Le site Healthcare.gov, qui doit aux États-Unis référencer l’ensemble des offres d'assurances maladies privées, commence à peine à sortir la tête de l’eau. Il s’agit d’un des lancements de sites gouvernementaux les plus calamiteux, en particulier sur un sujet aussi sensible que l’Obamacare et la couverture maladie outre-Atlantique.
À la base, une idée simple et polémique
L’Obamacare, de son vrai nom « Patient Protection and Affordable Care Act » est une loi polémique et importante aux États-Unis car s’elle s’attaque à la couverture maladie des citoyens, gérée essentiellement par des entreprises privées. L’un des points clés de cette loi est qu’elle met en place une infrastructure à laquelle ces sociétés peuvent se référer pour proposer des offres compatibles avec un référentiel. Dans ce cas, de telles offres sont en partie subventionnées par l’État pour rendre la couverture maladie accessible au plus grand nombre. Elle n’est pas pour autant obligatoire, sauf chez les enfants.
Pour référencer les offres compatibles et donc subventionnées, le gouvernement avait une idée simple : mettre en place un site web, Healthcare.gov, pour en faire le listing complet. Seulement voilà, le lancement de ce site a été une véritable calamité pour le gouvernement Obama, à tel point que le président a dû présenter ses excuses à la nation pour cette opération ratée.
Dans la pratique, un manque évident de préparation
Lancé le 1er octobre, le site était censé pouvoir gérer quelques 50 000 connexions simultanées. Il avait été entièrement réalisé en HTML statique et était, selon le gouvernement, prévu pour être particulièrement réactif. Mais quelques jours encore avant le lancement, le site était toujours incapable de gérer 200 à 300 personnes durant sa phase de test. Finalement, l’accès est resté coupé jusqu’à samedi, date de la réouverture.
Selon le gouvernement, et en particulier Jeff Zients - qui est chargé des interventions techniques depuis deux mois, un long chemin a été parcouru. Ce sont plus de 400 correctifs qui ont été appliqués au code du site, et les infrastructures matérielles ont été largement revues à la hausse, ayant été récemment doublées. Zients estime désormais que le site est accessible pour environ 80 % des utilisateurs qui souhaitent s’y connecter.
Un mois de décembre sous pression
Ces interventions et ces aveux démontrent essentiellement deux éléments. D’une part, l’implication du gouvernement et les effets mis en place pour corriger le tir le plus vite. D’autre part, le manque de préparation évident qui a justement nécessité que le tir soit corrigé. En outre, il est important de noter que la date butoir pour souscrire une assurance subventionnée est fixée au 1er janvier prochain. Pour compenser le retard induit par un tel calendrier, le site comporte désormais une file d’attente dans le cas où la charge deviendrait trop importante. Dans cette éventualité, un email est envoyé à l’utilisateur avec un lien pour être bombardé en tête de file d’attente quand son tour vient.
Pour autant, les problèmes ne sont certainement pas terminés. Le site va prendre de l’importance et plusieurs experts estiment désormais que son coût, déjà de 174 millions de dollars, pourrait s’alourdir pour culminer à 500 ou 600 millions. Une facture très salée qui vient s’ajouter aux subventions des assurances maladies elles-mêmes. Et surtout, le gouvernement devra continuer à communiquer encore car sur les 300 millions d’Américains peuplant les États-Unis, seules 100 000 inscriptions ont eu lieu pour l’instant.