Les équipes de Sky Bet, la plus populaire de Grande-Bretagne, ont qualifié de client à « reconquérir » un ancien joueur perclus de dettes et qui avait perdu 15 000 dollars en neuf mois. Elles estiment qu'il vaudrait 1 500 dollars s'il recommençait à jouer, déplore le New York Times.
L'ancien joueur, Gregg, voulait savoir si Sky Bet l'avait profilé et ciblé alors qu'il tentait d'arrêter de jouer. Il a donc engagé un avocat et profité des lois britanniques sur la protection des données, qui obligent les entreprises à livrer à leurs clients ce qu'elles détiennent à leur sujet s'ils en font la demande.
Il a découvert que l'application (ou l'un de ses fournisseurs de données) avait accès à ses dossiers bancaires, détails de l'hypothèque – jusqu'aux mensualités –, dressant un portrait intime des habitudes de paris sur les machines à sous et les matchs de football de ses utilisateurs.
En gras, y figurait même un défaut de prêt en mars 2019. Mais au lieu d'utiliser ces informations pour identifier et aider les joueurs problématiques comme Gregg, en limitant leur capacité de jeu par exemple, elles servent à garder ces clients accros.
Le plus alarmant, explique son avocat, était la façon dont le logiciel semblait offrir des suggestions pour attirer Gregg après qu'il eut cessé de jouer fin 2018. Dans le profil de données qui le définissait comme client à « reconquérir », il y avait en effet des codes indiquant qu'il était réceptif au jeu. Ayant effectué plus de 2 500 dépôts sur Sky Bet, il avait été répertorié comme un client « de grande valeur ».
Un rapport de la Chambre des Lords publié l'an dernier a estimé que 60 % des bénéfices de l'industrie du jeu émanait de 5 % de « joueurs compulsifs » ou à risque de le devenir, relève à ce titre le NYT.