Réforme du bac : le rapport Mathiot préconise un « Plan Marshall » en matière de numérique

Réforme du bac : le rapport Mathiot préconise un « Plan Marshall » en matière de numérique

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Xavier Berne

Publié dans

Droit

26/01/2018 6 minutes
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Réforme du bac : le rapport Mathiot préconise un « Plan Marshall » en matière de numérique

Le rapport Mathiot sur la réforme du bac, remis cette semaine au ministre de l’Éducation nationale, conclut qu’il faut « impérativement » renforcer la formation des élèves à l’informatique (et au numérique de manière plus générale). Il en appelle notamment à une « initiation minimale » au codage, ainsi qu’aux enjeux de sécurité et d’e-réputation.

Emmanuel Macron l’avait promis durant sa campagne : il n’y aura plus que quatre matières obligatoires lors de l’examen final du baccalauréat, les autres ayant vocation à être validées au fil de la scolarité, par le biais du contrôle continu. Afin de mettre en œuvre cette réforme d’ici à 2021, le ministre de l’Éducation nationale avait chargé Pierre Mathiot, ancien directeur de Science Po Lille, de faire des propositions visant à « dessiner ce baccalauréat renouvelé ».

Plusieurs mesures ont ainsi été soumises à Jean-Michel Blanquer, mercredi 24 janvier, telle l’instauration d’un « grand oral ». Le rapport Mathiot met également en perspective différents scénarios de réforme des modalités de validation du célèbre diplôme (prise en compte des moyennes générales ou organisation d’épreuves ponctuelles en première et terminale, etc.).

Considérant qu’il faut « partir du point d’arrivée, le baccalauréat, pour remonter vers l’amont, l’organisation générale du lycée », Pierre Mathiot se prononce d’autre part pour de profonds changements des classes de seconde, première et terminale. Il invite à cet égard à « faire de l'informatique et du numérique des priorités majeures ».

« Acculturer l’ensemble des élèves au numérique »

Le rapport laisse entrevoir une disparition des traditionnelles filières S, ES et L, au profit d’une sorte de système « à la carte ». Les lycéens suivraient tous un tronc commun, et devraient ensuite se choisir des matières en « majeure » et en « mineure ».

Le français, l’histoire-géo, l'anglais ou l’EPS feraient par exemple partie, pour la seconde, de ce socle de cours comptant pour environ 25 heures par semaine. Pierre Mathiot plaide surtout pour l’intégration d’un enseignement de « mathématiques-informatique » dans ces matières obligatoires, visiblement dans le prolongement de ce qui se pratique au collège depuis la récente réforme des programmes.

L’objectif : « acculturer l’ensemble des élèves au numérique, en ne se focalisant bien sûr pas uniquement sur ceux que l'informatique intéresse », indique le rapport. « Une initiation minimale au codage, aux enjeux de la sécurité informatique et de la e-réputation, une formation qui pourrait apparaître triviale à la bureautique constituent autant d'objectifs complémentaires de ceux liés à l'informatique stricto sensu. »

Tout en disant se méfier des « formules trop souvent utilisées », l'auteur du rapport juge qu'il est « nécessaire d'engager un véritable Plan Marshall en ce domaine » – en référence à l’aide apportée par les États-Unis à la France pour se reconstruire après la Seconde Guerre mondiale.

« La formation des élèves à l'informatique et au numérique doit impérativement être renforcée, aussi bien comme discipline académique conduisant à des formations dans l'enseignement supérieur que comme moyen « véhiculaire » permettant aux élèves et aux enseignants de travailler autrement et de disposer d'une culture numérique minimale, par exemple au codage » poursuit le document.

Pierre Mathiot estime d’ailleurs qu’il conviendrait de prendre dans une plus large mesure « pleinement conscience des nouveaux enjeux qui se posent dans nos sociétés et qui impliquent que le lycée se les approprie impérativement : informatique, numérique, développement économique et liens avec les Stem (Sciences, Technology, Engineering, Mathematics), environnement, éthique, intelligence artificielle, etc. »

Nombreux obstacles en vue

L’ancien directeur de Science Po Lille se montre toutefois conscient « de la complexité qu'implique ce véritable changement de paradigme ». Tout d’abord sur le plan pédagogique, puisqu’il suppose la création d’un nouvel « enseignement d'informatique », outre le développement des « points liés à l'informatique dans les programmes de disciplines existantes ».

