Java : Oracle ne veut pas laisser passer la victoire de Google

Java : Oracle ne veut pas laisser passer la victoire de Google

Qu'est-ce qu'Android ?

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Vincent Hermann

Publié dans

Droit

12/07/2016 4 minutes
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Java : Oracle ne veut pas laisser passer la victoire de Google

En mai, Google a infligé une défaite retentissante à Oracle. Ce dernier réclamait 9 milliards de dollars pour avoir violé le copyright de Java et s’en être servi pour assurer le succès d’Android. Un juge en a finalement décidé autrement : il s’agit bien d’un cas de fair use. Qu’Oracle conteste à présent.

La guerre entre Google et Oracle semble ne pas avoir de fin. Depuis plus de six ans, Oracle cherche à obtenir réparation pour la violation du copyright sur la technologie Java, obtenue avec le rachat de Sun. Pour Google, il ne s’agissait au départ que d’un cas typique de fair use : la partie gardée de Java était minimale. D’ailleurs, un juge avait déclaré en 2012 que la firme de Mountain View n’avait gardé que les noms des méthodes.

De la protection des API

Le véritable enjeu de ce long affrontement reposait en fait sur une question : des API (Application Programming Interface) peuvent-elles être protégées par le droit sur un copyright ? En 2014, un juge avait répondu par l'affirmative, retournant alors la situation. Oracle avait alors cherché à obtenir des dommages et intérêts pour le manque à gagner : 9 milliards de dollars. L’ensemble devait se terminer en mai dernier avec la décision d’un jury, particulièrement attendue.

Malheureusement pour Oracle, ce jury avait décidé, dans une très importante décision, que l’utilisation faite de Java par Google répondait aux critères du fair use. Google jurait que des parties minimales du code avaient été reprises pour fonder sa machine virtuelle Dalvik, qui n’est pour rappel plus utilisée depuis Android 5.0. Oracle, au contraire, insistait sur le fait que plus de 11 000 lignes de code avaient été copiées en l’état pour concevoir Dalvik.

Fair use : simple tremplin ou copie manifeste ?

C’est ici que s’opère la différence entre un fair use et une copie, et Oracle n’en démord pas : Google a copié. Dans une nouvelle motion remise au tribunal de San Francisco qui avait jugé l’affaire jusqu’ici, le spécialiste des bases de données affirme qu’il ne peut s’agir d’un tel cas, puisque le fair use implique que les gains financiers réalisés soient limités. Or, Oracle estime qu’Android a rapporté pas moins de 42 milliards de dollars à Google. Un succès qui n’aurait pu avoir lieu si Java n’avait pas été utilisé.

D’aucuns diraient qu’Oracle fait des pieds et des mains pour ne pas s’assoir définitivement sur un joli pactole. Mais l’insistance de la firme soulève en fait une question sur laquelle le tribunal lui-même était hésitant : qu’est-ce qu’Android ? S’agit-il d’un produit commercial, drainant effectivement des milliards de dollars, ou bien d’une plateforme libre, s’appuyant sur de nombreux projets open source sous-jacents ? Le système couvre ces deux aspects, ce qui rend l’affaire si complexe.

Le commercial affronte le non commercial

Dans la motion remise au tribunal et obtenue par Silicon Valley, Oracle demande au juge en charge de l’affaire, William Alsup, de rester dans l’interprétation classique du fair use, « par exemple pour des critiques, des commentaires, du travail journalistique, de l’apprentissage, dans un cadre académique ou de recherche ». En clair, pas pour s’emparer du marché de la mobilité, avec les conséquences financières qui vont avec.

Pour Oracle, les gains financiers de Google sont trop « manifestes » pour être ignorés. Or, dans son compte-rendu en mai, le juge Alsup notait déjà qu’en dépit de ces gains, le fair use avait « servi également des objectifs non commerciaux, en tant que partie d’une plateforme libre et ouverte, à savoir Android ».

Une nouvelle période s’ouvre donc pendant laquelle Oracle va tenter de prouver que les gains financiers de Google sont tout simplement trop importants pour ne voir que l’aspect « libre et open source » d’Android.

