Les internautes ayant des usages illicites dépensent-ils plus dans la culture que ceux restant dans la légalité ? Voilà la question à laquelle devra répondre une étude que souhaite commander la Hadopi, qui met pour l’occasion 50 000 euros d’argent public sur la table.
Extrait de l'étude « Hadopi, biens culturels et usages d’internet : pratiques et perceptions des internautes français » (2011)
La Hadopi a fait publier hier un avis de marché public afin qu’un prestataire puisse réaliser une nouvelle étude pour l’institution. Le sujet choisi par la Rue du Texel ? « Consommation illicite et dépenses culturelles ». Plus précisément, il est expliqué aux candidats potentiels qu’il s'agit de mener une étude quantitative censée répondre à la question suivante : « Est-ce que les consommateurs de biens culturels qui ont des usages illicites dépensent plus dans la culture (qu'il s'agisse de biens physiques ou dématérialisés) que les consommateurs ayant des usages licites ? »
En clair, la Hadopi voudrait savoir si ceux qui sont souvent présentés comme des « pirates », par exemple parce qu’ils téléchargent illégalement des films ou de la musique en peer-to-peer, vont ouvrir plus facilement leurs portefeuilles pour des biens culturels (merchandising, VOD, etc.) que ceux qui restent dans le droit chemin, parfois tout simplement parce qu'ils n'ont aucune consommation culturelle.
La Hadopi avait déjà conclu en 2011 que les « pirates » dépensent plus que les autres
L’objet des travaux à venir n’est pas totalement anodin. En effet, en janvier 2011, l’institution avait publié une étude (PDF) restée dans les annales, puisqu’elle démontrait que les internautes ayant des usages illicites étaient aussi ceux qui dépensaient le plus en matière de biens culturels (voir ci-dessus). En l’occurrence, le « panier mensuel » moyen était de 30 euros pour les « pirates », contre 23 euros pour les autres. Ces enseignements, avancés par l’institution en charge de mettre en œuvre la riposte graduée, n’avaient alors pas échappé à certains militants d'une légalisation des échanges non marchands.
Cette étude sera donc de nature a explorer un peu plus en profondeur cette question. Pour ce faire, la Hadopi est prête à débourser jusqu’à 50 000 euros hors taxes. Sachant que l’étude doit débuter à la fin janvier et que le délai d’exécution du marché est de dix mois, les résultats de ces travaux ne devraient pas être connus avant la fin de l’année prochaine, voire d'ici au début de l'année 2015. Entre temps, le projet de loi organisant le transfert de la riposte graduée vers le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) aura très probablement été examiné par le Parlement, au moins en partie.