Ces données ont été mises à disposition gratuitement sur un forum pour pirates. Elles ne sont en fait pas nouvelles : elles étaient initialement apparues en juin 2020, lorsqu’un des membres essaya de les vendre.
Les informations sont issues précisément de 533 313 128 comptes et contiennent les numéros de téléphone portable, l’identifiant Facebook, le nom, le genre, la ville, le statut marital, le métier, la date de naissance ainsi que, dans de rares cas, l’adresse email. Presque toutes les entrées contiennent au moins le nom et le numéro de téléphone.
Alon Gal, directeur technique de la société de sécurité Hudson Rock, a indiqué dans une série de tweets que tout semblait pointer vers l’exploitation en 2019 d’une faille dans la fonction « Ajouter un ami ». Une brèche qui serait apparue dès 2016, si l’on en croit Motherboard, qui avertissait déjà en janvier de la revente des données.
La faille a depuis été corrigée, et on ne sait pas si elle a permis la récupération de toutes les informations, ou uniquement des numéros de téléphone auxquels auraient été ajoutées d’autres données provenant de l’analyse des profils publics.
La première revente des informations a été proposée pour 30 000 dollars l’année dernière. Peu après, un canal Telegram a été ouvert par un autre pirate pour rendre l’utilisation de la base de données payante. Mais, comme souvent, la « commercialisation » de ces informations a été proposée pour des prix de plus en bas plus bas, jusqu’à ce que les données soient proposées gratuitement, pour le gain de notoriété.
Parmi les informations, on trouve notamment les numéros de téléphone de trois des fondateurs du réseau social : Mark Zuckerberg, Chris Hughes et Dustin Moskovitz, respectivement les 4e, 5e et 6e membres inscrits sur la plateforme. Sur les 533 millions de comptes, 19 848 559 proviennent de Français, soit environ la moitié des utilisateurs dans l’Hexagone.
Bien que les données datent de 2019, il est probable que la plupart des informations soient encore valables, le numéro de téléphone changeant rarement, de même que l’adresse email, sans parler du nom, du genre ou du pays de résidence.
Ces informations peuvent servir – et ont sans doute déjà servi – à des campagnes de phishing, voire de smishing (phishing par SMS). La récupération des numéros de téléphone peut éventuellement permettre des attaques de type SIM swap scam pour récupérer des codes d’authentification multi-facteurs envoyés par SMS.
Maintenant que les informations sont publiques, la vigilance est de mise. Attention donc à certains emails ou SMS reçus, car les données personnelles augmentent le risque d’ingénierie sociale, quand bien même la personnalisation des attaques se fait davantage pour des cibles à potentiel spécifique.
Du côté de l’Electronic Frontier Foundation, on pointe une nouvelle fois un scandale lié à la vie privée sur le réseau social. Surtout, on prévoit d’avance que la faille risque de servir à nouveau d’excuse à Facebook pour renforcer les mesures retenant les utilisateurs captifs, alors que les demandes d’ouverture abondent.
La question de savoir si vous êtes concernés par la fuite est complexe. En France, mieux vaut partir du principe que c’est le cas. La base Have I Been Pwned, habituellement une référence, n’est dans le cas présent pas un indicateur fiable, car sur plus d’un demi-milliard de comptes, seuls 2,54 millions d’adresses email ont été récupérées.
Facebook n’a pas communiqué spécifiquement autour de cet incident, la plupart des porte-paroles rappelant que les informations datent de 2019 et que la fuite a été corrigée depuis.
À l’aune du RGPD, Facebook doit en principe prévenir les autorités de contrôle dans les 72 heures suivant la découverte de la fuite, à ceci près que la fuite a eu lieu avant l’entrée en application du règlement.
Ce point a été confirmé par la CNIL irlandaise, la DPC (Data Protection Commission) qui est ici autorité chef de file, l’établissement principal de Facebook en Europe étant à Dublin.
Elle a annoncé qu’elle se penchait sur cette fuite, notamment pour vérifier si les données sont identiques à celles de 2019, et s’il doit y avoir procédure.
Selon les résultats, elle pourra imposer à Facebook d’alerter l’ensemble des utilisateurs concernés, en application de l’article 33 du RGPD.