« J’étais une pourriture le soir et un bon flic le matin », explique Haurus, pseudo d'un ancien policier de la DGSI accusé d'avoir vendu sur le darknet des informations émanant de fichiers policiers, et dont le procès vient de s'ouvrir à Nanterre, dans un long entretien à L'Obs.
Celui qui s'est longtemps présenté comme Cédric D., y compris dans nos colonnes, y apparaît à visage découvert, en tant que Christophe B., 35 ans. Au-delà de ce qu'il raconte de sa vie et de pourquoi il s'est retrouvé à dealer des doxs sur le darknet, ce qu'il explique du peu de contrôles internes au sein de la DGSI et des fichiers de police judiciaire pose questions.
« J’aurais pu être repéré dix fois, explique-t-il. Le système n’est quasiment pas sécurisé, et le fait est que c’est pratique courante de demander les fadettes de sa femme, par exemple. Mon exigence en termes de moralité est basse… Je peux vous parler du nombre de fois où on a imité la signature de l’interprète en langue arabe qui n’était pas disponible pour un gardé à vue, parce qu’il était urgent d’envoyer le procès-verbal. »
La plateforme nationale des interceptions judiciaires (PNIJ), pourtant créée pour lutter contre la tricoche et les détournements de fichiers par les policiers, laisserait elle aussi à désirer.
Christophe B. explique à L'Obs qu'il lui suffisait de créer un nouveau dossier, « avec un nom bidon, une enquête préliminaire, un numéro de procédure » puis de l’associer au magistrat qu’il faut : « J’adressais mes requêtes aux juges dont je savais que la PNIJ était comme de la magie noire pour eux, qu’ils n’ouvriraient jamais le dossier. J’étais du coup le seul à voir ce qui se passait dedans. Mais je n’en ai pas tant créé que ça, chaque réquisition est payante, si j’en faisais pour 1 000 euros, ça se serait vu quand même. Quoique… Peut-être pas finalement ? »
« Il est ainsi établi que Christophe B. a, a minima, effectué 382 recherches illégitimes auprès de la PNIJ », précise l’ordonnance de renvoi d’« Haurus » qui, depuis, est devenu croque-mort : « Ça demande du tact, j’anime des cérémonies funéraires, j’aime bien. »