Plan numérique : des manuels interactifs pour les élèves du CM1 à la 3e

Plan numérique : des manuels interactifs pour les élèves du CM1 à la 3e

Faites sauter la banque !

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Xavier Berne

Publié dans

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01/09/2016 4 minutes
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Plan numérique : des manuels interactifs pour les élèves du CM1 à la 3e

Le ministère de l’Éducation nationale vient de dévoiler les « banques de ressources numériques » qui seront dorénavant mises à la disposition des professeurs et de leurs élèves (du CM1 à la troisième) dans le cadre du plan pour le numérique à l’école. Vingt millions d’euros ont été alloués à ces manuels scolaires interactifs.

« Des appels d'offre seront lancés dès septembre 2015 pour que tout soit prêt pour la rentrée 2016. Cinq disciplines de collège seront couvertes en priorité : le français, les mathématiques, les langues étrangères, l'histoire-géographie et enfin les sciences » avait promis François Hollande en mai 2015, lors de la présentation officielle de son plan pour le numérique à l’école.

Alors que des millions d’enfants et d’adolescents reprennent aujourd’hui le chemin de l’école ou du collège, l’exécutif a présenté hier les ressources pédagogiques retenues suite à ce fameux appel d’offres. Tout ne sera cependant pas opérationnel dès cette rentrée, la Rue de Grenelle évoquant une disponibilité progressive « avec au moins 30 % des ressources dès septembre », pour atteindre 100 % « fin décembre 2016 ».

30 % des ressources accessibles à la rentrée

Derrière ces ressources « multimédia, enrichies, interactives », se cachent les grands noms ornant habituellement les manuels scolaires : Belin, Hachette, Hatier, Bayard, Nathan... Le ministère parle plus exactement de « Banques de ressources numériques pour l’École (BRNE) », dont les « contenus et services numériques associés offrent la possibilité d’enrichir l’enseignement disciplinaire, le travail en équipe pédagogique et la réalisation de projets interdisciplinaires ».

Avec ces contenus et services, le gouvernement entend donner davantage de moyens aux professeurs, notamment pour appliquer les nouveaux programmes (apprentissage de la programmation informatique, éducation aux médias et à l’information,...). Ils pourront ainsi proposer des choses plus vivantes à leurs élèves, que ce soit sur une tablette – s’ils en ont une –, ou en vidéo-projection par exemple. L’idée est bien entendu que les jeunes soient de leur côté plus attentifs de par l’interaction des contenus proposés (animations, exercices ludiques, vidéos,...), qu’ils puissent profiter d’un suivi individualisé, etc.

Des contenus libres et gratuits (pour trois ans)

L’ensemble de ces contenus sont « libérés de droits et gratuitement mis à disposition pour l’ensemble des enseignants et des élèves des cycles 3 et 4 [du CM1 à la troisième, ndlr] à partir de la rentrée 2016 pour une utilisation et une réutilisation dans le cadre pédagogique sur une durée de trois ans (avec reconduction possible) » explique le ministère de l’Éducation nationale. Les jeunes devraient même y avoir accès à la maison, parfois en mode hors-ligne.

Mathieu Jeandron, le Directeur du numérique pour l’éducation, nous expliquait en mars dernier que la Rue de Grenelle finançait ces banques de ressources « pour un montant qui devrait avoisiner les 20 millions d'euros sur trois ans » – soit la durée du plan pour le numérique à l’école, dont le budget total a été estimé à 1 milliard d’euros par le chef de l’État (toujours sur trois ans). L’intéressé ambitionnait également d’atteindre les 40 % de collèges participant au plan numérique dès cette rentrée, c’est-à-dire en fournissant une tablette pour leurs élèves de cinquième. Petit hic : seuls 25 % d’établissements ont finalement accepté l’offre de l’État pour cette année...

