L’activation « à la demande » des caméras-piétons (déjà) de retour à l’Assemblée

L’activation « à la demande » des caméras-piétons (déjà) de retour à l’Assemblée

C'est rare d'avoir une saison 2 si rapidement en France

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Xavier Berne

Publié dans

Droit

15/06/2016 6 minutes
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L’activation « à la demande » des caméras-piétons (déjà) de retour à l’Assemblée

Alors que les nouvelles dispositions législatives applicables aux caméras-piétons utilisées par les forces de l’ordre sont en vigueur depuis 10 jours, certains députés PS proposent d’ores et déjà de les modifier... L’objectif ? Arriver à faire en sorte que ces appareils embarqués soient activés « à la demande » par les gendarmes et policiers, voire en permanence.

Expérimentés depuis 2013, ces joujoux électroniques à 1 200 euros pièce sont désormais encadrés par l’article L241-1 du Code de la sécurité intérieure – introduit par la récente loi de réforme pénale (publiée le 4 juin au Journal officiel). Policiers et gendarmes se voient ainsi tenus d’enclencher leurs caméras mobiles « lorsque se produit ou est susceptible de se produire un incident, eu égard aux circonstances de l’intervention ou au comportement des personnes concernées ». L’enregistrement n’étant pas permanent, chaque agent reste donc libre d’allumer ou non sa caméra.

Un angle-mort qui avait vivement attiré l’attention de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH). « Le pouvoir d'appréciation laissé à l'agent de police ou de gendarmerie quant à l'opportunité du déclenchement de la caméra ou encore l'orientation de la prise de vue sont problématiques. » Dans un avis en date du 17 mars, l’institution expliquait que le ministère de l'Intérieur estimait « qu'il s'agissait d'un faux problème car, en cas de difficultés, l'agent qui n'aurait pas activé la caméra devrait en répondre à son supérieur hiérarchique, le plaçant dans une " situation inconfortable " ». Par mesure de « totale transparence, et afin de garantir que ce dispositif protège tant les forces de l'ordre que les usagers », l’autorité demandait néanmoins au législateur « d'élargir l'initiative du déclenchement de l'enregistrement aux personnes faisant l'objet d'une intervention ».

Les sénateurs avaient obtenu gain de cause en CMP

C’est d’ailleurs le chemin qu’avait suivi l’Assemblée nationale, sous l’impulsion d’Élisabeth Pochon (PS). « Il m'a semblé nécessaire qu'il puisse y avoir une réciprocité de demande de déclenchement » s’était justifiée la député en commission, dès le mois de février.

La suite est connue : le Sénat a refusé qu’il puisse y avoir une activation « à la demande » des personnes concernées par une intervention des forces de l’ordre, au motif que la rédaction retenue serait porteuse d’insécurité juridique. « Il semble en effet difficile de définir les conditions dans lesquelles il sera considéré que la demande de déclenchement sera légitime : faut-il donner droit à toute demande même exprimée de manière violente ? Par ailleurs, en cas de non fonctionnement de la caméra, la procédure judiciaire éventuellement issue de l'intervention sera-t-elle caduque ? » s’était inquiété Philippe Paul (Les Républicains).

Le projet de loi de réforme pénale ayant été engagé sous procédure accélérée, une commission mixte paritaire fut initiée après une seule lecture par chambre (au lieu de deux en temps normal). Députés et sénateurs sont ainsi arrivés à un compromis général, lequel entérinait la position du Sénat – qui était aussi partagée par le gouvernement – sur l’activation des caméras-piétons... Au grand dam d’Élisabeth Pochon.

Le sujet revient au galop

La députée socialiste n’aura cependant pas tardé à remettre l’ouvrage sur le métier. Dans le cadre du projet de loi « Égalité et citoyenneté », débattu aujourd’hui et demain en commission spéciale, la parlementaire a déposé un amendement (co-signé par une dizaine d’élus PS) visant à revenir sur l’article L 241-1 du Code de sécurité intérieure. Chaque caméra-piéton devrait ainsi être activée :

  • Lors de tout contrôle ou vérification d’identité.
  • À la demande des personnes concernées par les interventions des agents de la police nationale et des militaires de la gendarmerie nationale.
  • À l’initiative des agents de la police nationale et des militaires de la gendarmerie nationale, lorsqu’un incident se produit ou, eu égard aux circonstances de l’intervention ou au comportement des personnes concernées, est susceptible de se produire.

« Chacun se sentant protégé par la présence d’une caméra filmant l’intervention, l’obligation de l’activer lors de chaque contrôle encouragera chacun au respect. Sécurisation de l’action des forces de l’ordre et apaisement des relations entre les forces de l’ordre et la population sont les objectifs affirmés du présent amendement » affirme Élisabeth Pochon.

