Au futur président, le GESTE demande de défendre la presse face aux géants du Net

Au futur président, le GESTE demande de défendre la presse face aux géants du Net

Enfin, les « géants du web » (sic)

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Guénaël Pépin

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Droit

07/04/2017 7 minutes
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Au futur président, le GESTE demande de défendre la presse face aux géants du Net

Le GESTE, qui regroupe de nombreux éditeurs de presse en ligne, s'affiche en David face aux Goliaths que sont les grandes plateformes mondiales.  Il faut donc les soutenir financièrement et législativement, y compris en Europe, où la TVA, le droit d'auteur et le contrôle des données personnelles sont en plein chantier.

Après les lobbies du numérique, des géants français des télécoms et des réseaux publics, c'est au tour du GESTE de dérouler ses exigences au prochain président. Pour mémoire, ce groupement rassemble de grandes entreprises comme Bayard, BFM, CCM Benchmark, France Télévision, Google, Le Monde, Microsoft, Next RadioTV, Radio France, SoLocal ou encore TF1.

Malgré la présence de deux géants du Net, ces derniers sont bien la cible première des douze propositions formulées, qui vont du soutien financier à la presse à la remise en cause du statut d'hébergeur, en passant par la défense de la neutralité du Net et du très haut débit. Le document, publié hier, à deux semaines du premier tour, veut donc balayer toutes les craintes d'un secteur en proie à la crise.

Les fausses nouvelles (fake news) sont aussi au cœur des préoccupations de ces entreprises, tout comme les règles sur la vie privée, où leurs intérêts semblent par moments bien alignés avec les « vils » géants du numérique.

TVA à 2,1 % et accès facilité aux crédits d'impôts

En tête de la liste figure tout de même la défense TVA réduite pour la presse en ligne. Le GESTE demande à la France de soutenir la Commission européenne, dès cette année. Pour les éditeurs de presse, il faut continuer de permettre aux États membres d'appliquer une TVA réduite à la presse en ligne et aux livres numériques.

Pour rappel, la mesure a été obtenue en France de dure lutte par certains titres en ligne, dont Arrêt sur images et Mediapart, qui l'ont appliqué avant son entrée dans la loi en 2017... avec des redressements à la clé. Elle pourrait donc bientôt être remise en cause par la législation européenne. Le GESTE évoque donc « l'urgence » pour la France de la défendre d'ici la fin de l'année.

Le groupement exige également de maintenir et renforcer l'accès aux aides par les éditeurs en ligne, qui représentent 127,84 millions d’euros pour 2017 sur l'ensemble du secteur. Il souhaite aussi simplifier l'accès aux crédits d'impôts recherche (CIR) et innovation (CII), pour lutter contre les « capacités d’investissement quasi illimitées » des plateformes mondiales (comprendre les GAFA).

Améliorer la formation dans le numérique

Les demandes se poursuivent sur l'éducation et la formation, qui doivent être mieux dirigées sur le numérique, en cruel manque de main-d'œuvre. Le GESTE cite notamment les « développeurs web, analystes et scientifiques de la donnée, statisticiens, ingénieurs en systèmes d’information [et] journalistes ».

Les éditeurs de presse en ligne veulent aussi plus de transparence dans l'écosystème et face aux internautes. L'idée : que l'ensemble des acteurs, y compris étrangers, « respectent le principe de loyauté et de non-discrimination ». Le lobby tacle les « géants du web » (sic) avec « une puissance économique inégalable acquise grâce à la taille de leurs marchés domestiques ».

Il veut également que la France défende le droit voisin pour les éditeurs de presse, actuellement poussé par la Commission européenne. Il faudra donc soutenir sa création lors du passage de la révision de la directive droit d'auteur au Parlement européen, pour « permettrait donc aux éditeurs de rétablir une relation équilibrée avec les agrégateurs de contenus » (comprendre Google Actualités et consorts).