Écrit par Vincent Hermann

Tiens, en parlant de ça :

Sommaire de l'article

Introduction

De la protection des API

Fair use : simple tremplin ou copie manifeste ?

Le commercial affronte le non commercial

Commentaires (34)


Pour Oracle, les gains financiers d’Apple sont trop « manifestes » C’est pas plutôt google? que l’utilisation faite de Java par Oracle répondait aux critères du fair use.Idem(je dois être mal réveillé, je ne trouve pas le bouton de notification pour les erreurs)


J’ai signalé, je me suis fait la même remarque.

Je me suis demandé pourquoi ça parlait d’Apple d’un coup.





Sur le sujet, les API ne devraient pas pouvoir être protégés. C’est une aberration si c’est le cas.


Un vrai combat de hyènes.


Oracle est connu pour avoir un service juridique plus gros que sa R&D, donc j’ai envie de dire que ça ne m’étonne pas qu’ils reviennent à la charge.








Tatsu-Kan a écrit :



Sur le sujet, les API ne devraient pas pouvoir être protégés. C’est une aberration si c’est le cas.





Je ne suis pas tout à fait d’accord, il est légitime de protéger des API des lors que ces dernières s’appuient sur du code qui lui même est protégé.

J’en veux pour exemple les API Automation de la suite Office de Microsoft, on peut faire ce que l’on veut avec Word et Excel, les API appelant directement les moteurs de ces applications.



Dans le cas courant, bien qu’Android soit open source, je ne croit pas que les sources de la machine Dalvik le soient entièrement, probablement pour des raisons de sécurité (peut être me trompe-je).



Oracle court après le pognon, ils n’ont définitivement pas tort si effectivement Google s’est inspiré trop largement de la machine Java.

Si les sources de Dalvik sont disponibles, alors il suffit de faire un code compare et tout le monde sera fixé  ;°)



Le principe des API est de rendre interopérable les systems. Donc non on va pas breveter des API, car sinon ca n’a plus aucun interet.

D’autre part oui le code android est libre et open source…. comme Java  d’ailleurs ! c’est bien la que le bas blesse : SUN avait devellopé java avec la comunautée. Oracle a fermé la porte….

Bref Google est loin d’etre un ange mais Oracle est sans doute l’une des plus détestables boite IT.








lldlf a écrit :



Si les sources de Dalvik sont disponibles, alors il suffit de faire un code compare et tout le monde sera fixé  ;°)





Selon mes souvenirs, ce n’est pas Dalvik qui est en cause (il est, forcément, complètement différent puisqu’il se base sur une architecture VM complètement opposée) mais la librairie de classes standard.









Baradhur a écrit :



Oracle est connu pour avoir un service juridique plus gros que sa R&D, donc j’ai envie de dire que ça ne m’étonne pas qu’ils reviennent à la charge.





On sait comment ça finit pour ceux qui mettent plus de pognon dans le juridique que la R&D, n’est-ce pas SCO GROUP ?



Si jamais ils répondent qu’on peut protéger des API, il sera interdit d’interfacer les choses entre elles sans avoir un accord pour ça ?



Ce serait un adieu à toute interopérabilité des systèmes sans passer par une phase contractuelle avant, c’est moche. Et ça nous empêchera pas de le faire d’ailleurs, ce sera de nombreux procès fleuve aux états unis avec des sommes astronomiques demandées.


Et un moment, RIM (pour Research In Motion me semble-t-il) était surnommé  LIM (Lawsuit In Motion)

Un rapport avec le fait que BB s’est fait dépassé ?








ArchangeBlandin a écrit :



Si jamais ils répondent qu’on peut protéger des API, il sera interdit d’interfacer les choses entre elles sans avoir un accord pour ça ?



Ce serait un adieu à toute interopérabilité des systèmes sans passer par une phase contractuelle avant, c’est moche. Et ça nous empêchera pas de le faire d’ailleurs, ce sera de nombreux procès fleuve aux états unis avec des sommes astronomiques demandées.







Euh non, d’ailleurs il n’est pas interdit de protéger des API…

Le but d’une API c’est d’interfacer TON système avec un autre. Pas le système du voisin avec un autre lambda -> on tombe limite dans le protocole après.



