Google travaille sur la possibilité pour les développeurs de proposer leurs applications web prévues pour Chrome sur les plateformes mobiles que sont Android et iOS. Bien que la route semble semée d’embuches, il s’agirait d’une étape cruciale pour la firme de Mountain View puisque les « packaged apps » verraient leur valeur augmenter.
Chrome Web Store
Faire des applications web une alternative toujours plus crédible
Comme on l’a vu récemment, Google fait tout pour que les « packaged apps » disponibles dans le Web Store de Chrome puissent être testées avant d’être installées. Cette découverte vient s’ajouter à un certain degré d’ubiquité puisque les applications web prévues pour le navigateur peuvent se retrouver telles quelles sur Windows, OS X et Linux. Cependant, Chrome existe aussi pour Android et iOS, sans toutefois reprendre ni les extensions, ni les applications.
Pour ces dernières, Google est visiblement au travail. Proposer aux développeurs la distribution de leurs applications sur les plateformes mobiles a clairement du sens, dans la mesure où l’utilisateur emporterait avec lui ses solutions favorites, tout en augmentant l’audience potentielle pour les éditeurs. Le chemin n’est cependant pas simple.
Les Mobile Chrome Apps en route pour Android et iOS
Le site The Next Web a ainsi plongé dans un dépôt nommé « Mobile Chrome Apps », tenu par un ingénieur Google du nom de Michal Mocny. Certains fichiers montrent clairement qu’Android et iOS sont visés, mais le travail nécessaire sera long et très différent entre les deux plateformes. Google prépare du coup une boite à outils qui permettra aux développeurs de se pencher sur des soucis spécifiques tels que l’adaptation de l’interface aux écrans nécessairement plus petits des appareils mobiles, les bugs, les limitations inhérentes à ces plateformes et l’ensemble des tests.
Bien qu’iOS et Android soient très différents l’un de l’autre, l’objectif est de proposer une méthode globale qui puisse être reprise par l’ensemble des développeurs. Les applications seraient produites sous une forme hybride, mélange de code natif et « polyfills », c’est-à-dire des ensembles de fonctions qui permettent de recréer, au sein d’un navigateur, des comportements qui n’y sont pas présents nativement. L’ensemble des projets serait géré sur des serveurs Apache Cordova.
Obligation de passer par les boutiques d'applications
À la grande différence de ce qui peut se passer sur un ordinateur, ces applications ne seront en fait pas récupérables via le Web Store de Chrome. Chacune devra être publiée séparément sur la boutique d’applications mobiles de la plateforme, donc le Play Store de Google et l’App Store d'Apple. Sur Android, les créations tierces pourraient fonctionner à partir de la branche 4.X, tandis qu’iOS est toujours en statut TBA, autrement « To Be Announced », signe que les travaux sont moins avancés.
Une discussion récente dans les Google Groups montre cependant que Google est particulièrement sérieux sur ce projet. L’éditeur compte ainsi présenter une bêta de son projet dès le mois prochain, comme le responsable Joe Marini l’indique clairement dans un message daté du 2 décembre.
Google se positionne comme un environnement de développement
Mais quel pourrait être l’intérêt réel de Google de pousser les développeurs web dans cette direction ? Justement parce que l’on parle de développeurs web et que leurs compétences pourraient être exploitées directement pour des applications mobiles. Le travail sera certes un peu différent de ce qu’ils font sur les ordinateurs classiques mais il s’agit bien de reprendre le code existant et de l’adapter à la plateforme mobile pour en exploiter les possibilités. Seules les spécificités devront être prises en charge, mais l’un des travaux les plus importants sera sans conteste l’adaptation à la taille des écrans, nécessitant sans aucun doute un design adaptable (« responsive »).
Ce qui signifie que Google se positionne de plus en plus comme un fournisseur de plateforme de développement souhaitant pousser certaines technologies en-dehors de leurs frontières habituelles. Notez que la firme n’est pas la première à pousser dans cette direction. On pourrait par exemple parler d’Adobe qui réoriente ses outils vers l’authoring d’applications mobiles en profitant de la forte synergie entre ses logiciels. La société Xamarin, centrée sur la technologie Mono (implémentation libre de l’environnement .Net sous Unix), commercialise elle aussi des solutions de développement d’applications mobiles, permettant aux développeurs C# notamment de réutiliser leurs connaissances.
Notez que Google n’a pas souhaité commenter ce sujet, mais une source « proche » de l’entreprise a simplement confirmé qu’une annonce officielle n’était tout simplement pas encore prête. Cependant, les développeurs intéressés peuvent tout de même se rendre sur le dépôt pour tester la technologie, même s’il ne s’agit pas encore d’une bêta.