Cette piste a néanmoins pourtant été écartée par Therese Comodini Corchia, rapporteur du texte, qui lui a préféré une présomption de représentation des auteurs. De quoi rendre furieux les éditeurs qui organisent un lobbying actif pour inverser la vapeur dans les semaines qui viennent.

Défendre la (sur)consommation de cookies

Les professionnels de la presse exigent un dispositif pour mieux s'impliquer dans les lois nationales et européennes sur les données personnelles, y compris en amont. En parallèle, ils suggèrent des actions de formation et une meilleure éducation des internautes sur la question de la vie privée et des données personnelles. 

La demande peut paraître cocasse, alors que le GESTE est embourbé depuis des mois dans une guerre avec la CNIL. Celle-ci reproche collectivement aux éditeurs de ne pas respecter la loi sur les cookies, en en déposant de nombreux avant tout accord de l'internaute. Les groupes de presse se défendent en portant la faute sur les régies publicitaires, auxquelles ils confient l'entière gestion des espaces sur leurs pages.

S'il y a un problème, arguent-ils, il ne vient pas uniquement des éditeurs de presse, mais plus globalement de la filière publicitaire. Un argument que la CNIL a entendu, en étendant son enquête aux acteurs de la publicité, en septembre dernier. Le GESTE se plaint d'ailleurs sans détour de l'obligation de la CNIL, qui « oblige tous les éditeurs, quelle que soit leur taille, à investir dans des logiciels coûteux dont la mise en œuvre et le paramétrage nécessitent du temps ».

Désormais, l'enjeu du lobby est le règlement ePrivacy, qui doit entrer en vigueur en mai 2018, également avec des mesures très restrictives sur l'utilisation des cookies... avec un consentement de l'utilisateur à implémenter dans les navigateurs. La CNIL nous avait d'ailleurs récemment confirmé avoir mis en veille son enquête en attendant de voir l'évolution de ce texte.

Responsabiliser les intermédiaires

Autre combat des éditeurs représentés par le GESTE : responsabiliser tous les intermédiaires impliqués dans le traitement des données, avec l'introduction d'une « responsabilité distributive » en fonction du rôle de chacun... reconnue en décembre par la CNIL, se félicite l'association. 

Pêle-mêle, elle demande à l'Arcep de bien appliquer la neutralité du Net (merci pour elle), quand elle réfléchit elle-même à la neutralité des plateformes. Rappelons que les lignes directrices des régulateurs européens (via le Berec) sur la neutralité du Net sont arrivées en août dernier, malgré une vive opposition de l'industrie télécoms.

Sur la qualité du réseau (l'objet d'un observatoire du GESTE avec Cedexis), ces entreprises demandent d'encourager le plan France Très Haut Débit (France THD). Elles veulent s'assurer que l'investissement nécessaire est effectué, alors que le budget de trois milliards d'euros de subventions d'Etat dans les réseaux publics sont encore loin d'être consommés.

« Fake news » et défense des éditeurs de presse

Enfin, il aurait été difficile de passer à côté des fake news, les fausses nouvelles en français. Les éditeurs de presse veulent responsabiliser les hébergeurs. « Les grandes plateformes technologiques qui concentrent des millions d’utilisateurs, comme YouTube, Facebook ou encore Dailymotion, jouent un rôle prépondérant dans la diffusion et le partage des fausses informations » défend le GESTE.

Le groupement veut explicitement rediscuter le statut d’hébergeur, introduit dans la Loi sur la confiance en l'économie numérique (LCEN) en 2004, en incitant les plateformes à un meilleur contrôle des contenus. La demande intervient en plein « essor » des fake news, ou du moins de son concept.

Les géants du Net, en première ligne sur le sujet, multiplient les initiatives pour affirmer leur engagement, encore Facebook hier (voir notre analyse). Le réseau social annoncerait d'ailleurs être prêt à rémunérer ses médias partenaires de vérification de l'information. Une piste qui enchante les acteurs actuellement engagés en France avec le réseau social, qui évoquaient dès le départ l'idée d'une rémunération.