Oracle se plaint que Android/Dalvik reprend du code et des API de sa version commerciale de Java (si je ne me gourre pas) : d’où la défense de Google basée sur le fair use et non sur la non protection possible d’une API.



Le succès d’Android est lié  business model (gratuit) et à la plateforme qu’a développé Google.

Ils auraient fait ça en Python que ça n’aurait pas changé grand chose.



Enfin si, Oracle n’aurait alors probablement pas acheté Sun.


Do androids still dream of electric java ? ;-)


Google aurait du acheter Sun, avec la manne de développeurs Java dont ils sont à l’origine c’est honteux.








Antwan a écrit :



Google aurait du acheter Sun, avec la manne de développeurs Java dont ils sont à l’origine c’est honteux.





Et il y aurait peut être eu moins de raté qu’avec Oracle. Coucou les premières versions d’“Oracle”VirtualBox foireuses à souhait qui me pètent des vm.









Antwan a écrit :



Google aurait du acheter Sun, avec la manne de développeurs Java dont ils sont à l’origine c’est honteux.





C’est surtout ça qui est bizarre. Vu qu’ Android semble intimement lié à Java, pourquoi ne pas avoir racheté Sun juste pour se protéger avec les brevets ?



Pas dit qu’ils n’ont pas essayé.

Mais Sun n’avais pas que Java. Il y avait aussi toutes la partie serveur (hardware et OS) + d’autres produit comme OpenOffice, MySql et VirtualBox par exemple.

Pas sur que Google aurait été intéressé par tout cela…








Antwan a écrit :



Google aurait du acheter Sun, avec la manne de développeurs Java dont ils sont à l’origine c’est honteux.



Ou Sun n’aurait pas du se laisse racheter ? Pour rappel, le rachat par Oracle a été une surprise pour beaucoup de monde… rien ne dit qu’il n’y avait pas des négociations entre Sun et d’autres (notamment IBM), et pourquoi pas Google.



EDIT: semi-grilled par Faktis <img data-src=" />



Ils pouvaient faire comme avec Motorola. On rachète, on garde ce qui nous intéresse et on revend ensuite le reste.&nbsp;








CryoGen a écrit :



Ou Sun n’aurait pas du se laisse racheter ? Pour rappel, le rachat par Oracle a été une surprise pour beaucoup de monde… rien ne dit qu’il n’y avait pas des négociations entre Sun et d’autres (notamment IBM), et pourquoi pas Google.



Le fait que ça soit Oracle qui rachète Sun était en effet une surprise, mais pas le fait que Sun se fasse racheter. Ça faisait longtemps que Sun était dans la tourmente, et qu’il ne faisait pas trop de doute qu’il allait finir racheté.

La surprise vient plutôt de se qu’on s’attendait plus à ce que ça soit Google ou IBM qui sorte le chéquier.



C’était plus difficile à faire avec SUN. Google ne pouvait pas se contenter de garder les brevets.

Ils auraient du également gérer l’avenir de Java, y compris sur les autres plateformes que la leur.

Pas sûr qu’ils avaient très envies…


Bizarre, une API s’est fait pour être interopérable, or l’interopérabilité est protégé par la loi.








gokudomatic a écrit :



Un vrai combat de hyènes.





De titans je dirais, tant les implications sont colossales



Bah, ça va faire comme pour le round précédent…





  • quand le jugement a été rendu que les API ne pouvaient être couvertes par le droit d’auteur, Oracle a été en appel et a gagné. Du coup les API sont maintenant couvertes par le droit d’auteur au détriment de l’interopérabilité. Microsoft et quelques autres parasites vivant des écosystèmes cadenassés ont même été pétitionner la cour suprême pour que celle-ci n’intervienne pas.



  • maintenant le jugement est en défaveur d’Oracle? qu’à cela ne tienne, ils auront encore raison en appel et demanderont aux autres petites frappes du secteur de les aider à détruire toute notion de “fair use” pour les API.



