La communication du gouvernement Castex autour de la carte nationale d’identité électronique ne laisse aucune place à la nouvelle identité numérique régalienne, qui doit pourtant s’appuyer sur cette nouvelle carte d’identité et est la principale nouveauté portée par ce titre électronique, explique Acteurs Publics.
L’État, et le ministère de l’Intérieur en particulier, travaillent en effet déjà depuis 2018 à la conception d’un moyen d’identification en ligne hautement sécurisé.
Mais sachant le sujet explosif, le gouvernement semble y aller timidement sur ce projet pour éviter de s’empêtrer dans une nouvelle polémique. D’autant que la carte d’identité électronique – dans laquelle seront consignées la photo du visage et les empreintes digitales – réactive déjà les craintes autour de la biométrie et du fichage des Français.
« Le gouvernement est terrorisé à l’idée de devoir gérer encore un autre dossier numérique en plus du passeport santé et de TousAntiCovid », analyse un proche du dossier.
« Cette nouvelle carte d'identité électronique ne permet rien de plus par comparaison avec ce qu'un passeport biométrique permet déjà. Il est urgent de passer d'une carte d'identité électronique à une véritable identité numérique », déplore Yoann Kassiannides, le délégué général de l'alliance pour la Confiance Numérique (ACN) et représentant des sociétés du secteur (Thales, Idemia, INGroupe, etc).
Les Échos expliquent que les travaux des industriels du secteur sont pour l'instant bloqués par l'État qui n'a pas encore défini ce qu'il attend d'un tel système.
Deux visions s'affrontent toujours au sein de l'administration. Plus proches des milieux économiques, certains défendent un modèle de concurrence dans lequel les sites web paieront soit le service public France Connect, soit les acteurs privés pour que les Français puissent s'authentifier sur leurs services via l'identité numérique de leur CNIE. D'autres, notamment au ministère de l'Intérieur, voient des problèmes de sécurité dans ce schéma.
Acteurs Publics révèle par ailleurs que le coût pour l’État de la nouvelle carte d’identité électronique est de 5 euros pièce, contre 3,50 euros pour l’actuelle, dépourvue de puce. Soit environ 32 millions d’euros par an pour émettre les quelque 6,5 millions de titres annuels que le ministère prévoit « en rythme de croisière », contre environ 5 millions aujourd’hui. Cette augmentation du rythme est liée au rabaissement de la durée de validité de la carte de quinze à dix ans.