Comme chaque année, nous avons décidé de faire le point sur nos finances. Cette fois, c'est un peu spécial puisque nous fêtons les deux ans de l'annonce de la mise en place de nos contenus réservés un temps aux abonnés, et un retour aux bénéfices.
Il y a deux ans, nous évoquions un grand changement qui allait être mis en place : une partie de notre contenu serait désormais réservé à nos abonnés, avant d'être rendu accessible à tous un mois plus tard. Notre volonté était de renforcer notre offre d'abonnement et de réduire notre dépendance aux revenus publicitaires, les régies et les annonceurs cherchant à prendre toujours plus de place au sein du site.
Un modèle économique est à l'image du contenu que l'on veut produire
Nous avions alors fait le pari du soutien des lecteurs à travers un modèle économique qui favorise le contenu de fond plutôt que le clic (voir notre essai du 1er avril), et de continuer à refuser aussi bien le contenu sponsorisé que les différentes opérations spéciales. Des pratiques qui se multiplient aussi bien chez les Youtubeurs que chez certains confrères. Mais comme nos amis de Gamekult, qui viennent de nous rejoindre dans cette bataille, nous avons la prétention de produire de l'information.
Progressivement, nous avons donc revu notre façon de travailler, réduit notre volume d'articles publiés, et passé plus de temps à analyser. Cela ne veut pas dire que l'on ne parle plus d'un nouvel APU lancé par AMD ou de l'arrivée de Cortana sur Android, mais que l'on passe désormais une partie de notre temps à produire des enquêtes sur les relations d'Orange avec les élus locaux et les relations complexes du FAI avec les RIP, à comprendre le plan Très Haut Débit, les problèmes que posent les limitations rencontrées par Eutelsat ou la mise en œuvre du délit d'obsolescence programmée, à nous demander ce que l'impression 3D change pour l'aéronautique, à tester Pro Cycling Manager 2015, mais aussi à décortiquer Windows 10 ou la mission New Horizons.
En deux ans, ce sont ainsi près de 400 contenus de fond et d'émissions 14h42 qui ont été produits grâce à nos abonnés, et qui ont ensuite été rendus accessibles à tous. Car nous croyons que si le soutien de certains doit nous aider à aller plus loin et à être plus ambitieux dans notre façon de faire notre travail au quotidien, l'information doit in fine pouvoir profiter à tous.
C'est aussi pour cela que nous avons choisi de laisser en accès libre certains de nos contenus jugés d'intérêt général par la rédaction, comme lors de notre analyse au long cours du projet de loi sur le renseignement, qui vient d'être validée en grande partie par le Conseil Constitutionnel. Un travail qu'il n'aurait pas été possible de financer par une société indépendante telle que la nôtre, tout en restant rentable, sans le soutien de nos abonnés. Un pari gagnant, puisque de moins de 2500 abonnés à l'époque, nous sommes désormais passés à près de 5700 aujourd'hui.
Next INpact rentable en 2014
Car oui, après une année 2013 - que nous savions chaotique étant donné nos choix en matière de publicité - et une perte importante, nous avons terminé 2014 sur un bénéfice. Cela n'est bien entendu pas seulement dû au renforcement de notre offre d'abonnement, puisque tout le travail de l'équipe nous a permis d'assurer cet équilibre, et de finir sur un bénéfice comptable de 130 969 euros pour un chiffre d'affaires de 658 909 euros.
Ce montant correspond d'ailleurs à peu de choses près au chiffre d'affaires généré par les abonnements, soit 20 % de nos revenus environ. Le reste de nos objectifs a été atteint, avec des sources de revenus diverses.
Ceux issus de la publicité à travers nos différentes régies sont en baisse du fait des nombreux formats que nous refusons, mais suffisants. Ils comptent pour le tiers de nos revenus. Nos différents comparateurs (LOI, PDN et TLF) et services d'affiliation, notamment proposés sur le site à travers notre section Bons plans sont à l'origine du reste et nous permettent eux aussi de réduire notre dépendance à la publicité.
Pour rappel, cette dernière section est séparée de nos actualités et elle est gérée de manière indépendante par une équipe dédiée de la rédaction qui cherche, traite et valide elle-même les offres, indépendamment des revenus éventuellement générés (certaines offres ne rapportant rien). Aucun de nos journalistes n'est intéressé sur les ventes et aucun partenariat spécifique n'est noué, conformément à nos engagements.
Nous renforcer et préparer l'avenir
Ce bénéfice 2014 qui nous permet d'améliorer nos fonds propres (qui restent encore négatifs cette année) a été affecté de différentes manières. Tout d'abord au remboursement d'une partie de notre emprunt contracté lorsque nous avons dû sauver la société en 2008. Ensuite au renforcement de notre trésorerie afin de nous permettre de nous assurer de tenir le coup, quelle que soit la situation. Un effort qui va continuer en 2015.
Mais il sert surtout à l'investissement dans nos contenus et notre avenir. Comme précisé plus haut, nous avons ainsi renforcé notre équipe, notamment avec l'arrivée de quelques plumes occasionnelles, mais surtout de Guénaël Pépin, qui rejoint le bureau de Nancy cet été. Ensuite avec l'arrivée de nouveaux développeurs, pour permettre notamment le développement de notre projet de kiosque d'abonnements unifiés, dédié à la presse payante en ligne : La Presse Libre.
Cela nous a aussi permis de laisser une partie de l'équipe effectuer quelques améliorations sur le site déjà en place ou qui seront annoncées dans les prochaines semaines, de préparer un changement d'organisation dans nos lettres d'informations et de finaliser la refonte de Prix du Net, dont la nouvelle version est attendue pour bientôt.
Le soutien des abonnés toujours aussi important
Mais il nous faut surtout continuer notre travail, afin de renforcer notre indépendance et de nous permettre de continuer à exister dans un environnement toujours plus concurrentiel et concentré autour de gros acteurs (voir notre précédente analyse). Et ce, à deux ans d'une présidentielle qui verra se nouer de nombreux enjeux autour du numérique.
Cela passera notamment par l'évolution de nos offres d'abonnement et en leur faisant prendre une part plus importante de nos revenus. Comme nous l'avons déjà évoqué, nous mettrons en place d'ici la fin de l'année notre nouvelle formule, qui subira sa première refonte importante depuis son lancement fin 2009. Un changement que nous aurons l'occasion de détailler en amont d'ici peu.
Nous espérons ainsi que nos efforts sur la production de contenu et les améliorations apportées à nos services et à nos sites, vous donneront envie de continuer à nous soutenir en 2015. Car c'est grâce à vous que nous disposons aujourd'hui de la capacité de mener à bien tous ces projets et de décortiquer des sujets parfois complexes, en prenant le temps nécessaire. Le tout en essayant de mettre à la disposition de tous le maximum d'informations, sous différentes formes.
Car en ces temps où les organes de presse changent de main ou ferment, il faut parvenir à préserver des voix diverses et parfois discordantes. Et ce, sans miser sur le tout publicitaire, les aides de l'État ou des fonds gérés par les géants du web, et pour refaire de l'information un bien pensé pour les lecteurs et financé par les lecteurs.
C'est le sens de notre engagement au SPIIL, de notre engagement dans la création de La Presse Libre, de notre engagement auprès de notre communauté. Un engagement qui n'existe que grâce à vous et à votre soutien.