Le droit à l'oubli aux portes du registre du commerce et des sociétés

Le droit à l’oubli aux portes du registre du commerce et des sociétés

Liquider la liquidation

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Marc Rees

Publié dans

Droit

13/06/2016 3 minutes
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Le droit à l'oubli aux portes du registre du commerce et des sociétés

Après sa consécration dans les moteurs de recherche, la Cour de justice de l’Union européenne va-t-elle reconnaître le droit à l’oubli (ou plutôt droit à l’effacement) cette fois dans le registre des sociétés ? L’épineuse question lui a été soumise dans une affaire italienne.

L’administrateur d’une société de construction de bâtiments s’était vu attribuer un marché pour un complexe touristique. Or, selon lui cependant, ces biens ne se sont pas vendus car il apparaissait dans le « registre des sociétés » national, équivalent de notre registre du commerce et des sociétés (RCS), qu’il avait conduit à la faillite en 1992, une société liquidée en 2005. Si ces enregistrements nominatifs sont en principe disponibles sans limite de temps en Italie, l’entrepreneur avait malgré réussi à obtenir la radiation de son nom devant la justice en 2011. L’affaire a cependant été contestée devant la Cour de cassation qui, dans le doute, a saisi la CJUE.

Confrontation entre deux directives

À Luxembourg, les plaidoiries sont programmées mercredi prochain. Les conclusions de l’avocat général suivront, avant une décision attendue dans quelques mois. Si la Cour a déjà considéré un tel droit à l’effacement dans les moteurs de recherche, cette fois, le nœud du problème est plus complexe en raison de la confrontation de deux directives.

D’un côté, l’article 3 de la directive 68/151/CEE impose un registre des sociétés où chaque État membre doit faire publier de nombreux actes, accessibles à tous. De l’autre, la directive de 1995 relative à « la protection des personnes physiques à l'égard du traitement des données à caractère personnel », prévoit en son article 6 que ces données personnelles doivent être conservées pendant une durée non excessive. La Cour de cassation italienne demande du coup s’il ne devrait pas y avoir des limitations (temps/destinataire) quelconque pour reconnaître un droit à l’oubli dans le registre des sociétés. Ce droit à l’effacement permettrait ainsi à chacun de se refaire peu ou prou une virginité sur un passé entrepreneurial peu scintillant.

Quelles répercussions en France ?

Cette affaire pourrait avoir des répercussions en France. Selon des informations glanées auprès d’un greffe de tribunal de commerce, si les mesures d’interdiction de gérer, décidées par un juge, sont effacées du RCS à la fin de l’interdiction, tout comme les plans de redressement ou de sauvegarde, au bout de 5 ans, les mesures de liquidations restent par contre inscrites sans limite de durée.

Écrit par Marc Rees

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Sommaire de l'article

Introduction

Confrontation entre deux directives

Quelles répercussions en France ?

Le brief de ce matin n'est pas encore là

Partez acheter vos croissants
Et faites chauffer votre bouilloire,
Le brief arrive dans un instant,
Tout frais du matin, gardez espoir.

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Commentaires (8)


Problème épineux mais :




  • Si les apartes ne se sont pas vendu c’est qu’ils étaient trop cher c’est tout. Je connais pas grand monde qui va voir le RCS avant d’acheter un bien.

  • Effacer le nom des entrepreneurs douteux privera d’une source d’information les avocats/conseillés/investisseurs/… d’une source d’info précieuses sur la viabilité d’un investissement.

  • Ceux qui ont un passif chargé sur ce registre utilise en général un prête nom (famille/amis/personne payé) pour monter leur petites affaires



    Bref la question réglementaire est fondé mais je crains que la réponse ne profite a personne.


Tout est question de mesure et de pondération. Après combien de temps l’information reste-t-elle pertinente pour le public? Est-ce que simplement radier le nom peut suffire? faut-il restreindre l’accès à l’information à celui qui en a vraiment besoin?



Faire faillite ça arrive, c’est embêtant, pas que pour le patron mais il y a un risque à entreprendre et on considère que faire faillite est normal dans la mesure où on n’a pas eu de comportement spécifiquement illicite. Jusqu’à quand doit-on en porter le fardeau? Ou jusqu’à quand est-ce que le public a besoin de savoir que la personne a fait faillite?



Après lorsqu’il s’agit de signer quelque chose ou de faire du business on a vite tendance à aller consulter sur internet avec qui on traite, et on tombe souvent sur des sites reprenant ces registres, ou nous menant à ces mêmes registres. Je pense donc que ça peut vraiment avoir un impact sur la capacité à lever des fonds plus tard.


Cette inscription est un vrai problème en France.

Subir un échec ne devrait pas être une honte car comment en vouloir à celui qui tente sa chance ? Heureusement que beaucoup l’ont fait car sinon bon nombre d’entreprises n’existeraient pas aujourd’hui. S’il y en avait plus cela résoudrait peut-être certains problèmes d’emplois…

Dans d’autres pays, principalement anglo-saxons, cette inscription n’a pas cette connotation négative, ou en tous cas pas autant.


En effet, je ne dit pas le contraire. Tout le monde a droit a une deuxième chance, ou plus. Il faut peut être apprendre aux gens que personne n’est parfait et que l’on a tous droit à l’erreur. Mais je reste convaincu qu’il ne faut pas non plus privé une population d’une source d’information juste pour que certains soient en mesure de se relancer.

Je ne suis pas pour leur mettre une pancarte dans le dos, mais pas non plus leur refaire une virginité sans effort.








dbourni a écrit :



Cette inscription est un vrai problème en France.

Subir un échec ne devrait pas être une honte car comment en vouloir à celui qui tente sa chance ?







Oula, tu essayes de changer les Français la ? ^^ Bon courage ^^



Tu as tout à fait raison, il y a un intérêt légitime de chaque côté de la balance.








eliumnick a écrit :





&nbsp;C’est vrai, ça ne va pas être facile <img data-src=" /> mais on peut essayer quand même.

Je suis tout à fait d’accord qu’il y a un intérêt des 2 cotés, mais de là à garder une inscription indélébile durant 50 ans… Pourquoi ne pas la laisser apparente pendant 5 ans par exemple.









Mimoza a écrit :





  • Si les apartes ne se sont pas vendu c’est qu’ils étaient trop cher c’est tout. Je connais pas grand monde qui va voir le RCS avant d’acheter un bien.



    • Effacer le nom des entrepreneurs douteux privera d’une source d’information les avocats/conseillés/investisseurs/… d’une source d’info précieuses sur la viabilité d’un investissement.







      C’est marrant, tu dis une chose et son contraire en 2 lignes :p

      Dans le cadre d’un complexe touristique, ce sont justement des investisseurs qu’on doit convaincre d’acheter sur plan, et de fait, une casserole pareille pour le patron de la société peut réellement flinguer le projet.