Hier, un article scientifique publié dans Nature Astronomy mettait le feu aux poudres. Son titre était pourtant neutre : « Phosphine gas in the cloud decks of Venus ». Bref, on aurait trouvé des traces de phosphine dans l’atmosphère de notre jumelle maléfique… et donc ?
Les scientifiques n’ont déjà pas de preuves formelles : « Nous rapportons la présence apparente de gaz phosphine (PH3) dans l’atmosphère de Vénus, où tout phosphore devrait être sous forme oxydée ». « La présence de PH3 est inexpliquée après une étude exhaustive », ajoutent-ils. Plusieurs pistes sont évoquées : « Le PH3 pourrait provenir d'une photochimie ou d'une géochimie inconnue, ou, par analogie avec la production biologique de PH3 sur Terre, à la présence de vie ». Voilà, le mot est lâché, au milieu d’autres hypothèses, mais qu’importe.
Cette étude a de plus trouvé un écho retentissant auprès de Jim Bridenstine, l’administrateur de la NASA. Dans un tweet, il attaque bille en tête avec une question : « De la vie sur Vénus ? »… même si, comme le reste du monde, il ne peut apporter la moindre réponse.
Il enchaîne : « la découverte de la phosphine, un dérivé de la biologie anaérobie, est le développement le plus important à ce jour dans les réflexions en faveur de la vie hors de la Terre ». « Il y a environ 10 ans, la NASA a découvert la vie microbienne à 35 km dans la haute atmosphère terrestre. Il est temps de donner la priorité à Vénus », ajoute-t-il.
Sans surprises, la partie reprise en boucle dans la presse concernait « la trace vie sur Vénus », avec plus ou moins de pincettes. D’une certaine manière, cette histoire n’est pas sans rappeler celle de la bactérie inconnue à bord de l’ISS. Xkcd y a d’ailleurs été de son petit dessin humoristique sur les différentes réactions dans ce genre de cas.
Comme nous avons eu l’occasion de l’expliquer longuement dans notre dossier sur le Système solaire, Vénus est tout sauf une planète accueillante pour la vie telle qu’on la connaît : pluie d’acide sulfurique, chaleur, pression, vents violents… Cette découverte et le tapage médiatique autour de cette planète devraient néanmoins intéresser certains scientifiques qui pensent que Vénus mérite de nouvelles missions : « J'ai souvent proposé, ça ne marche jamais », regrettait le planétologue Sylvestre Maurice en 2018.