C’est la question que se posent des chercheurs et l’Observatoire de Paris, dans des travaux publiés sur Astronomy & Astrophysics. Les données proviennent du radiotélescope européen LOFAR, « l’un des plus grands au monde ».
« Il a la particularité d’opérer à très basses fréquences (entre 10 et 250 mégahertz) dans un domaine d’énergie essentiellement inexploré. Exploité par ASTRON aux Pays-Bas et chez ses voisins européens, notamment en France, il consiste en un réseau de cinquante mille antennes réparties en Europe ».
« À l’aide de LOFAR, une équipe internationale a ainsi détecté des ondes radio émanant de la constellation boréale du Bouvier, une région du ciel dominée par l’étoile Arcturus, à 50 années-lumière », explique l’Observatoire de Paris.
« Ce signal pourrait être la première émission radio provenant d’une planète située au-delà de notre Système solaire. Il provient du système τ Boötes qui contient une étoile binaire et une exoplanète géante gazeuse très proche de son étoile (un “Jupiter chaud”), baptisée τ Boötes b, que la théorie prédit être un bon candidat à la production d’ondes radio intenses ».
Selon les chercheurs « l’intensité et la polarisation du signal plaident en faveur d’une émission provenant de cette exoplanète […] L’analyse d’une centaine d’heures d’observations a révélé la signature attendue dans les données de τ Boötes. Cette signature est faible, et l’origine planétaire du signal encore incertaine, donc le besoin d’observations de suivi est crucial ».
De nouvelles mesures sont déjà en cours pour confirmer ou infirmer cette hypothèse. Dans tous les cas, rappelons un point important : toutes les planètes disposant d’un champ magnétique émettent des ondes radio. Dans le Système solaire, c’est le cas de la Terre, mais aussi de Jupiter, Saturne, Uranus…
Dans le cas présent, la nouveauté est donc de détecter les ondes radio émises par une planète en dehors de notre Système solaire. Elles permettraient de « sonder le champ magnétique, donc l’intérieur d’une exoplanète, ainsi que la physique des interactions étoile - planète ».
Enfin, l’observatoire de Paris rappelle que « le champ magnétique, protégeant la planète des radiations du vent stellaire, pourrait favoriser l’habitabilité ». Attention par contre aux raccourcis trop rapides entre habitabilité et potentielles traces de vie.