En France, une importante communauté niant la réalité du changement climatique s’est constituée sur Twitter au tournant de l’été 2022. Tel est le constat posé par le directeur de recherche au Centre d’analyse et de mathématiques sociales du CNRS David Chavalarias et son équipe dans leur « climatoscope », une radiographie des conversations et circuits de désinformations liés aux questions climatiques ayant eu lieu sur Twitter pendant les deux dernières années.
Les chercheurs expliquent ce résultat par la conjonction de trois éléments, à l’été 2022 : de nombreux événements extrêmes (et l’année la plus chaude de l’histoire), la tenue de la COP27 et l’alignement entre enjeux de réchauffement climatique et sécurisation des approvisionnements en énergie dans un contexte de guerre en Ukraine.
Autres spécificités de la communauté climatosceptique française : elle contient 2,8 fois plus de « probables bots » que la communauté structurée autour des experts du GIEC et produit 3,5 plus de messages toxiques.
Les chercheurs notent aussi une porosité forte entre communautés antivax et rejet du changement climatique : la plupart des comptes Twitter qui véhiculent des publications climatosceptiques avaient diffusé des messages antisystèmes ou anti-vaccin pendant la pandémie. Par ailleurs, 6 sur 10 ont relayé des messages pro-Kremlin relatifs à la guerre en Ukraine. « La question de la lutte contre le réchauffement climatique et les caractéristiques des militants dénialistes font de cet enjeu un terrain favorable à des opérations d’ingérence étrangère », alertent les auteurs de l’étude.
À l’échelle mondiale, ces derniers relèvent que les comptes évoquant le changement climatique sont composés de 30 % de climatosceptiques. Ils soulignent aussi l’opposition des postures : d’un côté, les experts du GIEC et de la communauté sensibilisée sur les questions climatiques qui « concentrent leurs prises de paroles sur leurs domaines d’expertises ». De l’autre, les « dénialistes » produisent « des formes inauthentiques d’expertise », s’exprimant sur une multitude de sujets, et une petite minorité d’entre eux sont à l’origine de la grande majorité des éléments qui circulent.
Le Climatoscope est une déclinaison dédiée aux questions climatiques du Politoscope, un outil d’analyse des conversations et de la désinformation sur Twitter développé par l’Institut des Systèmes Complexes de Paris (CNRS).