Cyberdjihadisme : le bras de fer de Valls contre Facebook et Twitter

Mais aussi avec « les grands donneurs d’ordre sur Internet »

Dans le cadre de la lutte contre le cyberdjihadisme, Manuel Valls a annoncé hier que les Vingt-Huit avaient convenu d’établir « un dialogue » avec Facebook, Twitter ainsi que « les grands donneurs d’ordre sur Internet ». L’objectif ? « Obtenir le retrait de contenus illicites ». Le ministre de l’Intérieur n’a cependant pas caché que la législation américaine posait encore de sérieuses difficultés.

manuel valls 

Hier, à l’issue du Conseil de l'Union européenne qui se tenait à Bruxelles, le ministre de l’Intérieur Manuel Valls est revenu sur la lutte contre le cyberdjihadhisme. Lors d’un point presse conjoint avec Joëlle Milquet, son homologue belge, le « premier flic de France » a ainsi affirmé que les autorités s’inquiétaient du « phénomène des combattants étrangers se rendant en Syrie ». Selon lui, ce mouvement qui « représente pour nos pays [la France et la Belgique, ndlr] plusieurs centaines d’individus prend des proportions particulièrement préoccupantes ».

 

Manuel Valls a expliqué que les autorités européennes avaient eu mercredi soir des discussions à ce sujet avec leurs partenaires américains, australiens et canadiens. « Nous avons eu en effet des échanges très intéressants - ils ne sont pas nouveaux, nous les avons approfondis - sur le rôle d’internet dans la radicalisation » a tout d’abord indiqué le ministre de l’Intérieur. Avant de poursuivre : « Internet et les réseaux sociaux sont de plus en plus utilisés pour le recrutement mais aussi pour le passage à l’acte. Nous avons par exemple plusieurs cas en France d’individus qui se sont radicalisés en ligne. Les envois sur Internet, avec photographies de djihadistes en armes et drapeau de la Chahada, se multiplient et représentent donc, là aussi, un vrai danger ».

 

« Le cyberespace est ce lieu virtuel, nous le savons, où viennent se retrouver les parcours solitaires en mal de communauté. Il est devenu un domaine de propagande, d’endoctrinement, de formation, de mise en relation logistique qui permet à des individus de devenir de véritables apprentis terroristes » a continué le locataire de la Place Beauvau.

Valls veut un retrait des contenus illicites par « les grands donneurs d’ordre sur Internet »

Mais alors, que faire ? « Il nous faut, nous en avons convenu hier, établir ce dialogue à 28 avec Facebook, Twitter, les grands donneurs d’ordre sur Internet, pour obtenir le retrait des contenus illicites et neutraliser autant que faire se peut le cyberdjihadisme » a annoncé Manuel Valls, sans davantage s’étendre sur les « grands donneurs d’ordre sur Internet » visés par ses propos.

 

 

Il n’a cependant pas échappé au ministre de l’Intérieur que la plupart des géants du Net concernés sont basés aux États-Unis, où la protection juridique de la liberté d’expression n’est pas la même qu’en Europe. « La discussion avec nos amis américains bute, a reconnu à cet égard Manuel Valls, et ils en sont parfaitement conscients, sur leur amendement n°1 sur la liberté d’expression. Nous avons convenu qu’il fallait approfondir cette discussion ».

Une volonté politique affichée de longue date

Les résultats semblent donc bien minces, à en croire les éléments présentés hier par le ministre de l’Intérieur. « L'Europe doit s'imposer et convaincre les États-Unis qu'il faut concilier liberté d'expression et sécurité » avait déjà lancé Manuel Valls en janvier dernier. « La segmentation des régimes juridiques dont se joue Internet procure une certaine impunité » faisait alors valoir le ministre, visant explicitement hébergeurs et fournisseurs d’accès à Internet.

 

Lors du Forum International de la Cybersécurité de Lille, également en janvier dernier, avait déjà promu cette idée d’un « dialogue » avec les géants du Net. « Un travail doit se poursuivre permettant l’approfondissement des relations entre les États et les acteurs » affirmait-il, en faisant référence à l’instauration de chartes de bonne conduite basées sur le volontarisme des intermédiaires techniques. Manuel Valls soulignait une nouvelle fois que l’enjeu était de savoir « comment faire respecter par les fournisseurs d’accès, les hébergeurs, le droit national, auxquels ils opposent le droit américain » en matière de liberté d’expression.

 

« Nous ne devons pas baisser la garde » a prévenu hier Manuel Valls, tout en se montrant confiant : « Nos services de renseignement [européens et américains, canadiens et australiens, ndlr] échangent bien sûr régulièrement sur ces filières djihadistes ». Les révélations de ces derniers mois concernant l’ampleur de la surveillance des communications ne laisse effectivement guère de doutes à ce sujet.

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