« On n'est pas là pour faire du chiffre, on est là pour que ce soit efficace ! » avertissait néanmoins Mathieu Jeandron. « Évidemment, il faut se donner une ambition avec un chiffre, mais ce qui est important c'est que là où il y a des tablettes, les élèves en bénéficient réellement, qu'on travaille effectivement sur les savoirs fondamentaux et qu'on arrive à lutter contre le décrochage, qu'on avance sur l'éducation aux médias et à l'information grâce aux supports numériques... » 

Écrit par Xavier Berne

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30 % des ressources accessibles à la rentrée

Des contenus libres et gratuits (pour trois ans)

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Commentaires (21)


“qu’on arrive à lutter contre le décrochage, qu’on avance sur l’éducation aux médias et à l’information ”

c’est bizarre mais pour moi, c’est pas vraiment la meme mission.. L’une consiste a ce que les gamins puissent acquerir un niveau ‘normal’, a savoir maitriser lecture, ecriture et la base des maths, et l’autre … ben je sais pas trop. Savoir aller sur facebook de maniere raisonnee et ne pas y raconter leur vie ?

Mais pitetre j’ai une conception pas assez hype ou trop retrograde de la mission de l’ecole.


“Avec ces contenus et services, le gouvernement entend donner davantage de moyens aux professeurs, notamment pour appliquer les nouveaux programmes (apprentissage de la programmation informatique, éducation aux médias et à l’information,…)“C’est vrai, il suffit de leur donner du contenu, et hop, ils peuvent enseigner l’informatique. Sans être méchant, je pense que beaucoup de profs n’y connaissent pas grand-chose à l’informatique, en tout cas pas plus que la moyenne. Ca veut dire qu’ils se débrouillent pour créer des fichiers Office (MS Office, oui ! Et si vous leur changez leur suite, ils seront perdus), et aller sur le net, en particulier Facebook. Ce n’est pas comme ça que les gamins auront des vrais cours d’informatique, qui leur apprendrait le fonctionnement général plutôt qu’un logiciel bien précis. Dommage, parce qu’il manque d’un vrai enseignement, qui permettrait à l’enfant ensuite de prendre en main à peu près n’importe quel logiciel… Mais pour cela, il faudrait que les profs eux-mêmes soient vraiment formés à ça, pas qu’on leur demande d’improviser. Qu’est-ce qu’ils vont parler programmation, alors qu’ils n’y connaissent eux-mêmes rien du tout la plupart du temps !? Même en fac, on demande à des enseignants de math d’enseigner de la programmation… ce n’est pas tout à fait la même chose !



M’enfin… on marche sur la tête. Mais ça fait du bien de pouvoir le dire <img data-src=" />


La planche à billet est de sortie pour alimenter l’économie <img data-src=" />




l’éducation aux médias et à l’information





Ce petit air de Corée du Nord <img data-src=" />








Cartmaninpact a écrit :



Ce petit air de Corée du Nord <img data-src=" />





+100000000



Salut. En fait quand tu te penches sur le contenu de l’apprentissage délivré à ce niveau là, il ne s’agit pas pour des profs d’enseigner le Java ou le C++, mais plutôt une démarche algorithmique, qui est déjà présente dans l’enseignement des maths (à un niveau un peu embryonnaire c’est vrai) depuis plusieurs années.&nbsp;

En cela les profs de maths, qui sont loin d’être tous de gros noobs, pourraient s’avérer assez qualifiés (si on leur donne quelques clés, il faudrait clairement former certains). Je pense surtout que cela pourrait donner un nouvel intérêt aux maths, très (trop) théorique pour les élèves et vécus par une grosse partie comme quelque chose de punitif, inutile (mais pourquoi faire des intégrales quand on sait pas à quoi ca sert, pourquoi faire de la trigo, etc.) en raccrochant cet enseignement à quelque chose de pratique et compréhensible.

La réforme ne va pas jusque là ceci dit.




