Suite à l'annonce mardi dernier de Free Mobile au sujet de l'intégration de la 4G LTE dans ses forfaits, certains ministres du gouvernement français ont vivement réagi. Ils invitent ainsi les citoyens à vérifier la qualité des offres et notamment la couverture offerte par les opérateurs proposant du très haut débit mobile. Free est ici directement visé.
Hasard ou coïncidence ? Le 3 décembre, Free Mobile annonce à ses abonnés l'intégration de la 4G, sans surcoût, avec 20 Go de données, tout du moins s'ils sont en possession d'un appareil compatible et s'ils activent l'option. Quelques heures plus tard, un communiqué officiel sur l'importance de la couverture est publié conjointement par Benoit Hamon, ministre délégué, chargé de l’Économie sociale et solidaire et de la Consommation, et Fleur Pellerin, ministre déléguée, chargée des Petites et Moyennes Entreprises, de l’Innovation et de l’Économie numérique. Le quatrième opérateur n'est pas cité une seule fois, mais il est de toute évidence la cible numéro un de cette publication.
Les deux ministres délégués expliquent ainsi qu'à l'approche de Noël, les renouvellements de forfaits sont massifs et qu'il s'agit par conséquent d'une période majeure dans l'industrie mobile. Ils tiennent tout d'abord à rappeler les obligations de transparence des opérateurs envers leurs clients, surtout en ce qui concerne la couverture de leurs réseaux. Concernant la 4G, il est d'ailleurs fait mention que sa couverture « peut varier du simple au triple en fonction de l’opérateur », le simple visant probablement Free Mobile, et le triple Bouygues Telecom.
« Offrir aux consommateurs la possibilité d'effectuer un choix éclairé »
Le communiqué rajoute que l'Agence Nationale des Fréquences (ANFR) vient aussi de publier le bilan des antennes actives en fonction du réseau (au 1er décembre 2013), sans bien entendu préciser les lieux couverts. « Les ministres veilleront à ce que les cartes publiées par les opérateurs soient pleinement sincères et comparables. Il s’agit d’offrir aux consommateurs la possibilité d'effectuer un choix éclairé entre les différentes offres proposées sur le marché, en leur permettant de comparer les niveaux de couverture effective et les débits réellement disponibles » précise-t-on.
Et afin d'avertir tous les opérateurs, les ministres délégués remarquent qu'un travail commun entre Bercy, l'ARCEP, et l'ANFR, sera réalisé, certainement l'an prochain. Il est de plus noté qu'un arrêté sur « les modalités de présentation des offres d’accès à internet en termes de débit offert » sera adopté dès la semaine prochaine. Cela ne vise toutefois pas les réseaux mobiles, mais plutôt les lignes ADSL et VDSL, qui ont fait l'objet ces dernières années de plusieurs polémiques du fait de la différence entre les débits annoncés et ceux réellement constatés.
« Une stratégie low-cost conduit nécessairement à un sous investissement »
Le lendemain, soit le mercredi 4 décembre, Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement Productif, et à nouveau Fleur Pellerin, ont publié à leur tour un communiqué commun s'intéressant cette fois à la qualité des offres 4G à bas prix, ainsi que sur la couverture proposée. Cette fois, Free est directement nommé (trois occurrences). Les deux ministres estiment notamment qu'une « stratégie low-cost conduit nécessairement à un sous investissement dans les infrastructures, à une dégradation du service rendu et à des destructions d’emplois ». La crainte de voir Free Mobile détruire de la valeur, de relancer la guerre des prix et ainsi pousser Orange, Bouygues et SFR à licencier est donc ici évidente.
Montebourg et Pellerin notent d'ailleurs que la dernière annonce de Free Mobile « apparaît comme un pari audacieux et risqué ». Non pas un risque pour l'opérateur en lui-même, mais pour la perception de la LTE par les abonnés. En effet, si la couverture ou la qualité du service venaient à être inférieures à celles escomptées, « l’offre de 4G dans son ensemble risque d’apparaître douteuse aux yeux des consommateurs » avertissent les deux ministres.
Free, pas assez patriotique ?
En conclusion de leur communiqué commun, Montebourg et Pellerin notent que Free Mobile est pour le moment « le seul opérateur à n’avoir pas répondu à l’appel au patriotisme économique » lancé il y a peu afin d'épauler Alcatel Lucent principalement. Un appel réalisé en octobre dernier qui avait été vivement critiqué par Maxime Lombardini, le directeur général d'Iliad (Free) : « On ne change pas d'équipementier en cours de route. Ceux qui pensent, qu'on peut comme ça, du jour au lendemain, parce qu'un ministre le sollicite, passer de l'un à l'autre, ne connaissent pas les réseaux télécoms. Ce sont des architectures spécifiques, qui se mettent en place dans la durée et donc il n'y a pas de modification brutale imaginable. »
Enfin, Montebourg et Pellerin invitent les opérateurs, et principalement Free, à investir et « à contribuer pleinement à la création de richesses en France ». Une remarque étonnante quand on sait que selon l'ARCEP, les investissements des opérateurs n'ont jamais été aussi élevés et que l'arrivée de Free Mobile a même eu un impact positif sur l'inflation et le pouvoir d'achat des Français.