Vivendi lance une nouvelle offensive sur Mediaset, la famille Berlusconi riposte

Vivendi lance une nouvelle offensive sur Mediaset, la famille Berlusconi riposte

La fable du cavalier et du grimpeur

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Kevin Hottot

Publié dans

Économie

21/12/2016 5 minutes
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Vivendi lance une nouvelle offensive sur Mediaset, la famille Berlusconi riposte

Quand il n'y en a plus, il y en a encore. Vivendi a fait connaître hier soir son souhait de poursuivre son offensive sur Mediaset. Déjà propriétaire de 20 % du capital, le géant français veut grignoter des parts, sans franchir le seuil des 30 %, et s'y emploie déjà. Le groupe Italien prépare quant à lui sa défense.

Le bras de fer entre Vivendi et Mediaset est encore loin d'être terminé. Suite à la montée express au capital du géant français orchestrée la semaine dernière, le groupe italien a exprimé son mécontentement par voie de communiqué. D'abord en expliquant qu'il n'était pas au courant des intentions de Vivendi, mais surtout que « depuis le 25 juillet, il n'y a eu aucun contact entre les deux entreprises, pas même une tentative amicale de résoudre le moindre problème ».

Entre temps, Arnaud de Puyfontaine, le président du directoire de Vivendi, s'est exprimé dans les colonnes du Correre Della Sera, un quotidien transalpin. Il y a de nouveau décrit les problèmes rencontrés lors de la tentative de rachat de la chaîne Mediaset Premium (« c'est comme être invité à manger dans un trois étoiles et finir au McDonald's »), mais également avoir rencontré Pier Silvio Berlusconi afin de lui expliquer la vision stratégique de Vivendi. 

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Du côté de Mediaset, la direction assure vouloir « préserver les intérêts de l'entreprise et de l'ensemble de ses actionnaires, pas seulement les intêrets d'un seul, possédant 20 % des actions », peut-on lire dans un communiqué au ton passif-agressif, rappelant que l'entretien avec son actionnaire principal s'est fait à la demande du groupe français. 

Ce communiqué n'a pas calmé les ardeurs de Vivendi, bien au contraire. Le 19 décembre, la firme de Vincent Bolloré a annoncé qu'à la suite de cette rencontre, le Directoire de l'entreprise a décidé d'encore augmenter sa participation dans Mediaset « en fonction des conditions de marché dans la limite de 30 % du capital et des droits de vote ». Un seuil qui lui permet d'éviter à avoir à formuler une offre publique d'achat (OPA).

Hier soir, Vivendi a annoncé avoir franchi les seuils de 20 et 25 % du capital de Mediaset, et détenir désormais 25,75 % des parts et 26,77 % des droits de vote de l'entreprise. Pour justifier cette nouvelle montée, le groupe français explique, comme la semaine dernière, qu'elle « s’inscrit dans sa volonté de se développer en Europe du Sud », et dans ses ambitions de se muer en géant européen des médias et des contenus. 

Un assaut qui commence à coûter cher

Après cette annonce, le cours de l'action Mediaset a grimpé de 24 % lors de la dernière séance, valorisant l'entreprise italienne à plus de 5,2 milliards d'euros. Pour atteindre le seuil des 30 %, Vivendi devra donc débourser 500 millions d'euros supplémentaires, en plus des 800 millions déboursés jusqu'ici pour croquer 20 %.

Seulement, si la société de Vincent Bolloré avait les poches très profondes au moment de la vente de SFR ou de sa participation dans Activision, ses emplettes successives ont quelque peu attaqué ses réserves. Celles-ci s'établissaient à 2,1 milliards d'euros fin septembre, mais les diverses acquisitions du groupe ces dernières semaines font que le total doit désormais graviter autour de 1,2 milliard d'euros.

S'il n'y a pas encore urgence, Vivendi devra tout de même certainement faire appel à l'emprunt pour ses prochains achats, ce afin de garder assez de cash en mains pour gérer ses affaires courantes. Il sera donc intéressant de voir si de telles opérations seront au menu dans les mois à venir.

