Alors que le tribunal de commerce vient de condamner Reflets.info à ne plus publier d'articles au sujet des documents mis en ligne par le gang de ransomware Hive au sujet d'Altice, Konbini vient de son côté d'être débouté, et condamné, dans une autre « procédure bâillon » intentée à l'encontre de La Lettre A, explique Libération.
Le média d’ « infodivertissement » poursuivait en effet La Lettre A, qui se présente comme « le quotidien de l'influence et des pouvoirs », pour avoir dévoilé l’identité de l'un de ses principaux actionnaires, la famille Perrodo.
L'article incriminé, publié en mars 2019, la présentait comme « des milliardaires controversés qui ont fait fortune dans le pétrole », cachés « derrière des sociétés opaques » via « une mystérieuse holding luxembourgeoise » elle-même « détenue par trois sociétés immatriculées aux Bahamas » :
« Contactés, les discrets Perrodo, dont la fortune est estimée à 3,5 milliards € par le magazine Challenges, se refusent eux aussi à tout commentaire. Cette discrétion peut se comprendre : les activités du clan suscitent moult controverses, de leur utilisation des Bahamas pour détenir leurs actifs à leurs pratiques environnementales ou commerciales. »
Or, explique Libération, « la procédure bâillon s’est retournée contre lui », et Konbini a été condamné à 6 000 euros de dommages-intérêts « pour procédure abusive, après avoir été débouté d’une plainte pour diffamation » contre la Lettre A.
« Il sera rappelé […] l’importance, dans une société démocratique, de pouvoir investiguer, débattre et émettre des opinions critiques sur les questions relatives à la transparence et au pluralisme des médias, questions auxquelles la société Konbini, qui se présente comme un média d’information, devrait être particulièrement attachée », précise le jugement.