Apple chamboule son App Store : délais, publicités et abonnements

Apple chamboule son App Store : délais, publicités et abonnements

Quitte à bousculer le sacro-saint 70/30

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Vincent Hermann

Publié dans

Société numérique

09/06/2016 6 minutes
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Apple chamboule son App Store : délais, publicités et abonnements

Apple n'a pas souhaité attendre la WWDC, qui ouvre ses portes d'ici quelques jours, pour dévoiler des changements importants pour son App Store. En première ligne, une volonté d’attirer les éditeurs proposants des abonnements, avec une augmentation de la part reversée sur les ventes.

Le fonctionnement global de l’App Store n’a pas réellement changé depuis son arrivée dans iOS 2.0. La boutique d’applications, qui a propulsé les iPhone sur le devant de la scène avant que la concurrence ne suive, reste solidement plantée dans ses attributions premières. En tête de liste, on retrouve le partage du revenu qui est de 70 % pour l’éditeur et 30 % pour Apple sur l’ensemble des ventes. 

Abonnements : 85 % des revenus pour l'éditeur après la première année

Cette règle va évoluer pour la première fois. Phil Schiller, responsable de l’App Store depuis décembre dernier, a présenté hier soir lors de la conférence The Loop une série de changements.

Le plus important concerne les abonnements. La règle des 70/30 restera en place, mais seulement pour la première année. Dès que la date anniversaire sera passée, la part d’Apple descendra à 15 %, permettant à l’éditeur de récupérer 85 % de ce qui est vendu. Cela entrera en vigueur la semaine prochaine. 

Une évolution notable qui aura plusieurs avantages. D’une part, motiver les éditeurs qui ne proposeraient pas encore de formules d’abonnements sur iOS, à cause notamment de ces 30 %, jugés trop élevés. D’autre part, fidéliser ceux qui le font déjà et dont les abonnements seront dès lors nettement plus rentables. De quoi satisfaire de nombreuses sociétés qui proposent un tel modèle, courant dans le monde de la presse, mais de plus en plus dans celui des logiciels.

Bien entendu, on ne parle que des abonnements souscrits depuis iOS, Apple ne prélevant aucune part s’ils ont été achetés sur le web par exemple. Notez aussi que la répartition ne change pas pour tout le reste des applications.

Une gestion plus souple pour les éditeurs et les abonnés

Cette volonté de favoriser les abonnements ne se retrouve d’ailleurs pas que dans la somme reversée à l’éditeur. Apple veut simplifier leur mise en place, notamment à travers plus de 200 paliers tarifaires, qui pourront être différents selon les marchés.

Les éditeurs auront également bientôt la possibilité de grouper plusieurs applications au sein d’un même pack (bundle) avec un seul abonnement. Là aussi on imagine que cela peut intéresser les acteurs de la presse, surtout lorsqu'il s'agit de groupes qui disposent de plusieurs marques. Reste à voir s'il sera possible pour des éditeurs différents de faire une offre commune.

La gestion des abonnements sera également nettement plus souple puisqu'il sera possible de proposer des tarifs différents en fonction de certains critères. Par exemple récompenser la fidélité d’un abonné en lui proposant un prix inférieur à celui des nouveaux inscrits. En plus des habituelles formules mensuelles et annuelles, les entreprises pourront également autoriser des renouvellements sur des périodes de deux, trois ou six mois.

Côté utilisateurs, il sera possible de passer plus facilement d’une formule à une autre, sans devoir couper préalablement l’abonnement. Enfin, si une hausse de tarif a lieu, un message pourra être envoyé aux abonnés pour leur demander s’ils consentent au nouveau prix ou souhaitent résilier.

Une telle focalisation sur les abonnements n’a rien d’étonnant, quand on sait qu’ils apportent un flux régulier de trésorerie aux entreprises qui les fournissent. Microsoft est particulièrement satisfaite par exemple des revenus générés par ses formules Office 365.

90 % des validations se font durant les premières 48h

Parallèlement, Phil Schiller a indiqué que les dernières semaines avaient permis de revoir profondément le processus de validation des nouvelles applications et mises à jour, pour le rendre plus rapide. D’un délai de plusieurs semaines quelques mois en arrière, 50 % des validations se font aujourd’hui en 24 heures, 90 % en 48 heures.

Le responsable a cependant précisé que jamais Apple ne se séparerait de cette étape, que la firme considère comme cruciale pour préserver la qualité générale du Store.