    Au final, les actions d’Oracle et des autres nuisent fortement au logiciel libre et à l’open source, et rendent&nbsp; l’émergence de solutions alternatives mais compatibles beaucoup plus risquée pour les auteurs de tels logiciels.








boogieplayer a écrit :



De titans je dirais, tant les implications sont colossales





dur de trouver une métaphore correcte… bataille de sangsues géantes? Ce sont certes des titans, mais ce sont aussi des espèces parasitaires nuisibles (particulièrement dans le cas d’Oracle)



Un combat entre deux escrocs….. le vainqueur sera le plus voleur des deux….



&nbsp;Car n’oublions pas que Google vole et s’approprie le travail des autres pour promouvoir ses services et sa pub….

Le constat est simple et évident. Sous Android, personne au final ne gagne de l’argent…. sauf Google…. donc parler de fair use et de plateforme ouverte…. est simplement un mensonge grossier !

Android est la plateforme de promotion des services Google et tous les autres ne font qu’aider à les promouvoir….








AlphaBeta a écrit :



Un combat entre deux escrocs….. le vainqueur sera le plus voleur des deux….



&nbsp;Car n’oublions pas que Google vole et s’approprie le travail des autres pour promouvoir ses services et sa pub….

Le constat est simple et évident. Sous Android, personne au final ne gagne de l’argent…. sauf Google…. donc parler de fair use et de plateforme ouverte…. est simplement un mensonge grossier !

Android est la plateforme de promotion des services Google et tous les autres ne font qu’aider à les promouvoir….





Ce qui ne veut pas dire que Google vole qui que ce soit.



C’est un simple business model. C’est comme si on disait que JC Decaux sont des voleurs car ils proposent gratuitement leur mobilier urbain.



Après on aime ou on aime pas le mobilier urbain de JC Decaux ou le système d’exploitation de Google…mais il est difficile de dire que c’est du vol.<img data-src=" />



Un peu simpliste comme analyse….&nbsp; car&nbsp;JC decaux n’oblige pas encore les automobilistes à passer devant son mobilier ni à regarder leurs publicités, JC decaux ne sanctionne pas&nbsp;les annonceurs qui vont à la concurrence, JC Decaux n’a pas de position dominante sur le marché, JC Décaux ne vole pas (encore) les données personnelles, JC Décaux paye des royalties pour les brevets qu’il utilise, JC Décaux paye pur les emplacements qu’il&nbsp;utilise,&nbsp;JC Décaux ne travaille pas depuis des paradis fiscaux, JC Décaux paie des impots,

etc. etc. etc. etc.

Bref, ton analyse compare des choux et des carottes et montre clairement comment des juges peuvent se laisser abuser (corrompre ?)&nbsp;&nbsp;par des comparaisons sans fondements….

&nbsp;

&nbsp;


Oracle <img data-src=" />





(dédicace à Gokudomatic<img data-src=" />)


Et comment Oracle est né ?



Quand Larry Ellison a copié SEQUEL (de chez IBM) pour faire SQL








ragoutoutou a écrit :



dur de trouver une métaphore correcte… bataille de sangsues géantes? Ce sont certes des titans, mais ce sont aussi des espèces parasitaires nuisibles (particulièrement dans le cas d’Oracle)





We are in the shadow of the colossus&nbsp;<img data-src=" />









levhieu a écrit :



Et comment Oracle est né ?





Tes parents ne t’on jamais parlé de ces choses là ? Tu sais, les abeilles, les roses et les choux…. la cigogne ?<img data-src=" />









cyrano2 a écrit :



Bizarre, une API s’est fait pour être interopérable, or l’interopérabilité est protégé par la loi.





Plus ou moins suivant les pays. Les USA n’étant pas les meilleurs en la matière.

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&nbsp; ragoutoutou a écrit :



Au final, les actions d’Oracle et des autres nuisent fortement au logiciel libre et à l’open source, et rendent&nbsp; l’émergence de solutions alternatives mais compatibles beaucoup plus risquée pour les auteurs de tels logiciels.





Pas que pour les auteur de logiciel libre, si le copyright est reconnu sur les API de bibliothèque, ça menace tous ceux qui veulent produire des solutions logiciellement compatibles, propriétaires comme libres.



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