que l’opérateur mobile peut abandonner ce projet.



Bref, si l’installation d’une antenne-relai de téléphonie mobile est soumise à une réglementation très sticte, notamment pour les champs électromagnétique qui sont générés, cela ne permet pas de rassurer les riverains, qui font appelle au principe de précaution.



Les antennes-relais sont indispensables pour la couverture mobile. Que l’association des Régions de France demande une plus grande couverture mobile, cela s’entend évidemment. Lorsque je regarde le site Internet couverture-mobile.fr, je vois clairement que des zones sont très mal desservie et qu’il existe encore des zones blanches dans des endroits qui ne devraient pas l’être. Mais l’association des Régions de France ne pourra pas s’opposer aux riverains qui contestent l’installation d’une antenne-relai à proximité de leur habitation. Aujourd’hui, de plus en plus de gens ne veulent pas ou plus d’antennes-relais prêt de chez eux et, de fait, cela a un impact sur la couverture mobile. Il reste la solution d’augmenter les émissions des antennes-relais déjà présente, mais notre réglementation l’interdit.



En résumé, l’association des Régions de France veut une meilleure couverture mobile. Les Français réclament eux aussi une meilleure couverture mobile. Mais sans avoir d’antenne-relais prêt de chez eux. A moins qu’une nouvelle technologie face sont apparition, ceux sont deux désirs qui s’opposent l’un et l’autre et qui ne peuvent satisfaire personne. Une véritable schizophrénie.


C’est juste une partie de “je te tiens, tu me tiens ..” entre l’Etat et OP privés.

Voir entre un OP privé allié de l’Etat (voir réciproquement, mais pas certain) contre les autres.

L’enjeu politique existe mais la stratégie des opérateurs aussi. Donc, il est urgent de ne rien faire.








joma74fr a écrit :



Après avoir lu cet article, ça sent l’embrouille, alors que l’article précédent m’aurait plutôt rassuré sur les intentions de l’État qui semblait avoir laché du lest sur les contraintes financières pesant sur les 4 opérateurs propriétaires de licences mobiles.



Quid du contrôle plus précis sur la 2G ? N’est-ce finalement que du bluff, de la poudre de Perlinpinpin ?



 

Franchement c’est du flan cette histoire de contraintes financières si on compte 5 milliards d’euros de fréquences réparties sur 15 ans et 50.000.000 de cartes sim ça nous fait largement moins d’un euros par mois et par carte sim. Les montants sont peut être impressionnants pris comme ça mais c’est peanuts dans leur business plan…