En matière de ressources humaines ensuite, le rapport évoquant l’instauration d’une « agrégation d'informatique » et/ou le développement d’une « certification de professeurs déjà recrutés ». La formation des personnels est par ailleurs jugée « essentielle », « car il faut constater parfois que les équipements existent mais ne sont pas utilisés par les enseignants ou les personnels administratifs, faute de formation adéquate ».

Le tout pourrait enfin se confronter à des difficultés liées aux « moyens matériels », c’est-à-dire aux appareils mis à la disposition des lycéens – sans parler des réticences inhérentes à la « transformation profonde des cultures administratives ».

Engager une véritable dématérialisation du bac

De manière plus accessoire, Pierre Mathiot invite l’éducation nationale à « recourir massivement aux ressources numériques, comme soutien à l'orientation, comme instrument pédagogique et de certification de certains renseignements (notamment en langues étrangères) ». Il cite à titre d’exemple le développement des « Moocs », les fameux cours en ligne, de la visio-conférence et de l’accompagnement des élèves à la préparation de leur dossier Parcoursup – qui remplace le tristement célèbre Admission Post-Bac.

Dernier point : le « défi du numérique » devra également être « relevé par l’administration », prévient l’auteur du rapport. Ce dernier en appelle ainsi à une « dynamique de dématérialisation du baccalauréat » (bien que déjà engagée) : « par exemple, les copies pourraient être numérisées, les candidats et les professeurs convoqués par la voie électronique, des certifications en ligne devraient être prévues organisation prioritairement sous le sceau de la puissance publique ».

Le ministère de l’Éducation nationale a annoncé que suite à la remise de ce rapport, Jean-Michel Blanquer mènerait « une concertation avec les partenaires sociaux dans le but d'aboutir à une proposition d'évolution du baccalauréat ». Les choses devraient néanmoins aller vite, le ministre ambitionnant de présenter sa réforme le 14 février prochain.

Ce dossier devrait être suivi de près par l’Assemblée nationale, qui vient tout juste de lancer une mission sur le numérique à l’école (voir notre article).

Écrit par Xavier Berne

Tiens, en parlant de ça :

Sommaire de l'article

Introduction

« Acculturer l’ensemble des élèves au numérique »

Nombreux obstacles en vue

Engager une véritable dématérialisation du bac

Commentaires (18)


Au rythme où vont les choses, le sujet du bac 2020 sera:



“expliquez oralement à votre interlocuteur-trice comment taguer une photo sur Facebook.”


je trouve le terme Plan Marshal inadéquat :




  • la référence remonte à l’après 2nd guerre mondiale, et ne veut rien dire pour les actifs ni pour les nelles générations

  • il s’agissait de reconstruire des pays en ruine, alors que nous baignons en permanence dans le numérique

  • indique une masse d’investissement énorme et donc une projet qui sera dilué/ranoté alors qu’on peut remplir l’objectif à moindre coût

  • le projet amalgame deux sujets et calendriers différents : la formation de base des élèves et le fonctionnement de l’administration.



    s’il s’agit :

  • d’initier a minima au codage : montrer comment modifier le code source d’une page html pour virer une pub ou des images

  • de sensibiliser aux enjeux de sécurité et d’e-reputation : possible avec un compte Facebook bidon mutualisé par classe/groupe et avec les x comptes dont les élèves disposent déjà

  • des moyens matériels : BYOD économique et responsabilise. Pour une fois l’allocation de rentrée pourrait être utilisée correctement








_Beryl_ a écrit :



je trouve le terme Plan Marshal inadéquat :





oui sur le fond de ton analyse mais de manière plus terre à terre, c’est simplement utiliser un terme qui parle aux gens pour un autre évènement que celui d’origine (ça permet de faire croire qu’il sera traité avec le même sérieux et qu’il aura la même portée)



(Accessoirement, on a fait la même avec le “Grenelle de l’environnement” en prenant en référence une grosse série de négo en 1968 alors que la version ‘environnement’ contient beaucoup de simples “ce serait bien si…”



Bis repetita placent, tout ça tout ça :/



C’est le retour du bon vieux plan informatique pour tous <img data-src=" /> Et bien sur , pas de calculatrice un tant soit peu évoluée au bac.


Tant qu’ils ne parlent pas de Grand bond en avant… <img data-src=" />


toujours pas de droit civil/droit du travail ??

Je sais pas c’est quand même hyper important dans nos vies le droit du travail !



Ou c’est mieux de ne pas trop sensibiliser sur le sujet et laisser les gens dans l’ignorance ?


Ou bien que dans quelques ordonnances l’un des deux aura disparu




toujours pas de droit civil/droit du travail ??





