« Qu’elles soient étatiques ou criminelles, les intrusions informatiques doivent être combattues par une stratégie nationale et globale », plaident dans Le Monde trois anciens hauts responsables de la défense française (Bernard Barbier, ancien directeur technique de la DGSE, Jean-Louis Gergorin, ancien chef du Centre d’analyse et de prévision du Quai d’Orsay et l'Amiral Édouard Guillaud, ancien chef d’état-major des armées).
« En toute impunité, de puissants groupes pratiquent aussi bien la cyberextorsion directe que la vente à tout acheteur criminel des outils techniques permettant celle-ci : “ransomware as a service” », écrivent-ils.
Ils déplorent que « la tolérance intéressée des services officiels des États les abritant et l’importance de leurs gains » ferait de la cyberpiraterie « l’activité criminelle la plus rentable et la moins risquée de l’histoire humaine, ce qui explique sa croissance exponentielle ».
A fortiori parce qu'elles émanent majoritairement d’un « écosystème criminel » qui s’est développé dans des pays n’ayant pas ratifié la Convention de Budapest sur la cybercriminalité de 2001. Ils estiment que la doctrine française de cyberdéfense devrait « prévoir la possibilité de riposte proportionnée à toute attaque contre des infrastructures jugées essentielles aussi bien civiles que militaires ».
Ils proposent que des ripostes d’« anticoercition » soient effectuées par le ComCyber [commandement interarmées de la lutte informatique, mis en place en 2017] ou la direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), ou « par une équipe intégrée commune, comme en Grande-Bretagne, à l’échelon national ou en coopération avec des alliés ».
« Plus que jamais », concluent-ils, « il nous paraît indispensable que le président de la République puisse s’appuyer sur un coordonnateur national cyber (CNC), à l’instar du coordinateur national du renseignement de lutte contre le terrorisme (CNRLT), qui a montré son efficacité ».
Sur LinkedIn, Bernard Barbier est encore plus offensif. Pour lui, l'opération d'espionnage cyber SunBurst, menée par les services russes, est « extraordinaire » et constitue une « rupture stratégique majeure ».
Or, l'Europe « paraît totalement en retard d'une ou plusieurs guerre », à mesure qu'elle se trouve confrontée à trois grandes puissances numériques : la Russie, qui « semble maîtriser parfaitement les armes numériques sans les GAFAM », les USA, qui « maîtrisent les armes numériques avec les GAFAM » et la Chine qui « rattrape les Américains, avec les armes numériques et les GAFAM chinois (BATX) ».
Ce pourquoi il appelle la France à « prendre le leadership d'une force d'action cyber européenne ».