La décision a été prise hier par le COREPER II, le Comité des représentants permanents des gouvernements des États membres de l'Union européenne. Elle sera diffusée sous peu au Journal officiel de l’Union européenne. Canal+ promettait d'attendre la publication de l’acte pour couper le signal de RT France, qu’elle diffuse dans son bouquet. En vain.
Cette coupure s’inscrit dans le sillage des annonces d’Ursula von der Leyen qui avait appelé dimanche à « bannir la machine médiatique du Kremlin ».
« Nous suspendons les licences en faveur de la machine de propagande du Kremlin. Today et Sputnik, des médias appartenant à l'État russe, ainsi que toutes leurs filiales, ne pourront plus répandre leurs mensonges pour justifier la guerre menée par Poutine et pour diviser notre Union », a indiqué encore hier la présidente de la Commission, lors d’un discours au Parlement européen. « Ce sont là des actions sans précédent de l'Union européenne et de nos partenaires, en réponse à une agression de la Russie sans précédent ».
« Nous, Européens, avons été trop naïfs et indulgents avec les organes de propagande et de désinformation massives que sont RT et Sputnik. Leur bannissement du territoire européen est aujourd’hui la seule solution. Il n’est plus acceptable, dans un contexte de guerre, de les voir déverser leur propagande et saper les fondements du débat démocratique et public européen », a considéré Pieyre-Alexandre Anglade à l’Assemblée nationale.
De son côté, les autorités russes ont demandé la « levée immédiate de ces restrictions ». Des missives en ce sens ont été envoyées à Meta et Google notamment. « Les sociétés informatiques américaines, par leurs actions, limitent délibérément le libre accès aux informations russes pour les citoyens des pays du monde et cherchent à former une image unilatérale parmi les utilisateurs de l'opération spéciale menée par l'armée russe sur le territoire de l'Ukraine » affirment-elles.
Autant dire qu’il n’y aura pas de suite favorable tant le paysage numérique de RT et Sputnik s’est effondré : fermeture des comptes Facebook, Instagram, YouTube, des restrictions sur Twitter, Telegram…
L’épisode témoigne d’une accélération de l’histoire de la régulation du numérique, avec des intermédiaires qui, en bloc, ont fermé tour à tour ces robinets numériques sur demandes gouvernementales, et donc sans un seul examen judiciaire de la situation.