En septembre, la Commission européenne rappelait à juste titre que « les semi-conducteurs sont au centre de forts intérêts géostratégiques et au cœur de la course technologique mondiale ». Dans son discours de politique générale de l’État de l’Union, Ursula von der Leyen était d’ailleurs revenue sur ce sujet : « Nous sommes dépendants des microprocesseurs les plus avancés fabriqués en Asie. Il ne s'agit donc pas seulement de notre compétitivité. L'enjeu est aussi notre souveraineté technologique ».
Pour rappel, y a quelques jours, Samsung a choisi le Texas pour installer une nouvelle usine à 17 milliards de dollars, alors qu’Intel annonçait un investissement de 20 milliards de dollars pour la construction de deux nouvelles « fab » en Arizona.
Une nouvelle législation européenne est actuellement en préparation afin de « créer ensemble un écosystème européen des semi-conducteurs à la pointe du progrès, intégrant la production ». Dans une interview accordée à plusieurs médias européens, Thierry Breton annonce que cette disposition sera présentée début 2022, comme le rapporte l’AFP.
« L'Europe supportera les investissements, notamment de rupture, et plus largement l'ensemble du secteur en assouplissant les règles de concurrence relatives aux aides d'États. En contrepartie de ce soutien public, nous instaurerons un mécanisme de préférence européenne en cas de crise », ajoute le commissaire européen.
« C'est, je le rappelle, ce que les Américains ont fait à propos des vaccins produits sur leur sol. Nous devons retenir la leçon. Les semi-conducteurs sont aussi un enjeu d'équilibre des pouvoirs. Ce n'est pas du protectionnisme mais de la souveraineté géopolitique ». Il sera d'ailleurs intéressant de voir de quelle manière un acteur comme Intel sera intégré (ou non) à cette stratégie, alors qu'il fait depuis des mois le tour des pays d'Europe pour choisir où sera implantée sa prochaine usine.
« L'objectif de l'UE est de doubler les capacités de production de puces en Europe d'ici à 2030 pour parvenir à produire 20% des semi-conducteurs dans le monde, selon la feuille de route de l'UE présentée en mars », ajoute l’AFP.
Pour Thierry Breton, « l'Europe a des atouts majeurs à faire valoir : la qualité et la robustesse de sa production électrique », mais aussi « un excellent vivier de talents et de compétences dans un secteur où les difficultés de recrutement sont aujourd'hui le plus grand frein au développement »… encore faut-il se donner les moyens de les garder.
Pour rappel, les questions de souveraineté numérique sont au cœur de notre magazine #3, dont la campagne de financement est en cours sur Ulule.