En outre, certains changements auront lieu bientôt dans la boutique pour permettre une meilleure découverte des applications. Les applications mises en avant par exemple ne listeront plus celles que l’utilisateur possède déjà, un changement logique qui tardait à se manifester. Les catégories feront également leur retour, et un partage simplifié permettra d'évoquer une application sur les réseaux sociaux plus facilement.

De la publicité dans les pages de recherche

Enfin, Apple va mettre en place de la publicité pour les applications à l’intérieur même de son App Store, après avoir fermé sa propre régie iAd il y a quelques mois. L’objectif est de permettre aux éditeurs de faire la promotion de leurs créations, pour augmenter leur visibilité et engranger quelques nouveaux abonnements au passage. Mais les règles imposées par Apple sont assez drastiques.

Les emplacements seront limités aux résultats de recherche et vendus aux enchères, sans minimum requis ni engagement sur la durée. Il ne pourra y avoir qu’une seule publicité par page de résultats, le contenu devant impérativement être fourni par un éditeur possédant déjà une application dans le Store. Les informations affichées dans la publicité doivent correspondre à celles présentes dans la fiche de l’application.

Les éditeurs pourront par ailleurs viser leur audience avec quelques critères comme l’âge, le sexe, le type d’appareil, la position géographique ou des mots-clés. Cependant, il n’y aura pas de tracking et aucune donnée liée aux clics ou habitudes ne sera donc transmise. Notez enfin que les comptes des enfants de moins de 13 ans et/ou étant gérés par des comptes parentaux bloqueront l’affichage de la publicité.

Ces publicités entreront en phase de test durant l’été, sans précision sur la date de départ ou le lancement officiel. Cependant, Schiller a déjà précisé que cette fonctionnalité ne serait ouverte dans un premier temps qu’aux États-Unis.

Avec la WWDC ouvrant la semaine prochaine, il y a fort à parier qu’Apple reviendra plus en détails sur certains points. Il est d’ailleurs probable que ces annonces aient été faites en amont pour ne pas avoir à y consacrer trop de temps durant la conférence d’ouverture. 

Écrit par Vincent Hermann

Tiens, en parlant de ça :

Sommaire de l'article

Introduction

Abonnements : 85 % des revenus pour l'éditeur après la première année

Une gestion plus souple pour les éditeurs et les abonnés

90 % des validations se font durant les premières 48h

De la publicité dans les pages de recherche

Commentaires (18)




Les applications mises en avant par exemple ne listeront plus celles que l’utilisateur possède déjà



Wah oO’


Vous parlez de “200 moyens de paiement”.

Mais vous vous trompez, il s’agit pour Apple de proposer 200 paliers tarifaires aux développeurs (imaginons de 0,99 centimes à 99€).


Bien vu, c’est corrigé merci&nbsp;<img data-src=" />


Vivement lundi pour en savoir plus sur macOS 10.12 voir 11.0 :p et Swift 3.0 &lt;3


Apple payait la TVA, dans ces 30%, non ?

Ca sera toujours le cas ?


Enfin! Car 30% c’était franchement abusé! 15% ça reste élevé, mais beaucoup plus raisonnable.


oO… C’est du Apple c’est “30%” était une technologie…<img data-src=" />

&nbsp;



Ils font cela aussi car il y a&nbsp; (encore) des applications développé en priorité sur Android&nbsp;








jinge a écrit :



Enfin! Car 30% c’était franchement abusé! 15% ça reste élevé, mais beaucoup plus raisonnable.







15% c’est très honnête sachant que le store evite au développeur d’embaucher des commerciaux ou de rémunérer des distributeurs.









altazon a écrit :



15% c’est très honnête sachant que le store evite au développeur d’embaucher des commerciaux ou de rémunérer des distributeurs.





