« À l’aide de centaines de documents confidentiels recoupés par de multiples témoignages », Télérama revient (lien abonné, thread Twitter) sur l'histoire d'Ashley Gjøvik, une Américaine de 36 ans, devenue lanceuse d'alerte après son « licenciement brutal » par Apple en septembre 2021.
En 2020, prise de vertiges, palpitations, saignements et vomissements après avoir déménagé à Santa Clara, non loin de Cupertino, le siège social d’Apple au cœur de la Silicon Valley, ses médecins auraient découvert que la région serait polluée par des déchets toxiques et solvants cancérigènes. La cause proviendrait de la production massive de semi-conducteurs.
Après avoir alerté sa hiérarchie, réclamé des tests, insisté ; Apple lui aurait ordonné de ne plus en parler avec ses collègues, raconte Télérama. La société l'aurait ensuite mise au « repos forcé », « invoquant une enquête interne lancée sur la base de ses accusations », afin de l’empêcher d’alerter les autres employés au sujet des sols pollués dans la région.
En réponse, Ashley Gjøvik dit avoir alerté l'agence américaine en charge de la protection de l'environnement et celle en charge du droit du travail. Dégoûtée par la réaction de son employeur, elle dénonça en outre sur Twitter l’existence d’un programme clandestin, Gobbler (plus tard rebaptisé Glimmer), expérimenté sur les employés d’Apple, poursuit Télérama :
« Déployé en 2017 auprès des salariés, cet outil interne a accompagné le lancement de Face ID, la fonctionnalité de reconnaissance faciale d’Apple, qui permet de déverrouiller son téléphone avec son visage [...] : pour entraîner l’algorithme, il faut le nourrir. Une fois activé, Gobbler prend une photo dès qu’il détecte un visage. »
Télérama rapporte qu’Apple aurait également « multiplié les expérimentations pour collecter des informations biométriques sur ses ouailles : scan des conduits auditifs, mesure du sommeil, pression artérielle et même... surveillance du cycle menstruel ».
Ashley Gjøvik fut finalement licenciée, pour avoir « choisi de divulguer des informations qu’elle était tenue de garder confidentielles », s’est depuis justifiée Apple, « invoquant une violation de la propriété intellectuelle de l’entreprise ».
La politique interne de l’entreprise, que Télérama a pu consulter, expliquerait en effet que tout ce que font ses salariés doit rester à l’intérieur de l’entreprise :
« Vous ne devez avoir aucune attente en matière de vie privée lorsque vous utilisez vos appareils personnels ou ceux de quelqu’un d’autre à des fins professionnelles, lorsque vous utilisez les systèmes ou les réseaux d’Apple [...] ou lorsque vous vous trouvez dans les locaux d’Apple. »
« Les révélations d’Ashley mettent en lumière le pire de la culture d’entreprise dans la Silicon Valley. J’ai bon espoir que son cas permette de faire bouger les choses, car les gens n’ont plus confiance en ces sociétés », explique Seth Goldstein, l'avocat qui a récemment aidé les travailleurs d’Amazon à combattre les pratiques antisyndicales de Jeff Bezos.
« Sollicitée, Apple s’est refusée à tout commentaire », précisent enfin nos confrères.