Un nouveau rapport d’enquête du COC (l’Organe de contrôle fédéral chargé de surveiller l’usage de l’information policière en Belgique), que Le Soir a pu consulter, confirme que des représentants des forces de l’ordre belge avaient bien eu recours, de manière « expérimentale », au logiciel de reconnaissance faciale Clearview.
« Une ingérence très grave dans le respect de la vie privée », dit le contrôleur fédéral, qui ordonne à la police de demander à la société américaine Clearview d’effacer les données qu’elle lui a fournies.
Deux membres de la police judiciaire fédérale, attachés à la DJSOC (Direction centrale de la lutte contre la criminalité grave et organisée) avait assisté à une présentation de Clearview durant une taskforce d’Europol en 2019, à l’initiative du « National Center of Missing and Exploited Children » – une organisation fondée par le congrès américain, avec laquelle collabore le FBI.
De retour en Belgique, ils avaient sollicité Clearview à 78 reprises entre octobre 2019 et février 2020 pour lui soumettre plusieurs photos de victimes et de suspects.
Les recherches, infructueuses en termes de résultats, avaient été « menées hors de tout contexte d’instruction ou d’information judiciaire », et sont donc « contraires à la loi », relève le rapport.
Le COC regrette également que, « de cette manière, des photos non seulement d’auteurs, mais aussi de victimes se retrouvent aux mains d’une entreprise qui génère et optimalise ses bénéfices au moyen d’informations et de données à caractère personnel très sensibles, dont celles de personnes particulièrement vulnérables. »