Des contenus libres et gratuits (pour trois ans)





Depuis quand on libère des droits sur une durée limitée ? <img data-src=" />



Sinon c’est assez ironique, 20 millions en 3 ans, ça fait moins de 7 millions par an, soit moins que le budget de la Hadopi <img data-src=" />


Les “banques de ressources numériques”, ça sent encore la nouvelle usine à gaz (sûrement mal debuggée et finie à la pisse) que quasiment aucun prof n’utilisera. L’EN ferait mieux de se pencher sur la dématérialisation des manuels scolaires. Ils pourraient commencer en généralisant la fourniture de copies PDF des manuels. Ca éviterait à pas mal de gamins de se trimbaler 10kg de papier pour pas grand chose. Par contre, il faut que cette dématérialisation soit très strictement encadrée pour éviter que l’accès au savoir de base ne finisse par être verrouillé par les éditeurs: interdiction des DRM, utilisation obligatoire d’un format libre, maintien du principe de gratuité pour le primaire et le collège… Évidement c’est pas le même chantier qu’une énième plateforme d’enseignement


Une simple dématérialisation, c’est un peu le degré le plus bas de la ressource numérique. Les manuels classiques, ca fait longtemps qu’ils sont très peu utilisés. Les manuels numériques, c’est souvent un passage au PDF avec 3 animations / vidéos histoire de dire qu’on est multimédia et quelques QCM pour dire qu’on est interactif. Et ces manuels, alors que les coûts de production sont largement moindres (fini l’impression et la grosse logistique) sont vendus très chers, plus chers, avec une valeur ajoutée par rapport au papier très faible.

Alors c’est chouette de plus avoir des cartables de 10kg, c’est encore mieux d’avoir des ressources numériques vraiment bien pensées et apportant vraiment qqchose.&nbsp;

Quant à l’utilisation d’un format libre par les mastodontes hachette, bordas et compagnie… ca rentre tellement pas dans leur culture malheureusement. N’oublie pas qu’ils sont sur un marché où l’EN est une vraie vache à lait. Ce serait un sacré changement de paradigme pour eux, personnellement je n’y crois pas (mais j’en rêve).


Et on en parle de la simplicité d’utilisation.

Ma compagne qui est prof en collège a accès à ces manuels dématérialisés et dans un format fermé.

Impossible de télécharger localement sans passer par leur programme de lecture.

Impossible donc d’imprimer une page spécifique pour l’imprimer.

Lors d’un téléchargement sur clé, cela récupère un .exe bien vilain et oblige son exécution sur le poste au collège sur lequel bien souvent le prof n’a pas les droits admin.



Bref encore une fois l’emballage est joli mais la mise en pratique pas géniale…


C’est pour dégouter les profs et les élèves de l’informatique ou en faire des pirates <img data-src=" />


Il faut ne faut pas confondre les manuels dématérialisés des éditeurs et les ressources mises en ligne par l’Éducation National.

Les manuels dématérialisés sont en effet une honte. Ca devrait être interdit. Super lent et mal foutu d’utilisation, ultra lourd et un casse tête pour imprimer.



Par contre les ressources de l’EN sont presque toujours au format PDF. Parfois .xls si besoin.

Pour le moment il y en a assez peu, il faut aller sur les sites des différentes académies pour avoir des ressources et t’as de tout et n’importe quoi.

S’ils peuvent fournir des ressources de qualités par niveau et par matière et à jour avec les programmes et l’actualité, je dis pas non :).


Pour avoir bossé sur cet appel d’offres, je peux vous dire que c’est pire que ça. Il y a une douzaine de “banques” de ressources, chacune regroupant plusieurs matières, chacune gérée par un éditeur différent. les profs et les élèves vont donc devoir se taper autant de plateformes différentes, avec des architectures différentes, des logins potentiellement différents, etc…



La logique derrière ça, c’est que le ministère veut probablement trouver la meilleure plateforme, et la généraliser à l’expiration du contrat, dans 3 ans. Qui va faire office de bêta-testeurs ? Devinez…



Pour le reste, imaginer des classes de 30 élèves faire du numérique, ça me fait bien rire… 30 tablettes se partageant un pauvre wifi anémique, ou 4 élèves sur un PC, ça promet.


