« Les Gafam mettent la main sur les câbles sous-marins pour mieux contrôler Internet », titre Le Monde, pour qui « les géants de la tech américains ont totalement chamboulé le modèle économique d’une industrie dont les origines remontent à l’invention du télégraphe », et « réussi en moins de dix ans à mettre la main sur un secteur jusque-là dominé par les grands opérateurs internationaux de télécoms ».
Le groupe français Alcatel Submarine Networks (ASN), premier fabricant européen de câbles sous-marins de fibre optique, estime en effet que « 70 % des projets mondiaux actuels, notamment transpacifiques et transatlantiques, sont supportés par Google, Facebook et Cie ».
« Sur le transatlantique, il est impossible aujourd’hui de faire un câble sans un Gafam », explique au Monde Jean-Luc Vuillemin, directeur de l’entité opérant l’ensemble des réseaux internationaux de l’opérateur Orange, lui-même propriétaire de lignes sous-marines :
« Les Gafam ont totalement chamboulé le modèle économique traditionnel des câbles sous-marins qui reposait sur des consortiums. Ils ont parfois encore besoin de partenaires pour faire baisser le coût unitaire de la ligne de fibre optique, ainsi que pour des questions de réglementations nationales. Mais leurs ressources financières leur donnent un pouvoir immense. Le secteur est passé du modèle de consortium à celui de coconstruction, sous leur direction ».
Alors qu'un câble transatlantique ou transpacifique coûte plus de 300 millions d’euros, « ce type de montant est sans commune mesure face aux dizaines de milliards de dollars qu’Alphabet et Meta amassent chaque année grâce à leurs activités », relève Le Monde.
Ses calculs montrent que plus de 60 % de la bande passante des 486 câbles sous-marins est occupée par les Gafam. « Les opérateurs télécoms européens deviennent des prestataires de services des Gafam », déplore l’historien Pascal Griset, directeur du Centre de recherche en histoire de l’innovation : « dans l’histoire des télécoms, le rapport de force n’a jamais été autant déséquilibré en faveur des Américains ».
Dans un troisième article, Le Monde souligne cependant qu'avec les six navires câbliers d’ASN, et les sept bateaux d’Orange Marine, « le pavillon français est le plus représenté au monde », et qu'il « compte environ pour un quart de la flotte mondiale de ces bateaux capables de déposer des câbles longs de plusieurs milliers de kilomètres sur les fonds marins et de les réparer en pleine mer ».