Uniquement si tu as pris l’option “Histoire de France l’ancien monde” <img data-src=" />


« Acculturer l’ensemble des élèves au numérique »



D’abord, ce néologisme est moche et créé pour correspondre à l’américain “ to acculturize” , mais surtout il est utilisé à tort à moins qu’il ne veuille remplacer la culture actuelle des élèves par le numérique. (Edit : je veux bien qu’on leur ajoute une culture du numérique mais pas qu’on leur enlève leurs autres cultures)



J’ai une sainte horreur des mecs qui brassent du vent en utilisant des mots ronflants ou qu’ils maîtrisent mal.

Et plus loin l’inévitable « changement de paradigme ». Comme dit ici, le mot modèle suffit pourtant. J’adore d’ailleurs la citation de Pascal : “Le mauvais style, c’est d’employer de grands mots pour de petites choses.”



Voilà, c’était mon coup de gueule du vendredi, sur le fond qui semble assez creux à la lecture de cet article, je n’ai rien à dire. Un rapide survol du rapport me conforte dans cette idée.


+1

J’étais en train de me dire qu’il y avait un ‘c’ de trop et qu’il parlait peut-être d’aculturer les jeunes, qu’ils aient une faible culture








fred42 a écrit :



« Acculturer l’ensemble des élèves au numérique »



D’abord, ce néologisme est moche et créé pour correspondre à l’américain “ to acculturize” , mais surtout il est utilisé à tort à moins qu’il ne veuille remplacer la culture actuelle des élèves par le numérique. (Edit : je veux bien qu’on leur ajoute une culture du numérique mais pas qu’on leur enlève leurs autres cultures)



J’ai une sainte horreur des mecs qui brassent du vent en utilisant des mots ronflants ou qu’ils maîtrisent mal.

Et plus loin l’inévitable « changement de paradigme ». Comme dit ici, le mot modèle suffit pourtant. J’adore d’ailleurs la citation de Pascal : “Le mauvais style, c’est d’employer de grands mots pour de petites choses.”



Voilà, c’était mon coup de gueule du vendredi, sur le fond qui semble assez creux à la lecture de cet article, je n’ai rien à dire. Un rapide survol du rapport me conforte dans cette idée.





+1



En 280 caractères maximum.


Il y a des choses intéressantes dans le rapport Mathiot, cependant il faudrait regarder la vérité en face. A quel moment les enfants apprennent à se servir d’un ordinateur et apprennent également ce que c’est qu’un ordinateur ? A aucun moment de leur scolarité, il n’existe un cours d’informatique.



Les enseignants sont encouragés à utiliser l’informatique mais quand eux aussi ont été formés ? Scratch au collège c’est sans doute très bien, mais n’oublions pas que tous les enseignants de mathématiques n’ont pas eu une formation à l’algorithmie.



Le risque que je vois à la réforme du bac (qui est nécessaire) et au lycée (également) c’est de vouloir copier ce qui se fait en université pour l’importer au lycée mais le public n’est pas le même (en terme d’âge et de maturité) et l’organisation non plus. Et surtout, il faudrait éviter le papillonnage des programmes (on touche à tout mais que du superficiel) et se remettre à faire ce que la matière est (par exemple en physique chimie il faudrait faire de la physique chimie et beaucoup moins d’analyse documentaire qui est un exercice surtout de français)


Se rapport va dans le bon sens. Faudrait qui l’applique. Parce que déjà que l’éducation nationale fais du surplace depuis 10 ans. On moins se rapport préconise de changer on moins pas mal les choses.


Je suis d’accord avec toi il faut former les enseignant avant tout et surtout fixée un programme pédagogique atteignable. Parce qu’aujourd’hui peut de gens savent comment c’est fait un programme informatique et c’est dangereux et même certain n’ont toujours pas utilisé d’ordinateur il faut les former au risque que d’en larguer beaucoup au passage.


+1



Ces grands profils qui jeopardisent le tissus linguistique national sont à bruler au pilori.



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Je ne sais pas quand tu es passé entre les mains de l’éducation nationale mais, elle était manifestement déjà défaillante. Ton message est à la limite du lisible, mais de l’autre côté de la limite.


Quand je vois le niveau moyen d’orthographe et de grammaire des 10-20 ans, je pleure. C’est bien beau de faire grossir les programmes mais si le résultat est qu’il n’y ait plus de maitrise des bases que sont le langage et l’arithmétique, je ne suis pas convaincu que cela aille dans le bon sens.

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