Une enquête des Décodeurs du Monde révèle que « plus de 50 % des pages des députés de la législature sortante (2017-2022) ont été modifiées au moins une fois par l’élu lui-même ou par un membre de son entourage proche – un assistant parlementaire, dans la plupart des cas. »
« Un chiffre auquel on peut ajouter 19,6 % de pages qui présentent une forte suspicion de modification par une équipe parlementaire, sans preuve absolue », précise les Décodeurs dans un encadré détaillant leur méthodologie.
« Ce phénomène semble toucher particulièrement les députés macronistes, dont au moins 63 % ont cédé à la tentation de modifier leur propre page. Beaucoup plus que les socialistes ou les Républicains, qui ne sont que 29 % à l’avoir fait de façon manifeste », précise notre confrère.
Certains ajoutent « de nombreux détails magnifiant leur action parlementaire », de leurs participations à des délégations parlementaires et organisations de réunions publiques à la liste de leurs questions écrites, amendements et propositions de loi, « au point qu’elles s’apparentent plus à un curriculum vitæ qu’à un article encyclopédique » :
« Au cours de leur mandature, au moins 131 députés ont gonflé leur page Wikipédia en y apportant des détails parfois dispensables, comme la description des « petits boulots étudiants » d’Adrien Quatennens (LFI), la liste intégrale des groupes d’amitiés auxquels a participé Alexandra Valetta-Ardisson (LRM) ou la sensibilité « humaniste et progressiste » d’Audrey Dufeu-Schubert (LRM). »
D'autres, a contrario, caviardent (parfois à répétition) des passages qui fâchent « en s’employant à supprimer tout élément défavorable, taillant dans le texte à grands coups de ciseaux, effaçant tout ce qui pourrait ressembler à une controverse ou un bouche-à-oreille négatif ».
Des caviardages qui, non seulement entrent en contradiction avec les règles de l’encyclopédie en ligne bien, mais sont généralement vains, à mesure que « cette volonté de garder le contrôle sur leur image numérique passe rarement inaperçue », les patrouilleurs et contributeurs de Wikipedia surveillant tout particulièrement les pages politiques, et polémiques, au surplus à l'approche des législatives.
Le Monde a en outre « dénombré une centaine de pages de députés modifiées par un compte anonyme provenant de l’adresse 195.68.34.126… qui correspond aux locaux de l’Assemblée nationale ».