Mediaset prépare sa défense

Pendant ce temps, la famille Berlusconi, au travers de sa holding Fininvest, a riposté en rachetant elle aussi des titres, ce afin de monter à 38,266 % du capital de Mediaset et en détenir 39,775 % des droits de votes. Un niveau élevé, qui ne permet toutefois pas encore à l'actionnaire de référence d'être totalement à l'abri, le flottant étant encore important. 

Mediaset avance également ses pions sur le plan politique. Les Echos rapportent ainsi qu'Angelino Alfano, le ministre italien des Affaires étrangères, était en visite à Paris et qu'un des sujets de ce déplacement concernait l'entreprise. Il a exprimé « la forte préoccupation italienne concernant cette opération ».

Il s'est notamment inquiété de la liceité des agissements de Vivendi : « Nous respectons les règles du marché et attendons un respect réciproque de ces règles », a-t-il ainsi indiqué, en écho aux accusations de Mediaset, qui estime que Vivendi a profité de la forte chute du cours de l'entreprise lors de l'annonce de la fin des premières négociations autour de Mediaset Premium, pour racheter de nombreuses parts à un prix modique. Un mouvement que la famille d'« Il cavaliere » trouve un peu trop cavalier à son goût.

Écrit par Kevin Hottot

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Commentaires (12)


C’est le jeu ma pauv’ lucette. Qui dit bourse dit risque. Que la famille Berlusconi s’offusque me fait bien rire. Ils sont loin d’être blanc comme neige…


J’adore l’humour dans les articles Vivendi, surtout en ce moment avec Mediaset. On voit qu’ils vous inspirent bien <img data-src=" />



Mise à part ça je comprends pas trop pourquoi Vivendi adopte la même tactique à chaque fois. Pourquoi ne pas aller directement droit au but avec 20 - 25% au bas prix plutôt que crescendo et prendre l’inflation qu’ils ont créé.

C’est la même pour Ubisoft et c’était pareil pour Gameloft.



A un moment va falloir qu’ils expliquent la finalité de ces attaques et leur plan moyen -&nbsp;long termes


https://fr.wikipedia.org/wiki/Offre_publique_d’achat#En_Italie



voilà pourquoi ils ne peuvent pas viser au delà des 30% du capital sans déclarer une OPA hostile. De plus, monter au capital est compliqué: il faut identifier les actionnaires, puis leur faire des propositions de rachats de leur part, ça prend du temps, ce qui empêche un rachat massif des 30% d’un seul coup. C’est pour ça qu’ils sont montés de façon progressive au capital.


C’est le jeu certes, mais la question que pose la famille Berlusconi, de ma compréhension, c’est sur le point particulier du “Vivendi fait des négos, Vivendi les casse au dernier moment, et ensuite Vivendi profite de la chute engendrée du cours de l’action pour acheter bien moins cher”.


C’est bien résumé :)


C’est la technique Bolloré il a toujours fait comme ça. Pour ça qu’on sait d’avance qu’Ubi sera racheter tôt ou tard. Dans la virgule prés c’est toujours le même plan.


Pas certain qu’ils n’aient pas fait de même pour certains rachats antérieurs.

C’est un peu l’arroseur arrosé là.


C’est bien pour Ubisoft: ça a réduit fortement les réserves de cash de Vivendi, du coup moins de risques d’OPA…


Heu … pourquoi est ce qu’ils “brulent ” leur cash en faisant des investissements rentables

tout en profitants des taux bas des offres de prets ( avant que les taux directeurs de la BCE ne remontent ..)

&gt; pour payer moins d’impots



Par contre s’attaquer aux joujoux de l’un parrain de la mafia italienne, il faut etre coullu ^^


Si ces rachats se soldaient par des réussites je comprendrai. Mais pour l’heure le plan de vivendi pour devenir un géant des médias n’est pas très concluant… Il suffit de voir la situation de canal.


Tout dépend de l’objectif que fixe Bolloré à son géant des médias. De toute évidence à la vue de sa gestion du groupe Canal ce n’est pas le profit. Il me semble qu’en France très peu de média sont rentables financièrement parlant, les objectifs sont donc ailleurs.


Sauf erreur de ma part, tu es le seul à parler de “brûler” du cash. Je ne comprend donc pas la question.