Selon le dernier bilan national de l'ARCEP, la croissance du nombre d'abonnements haut et très haut débit en France n'a augmenté que d'un million lors des douze derniers mois (entre octobre 2012 et septembre 2013). Un bilan médiocre quand on sait qu'en 2007, ce sont trois millions d'abonnements supplémentaires qui ont été comptabilisés. De quoi nous faire penser que d'ici peu, plus aucun nouvel abonnement ne sera enregistré.
Une croissance divisée par trois en six ans
Depuis plusieurs années, la croissance des fournisseurs d'accès à internet français se ralentit. Une situation peu surprenante, dès lors que le nombre d'entreprises et de foyers français à connecter se réduit un peu plus chaque jour. Depuis six ans, la chute est toutefois impressionnante. Si l'on se base sur les dernières données de l'ARCEP portant sur le troisième trimestre de chaque année et sur leur croissance en douze mois, le marché perd entre 300 000 et 500 000 clients supplémentaires tous les ans. Seule exception, entre 2010 et 2011, le secteur s'est stabilisé avec 1,5 million d'abonnés de plus, contre 1,6 million l'année précédente, soit une perte de seulement 100 000 clients.
Si l'on suit la courbe de croissance du secteur de ces dernières années, en 2016 ou 2017, les FAI ne recruteront quasi plus de nouveaux abonnés en France, ou tout au plus quelques milliers. Il leur faudra alors recruter chez la concurrence afin de croître, ce qui implique que certains opérateurs progresseront tandis que d'autres perdront des clients. Une première alors que depuis les années 1990, tous les opérateurs internet augmentent leurs clientèles (à quelques exceptions près).
Cette future stagnation est d'ailleurs déjà palpable chez certains opérateurs. Cette année, Bouygues Telecom n'a recruté que 10 000 abonnés internet lors du deuxième trimestre, soit à peine plus de 100 clients par jour à travers le pays. Et SFR comme Orange ont parfois difficilement atteint les 40 000 abonnés supplémentaires par trimestre. Des niveaux de croissance très faibles quand on pense qu'il y a peu, tous ou presque réalisaient ce type de performance chaque mois, et non chaque trimestre.
L'ADSL tire toujours le marché, mais plus pour longtemps
Pour le moment, l'ADSL continue d'être le moteur principal de la croissance du nombre d'abonnés, avec 644 000 clients supplémentaires en un an. Mais la fibre optique (FTTH et FTTLA) n'est pas en reste avec tout de même 355 000 clients de plus en douze mois. Aujourd'hui, il se vend donc environ un abonnement très haut débit pour deux abonnements ADSL. Mais à l'instar des pays plus avancés que la France, tel le Japon, il est probable que la croissance des abonnements FTTx sera bientôt supérieure à celle du xDSL. Et avec près de 60 % du marché FTTH à lui seul, Orange a logiquement une belle carte à jouer.
Notez qu'au 30 septembre 2013, le marché internet français est le suivant, avec 24,640 millions d'abonnements, dont :
- 22,395 millions d'abonnements xDSL
- 400 000 abonnements câble et satellite
- 465 000 abonnements FTTH
- 725 000 abonnements FTTLA supérieurs à 100 Mb/s
- 655 000 abonnements FTTLA supérieurs à 30 Mb/s et inférieurs à 100 Mb/s
Parmi ces 24,640 millions d'abonnés, un peu plus de 10 millions le sont chez Orange. Les 14,6 autres millions sont répartis entre Free (5,58 millions), SFR (5,2 millions), Bouygues Telecom (1,94 million), Numericable (1 million) et divers autres plus petits opérateurs destinés au grand public et/ou aux professionnels.
Le très haut débit touchera bientôt 10 millions de foyers
Sachez aussi que plus de 9,1 millions de foyers peuvent aujourd'hui accéder au très haut débit, dont 5,4 millions dans les zones très denses et 3,7 millions en dehors. La technologie de Numericable (FTTLA) domine avec près de 8,6 millions de foyers concernés par le très haut débit, dont plus de 5 millions au-delà des 100 Mb/s. Quant au FTTH, il concerne aujourd'hui plus de 2,7 millions de logements, dont 1,4 million de mutualisés. Cela signifie donc que la mutualisation, c'est-à-dire le fait que plus d'un FAI soit disponible, concerne désormais plus d'une ligne FTTH sur deux.
Enfin, on remarquera qu'au 30 septembre de cette année, le taux d'abonnés par rapport aux lignes éligibles a bien augmenté pour le très haut débit, puisque 17 % des lignes FTTH sont désormais utilisées, contre environ 10 % il y a encore quelques trimestres. À titre de comparaison, le réseau FTTLA de Numericable, bien plus ancien, a un taux d'utilisation de 16 %. Sans surprise, le rapport couverture/abonné est largement supérieur du côté de l'ADSL, avec 30,9 millions de lignes pour 22,395 millions d'abonnés, soit un taux de 72 %.