Vers un enregistrement permanent ?

Un second amendement, porté cette fois par le rapporteur Razzy Hammadi, se veut encore plus radical : les caméras-piétons devraient enregistrer en permanence et en tous lieux les interventions des forces de l’ordre. « Il y a tout lieu de penser que le caractère systématique de ces enregistrements permettra d'apaiser les tensions et de préserver au mieux les droits des auteurs de l'intervention comme ceux des personnes qui en font l'objet, en levant la suspicion inévitablement attachée à un déclenchement discrétionnaire des caméras mobiles », explique le député PS.

Pour mémoire, ces caméras embarquées sont certes destinées à apaiser les relations entre la population et les forces de l’ordre, mais aussi – et surtout – à fournir des preuves en cas de procédure judiciaire (à l’encontre donc d’un contrevenant) ou disciplinaire (si c’est un fonctionnaire qui est mis en cause). Si tel n’était pas le cas, les images capturées doivent être effacées au bout de six mois. « Les personnels auxquels les caméras individuelles sont fournies ne peuvent avoir accès directement aux enregistrements auxquels ils procèdent » précise par ailleurs le Code de la sécurité intérieure.

Écrit par Xavier Berne

Tiens, en parlant de ça :

Sommaire de l'article

Introduction

Les sénateurs avaient obtenu gain de cause en CMP

Le sujet revient au galop

Vers un enregistrement permanent ?

Le brief de ce matin n'est pas encore là

Partez acheter vos croissants
Et faites chauffer votre bouilloire,
Le brief arrive dans un instant,
Tout frais du matin, gardez espoir.

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Commentaires (23)


On va voir si les partisans de la vidéo-surveillance 2424 en prison vont jusqu’au bout de leur logique et soutiennent cet amendement.


ça représente quel volume de données une journée d’enregistrement ?


Moins que YouTube.


Mais plus que Dailymotion <img data-src=" />


+1



Quelle est l’autonomie du dispositif, ils peuvent enregistrer combien d’heures à la suite, sous quelle qualité vidéo (si c’est pourvoir une bouillie de pixels), il faut combien de temps pour transférer la journée d’intervention du policier sur le disque dur? Combien de temps pour recharger les batteries du dispositif?



Parce que sinon, ce dispostif me semble juste pour faire comme “à la télé”. Ce n’est pas parce qu’il y a une caméra que cela impartial.


Ils ont plus de chance d’être filmé dans la rue ( les politiques ) quand prison, donc seront contre.<img data-src=" />


Je ne parle pas des politiques mais des commentateurs éclairés (que dis-je illuminés) de la news sur le sujet.


Au bout du compte, le citoyen, qu’ils soit en taule ou dans un espace publics à de grande chance d’être filmé, c’est un mouvement mondial, les lieux sans surveillance vont être rare à force (avec les objet connecté cela sera pire).<img data-src=" /> Suit pour la surveillance mais de manière raisonnable sans abus, mais la limite est déjà bruler.


C’est très bien de pouvoir savoir si un flic a tapé/tiré/savaté/matraqué “a juste titre”. Mais qu’il déclenche a la demande d’un tiers ou de son propre chef ça ne change rien.

&nbsp;Ce qu’il faut c’est y avoir accès et dans l’instant avant toute possibilité d’édition..

Or même les avocats n’ont accès a toutes ces vidéos ‘officielles” (celles des rues par ex) qu’après de longues paperasses (ça les arrangent bien, ça leur justifie le taff a facturer) donc sans aucune garantie d’authenticité.

Les seules vidéos des altercations dans la rue qui puissent valoir sont celles prises sur le vif par les passants avec leur propre matériel.



Je vois pas pourquoi un flic qui vient de se laisser aller a son excès de testostérone :




  • penserait dans l’instant a allumer le bignou

  • irait raconter a tout le monde qu’il a “un peu exagérer”



    Quand au flic qui réplique a juste titre aux agressions des sales types qui peuplent les rues :

  • aura t il eu le temps de penser a l’allumer

  • n’aura aucune raison de ne pas allumer sa webcam si on le lui demande



    Par contre, une telle loi pour ensuite estimer que seuls les enregistrement de sources policières sont recevables, ça permettra de moins être embêter par des vidéos prises par de passants et qui pourraient montrer des faits un peu différents de ceux évoquer dans les tribunaux.

    Donc la question de l’activation n’est qu’un moie le poisson de plus.


Maintenant que les policiers ont le droit de porter une arme, même en dehors du service, tout le temps et pas seulement en état d’urgence (dixit le ministre) , il serait normal que les porteurs d’une arme létale soient filmés en permanence.