Écrit par Guénaël Pépin

Tiens, en parlant de ça :

Sommaire de l'article

Introduction

TVA à 2,1 % et accès facilité aux crédits d'impôts

Améliorer la formation dans le numérique

Défendre la (sur)consommation de cookies

Responsabiliser les intermédiaires

« Fake news » et défense des éditeurs de presse

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Commentaires (13)




Les groupes de presse se défendent en portant la faute aux régies

publicitaires, auxquelles ils confient l’entière gestion des espaces sur

leurs pages.





C’est trop facile de se dédouaner sur les régies. Qui fixe les règle, le client ou le prestataire ? Le GESTE n’a pas de contrat où il indique ce qu’il attend de sa régie ?


Ils n’ont qu’à voter UPR ! Le programme de M. Asselineau contient de nombreux points pour redonner à la presse son indépendance, en protégeant les journalistes de leur rédaction. Il n’y a rien à attendre des autres partis, qui contrôlent les média, et ont pratiqué une omerta médiatique totalitaire sur l’UPR pendant 10 ans. D’ailleurs si M. Asselineau n’avait pas obtenu ses 587 parrainages, bien des français n’en entendraient toujours pas parler… Et comme c’est le seul candidat qui veut également interdire les lobbies, par rapport à cet article, ça tombe d’autant plus bien !



Sinon il n’y a rien à attendre de la CNIL qui n’a aucun pouvoir ou du CSA dont le président est nommé par M. Hollande. Si on veut redonner à la France sa démocratie, et aux journalistes leur réelle indépendance, il faut quitter l’Europe comme l’ont fait les anglais, et reprendre les rênes de notre pays en main, en arrêtant de voter des présidents marionnettes qui ne font qu’obéir aux GOPE de Bruxelles, et n’ont plus aucun pouvoir réel.



Nous élisons des pantins depuis 25 ans. Il serait peut-être enfin temps de réfléchir et d’arrêter le massacre ? On ne peut pas changer l’Europe parce qu’il faut l’unanimité des 27 états membres pour bouger les traités. A partir de là, la seule solution logique, c’est l’UPR. Et ce serait un beau GESTE pour la démocratie !


On attend donc un geste pour le GESTE.

Au final c’est une question de majuscules ? 





édit: A mon VDD, sortir des sentiers battus, c’est une bonne chose si tu as pas une falaise en dessous. On sortira des sentiers battus quand il y aura un truc interessant à voir dans la prairie sur le bord de la route


Moi ce à quoi je pense à chaque fois que je vois presse ou journaliste, ce sont les avantages monstres auxquels ils ont droit (source Wikipédia) :



“Bien que cela ne résulte d’aucune disposition législative ou réglementaire, en pratique, le titulaire de la carte de presse bénéfice d’un certain nombre d’avantages :




 Entrée gratuite dans les musées nationaux et souvent dans les musées privés,   

Entrée gratuite dans les expositions, les salons, certains parcs d'exposition et sans faire la queue (carte coupe-file),

Réduction auprès de certaines marques (automobile, informatique, mode, « soldes presse »).





Le journaliste retraité peut prétendre (sous condition) à une carte de presse de « journaliste professionnel honoraire » en application de l’article L7111-6 du Code du travail. Cette carte est attribuée à vie. Il bénéficie des mêmes avantages que ci-dessus.



Les journalistes bénéficient également d’une décote de 7 650 € (indemnité représentative d’allocations pour frais d’emploi) sur leur revenu imposable mais cela ne résulte pas de la carte de presse (BOI 5 F-14-99)”


Par curiosité, j’ai était voir tes commentaires et j’ai cherché les occurences de UPR dedans :)


Erreur !!

Le concernant il faut plutôt chercher les commentaires dans les occurrences de UPR et de “M. Asselineau”… <img data-src=" />


La formation dans le numérique ? Il n’y a pas de problème. Faut juste vouloir arrêter de payer un type qui a fait bac+5 dans un secteur porteur le smic. Allignez vos salaires sur les autres entreprises qui recrutent dans le secteur plutôt que de vouloir inonder le marché pour faire baisser le cout.