Tout dépend ce qu’inclus le 15%. Si ta banque te prélève 5% à chacune de tes transaction sur ta CB tu pourras aussi dire que c’est honnête, car elle t’évite d’avoir à te balader avec des pièces d’or et te faire voler ton argent…&nbsp;

Pourtant comme pour Apple, ça ne coûte rien&nbsp;(ou quasi rien)&nbsp;à la banque. Donc 15% c’est raisonnable, mais pas forcément honnête. Une appli achetée doit coûter en coût total à Apple dans les 10 cts maximum (stockage de l’appli, validation, réseau, plateforme, coût de transaction). Donc sur une appli à 5€ c’est 0.2%…&nbsp;









asusien a écrit :



oO… C’est du Apple c’est “30%” était une technologie…<img data-src=" />

&nbsp;



Ils font cela aussi car il y a&nbsp; (encore) des applications développé en priorité sur Android&nbsp;





Probable, sans compter qu’ils ne sont plus en croissance comme avant, donc il faut assurer l’avenir…

Mais le plus gros soucis pour eux je pense que c’est pour les application un peu plus chères (office, adobe, etc), pour que 30% c’est pas raisonnable du tout.&nbsp;

Cela dit, je trouve que le tarif dégressif est une très bonne chose. Cependant ça veut aussi dire qu’il vaut mieux envoyer son appli plus tôt sans aucune fonctionnalité et la mettre à jour quand elle est terminée.&nbsp;









jinge a écrit :



Une appli achetée doit coûter en coût total à Apple dans les 10 cts maximum (stockage de l’appli, validation, réseau, plateforme, coût de transaction). Donc sur une appli à 5€ c’est 0.2%…





Tu ne raisonnes pas correctement. Apple vend un service qui a une valeur certaine : la mise à disposition de centaines de millions de clients, des moyens de mettre en avant ton appli, le fait que tu n’as pas besoin de mettre en place toi-même une infrastructure pour vendre ton appli ou ton service.

Il vend donc tout cela pour 15 % (ou 30 %) et ce n’est pas forcément déraisonnable surtout pour les 15 %.

Et c’est pareil pour le iPhones, il les vend bien plus cher que le prix de revient, c’est juste une histoire de prix de marché.



Ca se passe comment pour les applications pour lesquelles il faut repasser à la caisse à chaque changement de version majeure? On repart sur du 30% la première année et 15% à partir de la suivante?


Tu crois que les commerçants se font prélever de combien? &nbsp;<img data-src=" />



=&gt; entre 0.4 et 3% suivant les solutions monétiques, l’activité et le montant de la transaction

&nbsp;&nbsp;

Bon, ok c’est pas 5% mais il se servent bien à chaque passage!

&nbsp;


Apple, quand offriras tu aux utilisateurs la possibilité de tester une application pendant quelques heures ou jours (si le développeur l’autorise) afin de voir si une application nous correspond avant de l’acheter comme cela se fait depuis des années dans le monde des Logociels ?








fred42 a écrit :



Tu ne raisonnes pas correctement. Apple vend un service qui a une valeur certaine : la mise à disposition de centaines de millions de clients, des moyens de mettre en avant ton appli, le fait que tu n’as pas besoin de mettre en place toi-même une infrastructure pour vendre ton appli ou ton service.

Il vend donc tout cela pour 15 % (ou 30 %) et ce n’est pas forcément déraisonnable surtout pour les 15 %.

Et c’est pareil pour le iPhones, il les vend bien plus cher que le prix de revient, c’est juste une histoire de prix de marché.





Est-ce moi qui ne raisonne pas correctement?

Un produit me coûte 10, je le vends 20, je fais 50% de marge. Un produit me coûte 10, je le vends 100, je fais 90% de marge.&nbsp;

Pour toute entreprise c’est ça le raisonnement que l’on utilise.&nbsp;









hachu21 a écrit :



Tu crois que les commerçants se font prélever de combien? &nbsp;<img data-src=" />



=&gt; entre 0.4 et 3% suivant les solutions monétiques, l’activité et le montant de la transaction

&nbsp;&nbsp;

Bon, ok c’est pas 5% mais il se servent bien à chaque passage!

&nbsp;





Je ne parlais pas des commerçants, qui se font bien plumer… Mais le commerçant est pris en otage, c’est pour ça que les taux sont aussi élevés: s’il ne propose pas la CB, il y a une perte de CA. Les banques profitent juste de leur oligopole, en tant qu’intermédiaire indispensable. A terme il y a des chances que ça évolue avec de nouveaux acteurs amenant de la concurrence…



Bonjour,&nbsp;



Article très intéressant, merci !

Qu’en est-il de la protection des données de celui qui s’abonne in-app avec son compte iTunes ?

Car pour les éditeurs, il semble important de récupérer un minimum de données sur l’utilisateur de l’app pour lui fournir les services auxquels il paye non?