Quand un type portant une arme chargée va picoler dans un bar (et en dehors du service, ils ont le droit de picoler comme tout le monde, c’est normal) et sort bourré du bar il est possible/probable qu’en se coltinant avec un autre ivrogne il commette une irréparable bavure. Dans un tel cas la caméra est indispensable, même en dehors du service.

&nbsp;

Ce n’est pas de la vidéosurveillance, c’est de la vidéosécurité. <img data-src=" />


A croire que mettre des caméras partout va résoudre des problèmes. Je comprends l’initiative et ça part d’un bon sentiment, mais la mise en place me parait bien complexe et cher payé pour ce que ça peut rapporter.



&nbsp;


Ah oui, dis donc, ya du droit-de-l’hommiste (à géométrie non-euclidienne variable) <img data-src=" />








Soriatane a écrit :



+1



Quelle est l’autonomie du dispositif, ils peuvent enregistrer combien d’heures à la suite, sous quelle qualité vidéo (si c’est pourvoir une bouillie de pixels), il faut combien de temps pour transférer la journée d’intervention du policier sur le disque dur? Combien de temps pour recharger les batteries du dispositif?



Parce que sinon, ce dispostif me semble juste pour faire comme “à la télé”. Ce n’est pas parce qu’il y a une caméra que cela impartial.





Attention, je me base sur ce que je sais des modèles US…

Vu qu’en France on a tendance à acheter de la merde car on veut du matos Français (coucou Mercura), c’est pas forcément la même chose. Bon, ça reste “compréhensible” puisque notre police est nationale donc beaucoup de véhicules/policiers à équiper alors que chez eux ce sont les localités qui gèrent, donc parc moins étendu et plus de moyens.



Donc pour en revenir à nos moutons, autonomie entre 4 et 12h. Deux façons de record : enregistrement en local ou streaming du flux vidéo de ta body cam vers ta voiture de patrouille qui du coup enregistre sur un gros DD.

Stockage entre 8 et 32Go de mémoire flash sur la body cam elle-même.

Niveau qualité c’est entre le bête 640*480 pour les modèles 8Go et tu peux aller au 720p/1080P 60fps pour les modèles à 32Go/streaming véhicule de patrouille.



Donc si tu y met les moyens c’est vraiment pas mal et top quali ;)



&nbsp;





DjuL-BzH a écrit :



A croire que mettre des caméras partout va résoudre des problèmes. Je comprends l’initiative et ça part d’un bon sentiment, mais la mise en place me parait bien complexe et cher payé pour ce que ça peut rapporter.





L’efficacité des systèmes de body-cam/dash-cams n’est plus à prouver et n’est pas bien compliqué à mettre en place. Par contre il faut que ce soit un enregistrement permanent sinon ça n’a aucun intérêt.



Si tu veux tu peux lire un évènement récent similaire (pas de bléssés au moins) avec militaire en civil&nbsp;bourré qui met en joue un flic

http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2016/06/13/peines-de-prison-pour-deux-militaires-qui-ont-menace-civils-et-policiers-avec-leurs-armes_4949757_1653578.html?xtmc=chambery&xtcr=1


Je me pose une question : L’État va-t-il payé la copie privé?<img data-src=" />


Merci du retour.


Aurais-tu un doute sur la nature professionnelle de la police et de la gendarmerie ?


Non, mais vont-ils envoyés le gign et gipn pour accélérer le remboursement ou en faire cadeau.<img data-src=" />








picatrix a écrit :



Maintenant que les policiers ont le droit de porter une arme, même en dehors du service, tout le temps et pas seulement en état d’urgence (dixit le ministre) , il serait normal que les porteurs d’une arme létale soient filmés en permanence.

Quand un type portant une arme chargée va picoler dans un bar (et en dehors du service, ils ont le droit de picoler comme tout le monde, c’est normal) et sort bourré du bar il est possible/probable qu’en se coltinant avec un autre ivrogne il commette une irréparable bavure. Dans un tel cas la caméra est indispensable, même en dehors du service.

 

Ce n’est pas de la vidéosurveillance, c’est de la vidéosécurité. <img data-src=" />





Pour ce genre de cas ?



hmmmmm à 1200€/pièce, on aura donc du 480x360@20fps et 1Go de stockage <img data-src=" />



merci pour les info <img data-src=" />


Aller on fout tout les flics en live Streaming sur périscope et c’est bon. <img data-src=" />








knos a écrit :



Aller on fout tout les flics en live Streaming sur périscope et c’est bon. <img data-src=" />





Pour les gardiens de prison c’est inutile : les taulards sont déjà sur péri, donc les gardiens y seront(sont) filmés&nbsp;<img data-src=" />