Interrogé par les lecteurs du Parisien sur la désinformation, le professeur Raoult et l'hydroxychloroquine, le Premier ministre a fait les mêmes erreurs que d'autres responsables politiques peu au fait du numérique avant lui.
Fustigeant un anonymat sur les réseaux sociaux (qui n'existe pas, pour rappel), il a directement opté pour une argumentation de type point Godwin, se rattrapant ensuite : « On peut vous traiter de tous les noms, de tous les vices, en se cachant derrière des pseudonymes ».
Un raté qu'aurait pu peut-être lui éviter un secrétaire d'État au numérique, s'il avait été nommé. Mais au moins, on aurait eu un responsable de la majorité pour en assurer le SAV et clarifier cette position un brin outrancière.
« Je suis pour la liberté d'expression, mais si on se cache, les conditions du débat sont faussées. C'est un sujet dont il va falloir que l'on s'empare » précise le Premier ministre. De quoi relancer le projet de loi sur la haine en ligne, mis en pièces par le Conseil constitutionnel ? Non.
Car si Castex se dit personnellement convaincu qu'il faudrait « réglementer un peu tout cela », il n'est « pas certain » de pouvoir le faire dans le temps qui nous sépare de 2022, et donc de la fin de son mandat.
« Si on commence à dire aux gens que l'on va tout faire, ils ne nous croiront pas. Il faut choisir ses priorités. Ma priorité absolue, c'est de lutter contre le chômage pour la reconquête économique ». Le numérique devrait donc avoir un peu de répit.
On s'étonne néanmoins d'une telle comparaison, surtout d'un homme qui se présente comme « gaulliste social ». Car elle n'aurait sans doute pas été du goût d'un autre Jean (Moulin) qui, comme d'autres, multipliait lui aussi les pseudonymes. Preuve que c'est pour leurs actes qu'il faut juger les Hommes, non leur façon de s'identifier (fût-ce en ligne).