Quand je cherchais, il y avait quand même un certain nombre d’offre “le candidat doit savoir tout faire, faire le café avec le sourire, pour 25k€/an” … oui ça ne m’étonne pas que ces offres ne trouvent pas preneurs…



Pour la gestion sur la vie privée etc… c’est vraiment le marhwal qui dit au camembert tu pue. Il suffit d’aller sur le site du monde pour voir que vie privée et les données personnels de leur lecteurs&nbsp; (tout ce qui permet de te définir de façon suffisament précise, donc tout les trackers) c’est vraiment pas leur préoccupation majeure (il y a combien de sites externe au monde qui save que ton ip a visité le site ? 50 ? 150 ? )



Sur les “Fakes news”&nbsp; je le vois de deux façon, je ne sais pas qui est la pire ni dans quel direction ils sont partis.

1°) “On ne veut pas faire notre boulot de vérification des informations pour proposer une information fiable. Donc c’est la faute des autres !” (on a déjà abandonné l’analyse objective, la présentation de multiples points de vues,&nbsp; et un refus d’auto-censure , on est plus à un principe près…)

&nbsp;2°) “Toute personne qui osera se prononcer contre notre véritée officielle devra en subir le couroux / être chatié en place publique”.

&nbsp;



Bon j’aime bien l’exagération de mes propos , mais encore une fois j’ai l’impression que c’est “on doit avoir plus de moyens de la collectivité pour faire encore moins de taff qu’avant!”


Les mêmes qui défendent la mondialisation chaque jour, veulent une protection sur mesure contre les géants américains, hypocrisie à tous les étages <img data-src=" />


Par contre ils veulent payer les informaticiens au salaire roumain et en CDD, c’est pour ça qu’ils ont tant de mal à en trouver <img data-src=" />


Avec l’ensemble des “éléments de langage” UPRien recensés à ce jour dans chacune des interventions (Frexit, UPR, Asselineau, Europe,…)



On en voit tellement ces temps ci que ça finit par faire plus “mouton” que “réelle réflexion”


Moi ce que je vois, connaissant visiblement mieux le secteur que vous, c’est le nombre croissant de journalistes au chômage ou pigistes, un statut de moins en moins confortable et ce d’autant plus que ce n’est pas facile d’avoir la carte de presse.



Oui, ils ont des avantages, mais de moins en moins.


La veille rangaine de la sortie de l’Europe. Cela faisait longtemps. Il est étrange de constater à quel point il est aisé de pointer du doigt cette organisation pour la cause de chacun de nos problèmes. Il y a une direction qui est donné mais pas d’ordre. Je ne me prétends pas spécialiste des institutions européennes mais il faut un minimum de connaissance sur le sujet. D’autant qu’elle a aussi ammenée également des bonnes choses. Notamment, la Cours de Justice Européennes.

Et la sortie de l’Union Européenne est est un argument fort du candidat que vous semblez soutenir. C’est un moyen, pas une finalité. Qu’en est-t-il de l’après ?

Mr Asselineau semble être un pur produit du système qu’il dénonce. En quoi représente-t-il​ une alternative crédible aux politiques qui causent tant de mal ?


Pour aller dans ton sens :

&nbsp; Je ne sais plus si c’est effectif en 2018 ou en 2019, mais niveau vie privée elle va amener de très gros changement pour les citoyens, en bien : obligation du consentement explicite pour tous les usages (y compris le tracking), le commanditaire du traitement est dorénavant responsable, et plus seulement le prestataire, des amendes pouvant aller jusqu’à 2% du CA ou 10 millions d’euros, un guichet unique (tu ne t’adresses qu’à ton pays, même si l a boite est dans un autre pays de l’UE).



Bref plein de changement.



Pour tous ces changements, les gouvernements se mettent en avant. Pour les changements “négatifs”, ils disent que c’est la faute à l’europe (même quand elle n’y est pour rien).



&nbsp;Comme d’hab nos politiques ont un comportement de gamin : “c’est pas ma faute à moi”.