Ca sent encore le foirage complet ce “truc”: les élèves sont de plus en plus nuls, et ce dès le primaire. Au lieu de conforter les bases, on décide qu’en fait le programme de primaire sera terminé en 6ème et plus en CM2. On ajoute une bonne dose d’éléments perturbateurs comme des tablettes à plus de 1000€ (paiement à crédit, rassurez-vous les gens) ….. et vous avez la recette pour améliorer encore nos scores au bac: on baisse la moyenne à 520 et youpi ! A quand l’enseignement de l’art plastique de la création de profil facebook ou la grammaire SMS et les maths de candy truc&nbsp;<img data-src=" /><img data-src=" /><img data-src=" /><img data-src=" /><img data-src=" /><img data-src=" /><img data-src=" /><img data-src=" />


+1

Limité dans le temps? Donc ce n’est pas libre!



Dommage car quand on sait que les programmes scolaires changent tous les 4 matins…


«&nbsp;Des appels d’offre seront lancés dès septembre 2015 pour que tout

soit prêt pour la rentrée 2016. Cinq disciplines de collège seront

couvertes en priorité : le français, les mathématiques, les langues

étrangères, l’histoire-géographie et enfin les sciences »



Depuis quand les “sciences” constituent-elles UNE discipline ? Pareil d’ailleurs pour les “langues étrangères” …








Soriatane a écrit :



Dommage car quand on sait que les programmes scolaires changent tous les 4 matins…







Cause ou conséquence? Peut-être que les programmes scolaires changent tous les 4 matins, pour enrichir les héritiers rentiers Nathan et endetter l’état français <img data-src=" />









Cartmaninpact a écrit :



Ce petit air de Corée du Nord <img data-src=" />





Clair.



Tout le monde sait que les profs sont d’immondes dictateurs en puissance, et qu’ils vont juste apprendre aux élèves à lire l’Humanité.



Plus sérieusement, j’avais vu une émission d’Arrêt sur Images juste après les attentats de CH et de l’hyper casher et qui parlait déjà de ce type de cours qui avaient été mis en place dans un collège.

Les premiers sujets, qui étaient apportés par les élèves eux-mêmes, étaient les Illuminatis, les reptiliens, le 1109, et autres théories dans le genre.

Après les attentats, les sujets amenés étaient le complotisme autour de ceux-ci, avec l’histoire du rétroviseur différent, etc…

Et le travail de l’enseignante était de faire fact-checking, d’apporter des éléments pour les discuter en cours, et de montrer aux élèves comment vérifier et recouper les sources.



Donc vraiment pas de quoi crier à la propagande gouvernementale.

Et quand tu vois les premiers sujets amenés, que tu as des types de 30 ans qui croient à la théorie de la terre creuse (j’en ai rencontré un cette semaine), ou les innombrables fakes qui circulent tous les jours sur le net, tu te dis que ces cours ne seront franchement pas inutiles.



J’arrive un peu après la bataille…

J’avais bien compris qu’il ne s’agissait pas d’enseigner un “vrai” langage de programmation. Mais je crois que même en restant dans de l’algorithmique, il faudrait que les enseignants aient réellement un minimum de formations pour pouvoir faire ça correctement.

D’accord avec toi pour dire que les mieux placés seront les profs de maths ou de technos… ce sont souvent les plus ouverts au monde de l’informatique. Après, je n’ai pas dit que les autres étaient des noobs, c’est juste que le français moyen n’y connais pas grand-chose à l’informatique. Le prof ne fait pas exception à la règle, je pense.

Ce que je voulais souligner, c’est que le contenu ne suffit pas, il faut vraiment donner des moyens aux profs, y compris leur propre formation (mais comme les IUFM n’existent plus….).


Parfaitement d’accord avec ton constat!&nbsp;


C’est pas que les profs de maths ou de techno sont plus ouverts à l’info, c’est surtout que c’est utile à la matière.

Et normalement, elle vaut ce quelle vaut, mais il doit y avoir eu une formation là dessus pour les profs.