L’Agence nationale des fréquences explique avoir été saisie l’été dernier par deux opérateurs pour des brouillages sur les réseaux de téléphonie mobile. « Coïncidence rare, ces signalements présentaient la même date de début des interférences et les mêmes zones perturbées : Clermont-Ferrand et plusieurs communes voisines ».
Les premières analyses ont permis d’identifier « 24 sites mobiles perturbés et ce, dans plusieurs bandes de fréquences et pour plusieurs technologies, parmi lesquelles l’UMTS 900 (3G) et le LTE 800 (4G) se trouvaient particulièrement impactés ». Deux agents se rendent donc sur place et identifient la provenance : Clermont-Ferrand. « Il restait donc à localiser précisément la source du brouillage – ce qui s’apparentait, dans cette ville de plus de 140 000 habitants, à chercher une aiguille dans une botte de foin ! ».
Après avoir suivi la piste fournie par leur radiogoniomètre, ils se retrouvent dans un quartier « formé de nombreux immeubles d’habitation » avec plusieurs dizaines de logements…
Sur place, la nature du fauteur de trouble ne faisait plus de doute : « il s’agissait d’un brouilleur de téléphonie mobile ». Après des relevés supplémentaires, un immeuble était identifié. « La Police, après sollicitation du Procureur, décida de monter sur le champ une opération avec des effectifs permettant une intervention sécurisée, le quartier étant réputé sensible ».
« Avant de frapper à la porte, les policiers appellent la Brigade de Recherche et d’Intervention (BRI). 6 policiers de la BRI, cagoulés, casqués et armés de fusils d’assaut nous rejoignent ». « Un policier frappe à la porte, une dame ouvre… La BRI investit l’appartement, tout va très vite. Après un contrôle des occupants, nous pénétrons les lieux et cherchons le brouilleur. Il s’agit d’un brouilleur multi-bandes, installé dans un tiroir de meuble TV. Nous le débranchons immédiatement et un OPJ le met sous scellés ».
L’ANFR rappelle que « la possession et l’utilisation d’un brouilleur d’ondes constituent des infractions pénales. Elles sont soumises à une sanction pouvant aller jusqu’à 6 mois de prison et 30 000 euros d’amende. Par ailleurs, une taxe de 450 € s’applique au propriétaire du brouilleur, pour frais d’intervention de l’ANFR (loi de finances) ».
La justification du propriétaire laisse les enquêteurs pensifs : « il assura qu’il ne l’avait mis en œuvre que pour empêcher les voisins de se connecter en WiFi sur la box de son appartement ! Avait-il pensé à connecter ses propres appareils par câble ? Car il avait potentiellement transformé tout son quartier en zone blanche, qu’il s’agisse de WiFi, de GPS ou de mobile… ».
Sur Twitter, Alexandre Archambault rappelle que c’est un « vrai sujet » et explique pourquoi la BRI était appelée en renfort : « On voit fleurir de plus en plus ce type d’équipements dans des zones réputées pour servir de lieu de répartition d’une grosse livraison, afin de faire tomber les réseaux (et donc rendre inexploitables les données de localisation) le temps de l’opération ».